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AKAMASOA – PAUVRETE : Un combat de tous les jours

AKAMASOA – PAUVRETE : Un combat de tous les jours 
On ne demande pas mieux que les actions et interventions soient renforcées dans le domaine de la lutte contre la pauvreté à laquelle le pouvoir attache une importance prioritaire. On parle de fierté et de solidarité nationales mais est-ce que les uns et les autres ont réellement saisi la portée de ce message ? Plusieurs milliers de nos compatriotes sont «pauvres», pas seulement au village d'Andranalitra du Père Pedro, mais presque partout sur tout le territoire. Entre les «beaux discours» et les réalités, les pouvoirs publics gagneraient peut-être à être beaucoup plus sur le terrain…
ŒUVRES SOCIALES : Les bons soins du père Pedro 
A-t-on réellement idée de ce qu'est la pauvreté qui mine une bonne partie de la population à l'heure actuelle ? Il faudrait peut-être voir du côté d'Andralanitra, plus précisément au centre Akamasoa du père Pedro pour s'en apercevoir. Les réalités sur place sont plus qu'éloquentes et reflètent largement cet état de pauvreté que des milliers de personnes connaissent depuis plusieurs années pour la plupart d'entre elles, mais qui ont choisi actuellement de se refaire une autre vie plus décente grâce aux « bons soins » du père Pedro. 
Du premier au troisième âge, ensemble ils s'efforcent de surmonter les difficultés de la vie quotidienne sous l'encadrement d'une équipe pluridisciplinaire ayant choisi d'apporter sa contribution à la lutte contre la pauvreté que les différents régimes qui se sont succédé n'ont cessé de clamer. 
Et s'il faut parler de pauvreté, c'est à Andralanitra qu'on peut voir sa manifestation réelle. Une pauvreté «en live» à laquelle Père Pedro et son équipe luttent depuis une vingtaine d'années. 
Le problème est que cette lutte semble se perpétuer en permanence en ce sens que le nombre de «pauvres» qui viennent y chercher refuge augmente presque tous les jours. Cela comprend beaucoup de ces gens qui étaient habitués à passer leurs nuits sous les ponts et tunnels, mais également de certaines autres personnes (enfants, jeunes, adultes et autres personnes âgées) qui ont été abandonnées par leurs familles respectives. 

Une œuvre de longue haleine
L'œuvre du centre Akamasoa est de longue haleine et mérite qu'on y accorde la plus grande importance du moment qu'on parle de lutte contre la pauvreté. Elle mérite également une véritable solidarité nationale, car déjà, les pensionnaires du centre sont issus de toutes les régions du pays. Ils n'ont pu que s'en remettre au père Pedro avec l'espoir de pouvoir un jour avoir une autre vie, meilleure que celle qu'ils ont vécue auparavant, une fois qu'ils quitteront ce centre où ils auront été initiés à beaucoup de choses, mais où ils auront surtout appris que l'entraide entre prochains, voisins et co-habitants d'un même village, d'un même quartier et partant d'un même pays constitue une grande action qui pourrait vaincre la pauvreté. 
Les Malgaches ont toujours vécu dans cet esprit de fraternité et d'entraide. C'est ce qui caractérise la fierté nationale. Alors, pourquoi ne pas être solidaires… par les actes mais pas seulement par de beaux discours si toutes les populations de ce pays cherchent réellement à renforcer la lutte contre la pauvreté ? Est-ce trop demander ? 
Malheureusement, en l'état actuel des choses, ce sont plutôt les «bonnes volontés» internationales qui semblent beaucoup se préoccuper de nos pauvres. Du moins à travers les générosités de certaines associations caritatives et/ou humanitaires étrangères qui ont décidé de soutenir les activités et le fonctionnement du centre Akamasoa. Sans parler des contributions de certains autres gouvernements. 
Mais la pauvreté ne concerne pas seulement cette «population» du centre d'Andralanitra. Partout dans le pays, il y a aussi d'autres pauvres qui souhaiteraient bénéficier d'une assistance et d'un réconfort permanent de la part de toutes les bonnes volontés qu'elles soient nationales ou internationales. 
Le problème est que tout le monde parle d'une pauvreté qui touche une grande partie de la population, mais on ne sait pas exactement, combien sont ces pauvres par rapport aux dix-huit millions d'habitants que compte le pays actuellement ?
La «pauvreté» de ces gens-là n'est évidemment pas la même.
Il se trouve cependant que les pouvoirs publics ont souvent tendance à considérer la situation comme un manque crucial de production alimentaire. C'est vrai dans une certaine mesure. Doubler ou tripler la production contribuerait effectivement à la constitution d'une «réserve» qui permettrait à contenir les éventuelles spéculations sur le marché. Les producteurs en auront pour leur compte évidemment, tandis que les consommateurs pourraient aussi ne pas souffrir d'une pénurie des produits auxquels ils sont habitués. 
Mais le revers de la médaille est que parmi ces consommateurs, il y a aussi ces pauvres et démunis qui n'auraient même pas les moyens d'acheter cette production qu'on leur offre… à bon marché. Car l'objectif des pouvoirs publics serait que tous les produits de première nécessité puissent être accessibles à toutes les bourses, et que les paysans producteurs voient leur situation financière ( ?) s'améliorer. 
On comprend assez les préoccupations du pouvoir dans ses efforts visant à réduire la pauvreté. Il reste néanmoins cette épineuse question qui semble être aussi la préoccupation de nombreux observateurs : se soucier du sort des paysans est une bonne chose. «Mais ces paysans producteurs ne font aucunement partie de la catégorie des pauvres ou populations démunies du pays. Car les vrais pauvres ou démunis sont ceux qui n'ont pas les moyens, non seulement de subvenir à leurs besoins de survie quotidienne, ni non plus les moyens de faire quoi que ce soit vu l'étroitesse du marché de l'emploi même s'il y a parmi eux des gens qualifiés… » 
MANGARIVOTRA Akamasoa sauve 120 personnes
Des personnes âgées, des handicapés mentaux, des familles en difficulté, au nombre total de 120 venant des quatre coins de l'île sont hébergés au centre d'accueil de Mangarivotra. Ils sont pris en charge par l'association humanitaire Akamasoa et reçoivent des aides d'urgence comme la nourriture adéquate, les soins de santé, du savon, des vêtements et des couvertures. «Pour le moment, ils sont provisoirement hébergés dans ce centre jusqu'à ce qu'ils se rétablissent et retrouvent la force», a expliqué le responsable d'accueil. 
Parmi eux figure une mère de famille accompagnée de ses quatre enfants dont l'aîné à six ans. Le mari vient de quitter la famille et sa femme ignore où il est allé. Ils habitent à Manjakaray et ne savent comment faire pour subvenir au besoin journalier de ses enfants. «Je cherche du travail pour le bien-être de mes enfants car ils ont droit à une nourriture», a-t-elle expliqué. «C'est pourquoi, nous sommes venus pour demander du secours au père Pédro pour qu'il puisse nous aider à sortir de cette situation et nous soutenir moralement et spirituellement », a-t-elle poursuivi. Une autre mère de famille qui vient d'accoucher de sa petite fille à l'hôpital d'Akamasoa s'exprime : «L'aide précieuse de l'équipe médicale nous a sorti de ce pétrin car je n'avais pas le moyen d' accueillir mon enfant». 
En fait, le centre d'accueil ne refuse personne se trouvant en difficulté. «Le principe est de savoir s'entraider car il s'agit d'une preuve de compassion. Si une personne t'a aidé, aide les autres» a expliqué père Pedro. Et d'ajouter : «Toute cela nécessite l'adaptation à la psychologie des pauvres qui ont tendance et se sentent souvent victimes de la pauvreté. Il faut les aider à sortir de cette pauvreté tout en recherchant ses causes et son origine». Ces personnes en détresse seront prises en charge gracieusement puis après une dizaine de jours, une consultation sera faite en vue de décider de leur sort. En 2007, 7.739 familles soit 28.584 personnes ont été secourues au centre de Mangarivotra. 102 familles accompagnées de 237 enfants ont été accueillies définitivement et se répartissent dans les villages. 
La vie des villages en chiffres
Population : 16.000 habitants recensés 
Logements : 3.000 maisons d'habitation réparties sur 17 villages 
Effectifs du personnel : 412 volontaires 
Enseignants : 320 salariés 
Personnel médical : 12 médecins 
Établissements scolaires : 4 EPP, 4 collèges, un lycée 
Élèves : 9.275 pour l'année scolaire 2007-2008
Réalisations 2007 : 
- Accueil de 7.739 familles soit environ 29.000 personnes au centre de Mangarivotra dont 102 familles, accompagnées de 237 enfants, ont été logées définitivement dans les villages. 
- 50 familles, soit 159 personnes, ont choisi de revenir dans leurs villages ou villes d'origine et ont reçu une aide matérielle et financière afin de se réinstaller. 
- Plus de 9200 enfants ont été scolarisés soit 6% de plus que l'année dernière. 
- Construction d'une cuisine, d'un réfectoire, de 4 WC fosses septiques et de 3 douches au centre d'accueil de Mangarivotra. 
- Construction de 77 logements et 89 latrines à Akamasoa. 
- Construction d'une maison pour héberger 50 personnes âgées à Manantenasoa. 
- Construction d'un collège de 12 classes, d'une cuisine et d'un réfectoire à Antolojanahary. 
- Des routes pavées avec murs de soutènement de 450mx5m à Mahatazana et à Andralanitra. 
- Bitumage de ruelles d'une surface de 644m à Mangarivotra et Mahatsinjo. 
- Réhabilitation de cuisines scolaires à Andralanitra et à Lovasoa. 
- Construction d'une nouvelle cuisine scolaire à Manantenasoa et Mahatsara. 
- Maçonnerie de murs de soutènement dans le village de Mahatazana. 
- Construction d'un pont semi métallique à Ampasika (Andralanitra). 
- Ouverture d'un 6ème centre de santé de base à Ampitafa. 
- Construction d'un hôpital de 20 lits à Safata. 
• Construction d'une école de 3 salles de classe à Antanimora Androy. 

AKAMASOA : Le combat continue pour un monde juste et humain
«Nous avons entamé notre combat pour la justice et la dignité pour les plus pauvres du pays qui aura 20 ans l'année 2009. Nous pensons que nous avançons, tout en sachant, qu'il nous reste beaucoup à faire. Nous allons continuer à nous battre tous les jours pour faire prendre plus de conscience à nos familles, aux parents, de leurs responsabilités dans l'éducation de leurs enfants !». Ce fut en ces termes que le père Pedro Opeka a exprimé ses souhaits pour cette nouvelle année annonçant les perspectives. Et de poursuivre en adressant un message : «Nous souhaitons qu'aujourd'hui ce soit le temps de l'action et du partage ! Alors restez avec nous pour continuer notre combat pour un monde plus juste, meilleur, qui sera plein de joie, de paix et de dignité ! Chez Akamasoa, ce ne sont pas seulement des voeux pieux, mais c'est déjà la réalité ! Bien sûr beaucoup reste à faire, à perfectionner, mais nous avons tous la vie, la force et le temps devant nous !» 
80 nouveaux logements et infrastructures sanitaires 
Parmi les perspectives de la nouvelle année figure la construction de 80 nouveaux logements et de 100 nouvelles latrines pour les anciennes maisons d'habitation dans les villages d'Andralanitra et de Manantenasoa, et l'installation des réservoirs d'eau, la réhabilitation des routes en pavés, l'assainissement, la mise en place d'un local de confection et d'une bibliothèque. Les nouveaux logements vont s'ajouter aux 3.000 déjà existants qui se répartissent sur 17 villages à savoir Manantenasoa, Mangarivotra, mahatazana, Lovasoa, Bemasoandro, Mahatsinjo, Mahatsara, cité Akamasoa, Ambaniala, Antaninarenina, Ampasika, Ankadiefajoro, Antolojanahary, Kristo Ray, Santa Maria, Saint-Vincent de Paul et Ambatomitokana. 
En outre, d'autres projets figurent également parmi les priorités de l'Akamasoa. Il s'agit, entre autres, de la construction d'une douzaine de salles de classe supplémentaires pour le collège à Mahatsinjo, l'extension de la maison pour les personnes âgées au centre d'accueil de Mangarivotra, l'implantation d'une maison des jeunes à Antolojanahary. 
Et dans d'autres régions aussi… 
L'association humanitaire intervient aussi dans diverses régions de l'île. À Ampitafa, le personnel et les enseignants viennent d'être dotés de logements. D'autres infrastructures seront mises en place sur le site telles que quatre salles de classe à l'école primaire, un marché et un réservoir d'eau de 12m3, un laboratoire. Le collège de la paroisse catholique de Vangaindrano et l'école des Soeurs de la Sagesse à Sevaina-Fianarantsoa seront dotés de nouvelles salles de classe supplémentaires. Un pont de 20 mètres sera mis en place à Safata, et enfin, une salle de réunion et un parloir pour les sœurs Filles de la charité d'Androy. 
«Comme vous l'avez constaté, la situation reste difficile mais nous avons beaucoup d'espoir pour cette nouvelle année qui arrive et nous voulons croire à certaines améliorations», selon toujours père Pedro. Tout cela, grâce aux .412 collaborateurs, tous Malgaches qui essaient, de jour en jour, de prendre les choses en main et de relever le défi au quotidien. Beaucoup d'efforts ont été menés notamment dans le secteur du bâtiment, les constructions avancent bien, et ce, grâce à toute l'équipe, volontaire et dynamique. «L'avenir appartient à ceux qui chercheront la vérité même si elle est difficile, à ceux qui sont convaincus, qui ont la foi et l'espérance et qui savent les communiquer et les mettre en pratique au milieu des gens ! a-t-il conclu.» 
Les principaux bailleurs à l'Akamasoa
Les actions humanitaires menées par l'association Akamasoa ne sont possibles sans la précieuse contribution des généreux donateurs et bailleurs de fonds internationaux dont :
- La Principauté de Monaco. Le gouvernement monégasque à travers les associations Monaco Aide et Présence à Madagascar (MAP) et Aide au père Pedro Opeka (APPO) manifeste sa solidarité à travers la mise en place des infrastructures et la prise en charge de la scolarisation des enfants. Concernant l'APPO, «cette association a pour unique objet d'apporter son soutien à favoriser la scolarisation des enfants défavorisés et à faire renaître la dignité humaine des populations vulnérables», a expliqué le vice-consul honoraire de Monaco, Niry Rabemanolontsoa. Ainsi, depuis sa création en 1997, APPO a envoyé près de 332.000 euros et 130.000 euros en 2002, un financement destiné essentiellement à l'éducation et à la construction de maisons d'habitation. 
Chaque mois, l'association envoie au père Pedro un virement pour l'assistance à l'éducation de 1.524 euros en 1997 et de 10.200 euros jusqu'à nos jours. Ce montant couvre tous les frais de scolarité d'Akamasoa incluant le paiement des salaires des 320 enseignants, la dotation en matériel pédagogique permettant la scolarisation des 9.275 enfants dans les villages d'Akamasoa. Elle a également contribué à la construction des villages d'Akamasoa en finançant l'achat des terrains et la construction de 150 maisonnettes en brique coûtant environ 4.000 euros l'unité. 
Quant à l'association MAP, elle a contribué à la mise en place de diverses infrastructures. Celles-ci comportent un complexe scolaire composé de l'EPP Rainier III pouvant accueillir 1.200 élèves, du collège prince Albert qui compte environ 500 élèves, des dispensaires princesse Grace, et de la «cantine du rocher». Au total, depuis 1996, ces réalisations ont représenté un financement global de 1.350.000 euros dont 88.000 euros en 2002.
• Commission de l'Union européenne : Un financement de 600.000 euros pour les cantines scolaires. Tous les enfants scolarisés bénéficient de cinq repas par semaine dans le cadre de la mise en œuvre du projet «Appui nutritionnel aux cantines scolaires d'Akamasoa». En termes de budget, le projet dispose de 0,7 euro par enfant par semaine pour le repas à la cantine. Il s'agit donc d'une contribution modeste mais essentielle pour améliorer la fréquentation scolaire et le taux de réussite des élèves de l'association du Père Pédro dont celui à l'examen du CEPE avoisine les 100% ces dernières années. D'où la nécessité d'améliorer l'état nutritionnel des enfants scolarisés en distribuant des repas à environ 5.400 enfants des crèches et des écoles primaires ainsi qu'à plus de 2.100 élèves du secondaire, répartis dans les villages de Manantenasoa, d'Andralanitra et de Mahatsara. Et l'apport de l'Union européenne couvre les 50% des besoins énergétiques journaliers des enfants. Une cantine scolaire fournit 40% des besoins et le reste revient aux parents. 
Textes : Miadana Andriamaro & Noro Niaina  (Express Mada du 11/01/2008)

 

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