 |
La fête était belle lors des deux représentations du groupe Mahaleo à Paris les 2 et 3 juin derniers. Dama,
Dadah, Fafa, Raoul, Nono, Charles et Bekoto ont fait l'unanimité pendant leurs concerts à l'Olympia Bruno
Coquatrix. Une fourmilière de spectateurs et de badauds s'est formée devant le temple de la musique du boulevard des Capucines deux heures avant le début du spectacle du samedi comme celui du dimanche. On avait le sentiment que ces personnes avaient peur de ne pas trouver la bonne place à l'intérieur de la salle. Mais les salles de spectacles parisiennes ne vivent pas le
«moramora» malgache car l'organisation frôle la perfection. Chaque billet d'entrée comporte un numéro qui correspond exactement à un fauteuil où une hôtesse vous place et se rémunère uniquement par le pourboire.
|
Mahaleo et la passion de ses fans
Médecin, chirurgiens, agriculteur, sociologue ou ancien député, les Mahaleo resteront toujours des musiciens malgaches et fiers de l'être avec leurs thèmes qui s'élargissent avec le temps : l'exode rural, les cas sociaux (les voleurs, la délinquance), la destruction de l'environnement ; les fléaux qui frappent les pays du Tiers Monde et particulièrement Madagascar. Ils chantent la contestation, les revendications, l'amour, l'amitié et parfois la mort surtout avec Bekoto au micro ! Ce style nouveau, ces thèmes simples émeuvent les Malgaches, car ils expriment les aspirations profondes du peuple : croire et réussir dans la prospérité. Ils ont joué à guichets fermés le samedi et il ne restait plus qu'une dizaine de places pour le dimanche. La particularité de cette dernière journée était la présence de plusieurs étrangers et d'une centaine de Malgaches qui sont spécialement venus de Madagascar pour apprécier le groupe mythique. A cause d'une durée limitée de deux heures de spectacle, le répertoire du dimanche était différent de la veille. Au grand dam du public, Dama avait annoncé que les bis ne seraient pas possibles sauf si on retirait une chanson dans le répertoire. Mais cette décision n'altérait en rien l'ambiance qui régnait dans la salle et les Mahaleo ont même failli rester de simples musiciens car dès les premiers accords, le public fredonnait les paroles de la chanson ! Dama, encore une fois, demandait gentiment à ses fans d'attendre le refrain pour chanter ensemble avec le groupe.
L'ambiance était à son comble quand Aina chantait «Mimosa» avec Dama le samedi et avec Anja le dimanche. Notons la présence dans la salle de l'ancien ministre de la Culture Latimer Rangers qui fut l'un des personnages qui lançaient le groupe.
Mahaleo à ses débuts.
Kanto productions et ses partenaires (Western Union, Jacaranda, Prod
Domo, Air Madagascar,…) ont réussi leur pari et le groupe Mahaleo est désormais inscrit dans le livre des plus grandes formations musicales de la planète. Tendry
Ramanankaja, un des admirateurs des Mahaleo avoue avoir vu plus d'une trentaine de représentations de ses idoles et a fait une année d'économie pour pouvoir s'acheter un billet Tana/Paris/Tana en sus du ticket d'entrée pour le dimanche. A la sortie du spectacle, la joie était visible sur son visage. Il a repris l'avion le lendemain avec le groupe (sans Charles qui est resté 2 jours de plus). Une passion qu'il revivra aujourd'hui et demain à Antsahamanitra pendant les 2 concerts nocturnes de Dama and
Co. Espérons que la sono sera au même niveau de celle de l'Olympia.
|
 |
Professionnalisme et simplicité
Le folk malgache reflète gracieusement la vie de son peuple et n'est pas prêt de disparaître avec ces 7 compagnons fidèles. Leur mouvement (qui a commencé en 1972), souvent chant de protestation, est l'expression d'un mouvement militant pour les droits de l'homme, la paix et la justice sociale. La musique des Mahaleo devient une expression musicale plus variée, influencée par l'esprit rebelle du rock and roll, mais toujours d'inspiration contestataire, et se développe tout en gardant les mêmes instruments acoustiques et les mêmes textes poétiques plus proches de la réalité qui nous rappellent les grands noms comme Joan Baez, Bob Dylan, Leonard Cohen, Phil Ochs et
Seeger. Des chansons traditionnelles qui décrivent souvent des paysages, des routes, la dureté de la vie d'ouvrier itinérant. Vers le début des années 90, la batterie de Charles et le synthétiseur de Bekoto rentrent dans la cour des instruments des Mahaleo à côté des guitares électro-acoustiques, la basse et les percussions. Très rapidement, d'autres groupes
(Njila, Rossy, Lolo sy ny tariny…) suivent cette démarche.
Musiques du monde
Depuis les années 90, la renaissance concernant des pays en voie de développement a pris le nom de «musiques du monde». La musique folk se joue strictement avec des instruments acoustiques, qui sont considérés comme des instruments populaires parce qu'ils étaient confectionnés à leurs origines par des gens simples, et aussi parce qu'il est possible de les porter comme faisaient jadis les pionniers. On donne l'exemple des instruments utilisés dans la musique folk malgache de Mahaleo une guitare, un
kabosy, une flûte traditionnelle (Rakoto Frah) et un harmonica (Dama).
L'histoire d'un rebelle
Jamais on n'aurait imaginé dans nos cours d'histoire ennuyeux , que la vie mouvementée de Madagascar, pouvait devenir la légende passionnante et romantique que l'on découvre dans le succès musical des Mahaleo en 2007. Pour l'histoire, les décors, la mise en scène, la troupe au complet et ses chansons sont simples à comprendre et douces à entendre… Un grand spectacle dans une écrasante simplicité. A grands coups de marketing et de diffusion de vidéoclips, Mahaleo à l'Olympia est une grande réussite et l'adaptation d'une de ses chansons pour devenir une sonnerie de portable est à prévoir. Je suis fier d'être malgache, j'aime la musique malgache et des «rebelles» comme Mahaleo ne peuvent que profiter au développement de mon pays. Il va bien falloir admettre que les temps changent car il doit bien y avoir une raison pour laquelle tant de gens ont acheté les albums des Mahaleo et achèteront le DVD des 2 spectacles de l'Olympia qui sera le cadeau de Noël de cette année selon Dama. Le groupe Mahaleo a chanté pour l'honneur et la fierté de Madagascar. Un rebelle est devenu l'ambassadeur de notre pays par…la musique. Misaotra tompoko ô !
Harimbola - Les Nouvelles 15/06/2007
|