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Le président est arrivé jeudi à Madagascar pour une visite officielle de 24 heures à son homologue Marc Ravalomanana, après des tensions en 2002. Express 21/07/2005 Après
un siècle d'histoire chirac conforte les relations
Franco-malgache |
Sommaire:
1. Jacques Chirac fait «confiance» à Madagascar (Nouvel Obs .com)
2. Evènements 1947. (Midi)
3. Après un siècle d'histoire Chirac conforte les relations Franco-malgaches (Express)
4. Jacques Chirac à Madagascar (FR3)
5. Chirac-Ravalomanana, main dans la main, France-Madagascar, les yeux dans les yeux (wanadoo.mg)
6. 3 articles du Figaro - Chirac scelle la reconciliation...(Nosintsika)
Nouvel Obs 21 juillet 2005
Jacques Chirac fait «confiance» à Madagascar
AP | 21.07.05 | 19:04
ANTANANARIVO (AP) -- Jacques Chirac a entamé jeudi une visite officielle à Madagascar, où il s'est livré à un premier bain de foule avec son homologue malgache Marc Ravalomanana, qu'il a assuré de sa «confiance». Le président français a également évoqué le souvenir du massacre de la rébellion malgache par la puissance coloniale française en 1947.
Le chef de l'Etat est arrivé dans la matinée à Mahajanga, premier port de pêche du pays situé sur le canal de Mozambique, à 600km au nord-ouest de la capitale Antananarivo. Pour la troisième visite officielle d'un président français, après le général de Gaulle en 1958 et François Mitterrand en 1990, Jacques Chirac s'est offert un bain de foule au milieu des populations locales, d'ethnie Sakalava, en compagnie de Marc Ravalomanana.
Il a ensuite assisté à la pose de la première pierre de la réhabilitation du marché de Marolaka, financée par l'Agence française de développement. «Je voulais découvrir la belle ville, chargée d'histoire, de Mahajanga», a-t-il expliqué. C'est précisément dans ce port, alors appelé Majunga, que les 15.000 hommes du corps expéditionnaire du général Duchesne débarquèrent en 1895 pour conquérir Madagascar et en faire une colonie pendant 65 ans.
Après un long tête-à-tête dans un hôtel de la ville avec le président Ravalomanana, son visiteur a évoqué lors d'une conférence de presse la répression en 1947 par l'armée française d'une insurrection indépendantiste. Elle a fait, selon les sources, 15.000 à 80.000 morts.
«Je considère qu'il n'y a aucune raison de ne pas tenir compte de l'histoire, de vouloir ignorer tel ou tel aspect d'une évolution. Nous devons être conscients des bons moments et des mauvais moments de nos relations et les assumer», a déclaré Jacques Chirac. Quant à Marc Ravalomanana, il a préféré se tourner vers l'avenir, soulignant qu'il était «né en 1949 et non pas en 1947». «Actuellement, nous nous concentrons sur le bien-être de la population malgache et surtout sur l'avenir de notre génération», a-t-il dit.
Jacques Chirac devait évoquer ce sujet sensible pour les relations franco-malgaches dans la soirée lors d'un dîner de gala offert par la présidence malgache au palais de Iavoloha à Antananarivo.
Après cette brève escale à Mahajanga, les deux chefs d'Etat ont rejoint ensemble la capitale dans l'avion du président malgache. Ils y sont arrivés en début d'après-midi, pour de nouveaux entretiens et des rencontres avec les autorités malgaches, dont le président de l'Assemblée nationale, Jean Lahaniriko, poussé à la démission il y a 48 heures par une fronde des députés du parti présidentiel majoritaire, «Tiako i Madagasikara» (J'aime Madagascar), dont il est pourtant membre.
Mercredi, un nouvel accord aérien a été signé entre les deux pays, le précédent datant de 1962, juste après l'indépendance de Madagascar. Ce nouvel accord «autorise l'exploitation de la liaison aérienne entre la France et Madagascar, et vice-versa, par des compagnies tierces, désignées par l'une ou l'autre partie». Cette desserte est actuellement exclusivement assurée par deux compagnies, françaises, Air France et Corsair, et malgache, Air Madagascar. Cette ouverture du ciel malgache à plus de concurrence vise à développer le tourisme, secteur prometteur de l'économie du pays.
Jacques Chirac entendait profiter de sa visite à Madagascar pour exprimer son soutien à la politique d'ouverture économique et de démocratisation menée par Marc Ravalomanana, et sceller l'amitié entre les deux pays alors que la France avait tardé à reconnaître le nouveau régime en 2002. «Les orientations sur lesquelles se fondent les autorités malgaches -décentralisation, démocratie, développement- correspondent à l'évidence à ce que l'extérieur, la communauté internationale, pense de justifié et d'utile pour Madagascar», a déclaré Jacques Chirac. «C'est pourquoi je suis parmi ceux dans la communauté internationale qui font confiance aujourd'hui à Madagascar». Le président français est escorté pour cette visite par une quinzaine de chefs d'entreprises français.
Vendredi, le président français doit participer au sommet des chefs d'Etat des pays membres de la Commission de l'océan Indien (COI), avant de regagner Paris dans la soirée. AP
Midi 21/07/2005
EVENEMENTS 1947.
Après 58 ans d’attente, la France est arrivée à briser le silence et parle de « dérives du système colonial », tout en appelant à regarder vers l’avenir.
« Répressions inacceptables », reconnaît la France
L’histoire retiendra la date du jeudi 21 juillet 2005 où, pour la première fois, en 58 ans, la France s’est prononcée clairement sur les événements de 1947 et reconnaît le caractère « inacceptable des répressions » nées « des dérives du système colonial ».
Val A.
« Je tiens à évoquer en particulier la fraternité d’armes qui s’est manifestée quand la France en guerre a reçu, par deux fois, le renfort de vos tirailleurs qui ont versé leur sang pour elle. Nous gardons en mémoire la reconnaissance qui leur est due. Il faut aussi évoquer les pages sombres de notre histoire commune et avoir conscience du caractère inacceptable des répressions engendrées par les dérives du système colonial. En 1947, le sentiment national montait sur la Grande Ile où s’enchaînèrent des événements tragiques. Rien ni personne ne peut effacer le souvenir de toutes celles et de tous ceux qui perdirent injustement la vie et je m’associe avec respect à l’hommage qu’ils méritent », a déclaré le Président Jacques Chirac, hier, au Palais d’Etat d’Iavoloha. Une sorte d’acte de repentance qui, de par sa valeur morale et de conscience, apaisera une certaine mémoire longtemps meurtrie par une injustice silencieuse. Dans un tel état d’esprit, d’ailleurs, le Président Chirac d’appeler les deux peuples à « vivre en paix avec le passé ». « Nous ressentons aussi ce désir profond que nous avons tous, Malgaches et Français, de vivre en paix avec le passé. Poursuivons un travail de mémoire qui retrace les faits et puisse apaiser les cœurs », a-t-il souhaité. Si une telle repentance requiert, pour les plus exigeants, un certain dédommagement, voire une indemnisation, elle traduit, pour les moins classiques, la matérialisation du volet développement liant les deux pays. Sur ce plan, la France a confirmer sa volonté de soutenir Madagascar. Un hommage à Marc Ravalomanana retraçant les efforts qu’il a entrepris depuis son accession au pouvoir à nos jours, au niveau national, régional et mondial, a amené Jacques Chirac a souligner que « faute de bons choix, des années et mêmes des décennies ont été perdues ». Une déclaration si significative appuyée de « la page est tournée, le redressement est engagé, regardons l’avenir… ». Le Président Chirac reconnaît « des réformes indispensables et courageuses » et fait remarquer qu’« elles demanderont du temps pour produire leurs effets », qu’« il y faudra une volonté politique soutenue, l’essentiel c’est que la voie soit clairement tracée ». De son côté, le Président Marc Ravalomanana, dont les détails du discours feront l’objet de nos prochains articles, a exprimé la fierté de Madagascar d’avoir la France comme premier partenaire et a rendu hommage à son homologue français. En de telles circonstances, les deux chefs d’Etat se sont réciproquement distingués. Jacques Chirac a été élevé à la dignité de Grand-Croix de Première classe de l’Ordre National Malgache, tandis que Marc Ravalomanana a reçu les insignes de la Grand-Croix de la Légion
d’Honneur française.
D’IVATO AU HILTON...
La « clé » d’Antananarivo entre les mains de Chirac
Après la Cité des Fleurs, direction la capitale, Antananarivo. Après une trentaine de minutes de retard sur le timing prévu, l’avion présidentiel, avec à son bord les deux chefs d’Etat, a atterri à l’aéroport
d’Ivato, où des membres du gouvernement sont venus les accueillir. « Air force one » qui a été suivi de près par l’Airbus transportant la lourde délégation française.
Nirina R.
A l’arrivée, Jacques Chirac et Marc Ravalomanana ont rallié l’hôtel Madagascar Hilton, suivis d’un très long cortège qui a servi d’attraction à des milliers de
Tananariviens, espérant voir de près le chef d’Etat français. Le maire de la ville d’Antananarivo, Patrick
Ramiaramanana, entouré du chef de la région Analamanga et du président du conseil municipal d’Antananarivo étaient présents au Hilton pour remettre à Jacques Chirac la « clé » de la ville d’Antananarivo. Une clé comme marque de bienvenue et une manière de dire que les portes de la capitale malgache lui seront toujours grandes ouvertes.
Signatures
Le Président français, qui n’a pas caché son émotion vis-à-vis de l’accueil qui lui a été réservé, n’a pas disposé de beaucoup de temps pour se rafraîchir avant de recevoir successivement en audience les deux chefs d’institution du législatif. Rajemison Rakotomaharo et Lahiniriko Jean, accompagnés de leur bureau respectif, se sont ainsi entretenus à huis-clos avec Jacques Chirac. Ensuite, ce dernier a pris la direction
d’Ivandry, où une réception était organisée par la communauté française à la Résidence de France et où le Président français a pu s’adresser à ses compatriotes. Parallèlement, la ministre française, Brigitte Girardin, déléguée à la Coopération, au Développement et à la Francophonie, et le ministre des Affaires Etrangères, le Général Marcel Ranjeva, ont procédé à la signature de quatre documents cadre, visant à renforcer la relation bilatérale pour les cinq années à venir. Il s’agit d’un accord aérien qui va régir les liaisons aériennes entre les deux pays, de trois conventions relatives à l’appui à l’enseignement de la santé publique, à l’internat et au clinicat, d’abord, à l’exécution du projet de sûreté aéroportuaire, ensuite, et à l’appui à la réforme des administrations fiscales malgaches, enfin. Elles totalisent à elles trois un financement de près de 3,1 millions
d’euros.
Au complet
Quant aux autres chefs d’Etat des autres îles de l’Océan Indien, ils sont tous arrivés hier en terre malgache. Le président de l'Union des Comores, Azali Assoumani, a ouvert la marche. Arrivé à Ivato vers 14 heures, il a été accueilli par le Président de la Haute Cour Constitutionnelle, le ministre de la Jeunesse et des Sports, le ministre de la Fonction Publique et des Lois sociales, et le consul de la République de Madagascar auprès de l’union des Comores. Les autres chefs d’Etat, en l’occurrence, le Président seychellois et le Premier ministre mauricien étaient attendus à Ivato vers 22 heures.
Express 21/07/2005
APRÈS UN SIÈCLE D'HISTOIRE CHIRAC CONFORTE LES RELATIONS FRANCO-MALGACHES.
Les Majungais ont réservé un accueil chaleureux aux deux présidents.
En 110 ans d’histoire commune la France et Madagascar plus que jamais unis.
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Journée historique hier pour les relations franco-malgaches à l’occasion de la visite de Jacques Chirac. Au-delà du passé et de l’histoire, ainsi que des difficultés présentes, les deux présidents ont préféré parler d’avenir. Quand l'histoire rattrape l'actualité. La visite officielle du président français Jacques Chirac à Mahajanga, hier, a permis de jeter un coup d'œil sur l' “histoire commune” vieille de 110 ans et de sceller une relation déjà “excellente” entre les deux pays. Ce voyage a permis aux deux présidents d'affirmer la “parfaite cohérence réciproque en matière culturelle, sociale, politique, économique” entre les deux pays. La conférence de presse conjointe du président Marc Ravalomanana et son |
homologue français a ainsi confirmé une amitié sans nuages entre les deux pays et a servi à rappeler le cadre de cette “excellente relation”.
Les autorités des deux n'ont eu de cesse de rappeler la place particulière de la France à Madagascar : “La coopération entre Madagascar et la France, son premier partenaire commercial, son premier investisseur et bailleur bilatéral”.
Le choix de la ville de Mahajanga, pour l'occasion, n'a pas été fortuit. C'est là-bas que le corps expéditionnaire français a débarqué pour la conquête du pays en 1895. C'est également dans cette contrée de l'Ile que “partit le courant nationaliste animé par le président Tsiranana, qui transformera les rapports entre les deux pays en les plaçant sous le signe de l'amitié et de la coopération”, selon les propres termes de Jacques Chirac.
Ce voyage officiel est donc une occasion pour la France d'affirmer, avec faste sa volonté d’asseoir de nouvelles bases. Le lancement des travaux, estimés à une dizaine de millions d'euros, par l'intermédiaire de l'Agence française de développement (AFD), illustre tout à fait cette volonté de “raffermir les relations entre les deux pays”.
Se tourner vers l'avenir.
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La démocratie n’était pas en reste. Ce qui corrobore les propos de Rajemison Rakotomaharo, président du Sénat, lors de la célébration du 14 juillet, fête nationale française. “Le voyage du Président français devrait insuffler un nouvel élan dans les relations entre les deux pays”. Dans l' “histoire commune” entre les deux pays , le chef d'Etat français a reconnu les “périodes d'affrontements qu'il faut assumer” entre les deux pays. Il avait promis de préciser sa position sur l'insurrection de 1947. Le président Marc Ravalomanana a quant à lui déjà donné le point de vue malgache. Ce pan de l'histoire “ne constitue pas un blocage pour les deux pays ni pour travailler ensemble” ni pour “regarder vers l'avenir”. Jacques Chirac a saisi l'occasion de ce voyage pour faire le point sur la période de “25 à 30 ans, |
qui a constitué pour Madagascar une espèce de blocage difficile à surmonter”.
En référence sans doute à la période allant de 1973, où Madagascar a quitté la “Zone franc”, jusqu'à la fin de la IIe République. Une déclaration qui coupe les ponts avec l'Amiral et son régime, et ce, de façon définitive.
Décisions historiques.
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Passage à travers la ville. Le chef d'Etat français a pourtant voulu retenir les “efforts” fournis par la France pour gommer ces accidents du cours de l'histoire. Catherine Boivineau l'a déjà évoqué. Le président Chirac l'a répété. Les récents déboires des sociétés françaises sur des contrats juteux dans des secteurs de la télécommunication ou de l'énergie ont également été passés sous silence. La composition de la délégation française semble répondre aux “souhaits” de la France. Cette délégation conduite par le président français compte dans ses rangs deux ministres. Il s'agit de Brigitte Girardin, ministre déléguée à la Coopération, au développement et à la francophonie, et de François Baroin, |
ministre de l'Outre-mer. Il y a également une quinzaine d'opérateurs économiques dont Gérard
Pelisson, co-président du Groupe Accor et président du Conseil des investisseurs français en Afrique.
Dans les prochains jours ou semaines, il faut donc s'attendre à des décisions qui pourraient être “historiques” entre les deux pays. Certes, la France reste le premier partenaire de Madagascar. Mais dans son discours, le président français a tenu à préciser que la France “ n'a pas l'intention d'occuper une situation de privilégié ” face aux autres pays. :
Iloniaina A.
FR3
21/07/2005
Jacques Chirac à Madagascar
Il a célébré avec son homologue malgache Marc Ravalomanana "la bonne santé" des relations entre les deux pays
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Jacques Chirac a entamé jeudi une visite de deux jours à Mahajanga, troisième ville de Madagascar, un des pays les plus pauvres du monde. Dans la matinée, des dizaines de milliers de personnes agitant de petits |
drapeaux français et malgaches, pour
certains portant des t-shirts "Bienvenue à Majunga", avaient accueilli le président français sous un soleil de plomb dans cette ville située à 560 km de la capitale Antananarivo. Celle-ci est le premier port de pêche de la Grande île.
Jacques Chirac s'est dit "profondément ému, sensible, touché" par l'accueil de cette foule, très jeune. Il a déclaré qu'il fallait être "attentif à ne pas décevoir cette jeunesse". "Gare alors aux réactions de cette jeunesse" si elle a l'impression d'être "restée au bord de la route, au bord de l'aventure humaine", a-t-il souligné.
Paris et Antananarivo ont connu une mini-crise en 2002, provoquée par les réticences françaises à reconnaître l'élection de Marc Ravalomanana face à l'ancien président Didier Ratsiraka, resté pratiquement 25 ans sans interruption au pouvoir.
"Les relations entre la France et Madagascar sont en bonne santé. Le ciel est bleu", a assuré le président malagache lors d'un point de presse conjoint avec Jacques Chirac à l'issue de leur entretien. Ce dernier a affirmé pour sa part qu'il avait "de l'estime, de la reconnaissance et de l'amitié" pour M. Ravalomanana et son "action courageuse et efficace pour implanter la démocratie et favoriser le développement".
Il a reconnu que "la tâche n'est pas facile", alors que les deux tiers de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté, mais que Madagascar pouvait "compter sur l'aide de la France", de l'Union européenne et de la communauté internationale.
Elu au premier tour de la présidentielle du 16 décembre 2001 face au sortant Didier Ratsiraka, Marc Ravalomanana, ancien maire d'Antananarivo, a officiellement pris ses fonctions en mai 2002 après une longue et meurtrière crise politico-militaire.
Paris avait tardé à reconnaître son autorité: elle l'avait fait une semaine après les Etats-Unis et les autres bailleurs de fonds occidentaux. Cette réticence avait été mal comprise à Madagascar, alors que Didier Ratsiraka s'était réfugié en France. L'ex-président a été condamné par contumace en août 2003 à dix ans de travaux forcés pour "détournement de deniers publics".
Les relations économiques
Le président malgache, Marc Ravalomanana, a souligné l'importance de la coopération entre Madagascar et la France, son premier partenaire commercial, premier investisseur et bailleur bilatéral.
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Jacques Chirac doit donner le coup d'envoi officiel d'un projet de huit millions d'euros de l'Agence française pour le développement pour la réhabilitation de quatre marchés de la "Cité des fleurs" et l'amélioration des infrastructures routières. Le centre hospitalier de la ville fait également l'objet d'une vaste modernisation dans le cadre d'un partenariat franco-japonais. Jacques Chirac est accompagné d'une quinzaine de chefs d'entreprise français, notamment Gérard Pelisson, président du Conseil des investisseurs français en Afrique et co-président du conseil de surveillance du groupe Accor. Quelque 600 entreprises françaises, notamment réunionnaises, sont présentes à Madagascar et y emploient environ 100.000 personnes. |
Plongée dans le marasme après la crise politico-militaire de 2002, l'économie de Madagascar se redresse depuis 2003 et son taux de croissance devrait se stabiliser entre 5% et 6% du PIB en 2005, selon le Fonds monétaire international.
Des tensions sociales persistent néanmoins dans cette île qui compte plus de 17 millions d'habitants - dont 25.000 Français - et à la superficie équivalant à la France et au Bénélux réunis. 70% de la population vit sous le seuil de pauvreté.
Madagascar vient de bénéficier d'une "bouffée d'oxygène" avec la décision du G8-Finances, le 11 juin, d'annuler la dette multilatérale de 18 pays très endettés. L'île se voit ainsi soulagée d'un fardeau de 2,5 milliards de dollars, soit près de 60 % de son PNB.
Wanadoo.mg 22/07/2005
Chirac-Ravalomanana, main dans la main,
France-Madagascar, les yeux dans les yeux
«Il est difficile de surmonter un blocage de 25 à 30 ans »… D’entrée de jeu, Jacques Chirac se positionne clairement en faveur de Ravalomanana, comme pour se racheter d’avoir traîné les pieds pour reconnaître le nouveau régime issu de l’élection de 2001 et de la crise qui s’ensuivit. Il est évident que ce voyage officiel du président français avait pour but principal d’effacer définitivement ce malentendu et surtout de saisir la nouvelle opportunité, pour relancer les relations entre Tana et Paris, sur de nouvelles bases, vers de nouvelles perspectives.
La présence dans la délégation française de près d’une vingtaine de chefs d’entreprise ne trompe pas à cet égard. De même, si deux membres du gouvernement français sont aussi du voyage, c’est manifestement pour renforcer les liens politiques entre les deux pays.
Enthousiasme
Tout a commencé avec l’atterrissage de l’Airbus présidentiel à l’aéroport d’Amborovy à 09H45. Le ciel majungais était d’un bleu limpide et le climat a retrouvé la chaleur qui a pourtant fait défaut la veille. Mais hier, le temps était aussi de la fête. A l’image de cet accueil spectaculaire, de l’aéroport jusqu’au marché de Marolaka, situé dans le quartier… d’Analakely. Ce cortège officiel était pour ainsi dire comme poussé par un enthousiasme populaire tout au long de son parcours. Bref discours, bain de foule, et surtout la découverte pour le président français, aux côtés de son hôte malgache, d’une population majungaise au contact facile et surtout faisant honneur à son sens de l’hospitalité.
Après un tête-à-tête consacré à un large tour d’horizon des grandes questions internationales, auquel n’ont pu assister que deux ministres de part et d’autre, les deux hommes ont tenu un premier point de presse. Une occasion pour les deux chefs d’Etat de s’exprimer sur les relations bilatérales entre Madagascar et la France, dont le marché duquel Jacques Chirac est venu lancer les travaux, incarne cette coopération tournée vers l’avenir. Financé par l’Agence Française de Développement et la région Alsace, à hauteur d’un peu plus de 8 millions d’euros, ce projet inclut la réhabilitation de quatre marchés de la Cité des Fleurs.
Démocratie
Jacques Chirac a saisi cette opportunité pour un soutien appuyé à Marc Ravalomanana dont il a publiquement reconnu le courage et la volonté d’œuvrer pour le développement du pays et le bien-être de la population malgache.
On notera que l’opposition était présente parmi la foule et a cherché à déployer une dizaine de banderoles, mais sans succès semble-t-il. Jacques Chirac a avoué que son programme n’a pas prévu une rencontre avec les membres de l’opposition, par contre, il reconnaît la nécessité de respecter la démocratie et les ministres faisant partie de sa suite, pourraient éventuellement prêter une oreille attentive à l’opposition…
Ce voyage de Jacques Chirac restera longtemps dans les mémoires des Majungais. Pour le premier magistrat de la ville notamment, qui a remis à l’illustre visiteur la clé de la ville, et bien entendu, pour toute la population, heureuse d’accueillir, dans la capitale du Boina, un deuxième président français, 46 ans après le général de
Gaulle.
Vola Andriamanana ©Midi-Madagasikara
Nosintsika 22/07/2005
3
articles du Figaro:
OCÉAN INDIEN Le président de la République entame une visite de deux
jours sur la Grande Ile, dont les relations avec la France s'étaient dégradées en 2002
.
1)-
Chirac scelle la réconciliation avec Madagascar
Jacques Chirac se rend aujourd'hui et demain à Madagascar pour conforter la démocratisation et le développement de la grande île de
l'océan Indien, un des pays les plus pauvres du monde. Après une visite bilatérale aujourd'hui, le chef de l'Etat participera demain au
3e sommet de la Commission de l'océan Indien, qui regroupe cinq îles
riveraines du sud-ouest de l'océan Indien (Madagascar, Réunion, Seychelles, Maurice, Comores).
T.B. [21 juillet 2005]
Jacques Chirac entame ce matin un voyage de deux jours à Madagascar. Cette visite se veut celle de la réconciliation entre l'ancienne
métropole et son ex-colonie. Les relations s'étaient tendues avec l'arrivée au pouvoir du président malgache Marc Ravalomanana en 2002,
au terme de six mois de crise politico-militaire avec son
prédécesseur, Didier Ratsiraka. Marc Ravalomanana accusait alors, à mots à peine couverts, Paris d'avoir soutenu son rival, aujourd'hui en
exil en France. En juillet dernier, une escale de quelques heures à Antananarivo de Jacques Chirac avait permis de gommer le différend.
Les relations avec Marc Ravalomanana sont désormais «excellentes, d'amitié réciproque et de totale coopération», selon le porte-parole
de l'Elysée, Jérôme Bonnafont. La Grande Ile ne pouvait rester très longtemps en froid avec la France. Alors que le budget du pays, l'un
des plus pauvres du monde, repose encore largement sur l'aide
internationale et que l'économie souffre d'un manque d'investissement, Paris reste le premier bailleur de fonds (135 millions
d'euros l'an dernier), le premier partenaire commercial (près des deux tiers des
exportations).
Depuis son accession au pouvoir, le président malgache, un self-made-man issu d'une famille pauvre, a lancé une politique
d'ouverture économique, de lutte contre la corruption et de bonne gouvernance. Un programme qui lui vaut l'image de bon élève de la
communauté internationale. Au titre de pays pauvre, Madagascar a ainsi
bénéficié de l'annulation de 2,5 milliards de dette publique (dont 500
millions d'euros pour la France) et du soutien du FMI. Reste qu'en dépit d'une croissance de 5,5% attendue cette année, la chute de la
monnaie a entraîné une hausse des prix vertigineuse (près de 100% en deux ans) dont souffrent les plus pauvres. Et le «ballon d'oxygène»
que représente le doublement de l'aide à l'Afrique annoncé lors du sommet du G 8 à Gleneagles ne suffira sans doute pas à relancer
l'économie locale. Madagascar attend donc un coup de pouce supplémentaire des bailleurs. Hier, la présidence française a annoncé
son intention d'appuyer «la politique de démocratisation, de décentralisation et d'ouverture économique conduite à Madagascar».
Demain, au second jour de sa visite, Jacques Chirac se rendra au 3e sommet de la Commissionde l'océan Indien, qui regroupe Madagascar, les
Seychelles, Maurice, les Comores et la Réunion. Paris espère gagner l'appui de ces pays à son projet de taxation des billets d'avion pour
financer la lutte contre les pandémies.
2)- Le président a mis en chantier des réformes
Ravalomanana a amorcé le redressement économique , Sixtine Léon-Dufour
LE FIGARO [21 juillet 2005]
Madagascar est un bon élève. Discipliné. Qui n'a pas ménagé ses efforts pour se plier aux exigences des institutions internationales
et redresser la barre depuis la crise politique de 2002. A l'époque, l'affrontement électoral entre Marc Ravalomanana, ancien maire
d'Antananarivo, et le président sortant, Didier Ratsiraka, au pouvoir depuis 1975, manque de faire basculer la Grande Ile dans la guerre
civile. L'activité est paralysée des mois durant. Le pays plonge alors
dans une grave récession. Aujourd'hui la page est tournée. Ou presque.
Et Marc Ravalomanana recueille les dividendes de ses réformes à marche
forcée. La visite de Jacques Chirac aujourd'hui et demain «est l'occasion de marquer l'appui de la France à sa politique d'ouverture
au monde, à sa politique de développement économique et à sa politique
de démocratisation», explique-t-on à l'Elysée.
Une sorte de «consécration» pour ce «Berlusconi de l'océan Indien»
qui, outre ses fonctions de chef de l'Etat, continue de gérer ses affaires: le premier groupe agroalimentaire malgache, une chaîne de
télévision, une petite compagnie aérienne, deux entreprises de travaux
publics, une chaîne de magasins de gros... un mélange des genres qui fait grincer des dents. Il n'empêche.
«Ravalo», que l'on dit d'une «efficacité redoutable», a su, en trois
ans seulement, faire bouger les choses, comme jamais auparavant dans le pays. A son actif: la construction de près de 4000 kilomètres de
routes qui permettent aux régions du pays de se désenclaver c'est plutôt les régions ou les villes du pays, que les routes relient entre
elles, que cela permet de désenclaver. Le pays serait désenclavé par la multiplication des lignes maritimes..., un plan d'action pour
promouvoir l'éducation et la santé pour le plus grand nombre, l'amélioration de l'économie rurale, une volonté affichée de lutter
contre la corruption.
Un an après la crise, le pays enregistrait une croissance de 9,8%, puis de 5,4% en 2004, et devrait se stabiliser cette année autour de 5
ou 6%. Les bailleurs de fonds apprécient. Madagascar a reçu les félicitations du FMI et de la Banque mondiale pour ses «bonnes
performances». Et s'est vu récompensé en novembre dernier, lorsque le
Club de Paris a décidé d'effacer la quasi-totalité de sa dette. De même, la Grande Ile figure dans la liste, établie par le G8, le 11
juin dernier, des 18 pays qui vont bénéficier de l'effacement de leur dette publique.
Une «bouffée d'oxygène» de 2,5 milliards de dollars, soit près de 60%
de son PNB, qui devrait lui permettre de doper sa croissance. Car, si les améliorations sont tangibles, le pays est toujours englué dans la
pauvreté. Et reste très sensible aux chocs exogènes comme les cyclones
et la hausse du prix du pétrole. L'inflation, d'ailleurs, demeure un sujet de préoccupation majeur. Même si le gouvernement tente de la
stabiliser autour de 10%, la grogne des centaines de milliers de Malgaches entassés dans des bidonvilles ne cesse de s'amplifier.
Marc Ravalomanana le sait et veut mettre les bouchées doubles, en misant sur le secteur agricole, sur le potentiel minier et surtout sur
le tourisme, en pleine expansion. Pour ce faire, il cherche à attirer les investisseurs étrangers.
La France reste le premier partenaire commercial et le premier investisseur à Madagascar, avec près de 600 entreprises implantées,
mais Marc Ravalomanana ne cache pas son agacement à l'égard du paternalisme de l'ancienne puissance colonisatrice. D'ailleurs, quand
il s'agit d'aller séduire les investisseurs tricolores, il préfère
envoyer son premier ministre, Jacques Sylla, chef d'entreprise lui aussi. «Ravalo» est américanophile. Il n'en fait pas mystère.
Et son discours d'homme d'affaires pragmatique séduit Washington. Symptomatique: le Fonds des défis du millénaire (Millenium Challenge
Account) initié par le président Bush en 2002, qui vise à canaliser l'aide américaine vers des pays qui suivent une gestion économique et
sociale «validée» par l'administration républicaine, n'a retenu pour
l'instant que deux pays éligibles, le Honduras et... Madagascar, qui recevra à ce titre un chèque de 110 millions de dollars cette année.
Grâce à ses nouveaux alliés, et encouragé par ses succès économiques,
Madagascar veut «retrouver une influence régionale». La Commission de
l'océan Indien (COI) (France, Madagascar, Comores, Seychelles et île Maurice), qui se réunit demain en présence de Jacques Chirac, en est
un levier. Pour Paris, membre par le biais de la Réunion, la COI est utile car il s'agit de la seule organisation régionale africaine à
laquelle elle siège. Une façon aussi de légitimer sa présence dans l'océan Indien.
A plus forte raison, à l'heure où «la présence d'individus et de structures plus ou moins directement liés à al-Qaida contribue à en
faire une zone d'implantation de la mouvance islamiste radicale internationale», relève-t-on au Quai d'Orsay.
Les nombreuses «nouvelles religions» sont surveillées par le pouvoir,
qui redoute de les voir incarner la contestation sociale
3)-
Les sectes évangélistes foisonnent dans la Grande Ile
Antananarivo : de notre envoyé spécial Tanguy Berthemet LE FIGARO [21 juillet 2005]
De loin, le grand bâtiment de tôle et de béton beige ressemble à un hangar à avions, à un quelconque entrepôt portuaire. Il n'y a que
l'immense croix barrant la façade qui permet de reconnaître le temple de Jesosy Mamonjy (Jésus le Sauveur), un culte évangéliste. En ce
dimanche pluvieux et frais, des milliers de fidèles, engoncés dans des
anoraks élimés, convergent vers les dizaines de portes de cette «église», plantée au bord d'une des grandes avenues d'Antananarivo.
Josepha, une main gantée serrée sur un petit chapelet de plastique, trotte vers l'entrée en marmonnant une prière. Comme la plupart des
200 000 adeptes que revendique Jesosy dans la Grande Ile, Josepha est une ancienne fidèle de l'Eglise réformée. «Je suis venue ici où on
enseigne la vraie Bible, on aime Jésus», glisse-t-elle avant de
s'engouffrer dans l'«église». C'est un «petit» dimanche. On ne compte
ce matin-là que 7 000 personnes, priant, ferventes, les paumes tournées vers le ciel ou à genoux, la tête posée sur le banc. Les
grands jours, le culte est suivi par plus de 20 000 fidèles.
Derrière l'autel, aux allures de scène de meeting politique, le révérend Ratafy tonne les bras grands ouverts et menace les pécheurs
de toutes sortes de sanctions divines. Dans un coin, deux policiers, des «RG» locaux, surveillent l'assistance. Depuis la mort du pasteur
Daoud, un Américain fondateur de l'Eglise, ses successeurs se livrent à de sourdes luttes de pouvoir, par procès et commandos musclés
interposés. Au coeur de ces négociations : l'accès au denier du culte.
Les fidèles sont généreux et les «aides» venues de l'étranger, en particulier des Etats-Unis, abondantes.
A Antananarivo, personne ne s'étonne de la richesse ni des dimensions gigantesques de ces lieux de prière. «L'argent est la raison d'être de
ces sectes, explique Richard Andriamanjato, pasteur calviniste et ancien président de l'Assemblée nationale. Elles imposent la dîme à
leurs membres puis elles se servent de ces sommes pour se développer en offrant aux miséreux à manger, des vêtements ou des soins.»
Arrivées dans la foulée de l'ouverture démocratique du début des années 90, ces associations cultuelles se font de plus en plus
pressantes, profitant de la perte de pouvoir d'achat qui depuis deux ans accable les plus faibles. Nul n'a tenté de les recenser. Mais on
estime que plus d'un quart des habitants d'Antananarivo adhère à l'une
ou à l'autre de ses sectes.
Au centre de la capitale, le bas quartier de Manarintsoa-Isotry offre un terreau fertile aux prêcheurs de tous les horizons. Ici, on est
pauvre. Une large majorité des habitants vit avec moins d'un dollar par jour. Les services publics n'existent quasiment pas. Pas plus que
la sécurité. «Les Malgaches ont toujours été très croyants. Il est
donc facile de leur imposer Dieu comme dernier recours», rappelle Solo-Raharinjanary, doyen de la faculté d'Antananarivo. En quelques
années, les rues de ce quartier, des allées boueuses bordées de cabanes en planches, de rares maisons rongées d'humidité peuplées de
gamins loqueteux, se sont emplis d'église, de temples et de maisons de Jésus en tous genres. Les Messagers du Christ, les Lecteurs de la
Bible ou les Témoins de Jéhovah côtoient les grandes et les petites obédiences américaines des mormons ou de la Winner's Chapel. Tous
prélèvent leur écot et possèdent leurs «ONG» qui suppléent à peine aux
carences de l'Etat. Rien de choquant pour Jane Rambelonarosoa,
présidente du quartier. «Prier le Seigneur est la vraie solution aux problèmes car lui seul peut nous aider.» Longtemps pieuse catholique,
elle a rejoint il y a deux ans la communauté des kibanguistes, l'«Eglise de Jésus-Christ sur terre et de son envoyé spécial Simon
Kibanga». Depuis, elle vit avec ses 5 enfants et une vingtaine
d'autres familles autour du temple et du représentant local de cette secte, un ancien syndicaliste et militant d'extrême gauche. «Nous
travaillons tous ensemble comme le demande le pasteur et nous partageons tout.»
Pour endiguer la perte de ses fidèles, la puissante Fédération des Eglises de Madagascar (FFKM), qui regroupe les catholiques, les
protestants, les anglicans et les luthériens, a réagi. A son tour, elle a multiplié ses écoles et ses associations caritatives. Avec un
succès limité et attendu aux yeux de Désiré Ramakavelo, un ancien ministre de la Défense. L'homme, longtemps proche du président Marc
Ravalomanana, se dit aujourd'hui «opposant modéré» : «Ceux qui imaginent que la prolifération de sectes n'est liée qu'à la pauvreté
se trompent. C'est aussi un signe du manque de confiance dans les Eglises traditionnelles car elles sont trop proches du pouvoir.» Le
président ne cache être proche de la FFKM qui l'a soutenu lors de son arrivée au pouvoir en 2002. Une alliance qui, après trois ans de
pouvoir, n'a fait que se renforcer. Au début de l'année, Marc Ravalomanana a ainsi été réélu vice-président laïc de l'Eglise
réformée. Il n'a pas hésité non plus à prêter, via la Banque mondiale,
900 millions de francs malgaches (environ 85 000 ?) à la FFKM pour organiser son congrès. En mars dernier, dans un discours, Marc
Ravalomanana a même appelé à la mise en place d'une «théocratie» dans
la Grande Ile. «Les grandes Eglises ne peuvent plus être le centre des
contestations sociales qu'elles étaient. Les croyants se tournent donc vers d'autres cultes qui pourraient finir par incarner une forme
d'opposition», assure Lucile Rabearimanana, professeur d'histoire
politique à l'université d'Antananarivo.
Reste que, pour l'heure, la majorité des nouvelles «croyances» se gardent bien de revendiquer un pouvoir temporel. La chute de l'Eglise
universelle du royaume de Dieu leur a servi d'avertissement. En février dernier, ce puissant courant religieux, d'origine brésilienne,
a brutalement été fermé et 34 pasteurs étrangers expulsés.
Officiellement, le décret sanctionnait un blasphème, l'autodafé de plusieurs bibles par un religieux de l'ordre quelques jours
auparavant. Une raison qui fait sourire un haut fonctionnaire malgache. «Tout le monde sait qu'en fait le plus grand péché de cette
secte est de s'être trop clairement rapproché de l'opposition et de l'ancien président Ratsiraka.»