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INTERVIEW SOBIKA.COM
24 Juillet : Interview James Henri Randriamifidy, promoteur du mouvement économique et social FIVOHA

Sobika : Internet est une grande force ! Il a permis grace à la concertation et l'opiniatreté de quelques personnes de lancer un mouvement en quelques semaines à travers divers échanges de mails ( que vous avez peut être recus)! Ce Mouvement c'est le FIVOHA crée sous l'égide de James Henri Randriamifidy, PDG de la Slita à Madagascar. La grande nouveauté de ce mouvement est de remettre enfin au coeur du débat, la stratégie économique pour le développement du Pays.


"Nous ne sommes (...) pas de simples boîtes d'idées car nous sommes des hommes de terrain"

Sobika - Bonjour Mr James Randriamifidy. Pouvez vous tout d'abord vous présenter à nos lecteurs ?

Bonjour aux lecteur de Sobika.com et merci de nous accorder cette interview. Pour ce qui est de me présenter, tout d'abord j'ai deux autres prénoms Henry et Robert et ceux qui m'ont connu dans mon enfance continue à m'appeler par mon surnon "Riri". Le 1er août prochain, j'aurai 62 ans ; je suis né à Fianarantsoa de père et mère malgaches ; je réside et vis à Antananarivo, la capitale de Madagascar.

Vous êtes le promoteur de FIVOHA une association à vocation "économique" sur laquelle nous reviendrons. Pour en arriver là, quel a été votre parcours professionnel ?

Ma référence professionnelle principale actuelle est celle d'être  Président  d irecteur général de la SLITA, une société anonyme de droit malgache de promotion immobilière et industrielle , dont je suis l'actionnaire principal .

J'ai débuté ma carrière en 1965 en qualité d'attaché de direction de la Société Nationale d'Investissement où j'ai été chargé avec deux autres collègues, André Razafimandimby et Angelin Ravoajanahary du placement de ses fonds dans des sociétés agro-industrielles nouvellement créées ou en extension. En 1967, donc à l'âge de 23 ans j'ai été nommé PDG de la SNHU et ai assuré la direction générale de ce complexe agro-industriel (huilerie-savonnerie-rizerie) jusqu'en 1974 .

Après un court passage dans une organisation de coopérative de distribution "Kaoperativa Avotse" et à la "Tranombarotra Roso, l'ex-Compagnie Marseillaise de Madagascar étatisé, j'ai intégré le groupe français de la Société de la Côte Ouest Africaine "SCOA", qui m'engagea premièrement comme Contrôleur de gestion des Sucreries Nosy-be Côte-Est "SNBCE" et me promut Directeur Financier de celle-ci que j'ai cumulé avec la fonction de Directeur Fiduciaire du Groupe qui comptait à Madagascar plusieurs dizaines d'entreprises, outre la SNBCE les plus importantes étaient les sociétés SOMACODIS, SICAM, SOCIMEX, SOMALCO et SLITA qui était l'une des plus importantes imprimeries de Madagascar.  C'est en 1982 que le groupe SCOA avait cédé à moi-même et à ma famille ses parts d'actions dans la SLITA car il avait choisi de se désengager.

A partir de cette période et jusqu'à présent mes actions qui sont d'ordre promotionnel et didactique à faire émerger le secteur privé malgache et à l'amener à s'organiser pour qu'il puisse jouer le rôle qui devrait lui échoir naturellement dans le système économique mondial et moderne. Il faut souligner qu' avant d'éclore, il a été étouffé par l'étatisme des dirigeants politiques des années 70 et 80, et actuellement il est timoré et paralysé par les règles capitalistes-libérales prônées par les super-puissances qui ne lui sont pas du tout favorables.

D'où votre initiative du Fivoha, dont on a vu beaucoup de mails circulant sur internet. Précisément, en quoi consiste cette association ( Mouvement) , quel est son but, qui regroupe - t - elle ect...?

J HR - Au-delà d'un simple esprit associatif, sélectif et restrictif, FIVOHA doit tout d'abord être perçu comme un cri d'appel à l'attention des nations pour un mouvement humanitaire et solidaire en faveur du peuple malgache et de tous les habitants et ressortissants de Madagascar.

F I.VO.HA vient de trois mots malgaches : FIrenena qui est la traduction des mots français "peuple" et "nations" - VOla est celle de "argent", "monnaies", "finances" - HArena celle de "richesses", "fortunes". L'accolage de VO et HA donne VOHA qui désigne en malgache l'étrave que l'armateur s'ingénie à aiguiser scientifiquement et excellement pour pourfendre sans peine les vagues de toutes les tailles. ( Ndlr : Belle image !)

Si l'on personnalise FIVOHA, c'est individuellement  l'armateur et ce sont communautairement les promoteurs qui  décident de se mobiliser pour que les peuples et nations reprennent autorité sur l'argent et s'enrichissent en dirigeant avec savoir et sagesse leurs finances. "Ny firenena mafehy ny vola mitombo harena"

Toute la planète est en conséquence concernée et vous savez certainement que des initiatives similaires, bien qu'encore disparates, sont innombrables et commencent comme FIVOHA à sortir de leur cocon un peu partout dans le monde. 

"...le développement social ne peut s'opérer et la croissance économique être réalisée sans investissement..."

Sobika - Si j'ai bien lu tout ce qui circule sur le web, vous pronez donc comme base du développement le rétablissement d'un circuit financier et bancaire efficace. Pouvez vous nous en dire plus sur votre vision ? Sur quoi se base t elle excactement ?

J HR - Tous savent que le développement social ne peut s'opérer et la croissance économique être réalisée sans investissement et sans financement et ces opérations nécessitent obligatoirement l"intervention des financiers et bailleurs.

Or en la matière, la carence professionnelle et le vide institutionnel corrélatif prévalent à Madagascar actuellement, aussi le mouvement lancé sous l'appellation emblématique FIVOHA consiste-t-il effectivement à s'attaquer à la reconstruction du système financier privé à Madagascar afin de le recentrer, le restructurer, le déployer sur l'ensemble du territoire national  et le rattacher objectivement au système privé financier mondial.

Il est question de reconstruction car le système né avant l'indépendance et que les acteurs de la Première République ont parfait pour la réalisation du plan quinquennal de développement de Madagascar de 1962 a été décapité et démantelé, notamment par la dissolution  anticipée au début des années 70 de la Société Nationale d'Investissement "SNI" et la Banque Nationale Malgache de développement "BNMD".

Pour illustrer l'état rachitique de ce qui reste du système financier privé à Madagascar, je me limiterai à évoquer cette fois-ci les réseaux bancaires, mais la situation est identique pour les autres types d'institutions financières (Assurances, Prévoyances, sociétés financières d'investissement et d'équipement, sociétés fiduciaires...) : Alors que le nombre d'agences bancaires aurait du augmenter proportionnellement à la croissance démographique nous avons enregistré au cours des dix dernières années leur réduction par fermeture. Il n'existe qu'une centaine d'agences pour tout Madagascar, soit une agence pour 180.000 habitants; pour la France ce rapport est de 1 pour 1500. Rien que dans la capitale nous estimons qu'il en faudrait immédiatement 60 et pour qu'au moins le tiers des communes ait une agence bancaire il faudrait plus 300 agences nouvelles.

Sobika - Fort de ce constat, quel est le premier objectif concret du FIVOHA: création d'une école, site web ect ?

J HR - Il faut préciser que pour la restauration générale du système, nous avons défini quatre lignes directrices de développement et d'intégration et prévu que la mise en oeuvre et coordination des actions promotrices sera assuré respectivement à travers quatre fondations de droit privé qui sont actuellement en cours de constitution, les dénominations sociales et attributions desquelles étant :

"FIVOHA MIVELATRA" pour tout ce qui concerne la promotion du développement interne du système sur toute l'étendue du territoire national.

"FIVOHA MIHITATRA" pour tout ce qui concerne la promotion de l'extension externe du système et son rattachement au réseau financier privé mondial.

"FIVOHA MITONDRA" pour tout ce qui concerne l'intégration du système sur le plan social et la promotion des participations individuelles et collectives, dont l'actionnariat.

"FIVOHA MIOMBONA" pour tout ce qui concerne l'intégration du système sur le plan économique et la promotion du processus de capitalisation et fructification des fonds, notamment par le sociétariat.

Autrement deux autres organismes promoteurs et fédérateurs, également en constitution sous la forme juridique de fondation, se partagent la mise en oeuvre et la coordination des actions de promotion professionnelle et institutionnelle d'une part, pour FIVOHA TANJONA, et la médiation et vulgarisation de la culture financière d'autre part qui relève de la compétence de FIVOHA AINGA.

Les organes de ces entités se forment et s'affinent au fur et mesure du grossissement du rang des promoteurs qui entrent en scène, sont en charge d'établissement de partenriat et co-maîtres d'oeuvre de chantiers particuliers ; les premiers ouverts visent l'enclenchement de la promotion générale et spécifique des institutions financières et la formation professionnelle, financière et bancaire. A ce titre sont en cours de création et montage, en partenariat avec le corps des formateurs et communicateurs :

    - Une Centrale de promotion de la documentation et information
     - Une Centrale d'édition
    - Une Ecole centrale et universelle de banque
    - L'académie nationale des finances

Au titre des actions et réalisations concrètes palpables par tous en matière d'information et de communication, il y a les débats thématiques, internautiques et présentiels (restreints et plus ouverts) et surtout il y a le site web www.fivoha.org qui est la vitrine planétaire. 

"je suis un politicien à part entière... je ne soutiendrai pas un candidat particulier"

Sobika - Il est souvent difficile de dissocier le politique de l'économique. Votre association compte t elle des personnalités politiques et/ou , economiques ? Comment adhere  - t - on a votre association d'ailleurs ?

J HR - Comme déjà précisé FIVOHA n'est pas une association mais un mouvement humanitaire et communautaire en faveur de la reconstruction et du développement du système financier privé à Madagascar, de ce fait tout le monde sans aucune exception est concerné et tous devraient s'identifier par rapport à cette oeuvre et s'y investir selon ses capacités, compétences et surtout conviction et ce à travers ou en dehors des institutions et organismes promus par les initiateurs de la propagation et la traduction active da la vision "VINA FIVOHA".

Plusieurs centaines de responsables des divers secteurs d'activités sociales et économiques ont été visités et interpelés, avec ou sans proposition de d'intégration formelle et ce sans distinction d'appartenance partisane ou confessionnelle. Dans l'immédiat ce sont principalement  les promoteurs conceptuels et idéologiques ainsi que les promoteurs administratifs. qui s'intégrent comme fondateurs dans le mouvement à travers les fondations FIVOHA en cours de constitution citées ci-dessus, aucune clause ni exigence n'est imposée, les engagés s'illustrent par leurs apports volontaires et leurs interventions ponctuelles ou permanentes.

Nous espèrons que ces deux premières catégories vont dans les prochains jours être suivis par les promoteurs financiers, techniques et commerciaux, pour passer de la structuration et l'organisation au fonctionnement et des programmes aux réalisations concrètes et ainsi faire du non lucratif l'agent moteur du lucratif.

En ces temps de campagnes pré electorales; vous considerez vous comme un groupe de pression envers les candidats ?
D'ailleurs, soutenez vous quelqu'un en particulier ou etes vous apolitiques ?

J HR - E n tous temps pré-électoraux ou non, je suis personnellement d'avis qu'individuellement ou en groupe tous les citoyens doivent toujours exercer tacitement, ouvertement ou indirectement les pressions nécessaires (lobying) sur ceux qui sont à la conquête des pouvoirs politiques, étatiques et gouvernementaux, afin qu'aucun ne croit en son omnipotence et en une vertu magique des pouvoirs politiques.

Je l'ai déjà dit à un de vos collègues journalistes que je suis un politicien à part entière, comme citoyen serviteur inconditionnel de la communauté, soucieux de son bien être et de son progrès ; étant un croyant affermi je m'appuie principalement sur ma foi et en tant que privatiste-libéral, les droits fondamentaux de l'homme reconnus constitutionnellement et universellement me suffisent largement, aussi laissé-je la course à la prise de pouvoir politique aux challengers étatiques.

Ne briguant pas pour moi-même le poste de président de la république, à fortiori je ne soutiendrai pas un candidat particulier. Cela, ne m'empêche pas de formuler mon avis personnel sur ceux qui se présentent, mais je ne peux le faire dans le acdre d'un interview sur FIVOHA qui n'est pas un forum de débat partisan.

Que pensez vous de l'etat actuel des Finances publiques à Madagascar

J HR - Classiquement les Finances publiques concerne la partie des finances initiées et administrées par les institutions étatiques et gouvernementaux. Elles sont caractérisées par le surendettement de l'Etat tant sur vis-à-vis des bailleurs de fonds étrangers et interétatiques que vis-à-vis de créanciers financiers locaux (fournisseurs et prestataires non payés et recours constant à l'appel à souscription des bons du trésor. Tant à cause des intérêts à servir qu'à cause de l'absence d'une perspective réelle d'enrichissement et accroissement contributif des citoyens et assujetis, tout comme par passé la seule marge de manoeuvre des dirigeants actuels est limitée aux négociations d'étalement et effacement par des dettes et angagements contractés. 

Quant aux finances du public, donc celles de la population et des habitants de Madagascar dans son ensemble, elles sont caractérisées d'un côté par l'extrême faiblesse du pouvoir d'achat et d'action de chaque personne, physique ou morale, causée par l'insuffisance du volume monétaire en circulation, et de l'autre par la mauvaise affectation et mobilisation des dépôts et fonds collectés, des surliquidités dans les institutions financières et de la thésaurisation par les possédants et dominants.

C 'est sur ces finances du public que FIVOHA axe ses actions avec ce que cela suppose d'effets et impacts en faveur des finances publiques et réciproquement (réduction de la pression fiscale).

Des associations d'hommes d'idées, il en existes beaucoup a Madagascar mais peu ont vraiment d'influence . Comment comptez vous agir pour être une vision de référence ?

C 'est à vous de voir et apprécier si nos agissements différent et s'ils sont porteurs d'espèrance en de véritables oeuvres constructives et productives. Nous ne sommes en tout cas pas de simples boîtes d'idées car nous sommes des hommes de terrain et nous savons que de nos actions dépendent principalement l'amélioration de nos situations. 

Il est néanmoins exact que si nous n'arrivons pas à entrainer les autres à agir avec nous, nos ambitions resteront du domaine de l'utopie. Mais qui ne voudrait pas s'enrichir ? 

Sobika - quel est pour vous la priorité de développement pour Madagascar en termes de programmes economiques ?

J HR - Tous les programmes sont bons dès lors qu'ils visent et concourrent effectivement à l'accroissement de la production de biens tirés du travail de la terre et obtenus par le meilleur usage des agents multiplicateurs naturels, et ce non seulement pour la conquête des marchés intérieurs mais surtout et avant pour l'autosatisfaction des besoins domestiques.

Mr Randriamifidy, je vous remercie pour cette intéressante interview. Pour en savoir plus sur le FIVOHA, visitez leur site web www.fivoha.org

Entretien réalisé par Niry Pour Sobika.com (c) Sobika.com Juillet 2006

 

 

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