NOSINTSIKA
23/04/2005
MILLENIUM CHALLENGE CORPORATION SELECTIONNE LES PAYS ELIGIBLES POUR L'EXERCICE BUDGETAIRE 2005
Millenium Challenge Corporation - MCC est une institution gouvernementale des Etats-Unis. Conçue pour travailler avec certains des pays les plus pauvres au monde, MCC est basée sur le principe que l'aide est plus efficace quand elle renforce la politique socio-économique saine qui favorise la croissance économique et réduit la pauvreté par le biais de la croissance économique.
Le conseil d'administration du «Millenium Challenge Corporation - MCC» a sélectionné 16 pays éligibles pour bénéficier de l'aide du «Millenium Challenge Corporation-MCC» pour l'exercice budgétaire 2005, et 12 pays pour jouir du «Threshold Programme Funding».
En résumant la réunion du lundi 8 novembre 2004, le secrétaire d'Etat et président du « MCC », Colin Powell a souligné l'adaptation du «MCC» dans le cadre de la sécurité des
Etats-Unis. «Laissez-moi vous dire que les défis globaux et régionaux de la sécurité, auxquels nous faisons face actuellement, exigent que nous soyons créateurs dans notre manière de traiter ces questions et dans la recherche de solutions innovatrices pour les aborder, et le «MCC» est l'une de ces solutions innovatrices».
Cette année, les pays éligibles du «MCA» sont l'Arménie, le Bénin, la Géorgie, le Ghana, le Honduras, Lesotho, Madagascar, le Mali, la Mongolie, le Maroc, le Mozambique, le Nicaragua, le Sénégal, le Sri Lanka et Vanuatu. Le Maroc est éligible pour la première fois alors que le reste fut sélectionné au cours de l'exercice budgétaire 2004. Dans sa résolution, le conseil a pris en considération les deux performances passée et courante de la politique des pays candidats et ce, en matière de gouvernance équitable et démocratique, de liberté économique et de l'investissement dans la santé et l'éducation de leurs citoyens. Le conseil d'administration a également pris en considération les tendances qui indiquent les améliorations ou les dérapages. Ce groupe de candidats inclut 68 pays, dont le revenu par habitant est de ou de moins de 1.465 dollars.
Une fois éligible, un pays est invité à soumettre une proposition concernant l'aide que le «MCC» évalue en se basant sur le potentiel du pays pour améliorer la croissance économique et réduire la pauvreté; la qualité du processus consultatif qui oriente le développement de la proposition; et l'engagement du pays quant à l'amélioration continue de sa politique. Le «MCC» évalue actuellement 14 propositions et concepts des pays qui furent éligibles au cours de l'exercice budgétaire 2004.
«Millennium Challenge Account vise à apporter le meilleur de l'Amérique par rapport à nos relations avec le monde», a précisé un haut responsable, M. Paul
Applegarth. «Les pays que le «MCA» a sélectionnés représentent une reconnaissance pour leur travail dur en mettant en ouvre des actions qui puissent mieux satisfaire les besoins de leurs citoyens, et nous nous réjouissons à l'idée d'édifier un partenariat avec les pays qui ont développé un plan d'action solide afin de réduire la pauvreté et développer la croissance économique».
Les pays qui sont éligibles pour la première fois dans le cadre du «Threshold Program» de l'année budgétaire 2005 sont: Le Burkina-Faso, la Guyane, le Malawi, le Paraguay, les Philippines et la Zambie.
En outre, le conseil d'administration a nommé 6 pays, également qualifiés pour le «Threshold Program» de l'année budgétaire 2004. Les pays du «Threshold» sont des pays qui ne sont pas qualifiés pour obtenir de l'aide du «Millenium Challenge Account» mais qui ont démontré un engagement afin de répondre aux exigences de qualification pour l'aide de «MCC», à l'avenir. Ces pays seront invités à soumettre des propositions pour l'obtention de fonds afin d'améliorer leur performance suivant les critères de sélection du «MCC». Le «MCC», en coordination avec l'Agence américaine pour le développement international - USAID, passera en revue les propositions.
Pour plus d'informations, veuillez vous adresser à Madame Mary Swann, Directrice de communications, au «Millennium Challenge Corporation» au (202) 251-3857.
Rabat, le 9 novembre 2004
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MADAGASCAR - MCA
ATELIER DE CONSULTATION NATIONALE
Palais d'Etat, Iavoloha, 16 septembre 2004
Allocution de SEM le Président de la République de Madagascar, Marc RAVALOMANANA
Mesdames et Messieurs
Aujourd'hui est un jour important pour Madagascar. Cet atelier de consultation sur le Millenium Challenge Account marque une nouvelle approche de notre développement. Il s'agit d'une appropriation des objectifs et des actions par les institutions publiques et privées de Madagascar. Si nous trouvons de bonnes idées et des objectifs réalistes, si nous adoptons des mesures adéquates et cohérentes, nous aurons la possibilité de recevoir un large soutien du Gouvernement des Etats-Unis.
Nous sommes très heureux d'être parmi les 16 pays élus pour élaborer les concepts pour ce programme américain d'un volume total d'un milliard de dollars pour l'année fiscale 2004. Le Millenium Challenge Account adopte une nouvelle approche pour le partenariat entre les pays développés et les pays en développement. Les novateurs sur lesquels comptent plus sur les atouts de notre pays, notre volonté politique, les capacités de nos institutions publiques, les capacités de nos entreprises et les capacités d'organisation de notre société civile.
Où voulons nous aller ? Quand pouvons nous valoriser nos atouts ? Comment pouvons nous avoir des résultats concrets et mesurables ? Nous avons déjà proposé des concepts de base au Millenium Challenge Corporation. Ces concepts sont fondés sur notre vision : « Madagascar naturellement »
Plus de 80% de la population vivent encore dans le monde rural. Les potentiels de notre nature étant innombrables, nous recherchons une nouvelle approche pour valoriser la nature, renforcer le monde rural, passer d'une économie de subsistance à une économie de marché, prolonger l'économie rurale vers l'économie agro-industrielle alimentaire et non alimentaire, prolonger la chaîne des valeurs, créer de la valeur ajoutée par la transformation des produits naturels et développer les services. En résumé, créer des réseaux industriels et commerciaux axés sur le monde rural. Nous sommes convaincus qu'avec une telle approche, nous créerons une croissance rapide et durable, un développement par la base et une augmentation forte de nos exportations. Enfin, nos richesses et nos produits seront connus dans le monde sous le label « Madagascar naturellement ».
Ces idées ont été bien reçues par les représentants du Millenium Challenge Corporation. Mais, maintenant, le travail commence. Que devons nous faire ? Comment renforcer le monde rural ? Quelles infrastructures seront nécessaires ? Quelles mesures prendre ? Quelles formations et éducation instituer ? Quelles institutions développer ? Comment renforcer le partenariat Public - Privé dans cette optique ? Comment créer un système financier efficace pour le monde rural ? Comment diffuser la propriété foncière pour les paysans ? Et comment développer l'esprit entrepreunarial parmi les paysans et les commerçants potentiels ? Comment amener les nouvelles régions, résultat des décentralisation et déconcentration, à travailler de manière réellement étroite et efficace avec le peuple ? Comment inciter les Chefs de Région, qui sont parmi nous aujourd'hui, à utiliser leur capacité, leur créativité et leur compétence ?
Voilà pourquoi, ces derniers jours, moi-même, j'ai parcouru plus de 5.000 Km en avion et 3.550 Km en hélicoptère pour présenter les Chefs de région à la population. Tout cela pour vous dire que nous ne devons pas ménager nos efforts pour le développement de Madagascar. Je suis très content que vous soyez tous venus ici et que les représentants du Gouvernement et des plusieurs institutions publiques aient la possibilité de travailler avec les représentants du secteur privé et de la société civile. Nous recherchons ensemble une approche intégrée et partagée par la population, une approche pour une croissance rapide et durable, des actions concrètes et viables. Et c'est à tous, c'est à nous de les trouver et de les prioriser.
Merci
Kabarin'Andriamatoa Filohan'ny Repoblikan'i Madagasikara, Marc RAVALOMANANA
Tompokolahy sy Tompokovavy,
Faly aho, tena faly aho mahita anareo tonga maro eto androany. Faly aho satria mino fa ity hodinihintsika androany ity dia hitondra fanampiana eo amin'ny fampandrosoana haingana sy maharitra an'ny Madagasikara. Haingana satria ny tetik'asa avoakantsika eto dia mety azoantsika fanohanana amin'ny lafiny maro ka ahafahantsika tonga dia miasa avy hatrany miaraka amin'ny Amerikana. Ary maharitra satria isika ihany no hamolavola azy araka ny tena ilantsika azy. Mendrika i Madagasikara matoa voafidy tao anatin'ireo firenena 16 izay hahazoana famatsiana avy amin'ny "Millennium Challenge Account". Koa manantena aho fa tsy handraraka ilo mby an-doha isika, hiaraka hanome voninahitra ny fampandrosoana an'ny Madagasikara.
Fampandrosoana miainga avy amin'ny 80%-n'ny mponina eto Madagasikara izay tantsaha no tadiavintsika. Ny fandrosoan'i Madagasikara mantsy dia miankina amin'ny harena voajanahary. Tsy maintsy ho hitantsika ny fomba hampiasana io harena io amin'ny fomba rehetra sy fomba maro. Tsy maintsy hamafisintsika ny tontolo ambanivohitra mba ho afaka hiatrika ny sehatra ara-toekarena ankehitriny. Hojerentsika izay fomba hanodinana ireo vokatra mba hisy tombony ho an'ireo tantsaha sy ho an'ny vahoaka Malagasy manontolo.
Hampiroborobontsika amin'izany ny Faritra vao avy napetraka mba hiantraika tokoa amin'ny vahoaka ny tombony sy ny tombotsoa. Hohamafisintsika amin'ity tetikasa ity ny fiarahamiasa amin'ny fanjakana sy ny tsy miankina amin'ny fanjakana dia ny "Private Public Partnership (PPP)"
Koa alao hery àry, Tompokovavy sy Tompokolahy, fa ny taotrano, hono, tsy vita irery ary ny hevitry ny maro mahataka-davitra. Tao anatin'ny 10 andro dia nahavita 5.000 km tamin'ny aeraopilanina ny tenanay niaraka tamin'ireo mpanaradia ary 3.550 km tamin'ny helikopitera, nitetezana ireo faritra, nametrahana ireo "Chefs de Région" mba ho hitan'ireo mponina sy ireo vahoaka. Tsy hitarai-tana-mihepaka isika amin'izany fa izay hampandrosoana an'i Madagasikara no tanjona kendrentsika.
Koa mirary fahombiazana tanteraka ho antsika aho ary manantena fa ho lavorary ny zavatra hatolotr'i Madagasikara ao amin'ny "Millennium Challenge Account". Ary manantena aho fa ho re, ho hita ny asa ho hataontsika.
Dia misaotra betsaka.
Koa ambarako àry fa misokatra izao concertation nationale momba ny MCA izao.
Je déclare, officiellement, l'ouverture de la concertation sur cet atelier.
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Le Maroc figure parmi les 16 pays qui ont été déclarés admissibles à l'aide du Millenium Challenge Account (MCA) durant l'année budgétaire 2005 qui commence le 1er octobre.
''Le Conseil d'administration de la MCC a sélectionné 16 pays comme étant admissibles à l'aide du Compte du millénaire durant l'année budgétaire 2005'', a annoncé l'agence chargée de la gestion du MCA, la Millenium Challenge Corporation (MCC). Dans un communiqué publié mardi à l'issue de la réunion du Conseil d'administration de la MCC, tenue sous la présidence de M.Colin Powell, secrétaire d'Etat et président de la MCC, la Millenium Challenge Corporation a précisé que le Maroc est admissible à l'aide du MCA pour la première fois, alors que les 15 autres pays avaient été déclarés admissibles à l'aide durant l'exercice 2004, qui a vu les pays bénéficiaires se partager 1 milliard de dollars pour financer des projets bancaires, d'infrastructure et d'éducation. Les pays qui vont bénéficier, cette année, de l'aide sont l'Arménie, le Bénin, la Bolivie, la Georgie, le Ghana, le Honduras, le Lesotho, Madagascar, le Mali, la Mongolie, le Maroc, le Mozambique, le Nicaragua, le Sénégal, Sri Lanka, et Vanuatu. Tous ces pays ont un revenu annuel maximal par habitant de 1.465 dollars, précise-t-on.
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Contexte économique
Millenium Challenge Account : 3 à 5 millions USD attendus !
02-04-2005 / 23:33
La signature du premier Compact du programme financé dans le cadre du MCA (Millenium Challenge Account) aura lieu le 7 avril prochain à Washington D.C entre Madagascar et les Etats-Unis. Moins de un mois après ladite signature, le pays bénéficiera d'un fonds supplémentaire de 1 million USD destiné à financer les études de référence pour le suivi-évaluation du programme, selon les explications de Henri Roger Ranaivoson, Chief Of Staff de la Présidence, lors d'une conférence de presse à l'Hôtel Colbert. A cet effet, l'INSTAT se chargera de l'enquête auprès des ménages et des entreprises, tandis que le ministère de l'Agriculture effectuera une enquête de productivité agricole.
Mieux encore, le premier déboursement de ce fonds du MCA s'élève entre 3 à 5 millions USD pour le premier trimestre de démarrage du projet, prévu le mois de mai prochain, a évoqué Ema Ralijohn, coordinatrice du programme MCA Madagascar. Notons que le Millenium Challenge Corporation alloue un fonds non remboursable d'une valeur de 110 millions USD, pour financer le programme de développement rural intégré, proposé par Madagascar, qui s'étalera sur 4 ans. Le plan de décaissement s'effectuera tous les trois mois, a affirmé Michael Grossman, directeur régional du MCC en visite au pays pour le suivi de l'état d'avancement du programme. Mais le montant alloué peut augmenter suivant l'atteinte de la vitesse de croisière du résultat des efforts déployés par la partie malagasy.
Zones d'intervention
Les activités se concentreront sur cinq zones d'intervention, dont deux sont pour l'heure identifiées, à savoir, Vakinankaratra-Amoron'Imania et Menabe, pour plusieurs critères. La première a été choisie pour l'existence d'un parc industriel représentant un marché local important, des infrastructures routières ainsi que pour sa grande potentialité agricole très diversifiée. La seconde est élue par la diversité de ses cultures et sa potentialité en matière d'élevage, de pêche et d'aquaculture, ainsi que par l'existence d'une infrastructure portuaire.
L'identification d'une vaste étendue de plaines de 387.500ha n'est pas en reste. En tout, ces deux zones profiteront à trois provinces (Antananarivo, Fianarantsoa et Toliary). Les trois autres zones seront connues dans 6 mois, après une consultation multipartite au niveau national. En terme de répartition, 30% du fonds sont destinés à l'informatisation du système foncier et à la délivrance de titres, 30% autres sont affectés au développement de la micro-finance tandis que le reste servira à financer l'agro-industrie et la création de l'Agri-Business Center servant comme centre d'information sur les marchés permettant un attrait d'investissement et de formation en management d'entreprise dans chaque zone. Le projet PIC et celui du MCA sont deux approches différentes mais complémentaires pour une même zone, a précisé Radavidson Andriamparany, ministre de l'Economie.
Navalona R.
©Midi-Madagasikara
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http://www.lejournal-hebdo.com/article.php3?id_article=291 (Maroc)
Janvier 2004
Qu'est-ce que le millenium challenge account ?
Mars 2002, George Bush, Président des Etats-Unis, décline la nouvelle stratégie de son administration pour l'aide au développement. Cette vision ambitionne de révolutionner les méthodes d'allocation de fonds aux pays pauvres, comme l'a précisé Bush "ne plus faire de chéque sans se soucier des résultats (...) L'aide au développement doit récompenser la mise en place de réformes", et c'est l' l'originalité du fonds : la générosité ne dérogera pas au pragmatisme. L'aide sera désormais, basée sur le mérite. "L'accroissement des contributions des pays riches doit être conditionné par davantage de responsabilité de la part des pays récipiendaires". Cette vision a été matérialisée le 5 février 2003 quand bush a soumis son projet, baptisé Millenium Challenge Account (MCA), au congrès.
Le MCA est un organisme chargé de canaliser l'aide au développement US, de définir les critères d'éligibilité des pays et, finalement, de s'assurer du bon usage des fonds octroyés. Il sera supervisé par un conseil d'administration présidé par le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères. Le responsable du fonds sera désigné par le conseil mais confirmé par le congrès. En ce qui concerne le personnel, il sera composé de fonctionnaires américains et de cadres de différentes ONG.
L'allocation de fonds sera conditionnée, globalement, par une gouvernance saine. "L'efficacité d'un gouvernement est une condition essentielle pour le développement". Selon les normes retenues, un bon gouvernement doit veiller au respect des règles de droit, investir dans ses citoyens et promouvoir la liberté économique. Ces trois conditions seront déclinées par les experts du développement en 16 critères que devront satisfaire les pays candidats. Du combat de la corruption à la gestion macroéconomique, en passant par les libertés civiques et les droits politiques, les pays candidats seront, périodiquement, scannés puis notés par les ONG. L'autre originalité du MCA consiste à renforcer le pouvoir des ONG en les associant au processus d'évaluation des pays récipiendaires. Cette approche d'externalisation permet au MCA d'alléger ses coûts de fonctionnement, mais surtout de crédibiliser son processus de sélection. Pour les pays en développement, les politiques des petits pas et les mesures cosmétiques ne suffiront plus à drainer les fonds, puisque le MCA met en compétition une centaine de pays, les plus performants en seront les principaux bénéficiaires. Les autres devront se contenter de l'appui, limité, de l'USAID. L'administration US considère le MCA comme un plan Marshall bis, destiné à booster le décollage économique des pays les moins développés. Et pour cause, l'enveloppe initiale, soumise au Congrès, est de dix milliards de dollars, elle sera rallongée de cinq autres milliards de dollars à partir de 2006. Pour convaincre le Congrès, l'administration Bush assimile le MCA à un moyen de désamorcer l'hostilité de certains Etats à l'égard des intérêts US. Elle en fait également un outil de pacification. C'est donc sans surprise que le débat sur un meilleur encadrement des fonds d'aide au développement est cité par l'administration au pouvoir comme une composante de la stratégie de sécurité nationale américaine.
Mohammed Jamai
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http://www.reseauvoltaire.net/article12578.html
Compassion et bonnes affaires
Le Millenium Challenge, colonialisme libéral
Les États-Unis ont lancé, depuis près d'un an, un vaste projet d'aide aux pays en voie de développement au sein d'une nouvelle agence, la Millenium Challenge Corporation. Celle-ci exige des pays bénéficiaires qu'ils organisent la libéralisation de leur économie et son ouverture aux investisseurs étrangers. Elle réclame aussi d'importantes réformes politiques qui peuvent être apparentées à des changements de régimes. Par le biais de ce nouveau Plan Marshall, Washington prétend pouvoir imposer son « modèle » au reste du monde, dans une visée néo-coloniale non dissimulée.
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Le 22 mars 2002, le président états-unien George W. Bush annonce, dans un discours à Monterrey au Mexique, la création d'une nouvelle agence, le Compte du Millénaire, « destinée à financer des projets dans des pays qui gouvernent avec justice, qui investissent dans le domaine social et qui encouragent la liberté dans le domaine économique ».
L'aide publique au développement : l'arme des néo-colonialistes
Les trois principes édictés donnent bien le ton de cette nouvelle manière de conditionner l'aide au développement. À la fin des années 1980 on avait vu l'émergence du concept de « conditionnalité démocratique » dans ce domaine. François Mitterrand proposait ainsi, dans son discours de La Baule, en 1992, de conditionner l'attribution de l'aide au développement à la mise en ouvre de réformes démocratiques dans les pays bénéficiaires. Cette gigantesque hypocrisie néo-colonialiste n'eut guère de suite dans les relations françafricaines et peu nombreux furent les décideurs politiques à s'insurger, par exemple, contre l'approvisionnement par la France du régime rwandais Hutu, au cour du génocide de 1994. Cependant, l'idée a fait son chemin dans les organisations internationales, notamment au sein du FMI et de l'Union européenne qui apprécient particulièrement cette possibilité d'imposer à ces pays des réformes structurelles, en échange de subventions.
Une telle démarche aurait été profitable - encore qu'elle aurait été teintée de développementalisme compassionnel de bon teint - si elle avait permis d'inciter les pays bénéficiaires de l'aide au développement à assurer la tenue d'élections libres, la liberté de la presse, ou encore la libération des prisonniers politiques. Malheureusement, les questions relatives aux droits fondamentaux n'ont qu'une place minime dans l'échiquier économique mondial. Les organisations internationales ont surtout conditionné l'attribution des aides à la réduction des dépenses publiques (santé, retraites, assurances-chômage) et à l'ouverture des marchés nationaux à la concurrence internationale. Dix à quinze ans plus tard, il est possible d'évaluer les bénéfices de ces mesures : non seulement l'aide publique au développement n'a pas cessé d'être détournée au profit des décideurs nationaux, mais les réformes orchestrées sur les bons conseils du FMI ont engendré une d'importantes régressions sociales dans les pays concernés [1]
L'équipe du Millenium Challenge Corporation
Dans ce contexte, le projet de George W. Bush du Millenium Challenge Corporation (MCA) est particulièrement intéressant. Il est placé sous la direction du département d'État et doit donc refléter ses vues en matière d'économie et d'ingérence politique. L'équipe dirigeante est composée exclusivement de membres importants de l'administration états-unienne.
Son administrateur général n'est autre qu'Alan Parson, le sous-secrétaire d'État aux affaires économiques, qui s'est vu attribuer cette nouvelle responsabilité le 2 février 2004. Il occupait déjà cette fonction de sous-secrétaire d'État pendant l'administration Clinton, et sa reconduction au sein de l'administration Bush avait suscité de nombreuses interrogations dans la presse états-unienne. La coutume veut en effet que l'arrivée d'un nouveau président entraîne un renouvellement de l'ensemble des postes gouvernementaux.
La revue Mother Jones a trouvé la raison de cette mansuétude des faucons à l'égard d'un proche du président Clinton. En février 2000, Alan Parson a reçu la visite de Dick Cheney, alors président d'Halliburton. Celui-ci souhaite remettre en cause une décision du département d'État bloquant une somme de 500 millions de dollars de garanties bancaires fédérales destinées à un société russe du nom de Tyumen Oil. Cette décision était motivée par des rapports de la CIA faisant état de manouvres douteuses de la société et de ses propriétaires, le conglomérat russe Alfa Group de l'oligarque Mikhail Fridman, pour prendre le contrôle de ses concurrents. Or, Tyumen est un partenaire privilégie d'Halliburton, avec lequel il a signé un accord évalué à 300 millions de dollars pour l'exploitation de champs pétroliers en Sibérie. Alan Parson a su, à l'époque, se montrer compréhensif avec le futur vice-Président, et a donc levé les restrictions et débloqué l'argent. Une décision qui lui valut d'être reconduit après l'arrivée de George W. Bush et Dick Cheney à la Maison-Blanche, en janvier 2001.
Depuis cette date, il est considéré comme l'une des « étoiles montantes » de la nouvelle administration. En octobre 2002, il a été envoyé en mission en Arabie saoudite et dans d'autres pays producteurs de pétrole afin d'y obtenir l'assurance d'une augmentation de leur production en cas de chute de la production irakienne provoquée par une invasion états-unienne. Au même moment, la société Tyumen est devenue la premier société russe à fournir du pétrole au Strategic Petroleum Reserve [2].
Les autres membres de la Millenium Challenge Corporation restent à désigner, l'organisation en étant encore à ses balbutiements. Pour l'année 2004, un budget de 1 milliard de dollars lui a été alloué, ce qui devrait surtout couvrir ses frais d'installation et les premières tournées diplomatiques visant à établir la liste des pays bénéficiaires. En revanche, George W. Bush a d'ores et déjà annoncé que l'agence bénéficierait d'un budget de 5 milliards de dollars pour 2005, faisant ainsi quasiment doubler l'aide publique au développement fournie par les États-Unis (le montant actuel est de près 7 milliards de dollars annuels).
Le programme est placé directement sous la tutelle du département d'État, et donc de Colin Powell, qui en est le président. On retrouve à ses côtés, dans l'organigramme, le Secrétaire au Trésor John W. Snow, au poste de vice-président, mais aussi le représentant états-unien pour le Commerce extérieur, Robert B. Zoellick, et l'administrateur de l'USAID [3], Andrew S. Natsios.
Le Compte du Millénaire : un programme « changement politique contre
subventions »
D'après le département d'État, le fonds de développement « fournira des aides aux pays en développement qui auront adopté une politique judicieuse sur les plans politique, économique et social » [4]. Ce qui invite naturellement à s'interroger sur les critères choisis par Washington pour sélectionner les pays méritant l'aide états-unienne, qui doivent être officiellement désignés en mai.
Le premier critère objectif concerne le degré de richesse (ou de pauvreté) des pays candidats. Aussi faut-il que le revenu moyen par habitant des pays bénéficiaires n'excède pas 1415 dollars annuels, ce qui correspond à la définition donnée par l'International Development Aid. A partir de 2006, ce plafond s'élèverait à 2975 dollars annuels, soit le critère de la Banque mondiale pour sa propre attribution des aides au développement. Le deuxième critère, également objectif mais nettement plus relatif, est celui lié à la loi états-unienne. Les pays qui, selon cette loi, ne peuvent pas recevoir d'aide, ne le seront donc pas plus pour l'aide du Millenium Challenge Account. Ce qui laissera à la diplomatie états-unienne la liberté de modifier cette liste pour y inclure ou en exclure des pays demandeurs.
La seconde catégorie de critères est relative à la vision états-unienne de « bonne gouvernance », nettement plus subjective tant dans sa définition que dans son appréciation. D'après George W. Bush, le Compte du Millénaire « récompensera les pays qui mettent fin à la corruption, qui respectent les droits de l'homme et qui instaurent l'État de droit (.), qui investissent dans les domaines de la santé et de l'enseignement (.) qui libéralisent leur économie et qui appliquent une politique budgétaire judicieuse. »
Une note du département d'État indique précisément la manière dont les États-Unis évalueront le respect de ces multiples « valeurs universelles ». Washington se fondera sur les statistiques et les études empiriques réalisées par cinq organismes :
la Banque mondiale fournira les données relatives à l'efficacité du gouvernement, à la réalité de l'État de droit, à la lutte contre la corruption, mais aussi à la situation sociale, en évaluant les dépenses publiques consacrées à l'enseignement primaire public et à la santé, ainsi que le pourcentage d'enfants vaccinés, etc.
le Fond monétaire international (FMI) donnera son évaluation du déficit budgétaire des pays candidats au cours des trois dernières années ainsi que le niveau d'inflation.
l'Institutional Investor Magazine [5] fournira la note qu'il attribue aux différents pays pour leur capacité à encourager la liberté dans le domaine économique.
la Fondation Heritage [6] dressera un bilan de la politique commerciale des différents États demandeurs.
Freedom House [7] analysera l'état des libertés publiques et des droits politiques.
A ces critères a priori s'ajoutent des modalités de réception dans les pays demandeurs, qui doivent adopter leur mode de gouvernement au « modèle » états-unien. D'après le département d'État, « ouvrant en étroite collaboration avec le MCA, les pays devront identifier les principaux obstacles à leur propre développement, garantir la participation de la société civile et mettre au point un plan de collaboration avec le MCA répondant à leurs besoins particuliers ». En matière commerciale, ils devront se conformer « à un certain nombre d'objectifs mesurables à atteindre ». Une formulation imprécise qui laisse la place à l'établissement d'un véritable programme de réformes élaboré à Washington [8].
Cela correspond à la vision économique des membres de l'administration Bush telle que définie par Alan Larson lors d'une réunion de la Rand Corporation à New York, le 3 juin 2001. Selon lui, « dans l'économie de l'information actuelle, la liberté économique et la liberté politique se renforcent l'un l'autre. Comme l'a dit le président Bush en avril [2001] devant l'Organisation des États Américains, "il y a un lien vital entre la liberté des peuples et la liberté de commerce (.) [La liberté de commerce] aide à démanteler les bureaucraties protectionnistes qui étouffent l'initiative [individuelle] et invitent à la corruption. Le libre commerce renforce les habitudes de liberté et renforce la démocratie à long terme" » [9]. Une vision largement différente de celle développée par les économistes du Fonds monétaire international dans les années 1970, qui défendaient l'intérêt d'investir dans des pays autoritaires et peu démocratiques comme gage de sûreté et de rentabilité.
Vers un Plan Marshall pour les pays en voie de développement
En réalité, le niveau d'exigence en matière politique fait plus ressembler le MCA au Plan Marshall qu'à un projet d'aide au développement. Une filiation historique revendiquée par plusieurs membres de l'administration états-unienne lors de présentations publiques du Compte du Millénaire, et notamment Colin Powell dans une tribune du Washington Post . Le Plan Marshall est souvent présenté comme un plan d'aide à la reconstruction des pays européens, au sortir de la Seconde Guerre mondiale. C'est notamment le cas de Robert Pingeon, président du Parti républicain américain pour l'Europe, qui le décrit dans une tribune parue dans Le Figaro en juin 2003, comme « la plus grande action d'aide humanitaire des temps modernes ». Il s'agit en réalité d'une opération de diplomatie politique déguisée en plan d'aide économique. En échange des crédits états-uniens, les pays bénéficiaires étaient en effet tenus de mettre en oeuvre des réformes économiques, politiques et mêmes culturelles (par exemple l'envoi de sociologues en mission de productivité aux États-Unis), le tout afin d'empêcher la montée des partis communistes nationaux. Il peut donc être assimilé à une tactique de domination impérialiste sans recours aux armes plutôt qu'à une aide philanthropique à la reprise économique.
Le projet de Compte du Millénaire n'est finalement pas autre chose. Ses modalités d'application auront fatalement comme conséquence l'ouverture des marchés intérieurs de ces pays en voie de développement à la concurrence venue des pays technologiquement les plus avancés, au premier rang desquels les États-Unis. Cela représente déjà un progrès par rapport à la traditionnelle politique de la « canonnière » utilisée auparavant pour ouvrir manu militari les marchés récalcitrants aux investisseurs états-uniens. On peut également voir dans la plus grande participation de la société civile exigée par Washington un moyen d'assurer des débouchées politiques aux personnalités indigènes d'opposition financées par la Fondation Ford ou soutenues par la National Endowment for Democracy. Déjà les États-Unis, dans leurs rêves de grandeur d'un empire « millénaire », cherchent à associer à leur démarche l'Union européenne, incitée à adopter la même grille de critères. Il n'est cependant pas certain que l'ensemble des pays pourvoyeurs d'aide au développement partagent exactement la vision néo-colonialiste des conservateurs libéraux de Washington.
Paul Labarique
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[1] Le journaliste du Monde, Stephen Smith, explique dans son dernier ouvrage Négrologie - Pourquoi l'Afrique meurt, que la raison du chaos africain est à chercher dans « l'autisme identitaire » de ses dirigeants, convaincus de l'irréductibilité de « l'homme noir ». Un ouvrage dans la lignée des travaux de son auteur, qui s'est fait une spécialité de dégager toute responsabilité des néo-colonialistes sur le continent africain.
[2] « The Cheney loyalty test : why did Alan Larson, a Clinton undersecretary, keep his job under Bush
(Outfront) », par Arm Roston, Mother Jones, mars-avril 2003.
[3] L'United States Agency for International Development est l'agence gouvernementale à laquelle revient traditionnellement la charge de répartir l'aide publique au développement.
[4] « M. Alan Larson nommé administrateur général du Compte du millénaire », département d'État, 3 février 2003.
[5] L'Intitutional Investor Magazine est un journal d'analyse économique réalisant des analyses statistiques de la situation économiques de différents pays et institutions. Il appartient au groupe Euromoney PLC.
[6] Principal think tank reaganien, la Fondation Heritage est le bastion de l'extrême droite intellectuelle états-unienne. Elle est principalement financée par le banquier extrémiste Richard Mellon Scaife.
[7] Créée en 1941, Freedom House est devenue un institut satellite de la Fondation nationale pour la démocratie (NED). Elle publie un rapport annuel sur les libertés dans le monde, avec une insistance particulière sur les libertés religieuses. Son président actuel est James Woolsey, ancien directeur de la CIA.
[8] Pour une liste exhaustive recensant pays candidats et pays refusés, voir le site du MCA. On notera, parmi les pays mis sur la liste noire de Washington, la Serbie, la Somalie, le Soudan, la Côte d'Ivoire, la Centrafrique, l'Ouzbékistan et le Zimbabwe.
[9] « Remarks to the Rand Business Leaders Forum, "Russia and the United States : Next Steps in a Maturing
Relationship" », département d'État, 3 juin 2001. |