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  Madagascar - Trafic d'espèce animal  -  La Reunion

Les soldats malgaches condamnés pour l’exemple
“Les temps sont durs pour les Malgaches, mais pour les espèces protégées aussi.” D’une phrase, le président Francis Oget a résumé la teneur des débats du jugement en comparution immédiate prononcé hier par le tribunal correctionnel à l’encontre de deux sous-officiers de l’armée malgache, prévenus de transport et détention d’animaux non-domestiques d’une espèce protégés et importation de marchandise prohibée. 

Pas de tolérance pour les trafiquants d’espèces animales protégées. C’est le message qu’a tenu à faire passer le tribunal en condamnant hier à de la prison ferme et à de fortes amendes les deux soldats malgaches qui ont tenté d’introduire frauduleusement à la Réunion 188 tortues Radiatas et une quarantaine de pierres précieuses mardi dernier. Et ce malgré les compréhensibles raisons économiques invoquées par les deux hommes.

Clicanoo 11/02/2005

Le passeur du colonel
Le militaire du 1er RFI malgache intercepté mardi matin par les douanes en possession de 5 920 cachets d’Artane a indiqué hier au parquet avoir agi sur ordre d’un colonel de sa compagnie.
 

Voilà qui n’a pas fini de faire parler dans les baraquements de la Grande muette. L’interpellation, mardi matin, de trois militaires malgaches, deux sous-officiers et un homme du rang, tentant d’introduire frauduleusement sur le territoire français tortues Radiata, pierres précieuses, gousses de vanille, cigarettes et cachets d’Artane était déjà un événement en soi. Mais que l’un des passeurs mette directement en cause l’un de ses supérieurs hiérarchiques, un officier supérieur qui plus est, sème le trouble à la Réunion et dans la Grande Île.
Hier, après audition du 1re classe Julien Randriamanantena, 26 ans, trouvé en possession de 15 kilos de vanille, 10 cartouches de cigarettes de marque Boston et 296 plaquettes de 20 cachets d’Artane, le substitut du procureur Candice Gratecos a ouvert une information judiciaire pour importation illégale de marchandise fortement taxée, de substances vénéneuses et de marchandise prohibée dangereuse pour la santé. Mis en en examen par le juge d’instruction Yann Boucharé, le jeune soldat a ensuite été placé en détention provisoire à la prison du Port, alors que ses deux camarades passeurs de tortues venaient d’être condamnés à 15 jours d’emprisonnement ferme (lire par ailleurs). Une mesure plus destinée à le mettre en sécurité qu’à le punir, au vu de ses déclarations aux gendarmes de la brigade de recherche départementale, réitérées devant les magistrats.
Fouillé par le chef de corps
Le 1re classe a en effet clairement mis en cause un officier supérieur de l’armée malgache, un colonel, qui lui aurait demandé en personne, la veille du décollage du Transall pour la Réunion, de transporter ce sac à paquetage bien garni, sans l’informer de son contenu. Il lui aurait même assuré, au contraire, qu’il “ne risquait rien” à exécuter ce que le soldat a de fait considéré comme un ordre. Des déclarations que semble confirmer le témoignage d’un sous-officier de la compagnie du jeune Julien, s’étonnant d’avoir vu “un colonel parler avec un simple homme du rang”. Deux autres témoins confirment par ailleurs avoir assisté à la scène de la remise du sac au jeune Julien, accréditant la thèse selon laquelle ce sac ne lui appartenait pas.
En outre, le jeune soldat affirme que le sac en question aurait été fouillé avant l’embarquement à Tananarive par le chef de corps du RFI en personne, sans qu’aucun problème ne soit signalé.
Avant le départ, le jeune homme aurait, malgré l’interdiction de son supérieur, jeté un œil au contenu de sac, ne regardant que ce qui se trouvait sur le dessus. Voyant les cartouches de cigarettes, il ne s’interrogeait pas outre mesure. Des déclarations qui, si elles sont confirmées au cours de l’instruction, vont sans doute provoquer un coup de tonnerre au sein de l’état-major de la Grande Île.
“Risques pour sa sécurité”
Après ces révélations fracassantes, le mis en examen, marié et père de deux enfants, a néanmoins été écroué. “Nous aurions souhaité obtenir un placement sous contrôle judiciaire”, note son avocate commise d’office, Me Catherine Préaubert, “mais étant donné les risques qui pèsent sur sa sécurité, le fait qu’il n’ait aucune attache à la Réunion, et que des investigations destinées à remonter le réseau sont en cours, il était préférable qu’il parte en détention. C’est tragique.” Désormais, Julien Randriamanantana, venu à la Réunion en compagnie d’une cinquantaine de camarades pour suivre un stage de formation d’un mois à la base du RSMA d’Hell-Bourg, fait aujourd’hui figure d’élément gênant pour deux hauts gradés malgaches, et vraisemblablement plusieurs autres personnes situées en amont et en aval du réseau. Des personnes que le juge Yann Boucharé a désormais pour mission d’identifier.
Sébastien Gignoux

Un réseau organisé à Madagascar
L’interpellation mardi à leur descente du Transall en provenance de Tananarive de trois militaires malgaches défraie la chronique dans la Grande Île. Venus suivre un stage de formation avec une cinquantaine de leurs camarades ils ont donc tenté d’introduire frauduleusement 188 tortues Radiata, 5 800 cachets d’Artane, de la vanille, des pierres précieuses et des cigarettes. S’agissant des médicaments, notre confrère l’Express de Madagascar révèle qu’il existe un véritable trafic organisé à Madagascar. “Ce réseau est véritablement mafieux, souligne notre confrère. Quelques pharmaciens ont confirmé que la ville d’Antananarivo est en rupture de stock depuis au moins deux mois. Même les grossistes de la capitale comme l’Opham n’en disposent plus en ce moment. La contrebande commence à Madagascar. Les pharmaciens s’approvisionnent régulièrement en France lorsque les trafiquants se mettent à écumer les officines. “Ils en achètent en petite quantité chaque jour et dans chaque pharmacie”, constate le docteur Hery Raharisaina. Ensuite, ils réexportent en France. Cette bande organisée implique désormais des officiers malgaches. L’Artane est un produit à “bande rouge”, il est donc difficilement accessible car délivré uniquement sur ordonnance. A Madagascar, sans mettre en doute la vigilance des pharmaciens, il est plus facile de s’en procurer. Le commerce devient alors intéressant, puisqu’il y a des acheteurs sûrs à l’étranger.”

Les soldats malgaches condamnés pour l’exemple
“Les temps sont durs pour les Malgaches, mais pour les espèces protégées aussi.” D’une phrase, le président Francis Oget a résumé la teneur des débats du jugement en comparution immédiate prononcé hier par le tribunal correctionnel à l’encontre de deux sous-officiers de l’armée malgache, prévenus de transport et détention d’animaux non-domestiques d’une espèce protégés et importation de marchandise prohibée. 

Un délit de droit commun et un délit douanier, pour lesquels le sergent-chef Jean Randrianampianina et le caporal Henri Randriamilamina ont été condamnés à 15 jours d’emprisonnement ferme et respectivement 24 400 et 13 320 euros d’amende.
“Échanger contre des vêtements…”
Des amendes que les deux militaires n’auront vraisemblablement pas les moyens de payer, leur faible solde de 90 euros mensuels étant selon eux la raison pour laquelle ils auraient tenté de passer en fraude les lucratives tortues, dont le prix moyen a été estimé à 200 euros pièce par les douanes.
Mardi matin, à la descente du Transall les amenant en France pour un stage à la base commando du 2e RPIMa à la Saline-les-Bains, les deux hommes ont en effet été confondus par les chiens renifleurs des douaniers, qui ont découvert entassées dans leurs sacs à paquetage 122 tortues Radiata et Pixis pour le premier, 66 pour le deuxième, auxquelles s’ajoutaient une quarantaine de pierres précieuses d’une valeur de 120 euros le lot.
Entendus par les douanes, puis les gendarmes de la Rivière-des-Pluies, les deux sous-officiers ne parlant pas un mot de français ont reconnu le transport des animaux et des pierres, “pour se faire de l’argent.” Chacun aurait agi de son côté et de sa propre initiative, “cueillant” les tortues dans la région de Tuléar une quinzaine de jours avant le départ de Tananarive pour Saint-Denis. “J’étais déjà venu à la Réunion trois fois”, explique à la barre le caporal Randriamilamina. “À chaque fois, on me demandait si j’avais moyen de faire venir des tortues. Je pensais pouvoir les échanger contre des vêtements, des téléphones portables, des montres, où les vendre 15 euros l’une.” Une thèse dont le président Francis Oget à du mal à se contenter : “Quand on a autant d’animaux, il y a urgence à s’en débarrasser. On doit avoir des contacts, des références, surtout si on est déjà venu plusieurs fois dans l’île ?” Les militaires assurent n’avoir eu aucune commande précise, et pensaient écouler la “marchandise” au hasard des rencontres.
En tout cas, tous deux savaient qu’ils se livraient à une activité illégale, même s’ils ne connaissaient pas forcément la Convention de Washington de 1973 qui interdit le transport et le commerce de certaines espèces protégées comme le sont les tortues Radiata. Le substitut du procureur Frédéric Almendros rappelle à l’intérêt de traiter une telle affaire sur le mode de la comparution immédiate : “Il y a urgence, par rapport à l’enjeu sanitaire pour le vase clos qu’est l’île de la Réunion. Que se passerait-il si ces tortues étaient malades ? Elles auraient pu contaminer d’autres tortues, des espèces végétales, voire l’homme !” Et de rappeler que depuis leur arrivée, les tortues en question sont retenues en quarantaine par la direction des services vétérinaires de Gillot. Second enjeu pour le parquet : les atteintes à l’environnement de la zone de l’océan Indien, qu’il ne faut en aucun cas “cautionner”. Troisième enjeu enfin, la coopération franco-malgache qu’il “ne faut pas entamer”. Le substitut rappellera enfin les conditions dans lesquelles ces animaux ont été transportés, entassés au fond d’un sac, sous les vêtements. 
“Si c’était des chiens ou des chats ?”
“Et si c’était des chiens ou des chats ? J’ai hésité avant de retenir la qualification d’actes de cruautés envers animaux. C’est aussi une question de respect de la vie. Quel animal est plus gentil que la tortue ?!” Le parquet réclamera donc une peine de 15 jours de prison ferme, tandis que les douanes demanderont la condamnation des deux hommes à payer une amende équivalente à la valeur des marchandises importées, soit 24 400 et 13 320 euros.
L’avocat de la défense Me Michel Bidois aura beau expliquer que les deux soldats n’ont pas agi “par appât du gain, mais par nécessité alimentaire, pour leurs frères, leurs sœurs, leurs familles”, qu’ils ont exploité le fait que “les Réunionnais sont friands de tortues et de pierres précieuses”, et que “leur hiérarchie va leur demander des comptes”, il ne pourra éviter que le tribunal valide dans son intégralité les réquisitions du parquet. Pourtant, la sentence française devrait être bien douce, comparé à ce qui attend les deux soldats à leur retour dans leur pays d’origine…


Clicanoo 10/02/2005

Les militaires malgaches jugés aujourd’hui 
Le parquet a souhaité donner une réponse judiciaire rapide et claire à ceux qui enfreignent la loi sur le transport et la détention d’espèces animales protégées. Les deux militaires malgaches qui ont profité, avant-hier, d’un vol de Transall de l’armée de l’air française.

Le parquet a souhaité donner une réponse judiciaire rapide et claire à ceux qui enfreignent la loi sur le transport et la détention d’espèces animales protégées. Les deux militaires malgaches qui ont profité, avant-hier, d’un vol de Transall de l’armée française pour introduire frauduleusement 188 tortues Radiata à la Réunion seront jugés ce matin selon la procédure de comparution immédiate. Ils encourent jusqu’à trois ans et demi de prison ferme et plus de 50 000 euros d’amende. 

Deux militaires du 1er RFI et des Forces de développement malgache venus suivre un stage de formation à la Réunion avec une cinquantaine de leurs camarades seront jugés ce matin selon la procédure de comparution immédiate pour transports et détention d’espèces animales non domestiques et importation illicite de marchandises prohibés. La première qualification, de droit commun, est passible de six mois d’emprisonnement et 9 000 euros d’amende. 

La seconde, douanière, est quant à elle passible de 3 ans d’emprisonnement et d’une amende pouvant représenter une à deux fois la valeur de la marchandise concernée. Cette marchandise, ce ne sont pas moins de 188 tortues malgaches d’une valeur de 20 000 euros le lot, que les deux soldats tentaient d’introduire frauduleusement à la Réunion, à la faveur d’un vol militaire affrété par l’armée française dans le cadre de la coopération militaire régionale avec la Grande Île. 122 tortues pour le premier, 66 pour le deuxième, entassées dans leurs sacs à paquetage. 
Des sacs qui font l’objet de contrôles routiniers par les douaniers à l’arrivée des vols militaires, depuis une récente affaire de trafic de bijoux mettant en cause la femme d’un officier à la retraite.
Avant cette affaire, qui a rendu les autorités plus vigilantes, il en aurait sans doute été autrement. Les soldats malgaches auraient pu ne pas être inquiétés, et introduire sur le territoire français ces espèces protégées par la convention de Washington que sont les tortues Radiata et Pixis. Mais avant-hier, les lièvres des douanes ont su rattraper les tortues des militaires.
“Actions isolées”
Interpellés avant-hier matin peu avant 11 h sur la base militaire 181 à Gillot en compagnie d’un troisième militaire malgache transportant des cachets d’Artane, de la vanille et des cigarettes, les deux hommes ont été remis aux gendarmes de la Rivière-des-Pluies, qui les ont retenus en garde à vue jusqu’à hier après-midi. Déférés alors au parquet de Saint-Denis, ils ont fait l’objet d’une ouverture d’information judiciaire de la part du substitut du procureur Frédéric Almendros, spécialisé dans les délits touchant l’environnement.
Ce dernier a justifié le traitement de l’affaire en comparution immédiate ce matin par la volonté du parquet de répondre “avec clarté et fermeté aux délits d’importation illicite d’espèces protégées.” Une volonté aussi de rendre publiques et manifestes les sanctions qu’encourent ceux qui se livrent à ce genre de trafic, d’autant que ce type d’affaire est particulièrement rare : “Il n’existe pas de "réseaux" de trafic d’animaux ou de plantes à la Réunion. Il s’agit le plus souvent d’actions isolées de personnes espérant faire des affaires” précise le substitut du procureur.
Jusqu’à 8 000 euros la tortue
Les deux militaires ont d’ailleurs expliqué, lors de leur garde à vue, avoir transporté les reptiles de leur plein gré dans le but de les revendre sur place et arrondir ainsi leur solde mensuelle. Aussi, quelques heures seulement avant le départ du Transall, ils ont entrepris de “cueillir” les petites tortues dans la région de Tuléar au sud de Madagascar, où elles vivent à l’état sauvage en grand nombre.
Ces tortues, âgées de cinq à 25 ans environ, d’un diamètre allant de 20 à 70 centimètres, auraient pu être revendues jusqu’à 7 ou 800 euros pièce pour les plus grosses. Un bénéfice très intéressant pour de nombreux ressortissants malgaches, qui n’hésitent pas à piller leur faune richissime pour entretenir une clientèle friande d’animaux exotiques. En France métropolitaine, le prix de ces petites bêtes paisibles peut même être décuplé par rapport à celui de la Réunion. Saisies et confiées aux soins de la direction régionale des services vétérinaires, les 188 tortues du Transall devraient regagner leur pays d’origine dans les prochains jours. Leurs importateurs pourraient quant à eux effectuer un séjour plus long que prévu à la Réunion, non plus en caserne mais en maison d’arrêt.
Tortues espèrent billet de retour 
Les 188 tortues Radiata et Pixis saisies avant-hier par les douanes attendent désormais d’être fixées sur leur sort à la station animalière de Gillot. Sous la protection de la direction régionale des services vétérinaires dans le cadre d’une quarantaine, elles devraient être rapatriées vers une ferme d’élevage spécialisée dans leur pays d’origine, Madagascar.

“Nous n’avons pas trop les équipements adéquats. En général on accueille plutôt des poissons d’aquarium ou des oiseaux en cage !” À la station animalière de l’aéroport Roland-Garros, c’est l’effervescence. Devant de grandes caisses de plastique ou dans des cartons, des employés de la CCI s’affairent à découper de belles laitues, qui sont aussitôt ingurgitées par de drôles de petites bestioles à la carapace noir striée d’orange.
Pas moins de 188 tortues, de type Radiata pour la plupart, et de type Pixis pour quelques unes d’entre elles, ont en effet pris pension depuis avant-hier soir dans un local en préfabriqué de la zone de fret de Gillot, en attendant d’être fixées sur leur sort. “L’objectif est de les ramener le plus vite possible dans leur pays d’origine” explique le docteur Pierre Jabert, responsable du poste d’inspection frontalière de la Direction des services vétérinaires (DSV). “Mais on ne va pas 

les lâcher dans la nature, nous cherchons une ferme d’élevage spécialisée à Madagascar qui pourrait les accueillir.”
Et près de deux cents pensionnaires de ce genre, cela ne se case pas si facilement, même au pays des tortues. Néanmoins, le médecin vétérinaire pense qu’une solution sera trouvée “d’ici deux ou trois jours.” 
Une mini quarantaine à donc commencé pour ces charmants et chers reptiles, qui sont globalement en bonne santé malgré un périlleux voyage entassés au fond de sacs militaires malgaches. À la DSV, la dernière saisie aussi volumineuse de tortues remonte à novembre 2002, lorsqu’une cargaison illicite de 900 tortues Radiata avait été interceptée au fond de la cale d’un navire en provenance de Madagascar, d’où elles sont une espèce endémique.
30 000 Radiata à la Réunion
Il faut dire que ces sympathiques animaux représentent un commerce très lucratif à la Réunion et ailleurs dans le monde. À Madagascar, un individu âgé d’entre deux et cinq ans coûte cinq euros au marché noir. À la Réunion, le prix grimpe à 45 euros. En métropole, ces bébés tortues peuvent se négocier à dix fois le prix Réunion, distance et risque obligent. Et pour des individus plus âgés, 25 ans par exemple, et plus volumineux (un à deux kilos), le prix Réunion peut atteindre les 800 euros. “Pour la DSV, l’importation de ces tortues à la Réunion constitue une infraction sanitaire, puisqu’elle ne sont pas munies de certificats vétérinaires en bonne et due forme. Mais le plus grave, c’est que leurs importateurs n’ont pas respecté la convention de Washington, qui interdit le commerce et le transport de certaines espèces protégées ou en voie de disparition” note Pierre Jabert. Les tortues Radiata, qui sont citées en annexe 1 (le plus haut niveau de protection) de la convention, ne devraient donc pas poser une patte sur le sol réunionnais sans accord spécifique. Trois ou quatre éleveurs seulement à la Réunion sont capacitaires, c’est-à-dire habilités à vendre des Radiatas, si et seulement si elles sont issues d’une deuxième génération de tortues nées en captivité à la Réunion. Impossible donc d’en trouver en animalerie. On estime que dans l’île, le parc de Radiata représente une trentaine de milliers d’individus, légaux ou illégaux. Ces tortues sont particulièrement appréciées des Réunionnais, déjà pour leur esthétique si particulière (des rayons orangés couvrent sa carapace), mais aussi pour les “vertus” qu’on leur attribue. Certains disent qu’elle apporte sérénité et paix dans le foyer, d’autres lui donnent carrément le pouvoir de faire diminuer les crises d’asthme…


Midi Mada 10/02/2005

ARMEE. Trafic de tortues, d’Artane, de vanille, de cigarettes et de pierres précieuses à bord du Transall de l’armée française. 3 militaires malgaches seront devant la justice française
Trois militaires malgaches venus effectuer un stage de formation à La Réunion ont ramené, avant-hier au matin, à bord du Transall de l’armée de l’air française 180 tortues, 6.000 cachets d’Artane, de la vanille, des cigarettes et des pierres précieuses. C’est ce qui été lu hier dans un article signé par Michel Szkaradek du Journal de l’Ile de la Réunion (JIR). Le même journal réunionnais qui a dévoilé le 14 décembre 2004 un autre trafic de bijoux malgaches à bord du même Transall. Des bijoux qu’une gemmologiste malgache, épouse d’un commandant retraité, qui a trouvé la mort entre-temps, aurait fait entrer clandestinement sur le territoire français par l’intermédiaire d’un Transall en provenance de Madagascar.     Nirina R.
Aide humanitaire
Ces militaires, deux hommes du rang et un sous-officier, seront ainsi traduits prochainement devant la justice française. Ils faisaient, en effet, partie de la trentaine d’hommes du 1er RFI et des Forces de développement qui venaient participer à un stage d’entraînement, soit au 2ème Rpima de Pierrefonds, soir au 4ème Rsma de Saint-Denis. Et ce, dans le cadre de la coopération militaire franco-malgache. Ils effectuaient leur voyage à bord du Transall C160 de l’armée de l’air qui était chargé, au départ de La Réunion, d’aide humanitaire. Cet avion servant, pour chacune de ses rotations, à acheminer matériels, vivres et médicaments vers la Grande Île.
Vraie passoire
Désormais, la base aérienne d’Ivato devient une véritable passoire pour nombre de trafics à destination de l’île sœur. Auparavant, les autorités françaises ne pouvaient effectuer de fouille à l’embarquement et s’en remettaient à leurs pairs malgaches pour cette formalité. Mais suite à l’autre affaire évoquée plus haut, le commandement supérieur des Fazsoi (Forces armées de la zone sud de l’Océan Indien) a pris des dispositions. Aussi, les douaniers français ont-ils attendus les passagers malgaches à l’arrivée du Transall dans l’enceinte de la base aérienne Roland-Garros. Un contrôle de routine pour les autres militaires, certes, mais dans les bagages de trois d’entre eux, les douaniers mettaient la main sur des cachets d’Artane, des petites tortues radiata, des cigarettes, de la vanille et quelques pierres précieuses… Un trafic qui allait sans doute alimenter les réseaux malgaches de distribution de drogue. De même, ces tortues, très recherchées, se vendent à prix d’or sur le marché réunionnais d’animaux domestiques. Il serait certainement temps pour l’armée de l’air malgache de donner des consignes strictes à Ivato pour la sécurité et les contrôles des vols militaires afin d’éviter que de telles affaires n’entachent la réputation de l’armée, qui est restée une grande muette sur ces affaires.

 

 

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