Communiqués
ANTSO
HO AN’NY ANKOLAFIN-KERY ETO AMIN’NY FIRENENA
Tsy
voalohany ary enga anie ka tsy ho fara fanairana
ity ataon’ny SeFaFi, izay ao anatin’ny Firaisa-monin’ny Olompirenena
ity, fa irina mbola ho maro ny olompirenena tsara sitra-po hihika sy
hiantsoantso fa : MILA VONJY
I MADAGASIKARA ! LATSAKA
ANATY HITSOKA NY TANINDRAZANA ! SEMPOTRA
NY VAHOAKA ! Eo
am-pelatananareo mpanao politika ny ain’ity Firenena ity, dia ianareo
ankolafin-kery na « mouvances » efatra, notsongaina tao
anatin’ny maro izay mba mahefa ihany koa. Fa ianareo no nomem-boninahitra,
nametrahana fitokisana fa hahita vahaolana haingana hivoahana amin’izao
krizy izao. Koa
manamafy ny efa voalaza ombieny ombieny izahay hoe : AOKA RE TSY
NY TOMBON-TSOA MANOKANA, TSY NY FIAROVAN-TENA, TSY NY HAMBOM-PO DISO TOERANA
NO SANATRIA HANAOVANA SORONA NY FIRENENA ! Izao
no fotoana hanaporofoanareo fa raha nisy ny biloka teo amin’ny
fitantananareo, dia misy kosa ny tena fitiavan-tanindrazana marina, manery
anareo tsy hijery afa-tsy ny tombon-tsoam-pirenena. Izany
manko no nianiananareo raha nandray fahefana ianareo. Fa
isika ampahana vahoaka afaka miteny sy mihetsika kosa, aoka tsy ho vato
misakana amin’ny fizoran’ny dinika, na hanelingelina ny firoson’ny
Tetezamita, na iza na iza no mitondra eo, mba hahatongavantsika haingana any
amin’izany REPOBLIKA FAHA 4 izany. Aoka
tsy hohadinointsika fa ireo tena maro an’isa, ny any ambanivohitra rehetra
any, ireo tsy an’asa, tsy misy ny harapaka, no mibaby ny vokatr’izao
fitarozahan’ny krizy izao, nefa tsy afaka manambara akory ny heviny. Ary
ho lesona ho antsika rehetra anie izao toe-draharaha mampalahelo izao, ka
tsy ho isika intsony ilay vahoaka mpiasabe diso be fandeferana toa mbola
voazanaka, na sanatria koa mora jonoina amin’ny variraiventy, fa
hanara-maso sy hitsikera mandavan-taona izay tsy mety ataon’ireo hitondra
ny firenena na olom-boafidy na olom-boatendry. Antananarivo, androany faha 15 Jona 2009 Pour
un retour à la sagesse politique Un
pouvoir a été renversé, un autre l’a remplacé. Madagascar est
malheureusement coutumier de ce phénomène depuis la fin de la Première République
en 1972. En attendant le jugement de l’histoire, qui échappera aux polémiques
intéressées du moment, les faits donnent à réfléchir sur leur déroulement
et leurs conséquences. Un
changement de pouvoir n’est pas seulement une affaire de légalité. La légalité
ou la légitimité peuvent être sujets à débats, comme la
constitutionnalité ou l’anti-constitutionnalité de certaines procédures.
Ces querelles sont récurrentes, elles éclatent aussi bien à l’occasion
d’alternances hors normes que pendant l’exercice normal d’un mandat présidentiel.
Là n’est pas le fond du problème. Un
changement de pouvoir, surtout s’il est issu de manifestations populaires,
est aussi une affaire de pratiques politiques, qui témoigne du rejet de
comportements injustifiables et répétés et d’un problème de crédibilité
des institutions politiques. Or les hommes politiques à qui sont imputables
la plupart des problèmes du passé sont toujours présents. Aucun d’eux
eux n’a reconnu s’être trompé, ni avoir abusé de ses fonctions ou détourné
des biens et de l’argent publics à des fins personnelles. Cette absence
de remise en cause doit nous interpeller, car le refus de tirer les leçons
du passé et l’impunité incitent à récidiver, et provoquent de
nouvelles frustrations et de nouveaux mécontentements chez les citoyens qui
en sont victimes. D’où la nécessité d’un usage bien réfléchi de
l’amnistie. L’amnistie
pose des problèmes moraux, éthiques et surtout de justice. Le crime, malgré
l’effacement artificiel de l’amnistie, a fait des victimes qui portent
en elles et à jamais des traces indélébiles du geste qui les a atteintes.
De même, les crimes économiques comme les détournements de deniers
publics, les infractions à la législation douanière et fiscale ou des
relations financières avec l’étranger ont causé des préjudices graves
pour l’Etat et donc pour l’intérêt général. Si l’amnistie est un
acte de pardon, elle ne doit pas se traduire par le culte de l’impunité.
De la violence à la
haine
La violence s’explique alors
comme une réponse à ces abus. Elle est l’arme des pauvres, de ceux qui
se sentent exclus de la croissance et de la promotion sociale. Les pillages
et les morts du 26 janvier dernier, sur toute l’étendue du territoire,
peuvent être interprétés à cette lumière. La violence est aussi un mode
d’expression de ceux qui, soudain, se sentent forts et veulent faire étalage
de leur puissance. Ainsi des militaires, chefs et subordonnés, qui, enivrés
par leur importance nouvelle, ont brutalisé des civils, maltraité les
manifestants et tiré à balles réelles sur les
foules désarmées. La
violence est encore le produit d’un système permanent d’exploitation
impitoyable : lois scélérates, décisions de justice iniques,
salaires misérables et conditions de vie indignes, sans échappatoire
possible. A l’autre extrémité de l’échelle sociale, la violence est
le fait d’une minorité jusqu’ici assurée de l’impunité par tous les
régimes successifs, et qui n’accepte ni d’être dépossédée de ses
privilèges ni de perdre les avantages qui en découlent… Mais
lorsque la violence ne débouche sur rien, ou se voit neutralisée par une
autre violence, la haine s’installe. Le peuple malgache a certes la réputation
d’être pacifique et de ne pas se laisser emporter par la violence et la
haine, mais l’histoire récente oblige à nuancer et à réactualiser ce
jugement. Dans
la tradition, la haine se manifeste surtout à l’égard de ceux qui se
mettent au-dessus des autres alors que leur statut ne les y autorise pas
(l’arbre qui s’élève au-dessus des autres est battu par le vent, dit
le proverbe). Aujourd’hui, cette haine a envahi le champ politique,
animant ceux qui ont le pouvoir comme ceux qui le convoitent, ceux qui
l’ont perdu comme ceux qui viennent de le conquérir. Elle se déverse
dans les discours des manifestations de rue, inonde les sites Internet par
sa mauvaise foi et sa vulgarité, et brise jusqu’aux relations familiales.
Le fihavanana en est gravement ébranlé.
La plus grave conséquence de la crise de 2009 est la déchirure sociale causée
par les divergences politiques : divorces au sein des ménages, déchirements
entre fratries, inimitiés dans les milieux professionnels, etc. Cette
haine, plus encore que la violence, exprime désormais la volonté des démunis
et des exclus, jusqu’ici condamnés à survivre, d’occuper toute leur
place dans la société ; dans le même temps, elle exprime le refus
des privilégiés de céder la moindre parcelle de leur pouvoir et leur
avoir. N’oublions
pas pour autant que de la partie la plus nombreuse et la plus silencieuse de
notre société nationale, la paysannerie, est exclue en permanence des débats
qui agitent le pays. Depuis des décennies, les paysans sont tenus à l’écart,
aussi bien des discutions politiques et des manifestations populaires que
des plans de développement et des efforts de modernisation. Ils ont été
et restent marginalisés, mais qui donc s’en soucie ? Aurons-nous
cette fois-ci le souci de les inviter et de les écouter lors des conférences
nationales et régionales ? Retrouver le sens du
politique
Le politique est le lieu de
l’affrontement des idéologies, des projets de société et des décisions
qui en découlent. Il est le théâtre d’un combat d’idées arbitré par
les seuls électeurs, et implique un respect des opinions de l’adversaire
qui devrait exclure tout sentiment de haine personnelle. Car la
confrontation politique porte exclusivement sur la gestion du collectif,
l’organisation du bien commun de la nation, la lutte contre la pauvreté
et les discriminations, la stratégie d’un développement profitable à
tous et pas seulement à une minorité, etc. S’exprimant
par le discours, les hommes politiques deviennent crédibles dans la mesure
où ils respectent leur parole et leurs engagements. Ils doivent admettre
que le travail d’éducation civique conduit ces dernières années à
abouti à une plus grande maturité des citoyens. C’est ainsi que la
population a marqué son attachement aux libertés publiques (par exemple la
liberté d’expression par divers moyens et l’accès aux médias
publics), exige la transparence dans la gestion des biens publics, réclame
des élections libres et transparentes, lesquelles devraient conduire à
sanctionner les dirigeants coupables de dérives. Et cela à tous les
niveaux, dans les collectivités décentralisées comme au sommet de l’Etat
A
ce titre, ce qui a été délictueux doit être condamné, par les tribunaux
et pas seulement par l’opinion publique. Qu’y a-t-il de plus révoltant
que de voir un homme politique dont la carrière a été entachée de
mensonges et de reniements, d’abus de pouvoir et de détournements, se présenter
indéfiniment devant les électeurs au nom du consensus et de la réconciliation
nationale ? Une amnistie ne peut s’exercer que par rapport à une décision
de justice, et non à partir de bons sentiments. L’impunité des uns
engendre la haine chez les autres.
Le remède à cette situation malsaine est un retour aux principes
fondamentaux de la vie politique. Celle-ci n’est pas et ne doit pas rester
le prétexte pour quelques-uns de s’enrichir, en confondant la gestion des
intérêts généraux de l’Etat avec celle de leurs intérêts personnels.
Ce fut le cas depuis des années : que ceux qui en ont été les
artisans et les complices, et qui sont connus de tous, aient la décence de
se retirer ! Faute de quoi, la loi pourra leur être opposée. Une
« transition » doit aussi servir à assainir la classe
politique. Pour
passer de la haine au dialogue, la rénovation du politique s’impose. En
publiant le recueil 2008 de ses communiqués, le SeFaFi a choisi un titre évocateur :
A qui appartient l’Etat ?[1]
Son Avant-propos rappelait opportunément que « le politique
est le dépositaire de la volonté populaire, il n’en est pas le maître
exclusif et définitif ; et l’Etat ne lui appartient pas, il
appartient aux citoyens ». Il suffira ici, pour conclure, de rappeler
les trois principes essentiels de toute action politique : la défense
du bien commun, la transparence dans les décisions et dans les finances, le
dialogue entre les acteurs politiques et avec les électeurs. La sagesse
malgache et le fihavanana en
sortiront renforcés. Antananarivo le, 16 juin 2009 [1]
SeFaFi, A qui appartient l’Etat ?
(Communiqués de l’année 2008), 2009.
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