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Les Reportages de l'été 2006 de LaComm' 

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Culture franco-malgache

"Une enfance malgache"   le 6 juillet 2006 à Paris (2ème partie)

Fafah deRainizafimanga.com

"Une enfance malgache ... "

Paru dans la collection « Graveurs de Mémoire »

I l  n’est pas malgache, il n’est pas un « Zanatany »…Il incarne pourtant à la fois l’un et l’autre. Vous l’avez deviné, il est issu d’un père français et d’une mère malgache.  Point n’est  alors besoin de faire de l’anthroponymie si l’on porte un tel nom de famille ; DUMOUX,  héritage, souvenir de ses ancêtres qui vécurent en France. 

 Mais, combien  il incarne aussi son origine malgache par son sourire, sa gentillesse, sa discrétion. Lâchons le morceau : Il est métis. Ce terme est profondément chargé d’histoire tant personnelle de l’ exceptionnel auteur du livre « Une enfance malgache » que de l’Histoire de Madagascar. Christian DUMOUX est, en effet, né à Madagascar, au milieu du siècle dernier, et a passé toute son enfance dans la Grande Ile...    (... suite plus bas)

                                                                           Fafah

Fafah de LaComm' Rainizafimanga avec Christian Dumoux,  et Claudia Solofolandy

A la decouverte de la culture malgache 

Les débats littéraires

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La Culture est un luxe, Partageons-la !...

"Je vous aime comme la voatavo: Fraiche, je vous mange. 

Sèche, je fais de vous une tasse. 

Cassée, je fais de vous un chevalet de valiha: 

Je jouerai doucement au bord des routes."

     

Fafah deRainizafimanga.com

"Une enfance malgache "

Christian Dumoux

Paru dans la collection « Graveurs de Mémoire »

Editions L’Harmattan

(Avril 2006)

I l  n’est pas malgache, il n’est pas un « Zanatany »…Il incarne pourtant à la fois l’un et l’autre. Vous l’avez deviné, il est issu d’un père français et d’une mère malgache.  Point n’est  alors besoin de faire de l’anthroponymie si l’on porte un tel nom de famille ; DUMOUX,  héritage, souvenir de ses ancêtres qui vécurent en France.  Mais, combien  il incarne aussi son origine malgache par son sourire, sa gentillesse, sa discrétion. Lâchons le morceau : Il est métis. Ce terme est profondément chargé d’histoire tant personnelle de l’ exceptionnel auteur du livre « Une enfance malgache » que de l’Histoire de Madagascar. Christian DUMOUX est, en effet, né à Madagascar, au milieu du siècle dernier, et a passé toute son enfance dans la Grande Ile.  
I l  a ensuite vécu dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne pendant 25 ans, au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Tchad. Il travaille actuellement à Paris dans l’économie sociale.
           Avec  un pareil profil, incontestablement Christian DUMOUX rejoint le cercle des littéraires dits francophones. Mais, nous nous permettons de qualifier l’auteur, Christian DUMOUX d’exceptionnel, car nous avons découvert avec quelle authenticité il nous révèle qu’il est encore à la recherche de son identité. Cela, suite à la question que lui a posée Michèle RAKOTOSON (Ecrivain, dramaturge et journaliste sur RFI) au cours de la rencontre-débat littéraire, organisée par Les Amis des Echos du Capricorne et co-animée par Claudie BENOIT (Animatrice sur l’émission Echos du Capricorne – Radio associative FPP) le jeudi 6 juillet 2006.  

Michèle Rakotoson

Une telle révélation de l’auteur mérite, à notre humble avis, d’être soulignée eu égard à son vécu dans un microcosme franco-malgache, dans son enfance et son adolescence tel qu’il le narre dans son livre. Certes, toute littérature écrite en langue française est une littérature francophone. Force est pourtant de reconnaître que le terme littérature francophone est bien souvent utilisé, à tort, pour ne désigner que les œuvres d’écrivains francophones non français (Qu’ils soient ou non européens : Belges, Suisses, Québécois, Africains de l’Ouest, Maghrébins, Antillais, Haïtiens, etc…). Y aurait-il donc un malentendu dissimulant seulement une certaine rivalité entre d’un côté, une littérature « mère » (Celle de la France, que Réjean DUCHARME aimait nommer « l’amer-patrie ») et de l’autre, les petites littératures qui, par rapport à la grande, cherchent à proclamer leur autonomie et leurs particularités ?
La quête de l’auteur quant à son identité ; pour ne pas sortir des lieux communs, peut-être englobe-telle consciemment ou  non tout un ensemble d’interrogations autour de la notion d’appartenance culturelle, tout simplement ? Pour ce qui concerne son enfance, tout est dit à la lecture de son livre, et,  confirmé par les réponses apportées lors de la rencontre littéraire. L’influence de la culture malgache, celle de la famille de sa mère, est forte. L’ironie du sort ? Le père « petit blanc » est venu pour « faire fortune ».  En effet, c’est l’époque de la colonisation française qui se fit sur le principe de l’assimilation et où la fixation des conditions d’application du Code de l’indigénat fait vivre la majorité de la population malgache dans l’extrême précarité. Par contre, une minorité de colons vivent dans l’opulence.
Lauteur, avec des détails poignants, nous fait partager sa vie de pérégrinations de maisons en maisons (14, plus exactement et faisant l’objet de 14 chapitres), de Tananarive à Diégo - Suarez. C’est un récit où l’on rentre d’emblée dans la vie de l’auteur, presque à la manière d’un journal de bord. D’où son originalité.
Quid de sa quête ….dirions-nous en tant qu’ écrivain, pour n’en rester qu’à cela ? Compte tenu des éléments recueillis spontanément, à l’occasion de cette rencontre littéraire, nous serions tentés de croire que l’auteur se rallierait au concept forgé et anciennement  admis par le grand écrivain Aimé CESAIRE, celui de la négritude.
La négritude, un courant  littéraire rassemblant des écrivains noirs francophones. A travers ce courant, Aimé CESAIRE revendique l’identité noire et sa culture. Ce mot, pour lui, « désigne en premier lieu le rejet de l’assimilation culturelle ; le rejet d’une certaine image du noir paisible, incapable de construire une civilisation. Le culturel prime sur le politique ».
Rappelons que la naissance de ce concept (1935) et celle d ‘une revue en  1947,« Présence Africaine », a généré simultanément de réactions violentes tant à Dakar qu’à Paris. Elle rassemble des Noirs de tous les horizons du monde, ainsi que des intellectuels français, à savoir André GIDE, Jean Paul SARTRE. Ce dernier définit la négritude comme : « la négation de la négation de l’homme noir ». Léopold Sédar SENGHOR, quant à lui, il l’approfondit en opposant « la raison hellène » à « l’émotion noire ». C’est, dit-il, « l’ensemble des valeurs culturelles de l’Afrique noire ». Quoi qu’il en soit, CESAIRE lui-même a dû s’ écarter du concept, le jugeant presque raciste, ce face aux critiques émanant des écrivains noirs ou créoles : « Le tigre ne proclame pas sa tigritude. Il bondit sur sa proie et la dévore » (Wole SOYINKA).
Grâce à ses racines culturelles malgaches, l’auteur du livre « Une enfance malgache » ne peut qu’appartenir à la francophonie, avec un petit f désignant « l’ensemble des peuples ou des groupes de locuteurs qui utilisent partiellement ou entièrement la langue française dans leur vie quotidienne ou leurs communications ». Notons au passage que ce fut Onésime RECLUS (1887), géographe français de son état, qui fut le premier à employer le mot Francophonie (Avec un grand F,  désigne « normalement l’ensemble des gouvernements, des pays ou des instances officielles qui ont en commun l’usage du Français dans leurs travaux ou leurs échanges) dont il était le créateur. Mais ce n’est que plus tard, au début des années 60, avec leur projet de constituer une Communauté francophone, par un certains nombre de Chefs d’Etat africains, que ce terme de Francophonie sera employé de façon régulière.
Cependant, eu égard au ou à cause du constat tel que nous avions avancé jusqu’ici, nous estimons que l’auteur suscitera, davantage la question qui se pose de savoir ce que l’on appelle actuellement : « NOUVELLES ECRITURES FRANCOPHONES – Vers un nouveau baroque ? » (Thème d’un colloque international entre le 4 et 7 mai 1998 qui s’est tenu à Dakar réunissant des participants venus de trois continents et de quinze pays différents. Sous la direction de Jean-Cléo GODIN ;Ouvrage collectif Ed. Les Presses de l’Université de Montréal ; 2001).
I l  s’agit ici de lévolution parallèle et comparable de la littérature regroupant les œuvres d’écrivains francophones non français « en émergence, nouvelles par définition. Nouvelles, mais possédant déjà une histoire, avec des étapes reconnaissables, des courants successifs ; voire une préhistoire, si l’on tient compte des importantes traditions orales. ». Il est question en fait des littératures  africaines et québécoises. « Ces deux littératures qui, ayant l’une et l’autre amorcé vers 1960 une entreprise fondatrice, forcément identitaire, ont affirmé depuis 1980 de nouvelles voix, exploré de nouvelles voies ». C’est Amadou LY, dans un séminaire tenu à Montréal qui a lancé cette idée de « nouveau baroque » pour tenter de définir ce phénomène caractérisant, chacune à sa manière, (..) les deux littératures. Aussitôt lancé, le concept s’est imposé », notamment auprès des chercheurs belges francophones (Liège).  
          La rencontre littéraire autour du livre de Christian DUMOUX ainsi que la lecture même dudit livre ont provoqué chez nous la même réflexion que celle générée par le titre du colloque sur les « « NOUVELLES ECRITURES FRANCOPHONES – Vers un nouveau baroque ? » : La notion de baroque appliquée à la littérature contemporaine. C’est vrai. C’est bizarre, pour nous par exemple, et entre autres constatations d’aborder la lecture du livre « Une enfance malgache » sans aucun préalable, sans prologue. Car l’on qualifie de baroque tout ce que l’on juge bizarre, fantaisiste, déplacé voire déplaisant.  

Christian Dumoux

Un tel sens péjoratif du mot est hérité de la perle irrégulière des Portugais, barrocco, demeure encore dans le parler populaire. Il a traversé tout le XVIIIè siècle et une grande partie du XIXè. Les dictionnaires offrent de nombreuses occurrences où baroque est associé à bizarre, à ce qui ne correspond pas à la norme, n’est pas régulier.   – Pour ce qui a trait au jugement esthétique, cette connotation négative du mot a pris corps dans la comparaison et l’opposition avec le classicisme. (…). En résumé, on retiendra cinq éléments caractéristiques des deux styles :
1.Le classique est linéaire et plastique, la figure est arrêtée dans ses contours.
Le baroque est pictural, l’image est mouvante
2. La vision classique projette le spectacle en surface.
          La vision baroque pénètre l’espace en profondeur.
      3.La composition classique est close.
        La composition baroque est ouverte.
     4.Le classique procède par analyse.
        Le baroque part de la synthèse, seul importe l’effet global.
     5.Le classique exige l’absolue clarté.
        Le baroque préserve une obscurité relative »
(Claudette SARLET, Nouveau baroque : baroque universel ?).
A la différence du baroque « grave » s’analysant dans ses manifestations comme éclatants et complexes aux XVIIIè siècle, le nouveau baroque semble étroitement lié à l’esthétique postmoderne (Pierre N’ DA). Pour Anna MOSSETTO, l’insolite et l’incongru sont particulièrement visibles dans les littératures africaines et antillaises, l’hétérogénéité et le métissage observés dans toutes les littératures francophones. La « perle irrégulière » d’où le baroque tient son appellation, on la retrouve donc partout, et ce sans que l’on sache par rapport à quelle norme, à quel barème universel, se définirait son irrégularité.
I l  reste que cette irrégularité permet de définir de manière non moins intéressante l’identité même que reflète chacune de ces littératures nationales. Cela a permis à Ursula MATHIS de qualifier de baroque l’accumulation ou la profusion qu’elle observe dans la littérature québécoise. 
 

         Quant à Michèle RATOVONONY, elle décrit l’identité rhizomatique ou gigogne des Malgaches comme « fantaisiste, déroutante, baroque ». En effet, « malgré le désir d’ériger la culture et la civilisation de leur pays en pierre angulaire de leur littérature, les écrivains malgaches d’expression française demeurent néanmoins ouverts sur le monde extérieur, incapables de se fermer au modèle culturel occidental et convaincus de l’avantage que cela pourrait apporter à leur culture originellement métisse. La conscience de la relation avec tout ce que cela comporte d’enrichissement constitue d’ailleurs pour eux une réalité quotidienne et leur fait comprendre l’Autre. Le Malgache n’est-il pas, en effet, cet être épris de fihavanana ? Valeur suprême, le fihavanana est, dans la culture malgache, un terme qui désigne, entre autres choses, les bonnes relations et la réconciliation, avec pour corollaire la compréhension mutuelle » (Michèle RATOVONONY, Au seuil de la terre promise – (Roman, notes, souvenirs) de M. F. ROBINARY (1965) : écriture de la transgression ; Université de Montréal; in ouvrage collectif précité).  

Michèle Ratovonnony

fam.Rajaofera s/b Raferamalala

Si déroutantes, en fait, ces « identités baroques », qu’elles frôlent souvent l’abîme et risquent l’éclatement, ce que pourrait admirablement symboliser le « miroir brisé » d’Anne –Marie NIANE. Chez cette écrivaine africaine, nous explique Nicole AAS –ROUXPARIS, je est à ce point un autre que « la narratrice se noie dans sa propre altérité »….Bref, pour Christian DUMOUX, par contre, il a du mal à s’exprimer à la première personne dans son livre. Son enfance, il la retrace en employant la troisième personne, Il .
Lors de ce colloque, la littérature d’Afrique noire a permis de vérifier l’hypothèse des « nouvelles écritures » et aussi du  « nouveau baroque ». Il en a été ainsi car « cette littérature peut être dite  naturellement baroque,  cela tient en bonne part à l’irruption du surnaturel dans la vie quotidienne » (Théda MIDIOHOUAN –GBISKPI) et à ce que les auteurs de la jeune génération se nourrissent de plus en plus aux récits – souvent fantastiques – des plus anciennes traditions. » (Jean-Cléo GODIN, Professeur émérite de l’Université de Montréal).
Christian DUMOUX, nous pouvions dire que lui non plus, par le biais de son livre  « Une enfance malgache », n’a pas failli à la règle. Le qualificatif d’exceptionnel qui lui a été conféré au départ, s’avère juste à son  égard compte tenu de ce que l’on entend actuellement par « NOUVELLES ECRITURES FRANCOPHONES – Vers un nouveau baroque ? ».  
           Nous tenons à remercier l’initiatrice de cette rencontre, Michèle RAKOTOSON, les organisatrices, Claudie BENOIT et Claudia SOLOFOLANDY dans LES AMIS DES ECHOS DU CAPRICORNE qui nous  ont permis cette rencontre avec un écrivain d’exception, et, bien entendu Dera RAKOTOZAKA de nous avoir donné l’hospitalité à la Maison des Associations dans le 7ème Arrondissement.  
 
Note:Contact entre l'intervenante Michèle RATOVONONY-RATSIRAHONANA avec l'auteur Michèle RAKOTOSON sur le thème : "les figures du rêve dans le bain des reliques de Michèle RAKOTOSON" lors du Colloque international "l'Océan Indien dans les littératures francophones" dirigé par KUMARI ISSUR & VINESH HOOKOOMSING, à l'Université de l'Ile MAURICE, 7 -11 juillet 1997 .
(In KUMARI ISSUR Dir. & VINESH HOOKOOMSING Dir. "L'Océan Indien dans les littératures franciphones"; Ed. Karthala - Presses de l'Université de Maurice, 2001 ; Collection Lettres du Sud ;pp. 223-235)
 
                                                        
                                                  Andrée Ratovonony (Fafah) -12 juillet 2006

Christian Dumoux   auteur du livre ‘Une enfance malgache’

A la decouverte de la culture malgache 

Les débats littéraires

Michèle Rakotoson- Christian DUMOUX - Claudia Solofolandy

 

Photos Fafah  (MadaVôvô 12 juillet 2006)                                                                                                                        SUITE 3 ...  cliquez ici   >>

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