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Recueil des News sur Madagascar 13-15-16 fevrier 2002
par Christian CHADEFAUX (AFP) | Fara PIERRE BERNARD |
ANTANANARIVO, 15 fév (AFP) - Deux hommes butés, au parcours, au style et à la culture différents, bloquent, depuis bientôt deux mois, la vie de Madagascar: l'amiral Didier Ratsiraka, président sortant, et l'homme d'affaires et maire d'Antananarivo Marc Ravalomanana. L'opposant estime qu'il a été élu dès le premier tour de la présidentielle le 16 décembre dernier et conditionne sa participation au second tour à des exigences très strictes, le chef de l'Etat s'enferme dans un légalisme absolu. Mais, pour la première fois depuis sa mainmise de plus de vingt ans de pouvoir, "l'amiral rouge", pétri de culture universelle, trouve sur son chemin un capitaine d'industrie tout aussi obstiné que lui, autodidacte devenu l'homme le plus riche du pays, grâce à un empire dans les produits laitiers et l'huile alimentaire. L'ancien paysan jouit d'une légitimité populaire que la rue ne dément pas. L'officier supérieur, chef de l'Etat, s'arc-boute sur le respect des résultats officiels du premier tour et de la constitution. Le novice en politique, sans parti ni idéologie connu, n'en est pas à son premier "coup". Un premier raid électoral gagnant lui a valu d'emporter la mairie d'Antananarivo il y a deux ans. Il bénéficie de l'appui de plus d'un demi-million de manifestants chaque jour et d'une grève générale qui paralyse la capitale. Didier Ratsiraka, politicien expérimenté et rusé, oppose au tapage médiatique d'un "outsider" sans bagage idéologique les résultats officiels de la Haute cour constitutionnelle (HCC) qui le créditent de 40,89% des voix contre 46,21% . C'est que Ravalomanana agit toujours sur un coup de tête, une impulsion, une vision, là où Ratsiraka préfére les calculs, la réflexion avant de laisser les faits le servir. Au joueur de poker, que "le milliardaire malgache" pratique, s'oppose la passion d'un joueur de belote. Au premier, qui sait admirablement communiquer, au point de demander aux grévistes de rouvrir l'aéroport international pour que les journalistes puissent couvrir la crise, le second nourrit une prévention naturelle à l'égard des médias indépendants. A l'opportunisme brouillon mais payant de l'un, dont la réussite personnelle est faite d'occasions saisies, tente de résister par le calme et la patience un homme d'Etat imperturbable et secret, qui n'a que rarement fait de la rue son allié. Marc Rvalomanana, 52 ans, est fils de nobliaux d'origine paysanne de l'ethnie merina des hauts plateaux, au type asiatique, calviniste. Didier Ratsiraka, 67 ans, est né d'une famille de notables betsimisaraka de la côte est, plus africaine, déiste sans attache religieuse avérée. La crise politique s'apparente ainsi plutôt à un blocage perpétué par deux hommes butés: le président sortant que les manifestants accusent d'être à l'origine de tous leurs maux pour avoir installé la corruption au sommet de l'Etat et avoir "pillé le pays" et l'opposant, qui bénéficie de ce rejet du chef de l'Etat, comme l'analysent de nombreux observateurs étrangers. cc/gir/jhl/lcc t AFP 151736 Weekend crucial de négociations entre pouvoir et opposition à Madagascar (PAPIER GENERAL) ANTANANARIVO, 15 fév (AFP) - Des représentants du pouvoir et de l'opposition à Madagascar sont engagés jusqu'à dimanche dans des négociations cruciales pour tenter de résoudre la crise politique après près de trois semaines de grève générale et de manifestations géantes. Interrompus jeudi après-midi, les pourparlers n'ont repris que vendredi vers 17h30 (14h30 GMT) entre émissaires du président Didier Ratsiraka et de son rival, le maire d'Antananarivo Marc Ravalomanana, sous l'égide de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) et des Nations unies. Ce groupe de travail, créé mercredi lors d'une rencontre entre les deux candidats, a jusqu'à dimanche soir pour définir les modalités pratiques d'une sortie de crise. Les résultats officiels du premier tour, disputé le 16 décembre, prévoient un second tour entre MM. Ravalomanana et Ratsiraka. L'opposant, qui accuse le camp présidentiel de fraudes pendant le premier tour, a posé une série de conditions à une éventuelle participation au second tour. Les deux camps sont d'accord sur le principe d'un report de ce second tour, prévu le 24 février, a indiqué une source proche des négociations. En revanche, les discussions achoppent sur la durée de ce report. Le camp présidentiel souhaite un report d'un mois, jugé insuffisant par l'opposition mais aussi par la communauté internationale qui s'est engagée à garantir la transparence et la fiabilité du scrutin, a précisé cette source. Autre difficulté, la comparaison des procès verbaux établis lors du premier tour dans chaque bureau par les représentants de l'administration et par les délégués de l'opposition. Aucun n'accord n'avait pu être trouvé vendredi au sujet de cette revendication de M. Ravalomanana, qui pense qu'elle pourra faire la preuve des fraudes présumées, a ajouté cette source, qui a requis l'anonymat. Avant de reprendre leurs travaux communs, les cinq délégués de chaque camp ont tenu des consultations avec leurs chefs et la réunion a débuté avec une heure et demie de retard, a constaté un journaliste de l'AFP. Des conseillers de M. Ravalomanana extérieurs à la délégation affirment que les travaux sont entravés par la présence, au sein du groupe pro-Ratsiraka, d'hommes "qui détestent l'opposant". Dans un discours enflammé à un demi-million de ses partisans, place du 13 Mai, au centre de la capitale, l'opposant a implicitement menacé de lancer de nouvelles actions pacifiques la semaine prochaine en cas d'échec des négociations. "A partir de lundi, nous saurons ce que nous avons à faire, je vous le dirai. Vous, Malgaches, vous ne bougerez pas si je ne vous en donne pas l'ordre", a-t-il déclaré. "Nous voulons redire à tous les représentants diplomatiques et à la communauté internationale que nous ne voulons pas d'insurrection. Nous voulons simplement vérifier si nous avons vaincu au premier tour", a-t-il poursuivi. M. Ravalomanana a appelé il y a près de trois semaines à une grève générale et à des manifestations quotidiennes qui paralysent la capitale Antananarivo. La grève est toujours très suivie dans le secteur public. La paralysie des douanes, les perturbations dans les transports et un barrage tenu par les partisans de M. Ratsiraka sur la route entre la capitale et le grand port de Toamasina, menace l'activité des entreprises textile qui assurent 70 % des exportations de produits manufacturés du pays. gir-jhl/alm tmf AFP 151711 PLACE DU 13 MAI . |
MEDIATION INTERNATIONALE . |
par Christian CHADEFAUX (AFP) | Par Emmanuel GIROUD (AFP) |
par Christian CHADEFAUX ANTANANARIVO, 15 fév (AFP) - Deux hommes butés, au parcours, au style et à la culture différents, bloquent, depuis bientôt deux mois, la vie de Madagascar: l'amiral Didier Ratsiraka, président sortant, et l'homme d'affaires et maire d'Antananarivo Marc Ravalomanana. L'opposant estime qu'il a été élu dès le premier tour de la présidentielle le 16 décembre dernier et conditionne sa participation au second tour à des exigences très strictes, le chef de l'Etat s'enferme dans un légalisme absolu. Mais, pour la première fois depuis sa mainmise de plus de vingt ans de pouvoir, "l'amiral rouge", pétri de culture universelle, trouve sur son chemin un capitaine d'industrie tout aussi obstiné que lui, autodidacte devenu l'homme le plus riche du pays, grâce à un empire dans les produits laitiers et l'huile alimentaire. L'ancien paysan jouit d'une légitimité populaire que la rue ne dément pas. L'officier supérieur, chef de l'Etat, s'arc-boute sur le respect des résultats officiels du premier tour et de la constitution. Le novice en politique, sans parti ni idéologie connu, n'en est pas à son premier "coup". Un premier raid électoral gagnant lui a valu d'emporter la mairie d'Antananarivo il y a deux ans. Il bénéficie de l'appui de plus d'un demi-million de manifestants chaque jour et d'une grève générale qui paralyse la capitale. Didier Ratsiraka, politicien expérimenté et rusé, oppose au tapage médiatique d'un "outsider" sans bagage idéologique les résultats officiels de la Haute cour constitutionnelle (HCC) qui le créditent de 40,89% des voix contre 46,21% . C'est que Ravalomanana agit toujours sur un coup de tête, une impulsion, une vision, là où Ratsiraka préfére les calculs, la réflexion avant de laisser les faits le servir. Au joueur de poker, que "le milliardaire malgache" pratique, s'oppose la passion d'un joueur de belote. Au premier, qui sait admirablement communiquer, au point de demander aux grévistes de rouvrir l'aéroport international pour que les journalistes puissent couvrir la crise, le second nourrit une prévention naturelle à l'égard des médias indépendants. A l'opportunisme brouillon mais payant de l'un, dont la réussite personnelle est faite d'occasions saisies, tente de résister par le calme et la patience un homme d'Etat imperturbable et secret, qui n'a que rarement fait de la rue son allié. Marc Rvalomanana, 52 ans, est fils de nobliaux d'origine paysanne de l'ethnie merina des hauts plateaux, au type asiatique, calviniste. Didier Ratsiraka, 67 ans, est né d'une famille de notables betsimisaraka de la côte est, plus africaine, déiste sans attache religieuse avérée. La crise politique s'apparente ainsi plutôt à un blocage perpétué par deux hommes butés: le président sortant que les manifestants accusent d'être à l'origine de tous leurs maux pour avoir installé la corruption au sommet de l'Etat et avoir "pillé le pays" et l'opposant, qui bénéficie de ce rejet du chef de l'Etat, comme l'analysent de nombreux observateurs étrangers. cc/gir/jhl/lcc t AFP 151736 Weekend crucial de négociations entre pouvoir et opposition à Madagascar (PAPIER GENERAL) ANTANANARIVO, 15 fév (AFP) - Des représentants du pouvoir et de l'opposition à Madagascar sont engagés jusqu'à dimanche dans des négociations cruciales pour tenter de résoudre la crise politique après près de trois semaines de grève générale et de manifestations géantes. Interrompus jeudi après-midi, les pourparlers n'ont repris que vendredi vers 17h30 (14h30 GMT) entre émissaires du président Didier Ratsiraka et de son rival, le maire d'Antananarivo Marc Ravalomanana, sous l'égide de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) et des Nations unies. Ce groupe de travail, créé mercredi lors d'une rencontre entre les deux candidats, a jusqu'à dimanche soir pour définir les modalités pratiques d'une sortie de crise. Les résultats officiels du premier tour, disputé le 16 décembre, prévoient un second tour entre MM. Ravalomanana et Ratsiraka. L'opposant, qui accuse le camp présidentiel de fraudes pendant le premier tour, a posé une série de conditions à une éventuelle participation au second tour. Les deux camps sont d'accord sur le principe d'un report de ce second tour, prévu le 24 février, a indiqué une source proche des négociations. En revanche, les discussions achoppent sur la durée de ce report. Le camp présidentiel souhaite un report d'un mois, jugé insuffisant par l'opposition mais aussi par la communauté internationale qui s'est engagée à garantir la transparence et la fiabilité du scrutin, a précisé cette source. Autre difficulté, la comparaison des procès verbaux établis lors du premier tour dans chaque bureau par les représentants de l'administration et par les délégués de l'opposition. Aucun n'accord n'avait pu être trouvé vendredi au sujet de cette revendication de M. Ravalomanana, qui pense qu'elle pourra faire la preuve des fraudes présumées, a ajouté cette source, qui a requis l'anonymat. Avant de reprendre leurs travaux communs, les cinq délégués de chaque camp ont tenu des consultations avec leurs chefs et la réunion a débuté avec une heure et demie de retard, a constaté un journaliste de l'AFP. Des conseillers de M. Ravalomanana extérieurs à la délégation affirment que les travaux sont entravés par la présence, au sein du groupe pro-Ratsiraka, d'hommes "qui détestent l'opposant". Dans un discours enflammé à un demi-million de ses partisans, place du 13 Mai, au centre de la capitale, l'opposant a implicitement menacé de lancer de nouvelles actions pacifiques la semaine prochaine en cas d'échec des négociations. "A partir de lundi, nous saurons ce que nous avons à faire, je vous le dirai. Vous, Malgaches, vous ne bougerez pas si je ne vous en donne pas l'ordre", a-t-il déclaré. "Nous voulons redire à tous les représentants diplomatiques et à la communauté internationale que nous ne voulons pas d'insurrection. Nous voulons simplement vérifier si nous avons vaincu au premier tour", a-t-il poursuivi. M. Ravalomanana a appelé il y a près de trois semaines à une grève générale et à des manifestations quotidiennes qui paralysent la capitale Antananarivo. La grève est toujours très suivie dans le secteur public. La paralysie des douanes, les perturbations dans les transports et un barrage tenu par les partisans de M. Ratsiraka sur la route entre la capitale et le grand port de Toamasina, menace l'activité des entreprises textile qui assurent 70 % des exportations de produits manufacturés du pays. gir-jhl/alm tmf AFP 151711 |
Par Emmanuel GIROUD ANTANANARIVO, 13 fév (AFP) - Les deux rivaux de l'élection présidentielle à Madagascar, le président sortant Didier Ratsiraka et l'opposant Marc Ravalomanana, se sont rencontrés mercredi, prémice à une prochaine sortie de la crise politique qui s'est ouverte après le premier tour du scrutin. Selon des sources concordantes, la solution passe par un report du second tour, auquel l'opposant participera finalement. "Il n'y a encore rien de palpable", a déclaré M. Ravalomanana, maire d'Antananarivo, en sortant du palais présidentiel. Mais les deux camps vont prolonger ce "premier pas important" par la création d'un "groupe de travail conjoint", a annoncé le secrétaire général de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA), Amara Essy, l'artisan de cette rencontre. M. Ravalomanana a maintenu la pression sur le pouvoir en appelant les centaines de milliers de ses partisans qui manifestent chaque jour dans le centre d'Antananarivo à poursuivre leur mouvement ainsi que la grève générale qui paralyse depuis 17 jours la capitale, poumon économique et coeur administratif du pays. A la tribune, l'opposant était aux anges, sans doute parce que M. Essy était à ses côtés sur cette place du 13 Mai, haut lieu des manifestations. M. Essy a prêté main forte au maire d'Antananarivo pour expliquer un début de revirement à cette foule que l'opposant chauffe chaque jour à blanc en assurant qu'il a été élu dès le premier tour le 16 décembre et en refusant un second tour, estime un diplomate. Plusieurs personnalités proches des négociations et des diplomates l'ont confirmé: à moins d'un rebondissement de dernière minute, on s'achemine vers un report du second tour, concession du camp présidentiel, et une participation de M. Ravalomanana, sous réserve que les conditions qu'il posait jusqu'alors soient satisfaites, au moins sur la forme. La principale étant la comparaison, bureau de vote par bureau de vote, des résultats officiels du premier tour avec ceux enregistrés par les délégués de M. Ravalomanana. Ce dernier accuse en effet le camp de M. Ratsiraka d'avoir massivement triché pour le maintenir au second tour. Une initiative de l'un des quatre candidats perdants du premier tour, Herizo Razafimahaleo, soutenu par ses trois pairs, est sur le point d'aboutir, selon des diplomates: créer une Commission nationale de confrontation, qui regroupe toutes les parties, et procéder à cette comparaison des résultats. "Ce n'est que de la poudre aux yeux mais elle est nécessaire pour permettre à +Marc+ de s'expliquer vis-à-vis de son électorat", analyse un diplomate. "M. Ravalomanana a déjà accepté cette idée", a déclaré à l'AFP M. Razafimahaleo, ajoutant que les modalités restaient à définir. "Cela fera sauter le principal verrou à une sortie de crise", ajoute-t-il, reconnaissant qu'il s'agit davantage d'une solution "psychologique et politique que juridique". Le Groupe de travail conjoint créé par les deux candidats sera composé de cinq "techniciens" de chaque camp qui travailleront "en présence" du secrétaire général adjoint de l'OUA chargé des Affaires politiques, Saïd Djinnit. Selon M. Ravalomanana, ces "techniciens" seront nommés jeudi. M. Essy poursuivra sa médiation jusqu'à son départ prévu jeudi, mais il sera épaulé puis relayé par l'émissaire du secrétaire général de l'ONU, Ibrahima Fall, arrivé mercredi. L'OUA, l'ONU, l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), la Commission de l'Océan Indien (COI) ainsi que des pays bailleurs de fonds ont promis de fournir de très nombreux observateurs pour le second tour. "En réalité, une fois obtenu le report de la date du scrutin (fixé au 24 février), la confrontation des procès-verbaux n'est qu'un détail de forme, l'essentiel, c'est de tout faire pour garantir une transparence totale pour le second tour", commente un membre de l'équipe de médiation. Alors que les négociations se poursuivent, la grève générale continue de paralyser tous les ministères et leurs administrations et de ralentir considérablement la production du secteur privé de la capitale, qui pèse pour près de 70% du PNB. gir/jhl/lp eaf AFP 131601 Madagascar: Amara Essy a mené à bien son opération "commando" diplomatique Par Emmanuel GIROUD ANTANANARIVO, 13 fév (AFP) - Le sourire aux lèvres, Amara Essy, le secrétaire général de l'OUA, a mené en quatre jours une impressionnante opération de "commando" diplomatique à Madagascar, forçant à se rencontrer les deux rivaux de l'élection présidentielle, qui se détestent, après leur avoir publiquement asséné leurs quatre vérités. Depuis son arrivée à Antananarivo, samedi soir, ce petit homme, toujours aimable et accessible, porté au secrétariat général de l'OUA en juillet dernier, n'a pratiquement pas cessé de travailler à sa médiation, se couchant rarement avant 3H00 du matin pour se lever à l'aube. Le matin de son arrivée, une mission de l'Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) venait d'échouer dans sa tentative de faire se rencontrer le président sortant, Didier Ratsiraka, et le maire d'Antananarivo, Marc Ravalomanana. Dans la voiture qui le conduisait au palais présidentiel, M. Ravalomanana avait ordonné à son chauffeur de faire demi-tour, après avoir reçu un mystérieux coup de téléphone. Peu après, il refusait de rencontrer M. Ratsiraka au palais présidentiel, l'accusant de l'avoir insulté la veille en le comparant à un "nazi" et un "fasciste". L'après-midi même, M. Essy rencontrait M. Ravalomanana, puis s'entretenait le soir avec l'équipe de M. Ratsiraka, jusqu'à quatre heures du matin, pour "rattraper le fil des négociations". Depuis, le marathon n'a jamais cessé, et M. Essy a rencontré tous ceux qui comptent en politique à Madagascar. Entre dimanche et mardi, il a vu M. Ravalomanana quatre fois, et s'est entretenu mardi soir avec M. Ratsiraka et son entourage jusqu'à 3H00 du matin. "La situation s'est débloquée à 6H00 du matin", raconte un diplomate. Mercredi matin, M. Essy a accompagné lui-même M. Ravalomanana au palais présidentiel, et a assisté à l'entretien d'une heure et demie. Il s'est ensuite rué avec M. Ravalomanana jusqu'à la tribune de la place du 13 Mai, au centre de la capitale, pour l'épauler dans une délicate explication de son revirement aux centaines de milliers de manifestants qu'il chauffe chaque jour à blanc, et à qui il avait affirmé qu'il n'irait pas au palais. La veille, sortant de l'habituelle réserve des diplomates, cet homme qui goûte peu à la langue de bois, selon son entourage, avait distribué en public bons et mauvais points aux deux candidats, avant de préconiser un report du second tour. Il a balayé d'un revers de manche les exigences de M. Ravalomanana qui réclame la "confrontation" des résultats du premier tour en accusant le camp Ratsiraka d'avoir triché. "A vouloir la vérité sur le passé, on perd du temps pour l'avenir", a-t-il lancé au cours d'une conférence de presse. "S'ils sont certains d'avoir gagné au premier, le second tour devrait être un vote de confirmation", a-t-il ajouté. En revanche, en insistant sur la "légitimité" des revendications de M. Ravalomanana, il a donné une leçon de pragmatisme à un chef de l'Etat qui s'enferme dans son palais et se réfugie derrière la constitution et la légalité pour ignorer un demi-million de manifestants. "Tout ne peut pas se résoudre en invoquant la constitution et la loi. Il ne faut pas s'enfermer dans un juridisme absolu", a-t-il lancé. Mercredi matin, après la rencontre entre les deux candidats, il a été longuement ovationné par les centaines de milliers de partisans de M. Ravalomanana place du 13 Mai, au risque de déclencher l'ire du camp présidentiel pour ce qui peut apparaître comme un soutien symbolique. "Très chers frères, Madagascar appartient à la famille de l'OUA, et, quand un membre de la famille est malade, c'est toute la famille qui est malade", a-t-il déclaré sous un tonnerre d'applaudissements. gir/gv/lp eaf AFP 131602 |