
Résumé
du Week-end
TANA-VILLE : AU BORD DU CHAOS
Une série d'actions simultanées a failli plonger Tana-ville dans le chaos, hier. La vigilance de la population et surtout des "andrimaso", et la promptitude d'intervention des forces de l'ordre ont désamorcé la vaste opération de déstabilisation. Le régime Ravalomanana, qui a eu chaud, s'est certainement interrogé sur le sens de cette offensive télécommandée par le camp de l'amiral : tentative de coup d'Etat, ou volonté de paralyser les troupes que l'on s'apprêterait à lancer contre les barrages ?
La première opération visait à dynamiter le barrage d'Antelomita qui ravitaille en partie la capitale en électricité. Quatre militaires en civil ont été surpris dans les alentours, rôdant dans un véhicule 4x4. La seconde entendait lâcher en masse dans la nature les détenus de la prison d'Antanimora. La troisième avait pour objectif de faire sauter les cuves du dépôt de carburants d'Alarobia.
MAUVAISE SURPRISE
Si le plan avait réussi, la capitale aurait été précipitée dans une situation de cataclysme effroyable : bas-quartiers sous les eaux, déflagrations dévastatrices des cuves et flammes et fumées, détenus en fuite qui sèment la terreur et forcent les habitants à se barricader, rupture de l'alimentation électrique qui plonge dans le noir et désorganise le réseau de communication, etc.
Apparemment, le camp de l'amiral avait senti la détermination des troupes de Marc Ravalomanana et l'impatience de la population à partir en croisade contre les barrages économiques. L'opération avortée visait peut-être à prévenir l'assaut contre Brickaville, en désorganisant les arrières de l'"ennemi", en créant de grosses difficultés dans la capitale afin d'y fixer les troupes, à semer la confusion dans la ville et à démoraliser la population. Ou peut-être aussi à mettre sur pied un contexte favorable à un putsch, pour l'accession au pouvoir au moins d'une junte soutenant l'amiral. La conjoncture de pénurie généralisée, d'anarchie et de chaos, pensait-on, devrait inciter la population à accueillir avec gratitude un amiral qui se pose en sauveur…
Mauvaise surprise, en tout cas, pour les détenus qui ont été repris en masse. Moralité : se barrer hors de la saison des … barrages.
Adelson RAZAFY
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Coup prémédité ?
Une énorme fumée sortait de l'enceinte de la maison centrale d'Antanimora. C'était hier vers midi trente. Des stridents coups de sifflets assortis de rafales d'armes s'ensuivirent. Les riverains sont immédiatement convaincus qu'une mutinerie se déroule la prison. Si des
témoignages, faits par des prévenus, parlaient d'un incendie volontaire perpétré par prisonniers, des habitants de ce quartier a évoqué un coup prémédité. "Pour diversion", selon le PDS, le général Ferdinand Razakarimanana, présent sur les lieux. Le film des événements.
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12h30 : Une énorme fumée sortait de l'enceinte de la maison centrale d'Antanimora. Immédiatement après, des coups de sifflets et des rafales d'armes à feu s'ensuivirent. Des détenus arrivèrent à sortir par le grand portail de la prison pour essayer de se frayer du chemin à travers les dédales de petites ruelles du quartier. Selon les premiers témoignages, ils étaient une centaine de prisonniers à vouloir forcer le portail, mais seuls 76 ont pu réellement sortir. A l'intérieur, les gardes pénitentiaires ont tiré en l'air pour dissuader d'autres à s'évader.
12h33 : L'alerte générale vient d'être donnée au camp de la Force d'intervention de la police (FIP) d'Antanimora. Armes au poing, des éléments de cette unité, sous la conduite du commissaire Modeste (le commandant nouvellement désigné à la tête de la FIP), sortirent en trombe de leur camp pour traquer les évadés. Parmi ces derniers, 21 se sont cachés entre le grand mur (côté Nord extérieur) de la prison et une maison d'habitation privée attenante à celle-ci. Les policiers les ont sommés de sortir, les mains en l'air. Si la majeure partie a obtempéré à cet ordre formel, une minorité voulait en passer outre. Les policiers tirèrent sur ce petit groupe. Des riverains, témoins oculaires de cette scène, ont parlé de trois morts et de quelques blessés parmi les évadés tandis que les policiers n'évoquèrent que des blessés.
12h38 : Le ministre de la Police nationale, Augustin Amady, est arrivé, avec sa garde rapprochée, sur les lieux. Après les informations d'usage, il a donné ordre à ce que tous les évadés appréhendés soient couchés sur le ventre à même l'asphalte de la rue menant vers le Mausolée. Une fois la situation maîtrisée, ces évadés ont été dirigés par les policiers vers l'enceinte de la maison centrale d'Antanimora en passant par la cour du camp de la FIP. A la maison centrale où le gardien-chef et ses pénitentiaires, aidés par quelques détenus, arrivèrent également à maîtriser la situation.
12h40 : Des gendarmes du camp Fort Duschene arrivèrent en renfort avec leur
Sovamag, à la maison centrale d'Antanimora pour porter main forte aux gardiens. Tandis que les éléments de la FIP continuèrent à quadriller le quartier et ses périphéries. Les voitures des pompiers débarquèrent également et arrivèrent à maîtriser, en un temps record l'incendie de la prison au sein de laquelle trois chambres ont été entièrement détruites
12h42 : Le ministre de la Défense, le général Jules Mamizara, arriva également avec ses gardes du corps. Avec son homologue de la Police nationale, ils ont tout de suite organisé l'envoi d'une équipe pour battre la ville car, selon les renseignements recueillis, deux détenus, qualifiés de très dangereux et cerveaux de cette mutinerie, ont pu s'évaporer dans la nature.
13h45 : Le directeur de cabinet du ministère de la Justice, accompagné de M. Rajemison, fait son entrée dans l'enceinte de la prison. Là où, à part les nombreux journalistes, des éléments des forces de l'ordre décomptent les détenus. Histoire de savoir combien de prisonniers ont pu réellement passer entre les mailles du filet des responsables.
13h00 : Le Premier ministre Jacques Sylla pénètre dans l'enceinte de la prison. Il s'est immédiatement enquérit de la situation auprès du gardien-chef et du ministre de la Police nationale. Il a alors déclaré que beaucoup de réformes, infrastructurelles comme organisationnelles, sont à entreprendre dans les plus brefs délais pour rendre viable et sécurisante cette maison centrale d'Antanimora. Convaincu que la situation a été maîtrisée, il a pris congé de l'assistance en promettant de revenir après deux ou trois heures.
13h05 : Abdou, un des détenus et aide des gardes pénitentiaires, a commencé à rapporter ses témoignages devant des journalistes. Un peu à l'écart, un des pénitentiaires raconta également sa version des choses. Tandis que le PDS d'Antananarivo, le général Ferdinand Razakarimanana, a également évoqué, au beau milieu de la grande cour de la prison, sa vision des choses (voir autre article). Le commissaire central Emmanuel Razafindrazaka était également là. L'air dégoûté de la tournure de cette crise, il nous a déclaré que la situation est gravement critique.
13h15 : Le président de MASTERS, Alain Ramaroson se trouvait au bord de la rue menant vers le camp de la FIP. Pour lui, cette mutinerie n'est qu'une diversion. "Les terroristes ont essayé d'attirer toute la vigilance d'Antananarivo sur la prison d'Antanimora alors que d'autres actes criminels pourraient survenir ailleurs…", a-t-il indiqué. Et voilà que le PDS de Mahajanga, Pierre Tsiranana, débarqua également sur les lieux pour crier à l'endroit de l'assistance : "c'est Ratsiraka qui a fait incendier cette prison !"…
Recueillis par Rolly Mercia
INVESTISSEMENTS À MADAGASCAR
DES DÉPARTS MAIS AUSSI DES MANIFESTATIONS D'INTÉRÊT
Les conflits sociaux consécutifs aux salaires non payés se multiplient dans les entreprises franches. Et dans certains cas, des dirigeants d'entreprise ont été «retenus» par le personnel pendant nombreuses heures ou même toute une nuit. Les salariés ne sont pas convaincus que leur entreprise n'a plus les moyens de les payer. Certains pensent même que leurs dirigeants cherchent volontairement à provoquer une «explosion sociale» pour favoriser la réalisation d'un noir dessein contre les nouvelles autorités. En fait, la position des entreprises franches a été arrêtée de manière concertée au sein du GEFP (Groupement des entreprises franches et partenaires) il y a déjà plus d'un mois. Elles n'empêchaient pas ceux qui voulaient manifester de quitter leur lieu de travail. Par contre, elles ont déclaré dès le début qu'elles ne pourraient pas payer les jours sans travail.
En tout cas, depuis le déclenchement de la crise, quelques entreprises franches ont plié bagage. Quelques unes menacent de les suivre. Mais en même temps, de source généralement bien informée, des groupes asiatiques ont manifesté leur intérêt pour Madagascar. Ils se préparent déjà à s'installer, affirme-t-on. Ils n'attendent que la fin de la crise pour le faire. Déjà des agents recruteurs sont sur place. Ils visent surtout la main d'oeuvre abandonnée par celles qui ont plié bagage. Ils s'intéressent à Madagascar depuis longtemps mais un certain lobby que l'on n'a pas voulu nommer s'est toujours opposé à leur installation. Avec l'accession de nouvelles autorités au pouvoir, ils estiment que ce lobby n'aura plus, ou n'a déjà plus, la même influence. Ils pensent ainsi pouvoir s'installer et devenir l'un des instruments du «développement rapide» promis par Marc Ravalomanana.
La question qui se pose est maintenant celle de savoir quand la crise sera résolue. Pour l'heure, on n'entrevoit aucune issue. La situation semble au contraire s'empirer : pénurie de produits de première nécessité, climat d'insécurité, sérieuse désorganisation du secteur des transports.
Abderamane Ben Mokhtar: On demande son expulsion
James Ratsima, opérateur du transport et directeur de campagne du pasteur Daniel Rajakoba au dernier scrutin présidentiel, hier sur Radio Aceem : "Il y a longtemps qu'on aurait dû expulser l'ambassadeur d'Algérie, notamment lors de l'atterrissage chez nous de cet avion militaire algérien…". La nouvelle effervescence autour de l'ambassadeur d'Algérie est due aux déclarations vendredi du député Pety Rakotoniaina (et chef de la province de Fianarantsoa), selon lesquelles des militaires, miliciens et mercenaires algériens assureraient la garde du Palais du gouverneur
Emilson, à Fianarantsoa. Des bruits également font état d'un avion de la Sonavam qui aurait atterri samedi à la base aérienne d'Ivato en provenance de Toamasina, et qui aurait été refoulé par les militaires de la base car transportant des soldats algériens. Fortes rumeurs aussi hier, selon lesquelles Lalatiana Ravololomanana, pro-Ratsiraka notoire, abriterait des militaires algériens en sa résidence d'Ambohipo. L'ambassadeur d'Algérie Abderamane Ben Mokhtar publiera-t-il des explications dans la presse comme l'autre fois ? Par ailleurs, doyen du corps diplomatique, l'homme commencerait à embarrasser ses pairs ambassadeurs et chefs de mission.
Pillage de plusieurs résidences à Tananarive
De sources concordantes, deux résidences viennent d'être brûlées dans le
quartier d'Ambatomaro :
- la première appartenait au général Jean-Emile TSARANAZY, ex ministre des
Travaux Publics, auteur présumé du dynamitage du pont Fatihita (RN7),
- la seconde appartenait à Monsieur José ANDRIANOELISON, ex ministre de l'
agriculture (MINAGRI) , conseiller du président sortant Didier RATSARIKA, chef de la délégation lors des négociations qui se sont tenues sous l'égide
de l'OUA.
Une autre résidence aurait été saccagée et pillée dans le quartier d'
Ankerana, celle de Monsieur Guy Willy RAZANAMASY, ancien maire de
Tananarivo, ex premier ministre.
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The
Mercury – 08/04/2002
Breakout
at Madagascar jail
TWO prisoners remained
at large today after scores of inmates tried to break out of the main
prison in Madagascar's capital Antananarivo, setting fire to the facility.
Police brought the fire under control within an hour and between 100 and
200 prisoners were under armed guard on the prison grounds.
Eleven
of 13 inmates who initially escaped were caught, police said, As the fire
broke out earlier in the day, shots were fired around the facility and
thick smoke began to billow from the prison buildings.
"I
think that the escapees are the ones who set fire to the prison," an
inspector said.
Jacques
Sylla, the "prime minister" of Madagascar's self-proclaimed
president Marc Ravalomanana, said President Didier Ratsiraka was behind
the incident.
"We
have noticed growing pressure on the part of the Ratsiraka camp on the
city of Antananarivo, first through shortages, certain problems in
businesses, and today maybe this option," Sylla said.
He
said he would step up security in the capital and neighbouring towns.
A
blockade imposed on the capital by supporters of Ratsiraka - locked for
months in a dispute with Ravalomanana over the outcome of a presidential
election in December - has resulted in a shortage of fuel and other
essential goods in Antananarivo.
Vaovao
Italinina MISNA ,5/04/2002 (16:45)
RAVALOMANANA: "NOUS NE SOMMES PAS EN ETAT DE GUERRE, NOUS VOULONS ENCORE NEGOCIER"
"Nous ne sommes pas en état de guerre. Nous voulons protéger notre peuple mais nous cherchons encore à négocier" a répliqué Marc Ravalomanana, contacté par téléphone il y a quelques minutes par l'agence MISNA, aux nouvelles relatant un tournant armé dans l'impasse politique malgache. Aujourd'hui en effet, certaines agences de presse internationales avaient rapporté que le 'gouvernement parallèle' avait finalement décidé d'employer la force pour venir à bout du dramatique isolement dans lequel se trouvent la capitale et d'autres zones du pays, à cause des barrages routiers érigés par les sympathisants du président sortant Didier Ratsiraka sur les principales voies de communication. (CC)
EVEQUE D'ANTSIRABE: "RESPECTEZ LA VOLONTE DU PEUPLE" (STANDARD, CHURCH/RELIGIOUS AFFAIRS)
Au bord de la guerre civile ou, peut-être, d'un tournant démocratique inédit. Le contexte à Madagascar oscille entre des extrêmes qui entraînent le pays dans le marasme d'une impasse institutionnelle sans précédent et sans voie d'issue. Ou plutôt, avec des voies d'issue non conventionnelles. Tout la commencé avec l'élection présidentielle controversée du 16 décembre 2001. Plus d'un mois après, la Cour Constitutionnelle a attribué 40,8 pour cent des voix au président sortant, Didier Ratsiraka, et 46,21 pour cent à son rival, Marc Ravalomanana. Un résultat fortement contesté par les sympathisants de ce dernier, qui n'ont cessé de dénoncer fraudes et irrégularités et de revendiquer la majorité absolue pour leur candidat. Après
l'auto-proclamation de Ravalomanana à la présidence le 22 février dernier (l"investiture populaire", comme préfèrent l'appeler ses partisans), le pays a de fait deux présidents et deux gouvernements et risque de précipiter dans une dangereuse spirale de haine tribale, fomentée par Ratsiraka, qui cherche à récupérer un pouvoir que bien peu de personnes sont disposées à lui restituer. "Le président sortant doit respecter la volonté populaire - a déclaré au magazine 'Mondo e
Missione' l'évêque Antsirabé, Monseigneur Félix Ramananarivo, de passage à Milan - et l'Eglise appuie cette volonté. La communauté internationale doit aussi accepter le fait que les résultats divulgués par la Cour Constitutionnelle sont faux. La population a choisi le renouveau; elle veut la relance de l'économie et en a assez de la corruption du système Ratsiraka. Elle demande plus d'honnêteté et de légalité". L'archevêque de la capitale, Antananarivo, Mgr Armand Gaétan
Razafindratandra, s'est lui aussi nettement rangé du côté de
Ravalomanana, participant à sa cérémonie d'investiture du 22 février dans un stade comblé par plus de 250.000 personnes. "La communauté internationale doit elle aussi respecter la volonté du peuple – répète Mgr Ramananarivo – mais de nombreux pays, la France en tête, s'accrochent à une légalité qui n'est plus désormais. Nous sommes surpris par le fait que l'Organisation de l'Union Africaine (OUA), qui prêche tant la démocratie, ne reconnaisse pas les fraudes flagrantes qui ont entâché ces élections. Certaines des irrégularités ont été plus qu'évidentes; comment est-il possible que les observateurs internationaux n'aient rien vu? La France continue de soutenir obstinément Ratsiraka et, à travers lui, ses propres intérêts. Mais la communauté internationale doit reconnaître la légitimité de la victoire de Ravalomanana". Entre temps, la situation dans la capitale, Antananarivo, et surtout à Toamasina (Tamatave, selon la dénomination coloniale), bastion de Ratsiraka, est très tendue. A la mi-mars, de violents affrontements, fomentés par des groupes d'individus armés à la solde de l'AREMA (Avant-garde de la Révolution Malgache, parti du président sortant), auraient fait plusieurs morts. "La situation dégénère – commente l'évêque -; Ratsiraka tente d'alimenter les conflits ethniques, faisant appel à la haine tribale , qui n'existe pas en réalité à Madagascar ou qui est très mitigée. C'est une voie extrêmement périlleuse qui risque de dégénérer en une profonde crise sociale". Mais Ratsiraka joue également la carte de l'isolement d'Antananarivo. Le transport de carburant et de denrées alimentaires est bloqué depuis le port de Toamasina, le plus important du pays. L'imposition de la loi martiale s'est soldée par un échec, essentiellement grâce à la désobéissance de nombreux militaires, dont 80 pour cent (90 pour cent des généraux) sont pro-Ravalomanana. "Il faut reconnaître la légitimité du vote populaire si nous voulons éviter les violence et les affrontements – a conclu Mgr Félix - . Parce qu'il ne sera pas possible de bâtir l'avenir de Madagascar en mettant de côté le peuple". (Extrait
du magazine Mondo e Missione) (CC)
News. Scotman - 08/04/2002
Madagascar on edge as bitter rivals struggle to win power
Government and army divided after velvet revolution
DECLAN WALSH IN ANTANANARIVO
THE three African generals sat around a table, tipping cigarette ash into a marble tray and tutting about the revolution going on outside. A government had been overthrown. A siege was under way. Further violence was threatening.
No way they were getting involved. "This must be solved peacefully," said Brigadier General Rabarisoa firmly. "There is the constitution, the law. We respect that." His superior nodded in agreement.
"These politicians, they are messing it all up," said Major General Rajaonson with the air of an exasperated uncle. "The army is there to defend people, not to shoot at them."
The rules of the African revolution have been turned upside down on Madagascar, the giant tropical island off the eastern coast. Following a bloodless coup the country has two presidents, two governments and one divided - and apparently confused - army.
Just over a month ago Marc Ravalomanana - a dynamic, young yoghurt entrepreneur turned city mayor - seized control of Antananarivo, the capital and seat of government. After a presidential election they claimed was rigged, hundreds of thousands of people took to the streets. Ravalomanana proclaimed himself president. The crowds surrounded the Central Bank, government ministries and the presidency. The soldiers stepped aside. The people walked in.
"It is time for change. The people have pushed me to power," he said at the new Presidential Palace, an imposing, Louis XIV style building dating from French colonial rule.
The victim of the velvet revolution is Didier Ratsiraka, a 67-year-old, semi-infirm autocrat who has presided over Madagascar for much of the past 25 years. He has shifted his supporters to the coast, declared the port town of Toamasina the new capital and blown up all the bridges leading to Antananarivo in an attempt to strangle the city and smoke out his young rival.
The tactic is working. Traffic has almost disappeared off the streets due to a tenfold rise in fuel prices. Basic foodstuffs such as sugar, flour and cooking oil have disappeared from supermarket shelves.
Over 80,000 workers have been laid off from textile plants that make clothes for western brands such as Gap and Marks & Spencer. With an estimated six dependants per worker, that means at least half a million hungry people.
"The suffering is really terrible," said Alastair McIntyre, a Scot who manages a now-empty knitwear factory for the Edinburgh Woollen Mills chain. People aren't violent here but with no food, it could come to that," he warned.
On Friday Ravalomanana called on his supporters to smash the blockade and told the army it was time to take sides. He claims to have 80% support in the armed forces, but Ratsiraka still controls much of the high command and the North Korea-trained paratroopers.
Ravalomanana's advisors warn of impending civil war. But spontaneous violence does not appear to be part of the Malagasy way. "This is not Africa," said Cardinal Armand Razafindratandra, the Catholic leader with a resemblance to the Vietnamese leader Ho Chi Minh.
In Antananarivo, the crowds have been fronted by old ladies leading prayers. When up to half a million people took to the streets, there was no looting. And although the army has split into two, soldiers from both sides have refused to open fire.
Nevertheless the current power struggle could yet spill over into violence.
Ravalomanana has successfully tapped into the seething anger of many Malagasies who have watched their president grow rich while they remain stuck in a life of grinding poverty.
With powerful friends in the French establishment and a grip on the island's gemstone trade, the Ratsiraka family has developed a high-rolling lifestyle.
His government has developed a notorious reputation for corruption. During the recent election campaign, Ratsiraka demonstrated his popularity to international journalists by distributing £4,000 in cash to villagers who correctly answered his questions.
In contrast Ravalomanana has carefully shaped an image as a clean-living, hard-working champion of the people.
Western countries have refused to recognise either of the competing regimes. However recent signs, such as a call by the European Union to end the blockade, suggest they are swinging towards Ravalomanana. Ratsiraka looks like he is on the ropes.
"He is a sick man. I taught him in school but he turned out to be a thug," said Cardinal Razafindratandra. "I wish I had nothing to do with him."
But it remains to be seen whether his young challenger has the staying power - or military support - to break his iron will this time.
L'Express de Madagascar - 08/04/2002
Evasion de 123 détenus à Antanimora : sept étaient encore recherchés hier soir
Des coups de feu ont été tirés, créant un début de panique parmi les riverains, mais il s'agissait en fait de tirs de sommation effectués par les agents pénitentiaires. En début de soirée, le PC de crise de la Gendarmerie avançait le chiffre de 116 évadés "récupérés". Arrivé sur les lieux, peu après 13 h 30, le Premier ministre Jacques Sylla a salué "la rapidité de la réaction des forces de l'ordre", tout en indiquant qu'il était prématuré de conclure à l'existence d'un lien quelconque entre l'événement et la situation politique actuelle. Moins diplomate, le ministre de la Police Amady Augustin a déclaré, pour sa part, que "cette évasion participait - qu'on le veuille ou non - de l'entreprise terroriste qui est orchestrée actuellement et qui devait justifier la mise en place du Conseil national de sécurité". A la suite de cet incident d'Antanimora, les autorités ont adopté un certain nombre de mesures, dont le renforcement de la surveillance sur les lieux - ainsi qu'à la maison de force de Tsiafahy ou à d'autres endroits classés stratégiques - et l'organisation de patrouilles, de jour et de nuit, aussi bien dans la capitale qu'en milieu rural.
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Midi
Madagascar 8/4/2002
« Nominations
illégales »
Un nouveau sort pour la HCC ce mercredi ?
La
nomination des membres
de la Haute Cour Constitutionnelle par le président sortant
DidierRatsiraka, un mois avant l’élection du 16 décembre, a suscité
beaucoup decommentaires sinon des contestations, non seulement au sein des
profanes maissurtout dans le cercle des juristes. A notre connaissance,
deux requêtes tendantà l’annulation du décret n° 2001-1080 du 22
novembre 2001 portant nomination desdésignations et constatation de l’élection
des membres de la HCC furentintroduites à la Chambre administrative. La
première émane du candidat MarcRavalomanana et la seconde du magistrat
Jean Michel Rasolonjatovo, membre duConseil de la Magistrature. Après
l’échange de mémoires écrits entre lesparties, une audience se
tiendra ce mercredi à la Chambre administrative.
Pas convoqués
Les illégalités soulevées par les requérants se rattachent en substance à la forme de nomination des membres de la HCC émanant du Sénat, de l'Assemblée nationale, et du Conseil supérieur de la Magistrature. Pour les deux chambres du Parlement, ce sont les présidents qui ont désigné le quota au détriment des institutions. " En tant que personne morale de droit public, ce sont les organes délibérants de ces assemblées parlementaires qui doivent désigner et non leur président ou leur bureau exécutif ", soutiennent les requérants. Quant au Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM), on évoque que " certains membres n'ont pas été convoqués et tous les magistrats n'ont pas été informés de la tenue de l'élection des membres pour le compte de la HCC ". Ce qui " va à l'encontre du principe d'égalité de tous les magistrats ". En outre, l'ordonnance n°2001-005 du 18 novembre 2001, portant loi organique relative à la HCC, exige que les 2 membres élus par le CSM doivent avoir " une pratique suffisante " de la magistrature. Or, selon les requérants, ce conseil était dans l'impossibilité d'apprécier cette pratique suffisante, car l'un des élus n'a pas envoyé son CV et ne s'était pas présenté devant lui.
Népotisme
En ce qui concerne les " illégalités commises " par la HCC, pendant ses activités lors de l'élection présidentielle du 16 décembre, les requérants ont fait état de tout ce que l'opinion sait déjà : " Clientélisme et népotisme entachant l'indépendance de la Haute Juridiction, prestation de serment au domicile d'un candidat, le déplacement de la Haute Cour dans un Hôtel en dehors de son siège, etc. ". Mercredi prochain, l'audience à la Chambre administrative aura une signification particulière, dans la mesure où la HCC pourrait connaître un nouveau sort, d'autant que le régime de Marc Ravalomanana asseoit progressivement, à tous les échelons de la structure étatique, son pouvoir. Le contexte n'est plus le même qu'il y a un mois. Affaire à suivre.
Val
Andriamahaitsimiavona
"D'AUTRES PONTS DANS LE COLLIMATEUR",révèle Alain Ramaroson
Des barrages anti-terroristes et contre le marché noir sont érigés un peu partout dans la capitale et tout particulièrement
à l'entrée et à la sortie de la ville. Entre autres et non des moindres, puisquec'est la porte du Sud, à Andoharanofotsy, le fief du président du
Master's,Alain Ramaroson. Par ses actions, ce dernier est devenu de fait le
premier responsable des barrages.
Faux renseignements
Pas plus tard que dans la nuit de vendredi à samedi, vers 4h 30, il était là lorsque le "andrimasom-pokonolona" a surpris à Andoharanofotsy, 9 tonnes de riz. Vendus au prix normal le lendemain aux consommateurs. Comme c'était aussi le cas de la soixantaine de fûts de carburants - essence et gas-oil confondus - saisis depuis. En tout cas, le rayon d'action du président du Master's ne se limite pas à sa commune. Pour ne citer que le cas du camion-citerne intercepté dernièrement à Anosizato - Ampitatafika. "Nous intervenons aussi sur la route de Tamatave, à Ambohimangakely, Ambohimalaza…", fait savoir Alain Ramaroson qui tient à mettre en garde contre les faux renseignements propagés par le camp d'en face, pour semer le trouble tel que c'était le cas, vendredi à Sabotsy
Namehana. Armes et instructeurs Par ailleurs, Alain Ramaroson constate que "la mobilisation générale s'est accentuée à la suite de l'appel à la Nation lancé par le président Marc Ravalomanana". Il pense que le dynamitage du pont de Fatihita est une déclaration de guerre de la part de l'Amiral. "D'après les renseignements qu'on a reçus, d'autres ponts comme ceux de Sakay et de la Betsiboka sont dans le collimateur", révèle-t-il. Tout ceci pour dire qu' "il faut prendre les devants puisque la meilleure défense, c'est l'attaque". D'ailleurs, cela commence à être confirmé que l'avion algérien avait transporté des armes et des instructeurs, d'après le président du Master's qui estime que parmi les actions à mener à très court terme, il faut sécuriser Tana et mettre hors d'état de nuire les terroristes. La prochaine étape sera ensuite
la mise en place effective de tous les PDS.
"Le Courrier de Genève" (extraits), Genève
Les partisans du président sortant, Didier Ratsiraka, maintiennent des
barrages qui asphyxient Antananarivo, la capitale malgache.
Une tactique
qui a fait ses preuves dans une île où les principaux axes routiers sont
contrôlés par des mafias locales.
Sur la côte est de Madagascar, Ampasimanolotra [ex-Brickaville] ressemble à une bourgade terreuse et sans importance, perdue dans une végétation
tropicale. Son nom défraiemaintenant la chronique, avec les troubles politiques et civils qui secouent la Grande Ile depuis trois mois. Situé
sur l'unique route nationale qui relie Toamasina [ex-Tamatave] à la capitale,
Antananarivo [ex-Tananarive], cet endroit désolé est devenu hautement stratégique à Madagascar. Il abrite un des plus importants barrages que
les alliés du président sortant, Didier Ratsiraka, ont mis en place sur la
route nationale n° 2 [RN2] pour étouffer la capitale.
But de l'opération, soutenue par une faction de l'armée : "Empêcher tout approvisionnement de marchandises et de carburants depuis
Toamasina, le plus grand port industriel et le fief de Ratsiraka", dénonce la presse
malgache.
Paralyser la capitale, située à 367 kilomètres à l'intérieur des terres.
Affamer et démoraliser les centaines de milliers d'habitants qui ont reconnu dans Marc Ravalomanana leur nouveau président, après l'élection
présidentielle du 16 décembre 2001. Et aussi faire exploser le prix des marchandises, qui s'arrachent désormais au marché noir à un tarif
insoutenable. La mafia locale s'en frotte les mains.
Déferlement de scandales "révélés" par la presse
"La capitale est de plus en plus coupée des provinces, y compris en ce qui concerne les produits alimentaires. Résultat, le marché noir explose",
déplore un correspondant suisse à Antananarivo. "L'inaction des militaires
face à ces barrages économiques montés pour priver la capitale de ravitaillement est aberrante", s'indigne de son côté Adelson Razafy,
journaliste malgache, qui dénonce la complicité des forces de l'ordre.
A Antananarivo, la pénurie est aujourd'hui telle que le "président autoproclamé" Marc Ravalomanana a exigé la levée des barrages comme
condition pour reprendre les négociations avec son rival Didier Ratsiraka.
Mettre un terme au blocus des routes est perçu comme une des seules solutions "à la malgache" quipermettraient de résoudre la crise dans
laquelle le pays s'est enfoncé. Et de renouer avec des tentatives de
médiation entre les camps adverses qui ont toutes échoué malgré les efforts
insistants de la communauté internationale, la France et les Nations unies
en tête de liste.
Le blocage des routes portuaires ? A Madagascar, la stratégie est payante
depuis plus de vingt ans. En termes de politique comme d'activité
mafieuse.
En temps normal, la RN2 représente un des meilleurs axes routiers de la Grande Ile, dont l'essentiel du réseau est dégradé faute
d'entretien.
C'est maintenant tout un arsenal d'engins militaires, de barricades et de camions,
échoués en travers de la route, qui condamnent le trafic dans les deux sens.
A lui seul, le verrouillage de la RN2 est exemplaire. Il est vite devenu insoutenable pour tout le centre du pays. C'est de cette route qu'
Antananarivo tire la totalité de son ravitaillement en carburants, en produits alimentaires et en intrants pour ses industries.
Seul point positif du blocus sur la première ville de Madagascar, de plus en plus isolée : la censure est enfin tombée. Les langues se délient. Dans
les trois quotidiens nationaux, acquis à la cause du millionnaire et chef
d'une entreprise agroalimentaire Ravalomanana, maire d'Antananarivo, un coopérant
européen vivant sur place relève que "tout le monde commence à accuser telle
ou telle personne, qui baignerait dans le milieu mafieux". Dans le déferlement de scandales, il faut à présent distinguer l'info de l'intox.
Parmi les principaux chefs d'accusation, la presse nationale dénonce bien sûr la mainmise du président sortant, au pouvoir pendant vingt-deux ans de
régime autoritaire, sur les principaux secteurs économiques deMadagascar.
D 'abord des chiffres, éloquents. Sous le règne de l'ancien président, arrivé
au pouvoir en 1975, les Malgaches ont vu "disparaître" entre 350 et 1 000
kilomètres de routes par an, sur une infrastructure déjà squelettique.
Loin des rumeurs, c'est ce que révèle un dossier très rigoureux consacré au
réseau routier et déposé au Centre d'information professionnelle, en plein
coeur de la capitale. "Entre 1976 et 1983 il n'a été enregistré aucun entretien, aucune réhabilitation, et encore moins de construction", notent
les responsables de l'étude.
Le sabotage des routes est une affaire très lucrative
Au niveau des relevés, c'est ensuite le brouillard complet. "Il fut un temps où les données sortaient régulièrement du département des statistiques du
ministère des Travaux publics. Celui-ci a malheureusement été supprimé au
début des années 80", se lamente un responsable de l'ONG malgache Lalana,
une des rares associations qui s'intéressent de près aux infrastructures routières du pays, prises en otage par l'ancien gouvernement.
A Antananarivo, différentes sources - qui préfèrent toutes garder l' nonymat - expliquent comment la gestion despotique du réseaupermet
aujourd'hui encore de favoriser une mafia de gros transporteurs. Avec leurs
camions et leurs véhicules tout-terrain, ils seraient les seuls à pouvoir
parcourir les routes malgaches sans encombre, à relier les ports ou à aller chercher
les matières premières dans les zones rurales. Une situation de monopole technique, en somme.
Attablé au restaurant du Colbert, l'ancien hôtel colonial chic de la capitale, Gérard Laurent (nom fictif) confirme :
l'implication de dirigeants
malgaches dans cette mafia bien particulière ne fait aucun doute. Exemples
à l'appui, cet économiste français travaillant depuis plusieurs années dans
la capitale explique comment elle permet tous les abus, y compris des taxes
de péage prohibitives. "Le sabotage des routes nationales est une affaire
très lucrative. L'an dernier, des collecteurs et des industriels sont arrivés
de Toamasina dans les zones rurales de l'est du pays pour acheter le produit
des récoltes. Ils avaient pris le soin de faire sauter les ponts derrière
eux pour éviter la concurrence d'autres transporteurs comme certaines
coopératives agricoles. Les paysans n'ont alors pas d'autre choix que de leur vendre les produits à des prix cassés, largement inférieurs à leur
valeur réelle. Une fois la transaction accomplie, les collecteurs appellent directement les travaux publics pour la réfection rapide des ponts. Après
quelques jours, les camions repartent en sens inverse pour revendre la récolte. Au prix fort."
Pour faire face à ce type de scandale, l'entretien obligatoire des routes a fait partie des conditions imposées par les bailleurs de fonds
internationaux, dont la Banque mondiale. La mesure est entrée en vigueur en
1987. Sans succès. "Les responsables du secteur se contentaient d'encaisser
les sommes allouées par l'aide internationale pour les réinvestir
ailleurs", commente Vicko Andriamiharisoa, vice-président de la chambre de commerce
Suisse-Madagascar. Comme l'avoue l'ancien ministre des Travaux publics, Jean-Emile Tsaranazy, "sur 30 000 kilomètres de réseau national recensés,
seuls 5 000 kilomètres ont été utilisables en 1997". Ce chiffre n'a pas
beaucoup évolué depuis. Insuffisance de moyens, manque d'entretien, éboulements, inondations et cyclones sont régulièrement invoqués par les
officiels pour excuser la catastrophe nationale. Mais parler de
destruction programmée pour le compte de la "mafia des routes" sous le régime de
Ratsiraka était jusqu'ici trop dangereux. Le fait est qu'à Madagascar personne n'a jamais voulu évoquer ouvertement le fléau. La peur des
représailles. Plusieurs coopérants européens qui travaillaient ces dernières
années à la réfection du réseau sur ces axes sensibles ont été menacés de
mort, voire assassinés.
Gilles Labarthe
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Dépêche Yahoo - 07/04/2002
Madagascar: Ravalomanana accuse Ratsiraka de créer des troubles
ANTANANARIVO (AFP) - La plus grande prison d'Antananarivo a été le théâtre dimanche d'une évasion collective, dans laquelle Marc Ravalomanana, "président autoproclamé" de Madagascar, a vu une nouvelle tentative du camp du chef de l'Etat sortant, Didier Ratsiraka, de "semer le trouble" dans la capitale.
Vers 15h00, 48 détenus étaient toujours en fuite, et 23 évadés avaient été capturés, dont plusieurs blessés.
A la mi-journée, un violent incendie a éclaté à deux endroits distincts dans la prison d'Antanimora. L'incendie était destiné à détourner l'attention des gardiens, ont témoigné ces derniers. Aussitôt, des détenus ont sauté par-dessus le mur de cet établissement très vétuste, dont il est très facile de s'évader.
Ils se sont retrouvés dans les jardins de maisons voisines, ont raconté des témoins. "J'ai vu deux hommes sauter par dessus ma barrière et s'enfuir", a expliqué une habitante à l'AFP.
Tout près de là, une demi-heure après le début de l'incendie, une trentaine de policiers armés de fusils d'assaut tenaient en joue onze détenus en guenilles, couchés face contre terre. Certains policiers, armés de bâtons, tabassaient ces prisonniers, dont la plupart étaient couverts de sang, a constaté l'AFP.
Des rafales d'armes automatiques retentissaient, contraignant les badauds à prendre la fuite. Les policiers fouillaient maison après maison.
Dans la prison déjà, gardiens et policiers sont rapidement parvenus à reprendre le contrôle de la situation. Les pompiers, intervenus rapidement sous les tirs des forces de l'ordre, ont maîtrisé l'incendie, qui a détruit une partie du corps central de l'établissement, un dortoir, et un petit hangar attenant qui sert de cuisine.
Les détenus des cellules touchées, une bonne centaine, ont été rassemblés et contraints à s'asseoir au centre de la cour principale, sous bonne garde.
Le général Ferdinand Razakarimana, nommé par M. Ravalomanana "Président de la délégation spéciale" d'Antananarivo pour remplacer le gouverneur fidèle à M. Ratsiraka, est arrivé le premier sur les lieux, en treillis, fusil à pompe à la main. Il a été rejoint par le "Premier ministre" Jacques Sylla et les "ministres" de la Défense et de la Police, les généraux Jules Mamizara et Augustin Amady.
Dans le quartier, les policiers tiraient, parfois à l'aveuglette. Il n'était pas aisé de reconnaître d'éventuel fuyards, les détenus ne portant pas d'uniforme.
Les évasions sont relativement fréquentes dans cette prison d'Antanimora. Ses locaux, délabrés, ont été conçus à l'époque coloniale pour 1.200 détenus, mais elle en contiendrait le double au moins, selon des témoignages concordants.
"On peut supposer qu'il y a eu des aides extérieures, même si on ne peut être catégorique encore car l'enquête va commencer", a déclaré sur place M. Sylla.
"Nous remarquons des pressions croissantes de la part du camp Ratsiraka sur la ville d'Antananarivo, d'abord les pénuries organisées grâce aux barrages sur les routes, certains troubles dans des entreprises, et aujourd'hui, peut-être, cette option-là pour semer le trouble dans la ville", a-t-il ajouté.
"Nous avons décidé de renforcer la sécurité de la capitale où davantage de patrouilles sont déjà à pied d'oeuvre", explique-t-il. "Davantage de barrages vont être dressés dans la périphérie immédiate mais aussi dans certaines localités alentour", a-t-il encore déclaré.
Ses soupçons ont été relayés par son "ministre" de la Police, le général Augustin Amady. "Il y avait un bidon de pétrole avec une boîte d'allumettes, c'est criminel, ce n'est pas un accident. Comment se fait-il que ce bidon de pétrole se trouvait là, dans une prison ? Il est très probable qu'il y ait eu complicité extérieure, et ce n'est pas un hasard si cela arrive aujourd'hui", a-t-il remarqué.
Le "gouvernement" de M. Ravalomanana s'est installé depuis plus d'un mois dans la capitale, qu'il contrôle. Le camp Ratsiraka organise depuis certaines villes de province un blocus d'Antananarivo et des villes voisines, en multipliant les barrages routiers et en détruisant des ponts.
Journal de l'Ile de la Réunion -
08/04/02
Madagascar : Pénurie et rationnement à Antananarivo
Depuis une semaine, Rija a beau se lever à 3 h, marcher une heure pour aller s'approvisionner au marché de gros d'Anosimasina, revenir en pousse-pousse les caisses pleines de fruits, l'argent des ménages n'est consacré qu'à l'essentiel. La pénurie est là, provoquée par les barrages routiers, mais peut-être aussi entretenue par la spéculation.
LES PRIX FLAMBENT
Sucre, sel, farine et huile ont d'un coup disparu des rayons au lendemain du long week-end Pascal. "Tsy misy sira" (plus de sel), affichent les épiceries, prises d'assaut par une population qui, malgré deux mois de crise politique, n'avait pas fait de réserves.
Les consommateurs se sont alors précipités dans les supermarchés pour remplir leurs caddies de café, beurre et farine encore disponibles. Dans un supermarché
d'Antsahabe, la propriétaire a rationné le sucre. "Pas plus de 4 kilos par personne", ordonne Mme Chan aux clients.
"Les gens ont attendu le plus longtemps possible mais devant le blocage de la situation, ils font le plein de denrées nécessaires. C'est du bon sens", estime Cyril Juge, directeur national d'une chaîne de supermarchés.
On trouve encore du riz, mais son prix a doublé. Celui du pain a augmenté de 30% en quelques jours. Pourtant, des réserves, il y en a encore. "Il me reste 70 tonnes de sucre et quinze jours de sel, mais on rationne la distribution", confie un des gros fournisseurs de la capitale.
David Rajaona, ministre du Commerce de Marc Ravalomanana a fait saisir des stocks vendredi chez des grossistes, pour que leur vente se fasse à des prix corrects, a-t-il expliqué.Le marché noir s'est organisé et les prix flambent, pas seulement pour le carburant. Les rares taxis encore en service pratiquent des prix exorbitants, 25 000 à 30 000 fmg pour une course qui en valait 5 000 ou 10 000 il y a un mois encore.
Quelques compagnies de bus circulent encore, des grappes de voyageurs accrochés à leurs flancs. "Depuis hier, je fais une heure de marche matin et soir", expliquait samedi le Dr Razanaivo qui, après une nuit de garde, reprend la route. "On arrive un peu en retard, mais si on ne vient pas, on risque de perdre notre travail", poursuit ce médecin, rémunéré 600 000 fmg par mois (915 euros). "La petite classe moyenne risque de tomber dans la pauvreté", s'inquiète-t-il.
Le chômage technique et les pertes d'emplois gagnent tous les secteurs. Et les prix ne cessent d'augmenter. "Un salaire supprimé, c'est cinq personnes qui ne mangent pas", observe un opérateur économique étranger. "C'est difficile, mais on a l'habitude", lâche Rija, fataliste. "C'est comme ça à Madagascar, mora mora" (tout doucement), soupire-t-il.
prison d'Antananarivo incendiée, 123 détenus s'évadent, Ravalomanana accuse...
Madagascar : Ratsiraka met le feu
plus grande prison d'Antananarivo a été le théâtre, hier, d'une évasion collective, dans laquelle Marc Ravalomanana, président autoproclamé de Madagascar, a vu une nouvelle tentative du camp du chef de l'Etat sortant, Didier Ratsiraka, de "semer le trouble" dans la capitale. Finalement, hier soir, sur les 123 détenus qui avaient pris la clé des champs, seulement 7 étaient encore en fuite.
Ce
qui se passe à Tuléar
Des informations sures recuellies de Tuléar nous ont appris hier que Mme
Hortense Raveloson Mahasampo, députée élue à Tuléar II, et mère de
Thierry Raveloson, PDS nommé par legouvernement
Sylla pour gouverner la province autonome de Tuléar, a du verser des
larmes, hier, en recevant les
3e émissaires envoyés par la gouverneur Maharante : "Pour qui nous
prenez-vous, pourquoi s'acharner
sur moi et cette famille Raveloson Mahasampo" aura-t-elle deploré.
En effet, selon toujours nos
informations, une première délégation envoyée par le gouverneur le 29
mars lui a déjà demandé de
partir et de quitter la ville de Tuléar, arguant que celle-ci ne serait
pas en sécurité à Tuléar car
des éléments incontrolés risquent de la malmener, voire de la tuer.
Réponse de la députée Hortense Raveloson : " Je suis une élue de
Tuléar, un député de Madagascar ; Mon défunt mari est un natif et
autochtone de Tuléar ; Le camp militaire porte d'ailleurs son nom en
memoire des services qu'il a accompli pour la nation et la province de
Tuléar ; Mes beaux-frères,
belles soeurs, neuveux, nièces, petits enfants, etc. sont ici ; Je ne
vois aucune raison de m'en aller
D'ici ; J'ai des gardes du corps suffisamment armés ; D'ailleurs, s'il y
a des gens qui veulent me faire du mal, ça ne viendrait pas des partisans
de mon fils, mais probablement de vous, à l'instar des axactions faites
recemment à mon domicile par une troupe de bandits conduits par un jeune
deputé élu à Tuléar
ville-nous avons un témoin-. Je ne partirais pas d'ici. Au contraire, je
m'installe, je ne peux pas vivre ailleurs dans la crise actuelle. C'est
mal me connaître. Je suis bien ici. Je suis en villégiature". C'est
en ces termes que Mme Hortense Raveloson a exprimé son refus. Le
gouverneur n'aurait pas apprecié cette réponse, car il aurait voulu
qu'on l'embarque vite fait dans un hélicoptère. Pourquoi ? Bizarre.
Puis, avant hier soir, une 2e délégation
est venue. Celle-ci affrimait être neutre et demandait à ce qu'un
dialogue s'établisse entre le gouverneur Maharante et le PDS Thierry
Raveloson pour qu'il n'y ait pas une éffusion de sang au cours de sa
prise de
fonction : "Nous ne sommes pas venus pour empêcher Thierry Raveloson,
précisait cette délagation, nous cherchons un moyen d'établir un
dialogue". Mme Hortense n'y voit aucun mal, nous rapporte-t-on, c'est
avant tout son fils : "C'est vrai que nous n'avons pas la même
opinion, mais il est assez grand, je le respecte" aura-t-elle confié
à cette délégation.La nuit mêmen, un representant de la
délégation est entré en contact avec Thierry Raveloson. Ce dernier
aurait félicité cette demarche
(la recherche de dialogue pour éviter une éffusion de sang).
Pourtant, hier, grande fut la surprise de la famille Raveloson Mahasampo
en recevant une 3e
délégation. Cette fois-ci, elle est composée par qulques notables
inféodés à Maharante-En fait, la
famille Raveloson aussi est soutenu par denombreux notables et c'est pour
cela que Thierry Raveloson a pu avoir 2 places sur 4 lors de l'élection
provinciale-. Mais le but de la délégation est cette fois-ci d'empêcher
Thierry Raveloson d'arriver à Tuléar pourprendre ses fonctions de PDS.
Importunée, nous rapporte-t-on de Tuléar, la maman de Thierry n'a plus
rien dit et versé des larmes...
La panique s'installe aussi du coté du gouvernorat. Nombre de Ray
aman-dReny commencent à
s'inquiéter de la vie des milices armés dugouverneur et des gens qu'il
utilise pour les barrages, la garde de son palais de résidence, etc. Des
bruits courent en effet la ville de Tuléar que suite aux ménaces de
tuerie qui ont été véhiculées ici et là, Thierry Raveloson, un
ex-officier de l'Académie militaire d'Antsirable et non moins ancien
élève de l'actuel
général Ranjeva Marcel a pris ses dispositions et n'entend pas se
laisser abattre par qui que ce
soit. Il se concerte actuellement avec les Ministères de l'Intérieur et
de la Défense du gouvernement Sylla ainsi que toutes les forces sur place
pour concocter une stratégie d'approche.
Implication dans l'acheminement des bons de Caisse
Pour l'instant, le PDS nommé par le gouvernement Sylla dans la province
de Tuléar pilote ses actions
à distance. Avant-hier, Thierry Raveloson s'est concerté avec les
techniciens du Ministère des
Finances du gouvernement Sylla pour étudier avec les moyens d'acheminer
rapidement les bons de
caisse des fonctionnaires de Tuléar à la Trésorerie principale de la
province : "C'est chose faite
avec la reprise des vols d'Air Madagascar, nous a confié hier Thierry
Raveloson, il reste cependant
un reliquat à acheminer ". Un de nos collègues a essayé de
chercher une confirmation auprès du
Ministère des finances et un technicien de ce Ministère nous a
éffectivement répondu : "Nous
collaborons avec tous les PDS pour acheminer les bons de caisse, ce sont
désormais nos correspondants officiels. C'est vrai que les conseils de
gouvernorat avaient decrété qu'ils prendraient en charge les salaires
des fonctionnaires du budget général de l'Etat mais c'est impossible car
ils n'ont pas assez de ressource pour les payer. Ensuite,
les finances de l'Etat suivent une gestion centralisée et non
décentralisée (ndlr : principe d'unicité des comptes, etc.).
Enfin, actuellement, nous n'obéissons qu'à un seul ministre : celui qui
est présent dans nos bureaux, c'est-à-dire le ministre du gouvernement
Sylla. Le seul que nous voyons opérationnel"explique ce technicien
du Ministère des Finances.
Mais pour masquer cette signe d'impuissance du gouvernorat de la province
de Tuléar, les directions
interrégionales ont été invité de faire des états de paiements de
salaires. Réponse du MInistère des
Finances : "Aucun trésorier n'a le droit de payer sur état. ce
n'est pas la procédure. Sa responsabilité personnelle et pécunière y
sera engagée". Quoi qu'il en soit, les fonctionnaires de Tuléar
savent maintenant que les responsables de la province autonome
(gouvernorat) ne sont pas à même de payer leurs salaires et sont
obligés de recourir au gouvernement central, à Antananarivo malgré le
blocus contre la capitale.
En tout cas, de nombreux cadres supérieurs de l'Etat joints de Tuléar se
sont plaignés hier : "Nous avons actuellement 2 chefs qui nous
envoyent des instructions, il y a celui du gouvernorat et celui
du gouvernement central de Jacques Sylla. Nous jonglons entre les 2 pour
ne pas avoir desproblèmes.
La situation est très précaire".
Barrages suicidaires
D'autre part, la population de Tuléar continue toujours à naviguer dans
la crise politique et depuis
quelque temps dans la crise économique. A cause du barrage hermétique de
Bevilany (là où 2 containers sont soudés sur un pont), près de
Sakaraha qui, selon nos ifnormations, est la source des
mécontentements du commisaire Général Bia Jean Paul, qui a du
démissioner, la population de Tuléar
commence à subir un situation de pénurie. 1 litre d'huille coute 20
milles fmg, les prix des savons,
sucre, tomates, oignons, ... ont flambé. Il y avait un moment où le
centre hospitalier de Tuléar ne
disposait plus de stock d'oxygène. Hier, il leur restait 4 jours de stock
de sérum. A cause du pontdynamité à Fatihita. Le stock d'oxygène est
juste pour 2 Mois. Le stock de quinine est presque épuisé alors que
c'est la période d'épidémie de paludisme. Quid des autres régions (Fort-Dauphin,
Morondava) : "situation inquiétante" nous répond-on de
Tuléar. Mais quoi qu'il en soit, les responsables du CHR essaye de
trouver d'autres moyens pour approvisionner la province de Tuléar
enmédicaments par des centres de la capitale (Salama, etc.), via les vols
d'Air Madagascar. C'est vrai qu'avec ces barrages et ponts dynamités ici
et là, pas facile également d'approvisionner les provinces. C'est la
paralysie totale.
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