Article sur la Mission de l'OUA parue dans la presse en Europe
Sud - INTERNATIONAL
ABDOULAYE BATHILY, MEMBRE DU GROUPE DE CONTACT DE L'OUA A MADAGASCAR
"On va vers une guerre civile"
Le 16 décembre 2001, Madagascar a organisé une élection présidentielle à l'issue de laquelle un remplaçant au président Didier Ratsiraka n'a pu
être trouvé. Depuis bientôt quatre mois, le pays est confronté à un imbroglio
politico-judiciaire du fait de l'entêtement du Didier Ratsiraka et de
son challenger, Marc Ravalomanana, maire d'Antananarivo, à maintenir chacun sa
position. Face à ce blocage institutionnel dans lequel se trouve le pays, l'Organisation de l'unité africaine (Oua) avait dépêché une mission à
Antananarivo du 6 au 13 mars dernier pour tenter de "renouer le dialogue".
Abdoulaye Bathily, ancien ministre, leader de la Ligue démocratique/Mouvement pour le parti du travail
(Ld/Mpt) et vice-président à l'Assemblée nationale du Sénégal faisait partie de cette délégation
conduite par l'ancien président Cap verdien, Antonio Mascarenhas Monteiro. Le
constat de Abdoulaye Bathily est très accablant. "On va vers une guerre civile à
Madagascar", nous a-t-il dit dans lcet entretien qu'il nous a accordé. Le secrétaire général de l'Oua, Amara Essy, a officiellement reconnu
l'échec de la mission de l'organisation panafricaine à Madagascar. Vous étiez
membre
d'une délégation mandatée par l'Oua du 6 au 13 mars dernier pour tenter de trouver une solution à la crise dans ce pays. Partagez-vous cet avis de
Amara Essy ?
Globalement, puisque les parties continuent la fuite en avant et qu'il n'y a pas encore de solution à la crise malgache, au moins à moyen terme, on
peut effectivement dire qu'il y a eu un échec de la tentative de l'Oua d'amener
les uns et les autres à la raison.
Le secrétaire général lui-même avait proposé que les deux parties aillent au
second tour. L'accord semblait être obtenu, mais à la fin, cela n'a pas été
le cas. Il nous a dépêchés, en tant que groupe de contact, pour voir sur le
terrain comment nous pouvons trouver une solution à la crise. Nous avons discuté avec tous les segments de la société malgache. D'abord les
principaux acteurs politiques, à savoir le président sortant, Didier Ratsiraka et son challenger, Marc Ravalomanana, ensuite les partis
politiques, les autres candidats malheureux à ces élections
présidentielles, la société civile, les députés, les sénateurs, les opérateurs
économiques,
enfin les militaires parce qu'ils constituent un élément important du dispositif socio-politique à Madagascar. C'est dans ce cadre que nous
avons eu d'intenses échanges avec legouverneur militaire de la loi martiale, le
chef d'Etat major général des Armées, celui de la Gendarmerie ainsi que différents responsables des services de sécurité. Sur place, nous avons
aussi rencontré les diplomates accrédités à Madagascar. A l'issue de toutes
ces rencontres, nous avons fait des propositions en six points qui, à notre avis, sont incontournables pour sortir le pays de la crise. (Voir
encadré).
Nous avons transmis ces propositions à toutes les parties impliquées dans la
crise malgache ainsi qu'aux bailleurs de fonds, aux diplomates
accrédités à Antanarivo et bien entendu à l'opinion publique malgache elle-même. A
partir
de là, nous avons considéré que notre mission était terminée, tout au moins
pour cette partie. Nous sommes rentrés à Addis Abeba faire le point devant
l'Oua qui était en Conseil des ministres, lequel a considéré que l'Oua devait continuer ses efforts malgré tout puisque la situation était
dangereuse à Madagascar. Le pays est à la dérive. On va vers une guerre civile. Il y a de fait une dualité de pouvoir : deux gouvernements, deux
administrations dont aucune ne fonctionne d'ailleurs. L'économie est à
vau-l'eau. Les zones franches industrielles sont entrain de fermer leurs portes tous les jours mettant au chômage des centaines de milliers de
travailleurs. Les approvisionnements dans la capitale commencent à connaître
des pénuries. Les prix flambent non seulement dans le secteur des hydrocarbures, mais aussi dans
l'agroalimentaire (les denrées de première
nécessité). Ainsi, nous assistons comme à une sorte de dynamique suicidaire
dans laquelle les deux protagonistes ont mis le pays. A tout cela, il
faut ajouter la situation sécuritaire. Sur ce point nous avons pu mesurer à quel
point le degré de patriotisme des militaires malgaches était élevé.
Parce que, face au non-respect par les populations de la loi martiale décrétée
par Didier Ratsiraka, les militaires sont restés indifférents. Ils disent que,
devant des centaines de milliers de manifestants - vous avez une proportion
de 500 000 manifestants - ce n'est pas en amenant trois soldats qu'on peut faire appliquer une telle mesure. A moins de faire tonner le canon ou le
bulldozer ce qui aurait entraîné des milliers de morts. L'armée a refusé de
faire. De sorte qu'on est aujourd'hui dans un blocage complet à Madagascar.
Qu'est-ce qui explique ce blocage, selon vous ?
Il y a deux dimensions. D'abord, comme partout en Afrique, les pouvoirs en place, n'organisent jamais des élections propres. Ceci est une tendance
qui est générale. Une autre tendance qui est générale, c'est qu'il y a toujours
des groupes, dès qu'ils prennent le pouvoir, ils veulent le garder et exercer un monopole sur l'exécutif. Ce qui amène des frustrations dans
tout le reste de la population.
La deuxième dimension à Madagascar, c'est qu'il y a un désir de revanche dans le pays. Marc Ravalomanana, en tant qu'homme d'affaires prospère et
figure emblématique d'un mouvement populaire contre un régime qui est
venu à bout de course, a été poussé à l'attaque par des forces politiques qui
veulent en finir avec Didier Ratsiraka qui, par ses excès, a
véritablement dégoûté une bonne partie de la population. Il y a donc une sorte de
fuite en
avant de part et d'autre qui ressemble pour moi à de l'irresponsabilité.
Ce que nous avons d'ailleurs fait savoir aux deux protagonistes. Subsidiairement, nous pouvons ajouter à ces deux dimensions, l'argument
ethnique qui, malheureusement, commence à être utilisé. Ce qui est très grave. Car une chasse aux différents groupes ethniques est entrain de
s'organiser suivant les différentes parties du territoire.
Face à cette situation, nous avons constaté que seule l'armée malgache s'est, jusque-là, mise au-dessus de la mêlée. Nous avons vraiment été
impressionnés par l'esprit républicain des forces armées. Beaucoup de leurs
responsables que nous avons rencontrés se sont montrés très conscients des dérapages que risquent de vivre leur pays et de la catastrophe qui est à
l'horizon. Je pense qu'ils sont décidés à prendre leurs responsabilités.
En tant que démocrate, c'est malheureux pour moi d'en arriver à ce constat.
Après avoir montré, au début, leur bonne volonté de coopérer, les deux principaux protagonistes, ont finalement trouvé que les propositions que
vous leur aviez faites pour sortir de la crise n'étaient pas raisonnables.
Qu'est-ce que vous répondez à cela ?
Au contraire ! Ce sont eux qui ne sont pas raisonnables. Au président Didier Ratsiraka, nous avons dit qu'il ne peut pas exiger un second tour pour
la simple raison qu'en tant que président, il ne contrôle plus la capitale qui
est entre les mains de ses adversaires lesquels contrôlent les médias - Ratsiraka n'a même pas une radio ou une télévision pour s'adresser aux
populations. Aussi, la rupture de confiance entre les deux parties est consommée. Le camp de Marc Ravalomanana ne pourra jamais accepter que le
camp de Didier Ratsiraka organise des élections du deuxième tour. Ce n'est pas possible.
Quant à Marc Ravalomanana, nous lui avons dit que c'est exagéré de penser que parce qu'il contrôle les ministères à Antananarivo, il a le contrôle
du pays. Les militaires et certains généraux qui se sont ralliés à lui n'ont
pas de commandements dans l'armée. Ce sont, pour la plupart, des chefs de services qui n'ont pas de troupes derrière eux. Devant une telle
impasse, le réalisme commande que chacun fasse un pas pour rencontrer l'autre. C'est
pourquoi, nous avons dit, il faut le dialogue.
D'autre part, l'Eglise à Madagascar n'est pas pour faciliter les choses. Toute tendance confondue - catholiques et protestants - cette Eglise est
entièrement acquise à Marc Ravalomanana. Dans d'autres pays, en d'autres circonstances, l'Eglise joue un rôle de modérateur, mais à Madagascar,
elle joue plutôt un rôle de va-t-en guerre. Ce qui complique davantage la situation. Le Cardinal de Madagascar est le plus extrémiste des leaders
d'opinion dans le pays. En tant que chef spirituel de la communauté chrétienne dans le pays, c'est malheureux qu'il ait des positions aussitranchées. Ce qui se passe à Madagascar, constitue une grande leçon pour
toute l'Afrique. Voir comment pour le pouvoir, les gens sont prêts à mettre
leur pays dans le chaos. Si les propositions de sortie de crise que vous avez faites restent en l'état où elles sont, c'est-à-dire rejetées par les
parties en conflit, à quoi peut-on s'attendre à Madagascar ? S'ils n'acceptent pas les propositions raisonnables que nous leur avons faites, je
suis convaincu qu'il y aura un coup de force. C'est très malheureux que nous
en arrivions à cette dernière solution. Mais je crois que c'est la seule voie aujourd'hui de sortir Madagascar de la crise si les uns et les autres
maintenaient leurs positions. Ne pensez-vous pas que vous avez aussi contribué, sans le savoir, à faire échouer votre mission en vous mettant
dans une position de faiblesse lorsque vous avez affirmé, dès le départ, que
vous n'êtes pas venus pour négocier mais renouer le contact ? Il fallait
tenir compte de la susceptibilité nationaliste des Malgaches. C'est une Ile qui a une conscience de son insularité, de sa particularité. En tant que
groupe de contact, nous devons tenir compte de cette psychologie des Malgaches. Donc, ne pas venir avec l'impression que nous voulons imposer une
solution. D'ailleurs, nous ne pouvions pas le faire parce que nous ne
connaissions pas très bien la situation du pays. A partir d'Addis Abeba, nous ne pouvions pas venir avec une solution en poche pour Madagascar. C'est
ce que le président Antonio Mascarenhas Monteiro (l'ancien président du Cap Vert, chef de la mission, Ndlr) a dit. Nous sommes un groupe de contact,
prendre contact avec les protagonistes, les écouter et après les avoir
écoutés maintenant, nous disons voilà ce que nous considérons comme étant
une solution de sortie de crise. C'était cela notre objectif. Bien entendu, et c'est tout à fait normal, nous ne nous attendions pas dans l'immédiat que
cette solution soit acceptée. Mais il faut reconnaître que notre présence là-bas a eu, malgré tout, un effet un peu stabilisateur, parce que tant que
nous étions sur place, il y avait un immense espoir. Des Malgaches, toutes conditions confondues, venaient à notre hôtel pour nous exhorter à
persévérer dans notre mission, parce que, disent-ils, leurs dirigeants "sont
devenus fous". Cela nous a beaucoup réconfortés.
L'Oua a reconnu son échec, l'Onu s'est retirée depuis le départ de Ibrahima Fall, lacommunauté internationale ne se manifeste pas. Or la
situation à Madagascar s'ampire avec des pertes en vies humaines. Est-ce que cela veut dire que ce pays sera abandonné à lui-même en attendant que le
point de non-retourr soit atteint pour agir ? Les efforts continuent. L'Oua a fait, il est vrai, deux tentatives qui, pour le moment, ne sont pas
fructueuses. L'Onu était sur place. Ibrahima Fall est parti, mais le représentant résident du Pnud sur place, Adama Guindo, un Malien, a
travaillé très étroitement avec nous. Parce que tout ce que nous avons entrepris, nous l'avons fait en tant que groupe de contact de l'Oua en
synergie avec l'Onu et toutes les missions diplomatiques sur place. Ces efforts se poursuivent. Le contact est maintenu avec l'Oua. On ne va pas
laisser tomber Madagascar. Nous l'avons dit au secrétaire général de l'Oua dans le rapport que nous lui avons remis.
Propos recueillis par
Oumar KOURESSY
LES PROPOSITIONS DU GROUPE DE CONTACT DE L'OUA AUX PARTIES EN CONFLIT
I - Nécessité urgente d'une reprise du dialogue entre les deux candidats
afin de créer un climat politique propice au retour de la paix civile et l'ordre constitutionnel ainsi qu'à la préservation de l'unité et de la
cohésion nationales
II - Engagement de toutes les parties à mettre fin aux manifestations et à la grève générale, à lever les barrages sur toute l'étendue du territoire et
à s'abstenir de tout acte de violence ou d'incitation à la haine et à l'intolérance
III - Nécessité de mettre en place, sans délai, un gouvernement de réconciliation nationale dont la composition serait convenue entre les deux
candidats, après consultation avec les principales forces politiques dupays.
Ce gouvernement sera chargé, pendant une période n'excédant pas six mois, de
créer les conditions nécessaires pour le rétablissement d'une vie économique
et sociale normale et l'organisation d'une consultation électorale
républicaine, transparente, libre et juste
IV - Appel à tous les citoyens malgaches à contribuer activement au rétablissement d'un climat de calme et de sérénité en vue de permettre la
reprise immédiate des activités économiques et sociales
V - Engagement de l'Oua et de l'Onu, de l'union européenne et de toutl'ensemble de la communauté internationale à apporter tous les
soutienspolitiques et toute l'assistance électorale nécessaire et à garantir
laprésence d'observateurs internationaux en nombre satisfaisant sur tout territoire national pendant le processus électoral
VI - Appel à la communauté internationale et singulièrement aux bailleurs de
fonds à poursuivre leur programme de coopération et d'assistance à
Madagascar
Retour aux infos du jour
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Sur RFI (4/4/02 à 8h) "Suite
au barrages de DR l'entreprise Cotona vient de fermer ses portes
-
Sur Midi Madagascar: Une plainte contre DR pour crime contre l'humanité
suit son chemin"
Les
Déclarations du porte parole du Quai d'Orsay
Madagascar
Evolution de la situation politique à Madagascar Dernière mise à jour : 03/04/02
Déclaration du porte-parole adjoint du Quai d'Orsay (Paris, le 03 avril 2002)
La France déplore particulièrement la destruction d'infrastructures publiques, notamment celle de ponts, qui met en péril l'économie et l'unité du pays. Elle appelle les dirigeants politiques malgaches à leur sens des responsabilités. Dans cette perspective, la reprise du dialogue sous les auspices de l'Organisation de l'Unité Africaine, avec le soutien des Nations Unies et de la communauté internationale, au premier rang de laquelle la France entend apporter son plein appui, est le seul moyen d'aboutir à une solution
durable.
Déclaration du porte-parole du Quai d'Orsay (Paris, le 02 avril 2002)
La situation sur le plan économique se dégrade toujours. Nous plaidons pour une solution politique sous les auspices de l'OUA pour le respect de la démocratie, de la paix civile et nous appelons, une nouvelle fois, à la levée des
barrages.
Déclaration du porte-parole du Quai d'Orsay (Paris, 27 mars
2002)
La France rappelle qu'elle soutient les efforts, en particulier ceux menés par l'OUA, pour établir le dialogue entre MM. Ratsiraka et Ravalomanana afin de trouver une solution politique à une situation qui pèse sur la population et sur l'économie de Madagascar.Dans ce contexte, la France a décidé d'apporter à l'OUA une contribution financière directe destinée au financement des frais qu'elle va
engager.
Déclaration du porte-parole du Quai d'Orsay (Paris, 18 mars
2002)
La France continue à encourager les parties à trouver une solution politique à la crise actuelle. L'OUA a fait des propositions précises qui fournissent une base de travail utile.Comme l'OUA, la France invite les parties à faire en sorte que les barrages routiers érigés en province soient levés, afin que la vie économique du pays puisse reprendre.La France fait confiance au peuple malgache - qui a fait preuve jusqu'à présent de responsabilité - pour continuer à oeuvrer dans le sens de la paix civile et de la démocratie.
Déclaration du porte-parole du Quai d'Orsay (Paris, 15 mars
2002)
Pouvez-vous dire quelques mots à propos de l'évolution de la situation et du face à face qui est en train de se produire ? Une modification du dispositif pour les Français est-elle prévue ? Sur le premier point, nous avons pris connaissance d'incidents qui ont causé la mort de quatre personnes, hier, dans la ville portuaire de Tamatave et nous déplorons ces événements. Néanmoins, nous faisons confiance au peuple malgache qui a fait preuve jusqu'à présent d'un grand sens des responsabilités pour continuer à oeuvrer dans le sens de la paix civile et de la démocratie. Nous continuons à appeler, comme l'OUA, à une solution politique.Concernant les Français, je n'ai pas connaissance de mesures particulières nouvelles. Le fait que nous faisions confiance au peuple malgache, cela signifie-t-il que l'on fait moins confiance au président en exercice et au maire de la capitale ? Nous les avons appelés à faire preuve de sens des responsabilités. Est-ce que le fait d'avoir reçu une délégation du maire de la capitale signifie que l'on est moins solidaire du président sortant ? Je conteste les termes de cette question. La France, dans cette affaire, n'a jamais eu qu'un seul objectif qui est d'oeuvrer dans le sens de la paix civile et de la démocratie. Je ne peux pas accepter de voir décrite la position de la France de manière aussi inexacte.
L’Express
de Madagascar – 04/04/2002
La
Cotona ferme ses portes - Les transporteurs arrêtent - L'Économie est
assassinée !
L'historique
usine textile d'Antsirabe, la Cotona, ferme ses portes. Air Madagascar ne
sait plus à quel "pilote" obéir. Les transporteurs nationaux
arrêtent les frais et cessent, à partir de ce jour, de desservir les
provinces. Et les produits de première nécessité (sel, sucre, riz,
savon, huile, charbon de bois, gaz etc...) se raréfient d'autant plus
vite dans les magasins et les points de vente que les pénuries poussent
les consommateurs à faire des stocks, tandis que des sociétés ou des
individus sans scrupule dévalisent les étals pour se lancer dans le
marché noir. L'économie nationale est purement et simplement assassinée
à cause d'un différent politique qui, pourtant, ne trouvera sa solution
que dans la négociation.
Du côté de Fianarantsoa, le Pds Pety
Rakotoniaina piétine pour s'installer à la place du gouverneur de la
province Emilson, et les réunions succèdent aux réunions pour que cette
"passation" se fasse sans violences, tandis que des éléments
des forces de l'ordre attachées à la sécurité du chef de la province
autonome font quelques "fantasias" d'intimidation en ville pour
montrer leur détermination. Celle du général Jules Mamizara, ministre
de la défense du gouvernement Sylla, semble tout aussi ferme dans un
message très dur qu'il adresse à ses collègues et frères d'armes.
La
Cotona ferme ses portes - Les transporteurs arrêtent - L'Économie est
assassinée !
L'historique
usine textile d'Antsirabe, la Cotona, ferme ses portes. Air Madagascar ne
sait plus à quel "pilote" obéir. Les transporteurs nationaux
arrêtent les frais et cessent, à partir de ce jour, de desservir les
provinces. Et les produits de première nécessité (sel, sucre, riz,
savon, huile, charbon de bois, gaz etc...) se raréfient d'autant plus
vite dans les magasins et les points de vente que les pénuries poussent
les consommateurs à faire des stocks, tandis que des sociétés ou des
individus sans scrupule dévalisent les étals pour se lancer dans le
marché noir. L'économie nationale est purement et simplement assassinée
à cause d'un différent politique qui, pourtant, ne trouvera sa solution
que dans la négociation.
Du côté de Fianarantsoa, le Pds Pety
Rakotoniaina piétine pour s'installer à la place du gouverneur de la
province Emilson, et les réunions succèdent aux réunions pour que cette
"passation" se fasse sans violences, tandis que des éléments
des forces de l'ordre attachées à la sécurité du chef de la province
autonome font quelques "fantasias" d'intimidation en ville pour
montrer leur détermination. Celle du général Jules Mamizara, ministre
de la défense du gouvernement Sylla, semble tout aussi ferme dans un
message très dur qu'il adresse à ses collègues et frères d'armes.
Appel
du Général Mamizara Jules aux officiers généraux, officiers,
sous-officiers, gendarmes et hommes de troupe
Ceux-là
même qui se disent légalistes sont ainsi les premiers à violer la
Constitution et les lois de la République, à fouler aux pieds les
principes et les pratiques démocratiques, et à faire fi de leur devoir
de protection de la population civile et du patrimoine national.
Leur but étant de pérenniser et imposer au
peuple une dictature démentielle et sanguinaire, le règne de la
corruption et du trafic, et la schizophrénie au sommet de l'Etat.
Par conséquent, je vous engage tous à faire
votre dernier examen de conscience. Je vous demande de ne plus hésiter et
de manifester, par une prise de position sans équivoque, votre choix pour
un changement radical dans la gestion et l'emploi des Forces armées.
Avec le Président Marc Ravalomanana, nous
allons transformer en profondeur l'Armée malgache et la Gendarmerie
nationale, les moderniser et les professionnaliser davantage, de sorte que
chaque soldat et chaque gendarme retrouvent leur dignité et leur fierté
de servir la Patrie. C'est le pari que je formule avec votre adhésion
massive et le concours de tous les militaires et gendarmes.
Pour vous qui obéissez encore aux ordres de
vos chefs pour accomplir des actes de terrorisme par essence
anti-patriotiques, de sabotage irréfléchi, de vandalisme irresponsable
pour protéger des barrages insensés et génocidaires sur les voies
publiques, pour perpétrer des crimes contre l'humanité, donc
justiciables du Tribunal pénal international de La Haye, je vous invite
instamment à vous retirer de cette opération suicidaire, à retourner à
votre caserne et à méditer sur votre propre avenir et à celui de votre
famille. Ne vous laissez pas engager dans une guerre contre le peuple
malgache, dont vous êtes issus et êtes partie intégrante. Le peuple est
à bout de patience, dans la capitale comme en province.
Dépêchez-vous et décidez maintenant. Demain
il sera trop tard. Que le courage et la sagesse l'emportent ensemble. Pour
que vive notre chère Patrie.
Fianarantsoa
dans l'attente - Vers un siège d'Andohanatady ?
Presque à
l'unisson, les ministres de l'intérieur, de l'agriculture et de l'éducation
nationale du gouvernement Sylla ont entonné cette chanson sous les vifs
applaudissements des partisans de Marc Ravalomanana. Et le mininter de
rappeler, pour rester dans l'ambiance électrique du jour, qu'il était
inutile d'exposer la population aux pièges qui pourraient marquer la montée
sur Andohanatady. " Il faut tout nettoyer, les jardins comme les allées
et les bureaux, il faut que tout soit propre pour l'installation du PDS
".
L'imminence d'une action serait donc dans
l'air. Elle pourrait éventuellement se traduire par un siège du
gouvernorat d'Andohanatady. " Nous avons épuisé toutes les voies de
recours à une négociation. Plus nous tardons à chercher encore d'autres
issues dans un contexte de respect du "fihavanana" et en
laissant une place au dialogue, plus ceux d'Andohanatady s'adonnent à des
folies illustrées par ces coups de feu que nous avons pu entendre
aujourd'hui. Je regrette infiniment pour les parents des élèves
gendarmes et des gendarmes stagiaires, lesquels sont trompés par le
commandant de l'école, ainsi que par des officiers quant à leur mission.
Je suis vraiment désolé, il faut choisir. On ne peut pas laisser traîner
cette situation qui se dégrade au fil du temps. A partir de demain (ce
jour), la circulation en ville des véhicules doit être interdite.
Laissez vos voitures se reposer. Il faut mettre un frein aux actions de
ces terroristes. Renforcez les barrages ! ".
De cet extrait du discours du PDS Pety
Rakotoniaina, il faut y associer ce fragment de l'intervention du Mininter,
à savoir : " N'hébergez pas et ne donnez pas à manger aux
assaillants (mpanafika). Restez calmes, ne répondez pas aux provocations.
Ce n'est pas encore aujourd'hui que nous montrons vers Andohanatady.
Jamais nous vous avons trahi. Nous ne pouvons plus reculer ".
Des autres interventions, qui ont retenu
l'attention de l'assistance, c'est d'abord celle du député de Manakara
Rakamisilahy Martial, appuyé par une délégation en provenance d'Ambositra,
selon lequel "les élèves gendarmes originaires des hauts plateaux
sont utilisés par Andohanatady comme boucliers humains. Mais certains,
affirme-t-il, ont pu s'échapper. Il sont 60", a précisé encore le
député. Ensuite, le discours du Minagri. Il a développé un pan de son
programme dont "une augmentation du prix du café à la base et un
plan qui soit conforme à un développement rapide". Idem pour le
ministre de l'éducation nationale.
Victor
Otonia
Les
erreurs de jugement et les contradictions systématiques d'un amiral aux
cinq étoiles
En
fait, ce n'est pas la première fois que l'Amiral émet des propos de la
sorte qui dépassent l'entendement.
Il semblerait que l'Amiral soit systématiquement
déphasé par rapport à la réalité, ce qui expliquerait en partie
l'absurdité de certains de ses propos.
En effet, lorsqu'au début des manifestations
il a traité, à l'époque, le candidat Marc Ravalomanana de fasciste et
de nazi, cela a soulevé un tollé quasi général puisque le mouvement,
basé uniquement sur la requête de la vérité des urnes, n'avait rien à
voir avec la définition de ces deux termes, telle qu'elle est donnée
dans le dictionnaire Larousse, à savoir la dictature d'un parti et le
national-socialisme. A propos, la domination d'un parti et le socialisme
ne rappellent-ils pas plutôt les 21 années du régime Ratsiraka ?
Après ces propos jugés déplacés et
ridicules par les observateurs, autant nationaux qu'internationaux, voilà
que l'Amiral lance à Tuléar une autre bourde en traitant Marc
Ravalomanana et une partie du peuple malgache, respectivement de "Maître
et secte en état d'hypnose" ! Si l'Amiral reconnaît le pouvoir de
Marc Ravalomanana sur le peuple, il doit savoir que ce dernier se réfugie
maintenant derrière lui après avoir subi le choc du traumatisme créé
par le verdict visiblement tendancieux d'une Haute cour constitutionnelle
partisane, à majorité Arema, qui a prêté serment devant le candidat
Didier Ratsiraka. Quant au terme "secte", peut-on traiter de
secte les fidèles de l'église protestante Fjkm (dont Marc Ravalomanana
en est le vice-président) et de l'église catholique malgaches, qui ont
joué un rôle spirituel important dans la pacification des manifestations
? Soyons sérieux !
Quand aux propos contradictoires de l'Amiral,
ils sont légions. Citons, entre autres, celui émis dernièrement à Tuléar,
le lundi 25 mars, où il affirme faire chanter Marc Ravalomanana et son
camp, non pas "avec des carottes et du navet" mais en faisant
renforcer les barrages anti-économiques par les autorités provinciales.
Et contre toute logique, c'est le maître-chanteur qui accuse ensuite Marc
Ravalomanana et son camp, victimes des barrages anti-économiques, de
prendre en otage les six provinces tout en énumérant à son tour les
effets néfastes des barrages ! Il y de quoi attraper sont-elles dues à
la fatigue de l'âge et à l'usure du pouvoir, ce qui serait dans ce cas
assez compréhensible.
Il est malheureux de constater que notre
ancien président, dont le mandat a expiré le 9 février 2002, soit
descendu aussi bas en se comportant comme un vulgaire commanditaire de
groupes armés qui sèment la terreur au Nord, à l'Est, à l'Ouest, au
Sud et sur les Hautes-terres du pays. Et voilà que, maintenant, l'Amiral
aux cinq étoiles" brandit la menace de répression militaire massive
si Marc Ravalomanana et son camp ne se plient pas à ses quatre volontés
!
L'Amiral peut-il, dans ces conditions, prétendre
honnêtement revenir au pouvoir par la voie démocratique, avec des facultés
de jugement et de raisonnement déficients, et après avoir en outre
terrorisé le peuple par les autres et détruit l'économie du pays par le
renforcement des barrages anti-économiques sur les routes nationales ? Il
est donc urgent, pour le bien de tous, que son entourage proche le
dissuade d'employer des moyens aussi vils et destructeurs, indignes de son
rang, pour arriver à ses fins.
Joël Rajaobelina
Université d'Antananarivo
|
Tribune de Mada- 04/04/2002
Gouvernement
Sylla: De nouveaux hauts fonctionnaires
Le
conseil des ministres, dirigé par le président Marc Ravalomanana a procédé
hier à des nouvelles nominations. Sont ainsi désignés comme :
- directeur général des Douanes : Rabemananjara Fulgence
;
- directeur général des Transports :
Raoliarison Wilfrid Hervé ;
- directeur administratif et financier du ministère
des Transports, du Tourisme et de l'Environnement : Randrianarivony
Jean Chrysostome ;
-
directeur des ressources humaines du ministère des Transports, du
Tourisme et de l'Environnement : Raharison Rolland ;
- directeur informatique du ministère des
Transports, du Tourisme et de l'Environnement : Ratsiambarotra
Tahiry ;
-
secrétaire général du ministère de la Défense : le général Sylvain
Razafimandimby.
CARNAGE
L'investiture
de Pety Rakotoniaina n'a pas eu lieu hier. Mais il y eut déjà un mort et
quelques blessés hier. Le sergent tué, puisqu'il s'agit d'un militaire,
garde du corps du gouverneur Emilson, qui avait tiré sur la foule. Il fut
finalement neutralisé par les membres de la sécurité du mouvement et
des éléments du Kung-Fu. Optant la voie de la raison et respectant les
consignes du FFKM local, le KMMR s'est abtenu d'envahir le siège du
gouvernorat. Puisque, depuis lundi dernier, le gouverneur Emilson réoccupe
les lieux avec l'appui des éléments de G6 (gendarmes venant
d'Antananarivo), des élèves-gendarmes (de l'école nationale de ZP d'Ambositra)
et des officiers généraux pro-ratsiraka.
Pourtant, mercredi 27 mars dernier, à l'issue
d'une médiation des responsables locaux des forces de l'ordre, il a été
mentionné clairement : « Le gouverneur est invité à quitter son lieu
de travail et de résidence actuels dans un délai de quatre jours à
compter du 28 mars ». Le gouverneur Emilson a donné son aval à cet
accord. D'où la libération par le KMMR local de l'ancien Procureur général
de Fianarantsoa.
Avant
de décider l'investiture de ce jour, il a fallu hier dans la capitale
fianaroise une longue et houleuse négociation de la délégation du
pouvoir central avec les responsables des forces armées. La délégation
fut composée de six ministres (Intérieur, Police nationale, Education
nationale, Agriculture et Information), des généraux Sambiheviny et
Andriamaro (commandant de la gendarmerie et chef d'Etat major des forces
de développement). On ignore les tenants exacts de la négociation (peut-être
celle de la dernière chance), mais le ministre Seth Rambeloalijaona, chef
de la délégation paraît être rassuré, en annoncant que le nouveau PDS
sera investi dans le palais de la Province, quoiqu'il en soit.
Reste à savoir si le général Andrianaivo qui a
dirigé les barrages de Mahazoarivo et le colonel Lucien Raymond (élément
de la Présidence d'Iavoloha), des renforts du gouverneur Emilson
acceptent de se retirer du siège du gouverneur de Fianarantsoa. En tout
cas, on s'attend à un carnage ce jour à Fianarantsoa.
J.R
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Midi de Madagascar - 04/04/2002
Plainte contre Ratsiraka pour " crime contre l'humanité " ?L'idée fait son chemin
L'isolement d'Antananarivo, commandité par l'Amiral Ratsiraka, reste le seul pouvoir dont dispose ce dernier. Alors que Marc Ravalomanana a fait cesser la grève générale, non seulement parce que son gouvernement est formé, mais également parce que les effets sur l'économie se sont trouvés à la limite de l'acceptable et que le secteur privé ainsi que les partenaires internationaux ont bien, à l'époque, tiré sur la sonnette d'alarme.
r.v.f.
Actuellement, celui qui se considère toujours comme le président de la République, " légal ", bien que son mandat ait expiré depuis le 9 février dernier, s'accroche à son poste, pour diriger, non un pays, son pays, mais plutôt une milice nationale dont la mission est de prendre comme ennemi son propre peuple. Car Didier Ratsiraka se trompe énormément, selon beaucoup d'observateurs, s'il pense que toutes les populations des cinq autres provinces qu'Antananarivo le suivent dans son égarement actuel. Il se trompe également s'il pense que les étrangers présents à Antananarivo ne subissent pas les conséquences de son blocus aveugle. Par ricochet, Didier Ratsiraka prend également ces derniers comme ses ennemis dans la guerre qu'il engage actuellement contre le pays et tous ses
habitants.
Chasse à l'homme
La Société civile à Antananarivo étudie en ce moment la possibilité de porter plainte contre Didier Ratsiraka pour " crime contre l'humanité " devant le Tribunal pénal international. Les griefs, dont certains ont une similitude avec ceux dirigés contre l'ancien président yougoslave Milosevic, pourront faire état d' " embargo contre la population d'une province d'un pays dont il se considère toujours comme Président " et de " haine manifeste envers des ethnies, traduite par une chasse à l'homme infernale dans différentes régions de Madagascar ". Les plus critiques affirment que la situation actuelle ressemble à une " épuration ethnique à retardement ". Par ce fait, tous ceux qui lui portent soutien, des complices à qui sont confiés les sales boulots, sont mouillés avec l'Amiral. Ces militaires, ces gradés qui donnent les ordres, ces hommes en uniforme qui s'accrochent à un homme qui n'a plus d'avenir politique et qui, selon ses adversaires, ne pense même pas à l'avenir de ses descendants. Une bonne partie de l'Armée continue à fermer les yeux par souci de principe aveugle de légalité. Mais quelle légalité soutient-elle alors que les ponts sautent au détriment du peuple ? Quel genre de légalité protège-t-elle alors que la population éprouve toutes les difficultés à s'acheter les PPN
?
Maintien des barrages
D'autres analystes se rattachent seulement aux termes de la Constitution de Madagascar. Didier Ratsiraka est, selon eux, coupable " en violant les articles 1, 8, 10, et 12 de la Loi fondamentale malgache ". En résumé : " Une République unie et indivisible (...). Les nationaux sont égaux en droit et jouissent des mêmes libertés fondamentales protégées par la loi sans discrimination fondée sur le sexe, le degré d'instruction, la fortune, l'origine, la race, la croyance religieuse ou l'opinion (...) Les libertés d'opinion et d'expression, de communication, de presse, d'association, de réunion, de circulation (...). Tout individu a le droit de circuler et de s'établir librement sur tout le territoire de la République dans le respect des droits d'autrui et des prescriptions de la loi ". L'Union européenne et les bailleurs de fonds qui viennent de lancer un appel au " retour à la normale du réseau du transport national " ont reçu une gifle, puisqu'on continue de détruire les ponts. Quelles mesures vont-ils prendre maintenant ? Les déclarations en faveur du maintien des barrages faites en public, par exemple à Toliara et à
Antsiranana, par celui qui a été formé à l'école de guerre française, constituent des preuves tangibles contre l'Amiral. Ce dernier jette l'ancre à Toamasina et attend que son heure et (ou) celle des autres arrivent. C'est selon.
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