Recueil des News sur Madagascar qui nous parviennent 13-16 Mars 2002
De nos correspondants à Mada |
LES ECHOS DES PROVINCES |
ANTANANARIVO, 15 mars (AFP) - Un
manifestant a été tué par balle vendredi à LE FIGARO Tamatave,
bastion de la «résistance» TOAMASINA
12 MARS 2002
Une
marche pacifique a été prévue ce matin pour signifier au Gouverneur, que
les propos racistes devraient être révolus.Trois entités étaient en lice
pour ce fait. Originaires des provinces de Tanà, Fianarantsoa, Tuléar. Relais
des nouvelles de Toamasina Jean-Eric Compte-rendu
de la conférence de presse du Groupe de contact de Clicanoo
12/3/02 DES
AVIONS MILITAIRES ALGÉRIENS À TAMATAVE |
Sur RFI du 15 mars 2002 à 18h00: "A Antanananarivo devant la primature l'armée à tirer sur les partisans de Ra8, 1 morts. Le PM a pu penetrer dans la Primature grâce une rangée de bonne soeur mais n'a pas pu rentrer dans les bureaux"
Sur RFI du 15 mars 2002 à 8h00: "A Taomasina l'armée à tirer sur les partisans de Ra8, 4 morts."
Sur RFI du 14 mars 2002 à 18h00: "A Taomasina l'armée à tirer sur les partisans de Ra8. Le peuple n'est pas en faveur de la proposition de l'OUA pour la création d'un gouvernement provisoire"
Sur RFI du 13 mars 2002 à 08h00: " 4 morts et plusieurs blessés à Taomasina. L'OUA ne parle plus d'élection"Flash sur TANANARIVE
Affrontements
entre militaires et civils aux abords du Palais du Premier ministre
Tantely Andrianarivo. La foule était venue installer Jacques Sylla en
tant que nouveau Premier ministre. Il y eut trois barrages. Alors que
Sylla et une petite délégation ont pu pénétrer dans l'enceinte du
Palais fortement gardée, des individus excités et qualifiés de
perturbateurs ont lancé des pierres. Les militaires lancèrement à leur
tour des grenades lacrymogénes et des grenades offensives provoquant une
cinquantaine de blessés et probablement des morts. LA LETTRE Mesdames
et messieurs les Commissaires de la Commission Européenne Mesdames
et messieurs les Députés au Parlement Européen, Nous nous permettons de solliciter de votre bienveillance une attention particulière à la situation à Madagascar et plus particulièrement au silence ambigu que maintient actuellement l'Europe au sujet de ce pays. Résidents
ou anciens résidents àMadagascar,
travaillant ou ayant travaillé pour le Ministère français des Affaires
Étrangères, ou pour l'Union Européenne, européens amis de ce
magnifique pays, nous n'avons pas d'intérêts particuliers dans la Grande
Ile, mais connaissons suffisamment la situation pour juger nécessaire de
vous prévenir d'un contexte dans lequel l'avenir de ce pays, et ses progrès
réalisés ces dernières années, sont en péril. En
octobre 2000, l'Union Européenne, sous Présidence Française, fut
prompte à réagir en dénonçant les "truquages" des élections
par Mr Milosevic et la Commission Electorale Fédérale, puis devant
l'impossibilité de faire vérifier
les résultats de ces élections, l'Union Européenne a fait le bon choix
pour l'avenir de l'Europe : celui de reconnaître l'autoproclamation de Mr
Kostonica. Nous
sommes à Madagascar, et à ce jour, dans un contexte sensiblement
identique, à la différence près : que
la Serbie n'a jamais été une colonie française, et que Mr Ratsiraka
n'est pas inquiété de crime contre l'humanité, mais ce pays rencontre
aujourd'hui de très nombreuses provocations des soit-disant partisans de
Mr Ratsiraka, qui ne sont en fait que des mercenaires à la solde du porte
parole de l'AREMA... Ils
sont déjà responsables de nombreux morts et blessés depuis ces derniers
jours, ce qui justifie paraît il, une loi martiale anticonstitutionnelle
et totalement arbitraire. Début
février, le Parlement Européen a adopté une résolution dont on
retiendra deux considérations importantes (les points D et G de la résolution)
et la principale conclusion, à savoir : «
D. considérant que la Haute Cour Constitutionnelle de Madagascar défiant
un vaste mouvement d'opposition et de protestation, a ordonné
l'organisation d'un
second tour le 24 février 2002...
G.
estimant que la confrontation des procès-verbaux serait le seul moyen
démocratique pour connaître le résultat réel de ce scrutin... Invite
la Présidence espagnole de l'UE à déléguer une troïka officielle pour
s'entretenir avec tous les protagonistes avant le coup d'envoi de
la campagne électoral, le
9 février 2002, au cas où un second tour des
élections présidentielles devrait
avoir lieu ». En
l'absence de soutien international faisant pression sur l'ancienne équipe
gouvernementale, ne pouvant obtenir cette confrontation
des voix, et fondamentalement certain de son vote et de ses résultats, le
peuple malgache a demandé à son candidat de bien vouloir accepter de se
proclamer Président de la République, dans la liesse et l'espoir d'un
avenir meilleur. Aujourd'hui,
la loi martiale est proclamée, même si elle n'est pas appliquée par les
militaires et encore moins respectée par la population. Les
Ministres du Gouvernement Sylla sont en place, les fonctionnaires ont
repris leurs fonctions et redémarrent la machine administrative avant de
s'attacher à redémarrer la machine économique. Le
Ministre de la Défense s'attache à consolider l'unité de l'armée, afin
qu'elle reste neutre et non partisane. Tout
le monde est prêt à travailler, mais les barrages criminels et hors la
loi isolant la capitale, tenus par des "partisans" de Ratisraka,
risquent de considérablement freiner ce redémarrage de l'économie, qui
est une priorité pour le pays. Des
violences extrêmes et des assassinats sont perpétrés par les
mercenaires des plus ultras défenseurs de Ratsiraka, qui payent leurs
hommes de main en faux billets (une caisse de faux billets et plusieurs
sacs de pierres précieuses ont été retrouvés dans le bureau de Mr
Herivalo Ramanantsoa, Ministre de l'Aménagement du Territoire et de la
Ville et porte parole de l'AREMA). Demain,
prenant argument de la loi martiale, l'Union Européenne pourrait décréter,
au nom des accords de Cotonou, que les éléments essentiels des Droits de
l'Homme sont baffoués à Madagascar, et donc interrompre l'aide à ce
pays qui en a tant besoin. Cette
attitude serait la continuité de la négation de reconnaissance de la
volonté légitime du peuple malgache... Mesdames
et messieurs les Députés
Européens, mesdames et messieurs les Commissaires de la Commission Européenne,
ne pas intervenir maintenant dans un soutien à ce mouvement populaire,
calme et serein mais déterminé, serait
ouvrir la porte aux violences les plus
extrêmes que les anciens tenants du pouvoir sont prêts à mettre en
oeuvre pour garder intacts leurs intérêts personnels. Au
nom des accords de Cotonou, et de ses "éléments essentiels" de
l'état de droit et de la justice, et au vu des décisions que vous avez
courageusement prises pour la Serbie et l'Europe, aidez à ce que ces mêmes
décisions soient prises vis à vis de Madagascar. Aidez
le peuple malgache : *
à renouer le dialogue vers une paix sociale et politique qui permette de
redémarrer l'économie et le développement dont ce pays a tant besoin, *
à arrêter l'attitude de quelques dizaines de partisans de Mr Ratsiraka,
qui se lancent dans une politique du pire, qui ne pourra aboutir qu'à des
drâmes familiaux, politiques et sociaux *
à obtenir, soit une confrontation des votes présidentiels, soit, tout
autre type de vote ou d'expression démocratique qui légalise le pouvoir
du Gouvernement de Mr Marc Ravalomanana aux yeux des partenaires
internationaux, car il est la seule alternative crédible... Aidez
le peuple malgache à sortir de cette situation... avant qu'il ne soit
trop tard.... Vous remerciant pour l'intérêt que vous pourrez porter aux pièces jointes à ce courrier et de votre éventuelle intervention auprès de la Présidence de l'Union Européenne, nous vous prions d'agréer
Mesdames, Messieurs les Représentants du Peuple Européen, l'expression de nos sentiments respectueux. Lors de la manifestation des malagasy et de leurs amis,le samedi 9 mars dernier, un français a témoigné . Il était à Madagascar lors de l'élection présidentielle et durant toute cette période de grèves . Radeba a fait des fraudes énormes , entre autres : - la nomination irrégulière des membres de la H.C.C ., juste avant l'élection, à son propre domicile . - le nombre de bureaux de vote a augmenté anormalement, à son profit, par rapport au nombre officiel. Radeba a toujours refusé la confrontation des procès verbaux de vote . Pourquoi ? Marc Ravalomanana a bien gagné au premier tour à 52,15 % des voix . Donc , à mon humble avis , il n'y a plus à revenir en arrière . Nous devons tenir bon, jusqu'à ce que Didier Ratsiraka fasse une sortie honorable . Pendant vingt cinq ans que des côtiers ont été au pouvoir, il n'a jamais été question de tribalisme, les merinas n'ont pas fait d'histoire et maintenant, parce qu'un merina y accède il faut faire des concessions. Ce que les malagasy veulent, c'est quelqu'un qui fasse avancer Madagascar dans la vérité et la dignité . Le peuple a fait son choix à 52,15% des voix . Nina
Miaramila malagasy TAMATAVE Des éléments de la police (FIP) ont essayé de démanteler les barricades érigées un peu partout en ville, et principalement du côté du BAZARY-KELY. Des affrontements ont éclaté. Des hommes (originaires pour la plupart du Sud-Est et appuyés par des "Groupes d'Intervention" Hauts Plateaux) s'en sont pris aux éléments de la FIP. MALECK dit DOUDOUL (un KARANA, propriétaire de PHOTOSTAR), l'opérateur économique RAKOTO Jean Paul et le Gouverneur LAHADY Samuel seraient actuellement recherchés par les "troupes" non-originaires de TAMATAVE. L'hotel-restaurant DARAFIFY (quartier TAHITI KELY) a été incendié. La Pharmacie VONJY (située à Ambolomadinika, axe RN2 et qui appartiendrait à un ratsirakiste) a été saccagée. Les ZATOVO (milice ratsirakiste) ont annoncé qu'ils incendieront les locaux de TIKO aujourd'hui. MAJUNGA Le staff du Gouvernorat a déménagé du Bloc Administratif. On ne sait pas à l'heure actuelle où se trouvent les nouveaux bureaux du Gouvernorat. Des rumeurs circulent actuellement en ville sur l'imminence de la déclaration d'indépendance (?!)de MAJUNGA que fera le Gouverneur.
MADAGASCAR, 14 MAR 2002 (17:51) TAMATAVE: LA SITUATION S'AGGRAVE, LES MILITAIRES TUENT SEPT SYMPATHISANTS DE RAVALOMANANA (FLASH, GENERAL) Sept civils ont été tués par les militaires ce matin vers 10 h 30 à Tamatave (302 kilomètres au nord est d'Antananarivo) dans des affrontements qui ont opposé les forces de l'ordre à un groupe de sympathisants de Marc Ravalomanana. La nouvelle vient d'être communiquée par des sources locales de l'agence MISNA. (CC) MADAGASCAR, 14 MAR 2002 (20:31) TAMATAVE: DES MORTS DANS DES HEURTS AVEC DES MILITAIRES, LA TENSION MONTE D'HEURE EN HEURE (STANDARD, POLITICS/ECONOMY) Le climat devient extrêmement tendu à Tamatave (Madagascar). Des sources de l'agence MISNA contactées par téléphone dans la ville malgache ont raconté que ce matin, vers 10 h 30, dans le quartier de Morarano, une zone considérée comme pro-Marc Ravalomanana (le président investi par le peuple), des individus se sont mis à commettre des actes de vandalisme, détruisant entre autres des magasins. L'armée et la police intervenues pour disperser les agitateurs ont ouvert le feu, tuant sept personnes. Des sources contactées dans la capitale malgache, Antananarivo, ont en revanche déclaré que seules deux personnes avaient été tuées durant l'intervention des forces de l'ordre. On avait depuis quelques jours des signes d'une aggravation de la situation dans le principal port de l'île. Des groupes d'individus armés, qui agiraient apparemment pour le compte d'hommes de l'AREMA, le parti du président sortant Didier Ratsiraka, sèment la terreur dans les rues. Cette même formation armée a perdu quatre de ses membres il y a deux jours, lors d'une émeute avec les sympathisants de Ravalomanana. La population de Tamatave (Toamasina en malgache) est descendue dans les rues en organisant des 'postes de contrôle' dans divers endroits de la ville, cherchant ainsi à se protéger des violences éventuelles. A Tamatave, ville natale de Ratsiraka, considérée comme son fief, la tension est telle que tout le monde s'est mobilisé durant la nuit pour garantir la sécurité. Les sympathisants de Ravalomanana et ceux de Ratsiraka se sont ainsi retrouvés au coude à coude pour défier le couvre feu, unis par la même peur. Hier, le délégué de la Croix Rouge Internationale pour l'Afrique Australe et l'Océan Indien, Patrick Zahnd, a envoyé une lettre à Samuel Lahady, gouverneur de la province de Tamatave, dans laquelle il a demandé à ce que, sur la route nationale 2 (qui relie Tamatave à la capitale), bloquée par des barrages, le passage soit consenti à certaines heures pour permettre le transport de vivres et de médicaments, qui commence à manquer dans la capitale. La réponse de Lahady a été directe et brève: "Au regard de la situation, il est difficile de respecter le droit humanitaire". Aujourd'hui, en attendant, sur les pages d'un important quotidien local, la "Tribune", le secrétaire général de l'AREMA, Pierrot Rajaonarivelo, a voulu prendre ses distances de son parti, en déclarant: "le pays s'engouffre de plus en plus dans une impasse" et "la crise n'est plus seulement politique, elle touche également l'économie et la société". Le politicien malgache, se référant aux membres de son propre parti (les gouverneurs des provinces sécessionnistes) a ajouté: "Je refuse aussi tout esprit aiguisant les conflits ethniques. L'autonomie des provinces n'est pas une cause tribale". (CC)
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Le gouvernement Ra8 |
LES JOURNAUX |
Le Président de la République Malgache Marc Ravalomanana a installé tous ses ministres dans leurs bureaux
Le Premier Ministre Mr Jacques Sylla Source: Nos correspondants à Mada
Gouvernement de Jacques SYLLA Gouvernement de techniciens - 100% KMRR (pros Ravalomanana) = TIKO-AVI-MFM-RPSD - aucun chef de parti. Il manque le ministre des Affaires étrangère
Vice Premier Ministre, M. Narson RAJAONARIVONY Ministre chargé de l'Economie des Finances et du Budget A travaillé chez Tiko. Consultant auprès du PNUD. Coordonnateur national du projet Origine : Hauts-plateaux
Ministre de la Défense Le Général de division Jules Mamizara Ministre de la Défense Le Général de division Jules Mamizara
Ministre de la Justice ,Garde des Sceaux : Magistrate réputée intègre. Ancienne Première Présidente de la Cour Suprême. Présidente de l'association des anciens élèves du lycée Jules Ferry Origine: Hauts-plateaux
Ministre de l'Intérieur de la Décentralisation et du Développement des Provinces Autonomes :Jean Seth RAMBELOALIJAONA Ancien chef de la province de Fianarantsoa - Ancien Ministre Origine: Fianarantsoa
Ministre de l'Industrie du Commerce et du Développement du Secteur Privé : David RAJAONA 32 ANS - Docteur en sciences de gestion
Ministre du Transport, du Tourisme et de l'Environnement Olivier RAKOTOVAZAHA Ancien Secrétaire Général du Ministère de l'éducation nationale. Syndicaliste MFM Parti Politique: MFM Manandafy Origine: Hauts-plateaux
Ministre des Travaux Publics : LAHINIRIKO 48 ans - Ingénieur en génie civil. Conseiller technique de Fredo Betsimifira, actuel Ministre de l'information de Didier Ratsiraka Origine: Tuléar
Ministre de la Jeunesse des Sports et des Loisirs: Théodore RANJIVASON Originaire du Lac Alaotra. Animateur de la place du 13 mai. Ancien ministre de Ratsirahonana Parti Politique: MFM Manandafy Origine: Tamatave
Ministre des Postes et des Télécommunications : Délégué au maire du 1er arrondissement d'Antananarivo Origine: Hauts-plateaux
Ministre de la Population : Ancien SG du ministère de la population Parti Politique: RPSD Marson Evariste Origine: Sud-Est
Ministre du travail, de la Fonction Publique et de la réforme de l'Etat M. Julien RADANOARA Ancien conseiller spécial du Président Albert Zafy, Membre du CNOE (justice et paix) Parti politique: Zafy
Secrétaire d'Etat à la police nationale Général Augustin AMADY Chef de la sécurité du Maire. Ex Directeur Général de la police nationale Origine: Sud-Est Vohipeno
Ministre de l'Information, de la culture et de la communication M. Eric BEANTANANA Directeur marketing de TIKO. Fils du DG de la sté sucrière Sirama Son père est un proche de Ratsiraka - MBA Canada - 33 ans Origine: Diego
Ministre de la Santé M. Andry RASAMINDRAKOTROKA Professeur de médecine, Chef de service à l'hôpital Ravoahangy (HJRA). Responsable national du programme de lutte contre le SIDA.
Ministre de l'Education nationale M. Michel RAZAFINDRANDRIATSIMANIRY Recteur de l'université de Fianarantsoa Ancien Ministre de l'enseignement supérieur de Guy Razanamasy Origine: Fianarantsoa
Ministre de l'Aménagement du Territoire M. Julien REBOZA Député AVI de Tuléar. Ancien Ministre du commerce de Ratsirahonana Parti politique: AVI Ratsirahonanana Origine: Tuléar
Ministre de l'Energie et des Mines M. Elysée RAZAKA Directeur de la distribution électricité à la Sté d'Etat JIRAMA (Eau et électricité de Madagascar). Origine : Hauts-plateaux
Ministre de l'Agriculture, de l'élevage et de la pêche M. Yvan RANDRIANANDRIANONY D.G. de Tiko Farms et de Radio mada (l'une des 2 radios de Ravalomanana) Origine : Hauts-plateaux |
Libération : lundi 11 mars 2002
Le régime kleptocratique de Didier Ratsiraka, qui a ruiné le pays et menace de guerre civile, doit disparaître devant la volonté du peuple exprimée dans les urnes. Pour que vive Madagascar Par
Eugène EBODE La loi martiale, signée par Ratsiraka, est l'une de ses dernières pantalonnades à travers laquelle l'écrivain Mongo Beti eût perçu quelque chose aux allures de «ruine presque cocasse d'un polichinelle».
Pour que vive Madagascar, il faudrait que Didier Ratsiraka s'en aille! Après plus de vingt-cinq ans de pouvoir, il s'est montré incapable de faire de «l'île rouge» le pays prospère et dont la diversité des paysages et des populations participaient de l'harmonie d'une nation, d'une civilisation admirables. De plus, sous ce dernier mandat, qui ressemble il faut bien le dire à une opération de rachat avant solde de tous comptes, Ratsiraka a, avec un rare aveuglement, dilapidé le peu de crédit qu'on pouvait encore du bout des lèvres lui prêter. Les Malgaches doivent s'en mordre les doigts, car le retour au pouvoir d'un homme obnubilé par la seule soif du pouvoir et par la conservation de celui-ci est devenu une menace pour l'unité de l'île. Si l'idée de partition semble ici hypothétique voire excessive, les clivages régionaux en gros, l'opposition entre les hommes des hauts plateaux et les autres nourrissent de fortes inquiétudes. Certes, les Malgaches, en rappelant Didier Ratsiraka aux commandes de l'Etat (1), à la suite d'une consultation électorale claire, auraient dû se rappeler la ruineuse conduite des affaires d'un opportuniste qui se voulut d'abord marxiste-léniniste avant de sombrer dans la seule idéologie dans laquelle se reconnaissent les fossoyeurs des peuples: la kleptocratie. La question qui se pose aux citoyens malgaches est en apparence simple, mais complexe. Quel destin pour Madagascar? Depuis la chute de Tsiranana (2), les errements politiques qui ont suivi, la parenthèse Ramanantsoa (3) et l'arrivée de Ratsiraka ont progressivement enfoncé la nation malgache dans le fiasco. De calamité économique et sociale, en absence de volonté de vision des gouvernants, ces trente dernières années ont abouti à la catastrophe écologique, à la catastrophe urbaine, à la désespérance de la jeunesse. Aussi, les feux qui consument le patrimoine forestier et culturel de Madagascar serpentent à présent au coeur même des institutions. L'autre question d'importance est celle de la légitimité. Celle d'un homme, c'est évident, mais aussi celle d'institutions respectées parce que respectables. Refonder la République de Madagascar sur de nouvelles bases est l'un des enjeux que la vacance du pouvoir actuel soumet à quiconque aspire au gouvernement de cette «île aux syllabes de flammes» que chanta si bien le poète Jacques Rabémananjara. Le temps presse et Ratsiraka est déjà dépassé. La réconciliation est une urgence. Mais il n'y a pas de renonciation à nourrir devant ce qui s'ouvre comme espace de victoire collective d'un peuple sur lui-même: congédier les rois fainéants! S'agissant de ce qui a déclenché l'enlisement actuel préjudiciable à Madagascar, redisons que le premier tour de l'élection présidentielle du 16 décembre 2001 a été faussé. La honteuse pratique du bourrage des urnes et du trucage des résultats s'est manifestée avec la même hargne et le même aplomb irresponsable du clan qui entend s'accrocher au pouvoir. Le candidat de l'opposition, Marc Ravalomanana, a bien raison de ne pas accepter de participer à un second tour qui verrait les mêmes causes produire les mêmes désastreux effets. La confiscation du pouvoir par un clan doit être rejetée par les Malgaches et par l'opinion internationale. La loi martiale, signée par Ratsiraka, est l'une de ses dernières pantalonnades à travers laquelle l'écrivain Mongo Beti eût certainement perçu quelque chose aux allures de «ruine presque cocasse d'un polichi nelle». Ce n'est vraiment pas la peine d'aller aux urnes lorsque les dés sont pipés et que le jeu n'en vaut pas la chandelle. L'enjeu du bras de fer actuel est de taille: Madagascar doit tourner une sinistre page de son histoire. Non seulement le pays doit demander à Ratsiraka de ne plus le rendre malheureux et donc de quitter la scène, mais il doit aussi, en repoussant le spectre de la guerre civile, s'interroger sur son avenir. Son caractère insulaire le met parfois en prise avec ses vieux démons, la pagaille pour la pagaille! D'où la nécessité de développer un programme de sortie de la crise et de la léthargie, programme qui ne place pas l'île dans les seules mains du FMI, mais qui lui permette aussi de lancer une coopération repensée avec le continent africain, et notamment avec la puissance sud-africaine. Pour échapper aux tristes aventures de l'heure, comment ne pas revisiter l'his toire? Comment ne pas oser s'interroger sur les mécanismes de fonctionnement de la République actuelle ? Ils sont si prompts à fourvoyer plus qu'à valoriser dans cette belle et grande île ses atouts écologiques, ses atouts maritimes, ses atouts culturels, ses atouts géostratégiques. Que le maire d'Antananarivo soit reconnu comme le Président légitime est le minimum. Que les fossoyeurs actuels, exhumant un brin de leur dignité de la fange où ils l'ont laissé choir, et le signal d'un nouveau départ pour Madagascar et pour les démocraties de la région sera donné. Il convient de noter l'extrême sagesse des militaires, choisis et espérés comme faussaires du jeu démocratique mais dont le comportement actuel demeure honorable. Ils ont sans nul doute retenu la leçon yougoslave. Nous avons effectivement encore en mémoire la dernière élection présidentielle anticipée par Milosevic dans l'ex-Yougoslavie. Les tricheries dont il s'était rendu coupable n'avaient pas abusé grand- monde. Son adversaire avait refusé de participer au second tour de la mascarade et les Yougoslaves, lassés par les années criminelles du clan Milosevic, s'étaient massivement manifestés dans la rue. Ils ont eu raison et ils ont su sauver la Yougoslavie et rendu à «César» Vojislav Kostunica ce qui lui appartenait: la victoire à l'élection présidentielle. A défaut du triomphe du droit des peuples dans les isoloirs, il faut, ici et maintenant, que les Malgaches, courageux et confiants dans l'avenir, votent avec leurs pieds, partout où ils se trouvent. Comme les marches des hommes et femmes libres, tomberont les masques des pyromanes!.... (1) Renversé par un mouvement populaire en 1991 après avoir dirigé pendant seize ans un régime marxisant, Didier Ratsiraka est revenu au pouvoir en 1997 après des élections démocratiques. (2) Philibert Tsiranana, président de 1960 à 1972. (3) Le général Gabriel Ramanantsoa présidait le directoire militaire au pouvoir entre 1972 et 1975. Source Clicanoo.com L'APPEL
DU PÈRE PEDRO AUX AMIS DE MADAGASCAR
DESPROPOS"MÉRINOPHOBES"
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