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Dépêche Yahoo
-lundi 15 avril 2002, 12h38
Madagascar:
rencontre programmée entre rivaux
ANTANANARIVO
(AFP) - Le "président autoproclamé" de Madagascar, Marc
Ravalomanana, s'est envolé lundi d'Antananarivo à destination de Dakar,
où le président sénégalais Abdoulaye Wade veut organiser une rencontre
entre lui et le président malgache sortant, Didier Ratsiraka.
Son
avion, un appareil sud-africain affrété par l'Organisation de l'Unité
Africaine (OUA), s'est envolé à midi. M. Ratsiraka, qui devait partir
dimanche soir pour Dakar à bord d'un vol spécialement affrété également
par l'OUA ne partira que lundi soir.
"J'y
vais, mais cela dépend encore de l'organisation logistique et de
l'évolution de la situation à Madagascar", avait déclaré lundi
matin à l'AFP Ravalomanana. "M. Ratsiraka a l'intention de s'y rendre
mais il n'est pas encore parti", a assuré lundi matin l'un de ses
conseillers, José Andrianoelison.
Le
président Wade a invité Ratsiraka en tant que président de Madagascar
pour assister au sommet des chefs d'Etat dans le cadre de la conférence
internationale sur le financement privé du Nouveau partenariat pour le
développement de l'Afrique (NEPAD). Le président sénégalais a également
invité Ravalomanana pour y organiser une rencontre entre les deux rivaux,
sous la médiation de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA).
BBC News - 15/04/2002
Monday, 15 April, 2002, 21:53 GMT 22:53 UK
Madagascar violence spreads north
At least 37 people have been wounded in fresh clashes between security forces loyal to incumbent president Didier Ratsiraka and supporters of his rival, Marc Ravalomanana.
The clashes occurred in the town of Mahajanga, about 600 km (375 miles) north-west of Antananarivo.
It is the latest incident in an increasingly violent confrontation between the two sides.
But the two rival leaders may find themselves together at a conference in Senegal this week.
Mr Ravalomanana says he won last December's elections and has declared himself president. Mr Ratsiraka says neither he nor Mr Ravalomanana won outright and there should be a run-off.
The country is deeply divided with rival governments, two capitals and splits in the armed forces.
Blockade
Hospital sources in Mahajanga said that two of those wounded in Monday's clashes are in a serious condition.
One was hit on the head by a tear-gas canister. The other was wounded in the leg and had to be amputated, doctors say.
The governor of Mahajanga province backs Mr Ratsiraka.
The clash occurred after pro-Ravalomanana supporters met in defiance of a local ban on large gatherings.
Supporters of Mr Ratsiraka have imposed an economic blockade on the capital, Antananarivo, which is controlled by Mr Ravalomanana.
This has led to shortages of fuel and essential commodities in Antananarivo.
Peace move
The conflict has grown increasingly bloody in recent weeks.
At the weekend, five soldiers were killed and 18 others injured in a struggle for control of the key town of Fianarantsoa, south of Antananarivo.
Last week, an aide to Mr Ratsiraka died after being taken into custody in Antananarivo by security forces loyal to Mr Ravalomanana.
The President of Senegal, Abdoulaye Wade, has offered to mediate in the conflict and invited Mr Ratsiraka and Mr Ravalomanana to the Senegalese capital, Dakar.
Mr Wade is currently hosting a conference there aimed at promoting the continent's economic development.
Mr Ravalomanana has flown to Dakar. But sources close to him say the self-proclaimed president is going there to attend the conference as Madagascar's head of state.
Tribune de ce
jour
De Fianarantsoa, nous sommes avisés que des éléments militaires venant de Manakara, dirigés par le sénateur « Jehovah » (Arema) se trouvent actuellement dans la capitale du Betsileo, pour défendre le palais du gouverneur Emilson. D'autres membres des forces de l'ordre de Toliara s'apprêtent également à joindre la capitale de Betsileo, avec le général Andriafeno.
De son côté, le KMMR de Fianar se mobilise à fond. Ainsi, les barrages d'Ambatolampy, d'Antsirabe, d'Ambositra, d'Ambohimahasoa - pour la partie Nord - et Ihosy, Ambalavao - pour la partie Sud, sont renforcés, avec comme objectif : empêcher toute entrée dans la capitale de Betsileo.
A l'endroit des dirigeants du régime Ravalomanana, le KMMR de Fianar lance un appel
: « Aux généraux, ministre de la Défense et chef d'état-major de l'Armée, nous sollicitons un vrai soutien de votre part. Il ne suffit pas de mobiliser des réservistes, mais surtout desforces militaires organisées. Nous vous demandons un tel appui pour éviter un bain de sang qui va à l'encontre de notre lutte. Ne laissons pas l'amiral Didier Ratsiraka constituer des milices... N'oubliez pas que M. Ratsiraka n'a pas eu le courage de se déplacer à Fianarantsoa ».
Yahoo
actualités, 14 /04/02, 18h51
ANTANANARIVO
(AFP) - L'armée de Madagascar, l'une des plus
étoilées, des
plus pauvrement équipées et des plus pacifiques au monde, se disloque,
partagée entre les camps de deux présidents rivaux, au lendemain des
premiers affrontements meurtriers entre militaires depuis l'indépendance en
1960.
"L'armée se disloque complètement, les rares militaires qui se disent
encore légalistes désobéissent maintenant aux ordres de leur
hiérarchie", assure à l'AFP un général qui a requis l'anonymat.
"L'armée implose", analyse un expert étranger. "Elle est en
voie de dislocation", confirme un de ses pairs, au lendemain de la mort
de cinq
élèves-officiers à Fianarantsoa, dans le centre du pays, vécue comme un
véritable psychodrame dans la "grande famille".
Vendredi à l'aube, un convoi de 25 élèves- officiers est tombé dans une
embuscade tendue aux portes de Fianarantsoa par des civils et des militaires
partisans du "président" autoproclamé Marc Ravalomanana.
Cinq ont été tués et 18 blessés. Ils avaient été envoyés pour
renforcer la défense du palais du gouverneur fidèle au président sortant
Didier
Ratsiraka, assiégé par les partisans de M. Ravalomanana qui contrôlent la
ville.
Mais seul le chef du convoi était au courant de la mission et il n'a
informé les 24 autres, enfermés dans le camion bâché, que quelques
minutes avant d'arriver à Fianarantsoa, selon des sources concordantes et
le témoignage d'un rescapé.
"C'est un assassinat", lance à l'AFP le général Bruno Rajaonson,
premier adjoint au chef d'état-major et numéro 2 de l'armée
"légaliste".
"C'est un incident très malheureux qu'il faut à tout prix éviter à
l'avenir", convient le "ministre" de l'Intérieur de M.
Ravalomanana, Jean-Seth Rambeloalijaona.
Ce drame est révélateur de l'état de l'armée, tiraillée entre
différents centres de comman- dement et de décision.
Le général Rajaonson assure que l'ordre d'envoyer les élèves-officiers
à Fianarantsoa n'émanait pas de l'état-major général des armées mais
de l'état-major des forces mixtes (militaires, gendarmes, policiers), qui
dépend du Premier ministre de M. Ratsiraka.
L'armée est écartelée entre pas moins de quatre sources de commandement
distinctes: les états- majors de M. Ravalomanana et de M. Ratsiraka,
l'état-major des forces mixtes et les gouverneurs des cinq provinces.
"Ils ont été envoyés à la boucherie, on savait qu'il y avait des
barrages pro-Ravalomanana sur la route", assure un officier supérieur
sous couvert de l'anonymat.
L'armée malgache compte quelque 25.000 hommes, dont 14.000 gendarmes --qui
ont quasiment tous rallié M. Ravalomanana-- mais pas plus de 2.000
véritables combattants, le reste étant composé en majorité de
"gratte- papier", confirment experts occidentaux et officiers
supérieurs.
Elle est largement sous-équipée, sans aviation et dotée de quelques tanks
ou pièces d'artillerie dignes des musées.
Elle compte en revanche 125 généraux, ce qui en fait l'une des plus
étoilées du monde.
L'insularité de Madagascar et le pacifisme de sa population expliquent que
son armée ne soit pas belliciste. De nombreux diplomates estiment que ses
généraux "sont les plus pacifistes du monde" ou "les vrais
démocrates dans ce pays".
La grande majorité des effectifs a rallié la cause de M. Ravalomanana,
selon des sources indépendantes mais M. Ratsiraka a toujours la mainmise
sur quelques unités d'élite comme les Régiments des Forces d'Intervention
(RFI)
et la garde présidentielle.
Mais même au sein des troupes légalistes, les événements de Fianarantsoa
ont bouleversé la donne. Selon des sources concordantes au sein de
l'armée, l'état-major de M. Ratsiraka cherche depuis vendredi à recruter
160 militaires à Antananarivo pour renforcer la défense du palais de
Fianarantsoa. "Presque tout le monde refuse et les actes de
désobéissance se multiplient", assure un général à l'AFP.
Ne pouvant trouver les 160 hommes dans un seul camp militaire, l'état-major
en est réduit à démarcher chacun des 13 camps installés dans la province
d'Antananarivo pour piocher des "volontaires", selon des sources
militaires
concordantes.
Le calme a régnait dimanche à Fianarantsoa, troisième ville de
Madagascar, à 400 km au sud d'Antananarivo, au lendemain d'affrontements
meurtriers entre militaires fidèles au "président" autoproclamé
Marc Ravalomanana ou au chef
de l'Etat sortant Didier Ratsiraka, selon des sources concordantes.
"Il n'y aura pas de combats aujourd'hui car nous poursuivons les
pourparlers avec les éléments rebelles retranchés dans le palais du
gouverneur", a déclaré à l'AFP Jean-Seth Rabeloalijaona, le
"ministre" de l'Intérieur de M.
Ravalomanana, contacté au téléphone.
Madagate
Une
lettre d'une dame malagasy vivant à Arlington, Virginia, USA.
Les dernières nouvelles montrent que Madagascar se trouve aujourd'hui dans
la zone dangereuse: prisonniers en fuite, marche noir des PPN et carburants
etc …
Il me semble important de rappeler que la résolution de
la crise nationale se trouve toujours dans les mains des deux principaux
protagonistes: le président sortant et le président "élu par vox
populi, vox Dei".
Si je peux me permettre, je demanderais aux deux leaders de montrer a la
terre entière qu'ils sont des patriotes et que faisant fi de leurs
différences, ils
sont prêts à agir ensemble contre l'anarchie et que dorénavant
l'intérêt du peuple et du pays constituent leurs uniques préoccupations.
Cela est encore possible,
si c'est leur choix et leur décision.
Que Dieu tout puissant les éclaire et guide leurs
décisions.
|
Sur
RFI du 16 avril 2002 à 08h00:"Un
nouveau pont détruit à l'explosif à 90 km au sud de Tana
-
37 blessés dont 2 graves à Majunga, (une personne amputé après
l'explosion d'une grenade)
-L'union
africaine s'inquiète de la situation à Mada après un interview d 'Amara
N°1 de l'OUA "
Sur
RFI du 15 avril 2002 à 14h00:"DR
et MR invités pour une médiation à Dakar"
A id
Agencies Assess Impact of Antananarivo Crisis (16/04/2002)
UN
Integrated Regional Information Networks
April
15, 2002
Posted to the web April
15, 2002
Amid
the latest upsurge of political violence in Madagascar, aid agencies are
preparing for a possible humanitarian crisis on the island.
A
UN Office for the Coordination of Humanitarian Affairs (OCHA) mission will
arrive on the Indian Ocean island on Wednesday. Their goal is to assess
the impact the political crisis has had on the country.
The
"information gathering" mission comes in the wake of news
reports that five soldiers were killed and 18 others injured in fresh
clashes on Sunday.
The
violence broke out when troops backing the president, Didier Ratsiraka,
tried to storm the barricades of supporters of the self-declared president,
Marc Ravalomanana, Associated Press (AP reported).
Ravalomanana's
supporters were trying to replace the town's incumbent governor, a
Ratsiraka supporter, with their own candidate, the report said.
The
political crisis in Madagascar has become increasingly bloody with almost
30 people reportedly killed since the disputed 16 December poll.
"The
OCHA mission is expected to provide the [UN] country team with alternative
strategies should the humanitarian situation begin to overwhelm the
humanitarian community in Madagascar," UN Development Programme (UNDP)
Officer, Michel Mattera, told IRIN on Monday.
A
UNDP Crisis Prevention Programme report said the health system and the
economy were worst affected by the political crisis.
The
report said: "The situation is getting complicated with the
roadblocks between the different provinces. Many health centers are
beginning to face severe shortages."
It
added that food producers were the hardest hit "due to the perishable
nature of foodstuffs and the lack of adequate conservation capacity".
Meanwhile,
AP reported that Ravalomanana had left for Dakar, Senegal, where he is
expected to meet with his rival, Ratsiraka.
AP
reported that officials told the agency the two men would meet for the
first time since Ravalomanana declared himself president in February.
The
Boston Globe - 14/04/2002
Divided
Madagascar takes violent turn
Rival
presidents, two capitals lead to deadly clashes
By
Declan Walsh, Globe Correspondent, 4/14/2002
ANTANANARIVO,
Madagascar - The three generals sat at the table, tipping cigarette
ash into a marble tray while discussing the revolution. Outside, a
government had been overthrown. The capital was under siege. Further
violence was looming.
No
way were they getting involved.
''This
must be solved peacefully,'' said Brigadier General Rabarisoa-Ririva. ''There
is the constitution, the law. We respect that.'' His superior, Major
General Rajaonson, nodded in agreement.
''These
politicians are just messing it up,'' said Rajaonson, who like many here
uses only one name. ''The army is there to defend people, not to shoot at
them.''
The
rules of revolution have been turned upside down on Madagascar, an island
250 miles from Mozambique once best known for its rich wildlife and
unwieldy surnames, but now the setting for a unique power struggle. Since
disputed presidential elections in December, the country has become split.
Since a bloodless coup in February, it has two presidents, two capitals,
and one divided army whose generals say they prefer talking to fighting.
More
remarkably, the schism had occurred with hardly a shot being fired - until
now.
On
Friday soldiers loyal to the self-proclaimed president, Marc Ravalomanana,
launched an attack in the country's second-largest city, Fianarantsoa, on
a hilltop fortress held by supporters of the rival president, Didier
Ratsiraka. A 76-year-old Canadian Catholic missionary, Roger Morin, was
caught in the crossfire and killed. Both sides said they inflicted
casualties.
Yesterday,
five soldiers were killed and 18 wounded when their truck came under fire
as they tried to enter Fianarantsoa to reinforce the governor's defenses,
hospital officials said.
Ravalomanana
also promised a renewed assault on a ring of barricades that have been
strangling the capital, Antananarivo, for months. It is his first military
offensive against his opponent since sweeping to power six weeks ago.
''Blocking
the roads is an act of criminal violence against our city,'' he said in a
recent interview. ''The barricades must come down.''
The
attacks mark the replacement of words with guns as the weapon of choice in
Madagascar's political standoff. Peaceful resistance is over. The ''velvet
revolution'' is drawing to a close.
Ravalomanana,
a millionaire businessman who once sold yogurt from the back of a bicycle,
enjoyed popular support even before declaring himself president last
February.
As
mayor of Antananarivo, he reinvigorated the dilapidated city with simple
initiatives like collecting the garbage and replacing street lights. The
need for such measures highlighted the social corrosion wrought by more
than 20 years of rule under Ratsiraka, an old-style African leader who
openly enriched his family while the living standards of his people
plunged.
During
election campaigning, Ratsiraka tried to buy support - once distributing
cash to villagers in front of journalists. Ravalomanana built his image
using his ubiquitous food company, Tiko, and with the support of the four
main Christian churches.
When
he failed to win an outright victory, Ravalomanana, 51, said he had been
cheated, and hundreds of thousands of his supporters crammed the narrow
streets of the capital. In mid-February soldiers overwhelmed by the throng
simply stepped aside. The yogurt tycoon was in power, but he has taken on
a formidable foe in Ratsiraka, 67, who weathered a similar crisis in the
early 1990s.
Since
fleeing to the eastern coast, Ratsiraka has declared the port town of
Toamasina the new capital, while orchestrating a punishing siege of
Antananarivo. Gangs of armed supporters have blown up the bridges around
the highland city and ringed it with roadblocks.
The
blockade has crippled Antananarivo. Mamy Rasaonaivo, an unemployed man,
sat hunkered under the forecourt of one of the city's many deserted gas
stations last week, and shook his head. ''Life has become miserable,'' he
said.
Factories
were laying people off in droves. The minimal fuel available on the black
market was too expensive. His family had been going hungry since the
staple food, rice, doubled in price.
''At
this stage, we have had enough. The barricades must come down,'' he said
glumly.
Friday's
offensive in Fianarantsoa was the latest step in a rapid escalation of
violence. Earlier in the week, mobs attacked and looted the houses of four
Ratsiraka officials, including an 88-year-old former prime minister who
had to flee in his pajamas. The following day police arrested three
Ratsiraka officials. Within hours, two were in the hospital and one was in
the morgue, beaten to death.
There
also has been a sharp increase in attacks in provinces still controlled by
Ratsiraka. At least six Ravalomanana supporters have been killed in
attacks that have a tribal dimension - people from the highland Merina
tribe are being singled out.
''They
told my mother to hire a carpenter to make my coffin,'' said businessman
Joseph Yoland, who had fled to the capital from the once thriving but now
empty tourist town of Nosy Be.
Amid
the tensions, diplomats, most notably from the former colonial power,
France, are scrambling to forge a settlement. If that fails, outright
civil war is improbable but not impossible, they say. That could mean that
some day soon, even Madagascar's reluctant generals could find themselves
forced to take sides.
This
story ran on page A17 of the Boston Globe on 4/14/2002.
Journal
de l’Ile de la Réunion - 15/04/02
Partagée
entre les camps des deux présidents
Madagascar : L’armée
pacifique se disloque
L’armée
de Madagascar, l’une des plus étoilées, des plus pauvrement équipées
et des plus pacifiques au monde, se disloque, partagée entre les camps de
deux présidents rivaux, au lendemain des premiers affrontements
meurtriers entre militaires depuis l’indépendance en 1960.
«L’armée
se disloque complètement, les rares militaires qui se disent encore
légalistes désobéissent maintenant aux ordres de leur hiérarchie»,
assure un général qui a requis l’anonymat.
«L’armée implose», analyse un expert étranger. «Elle est en voie de
dislocation», confirme un de ses pairs, au lendemain de la mort de cinq
élèves-officiers à Fianarantsoa, dans le centre du pays, vécue comme
un véritable psychodrame dans la «grande famille».
Vendredi à l’aube, un convoi de 25 élèves-officiers est tombé dans
une embuscade tendue aux portes de Fianarantsoa par des civils et des
militaires partisans du «président» autoproclamé Marc Ravalomanana.
Cinq ont été tués et 18 blessés. Ils avaient été envoyés pour
renforcer la défense du palais du gouverneur fidèle au président
sortant Didier Ratsiraka, assiégé par les partisans de M. Ravalomanana
qui contrôlent la ville.
Mais seul le chef du convoi était au courant de la mission et il n’a
informé les 24 autres, enfermés dans le camion bâché, que quelques
minutes avant d’arriver à Fianarantsoa, selon des sources concordantes
et le témoignage d’un rescapé.
«C’est un assassinat», lance le général Bruno Rajaonson, premier
adjoint au chef d’état-major et numéro 2 de l’armée «légaliste».
«C’est un incident très malheureux qu’il faut à tout prix éviter
à l’avenir», convient le «ministre» de l’Intérieur de M.
Ravalomanana, Jean-Seth Rambeloalijaona. Ce drame est révélateur de l’état
de l’armée, tiraillée entre différents centres de commandement et de
décision.
Le général Rajaonson assure que l’ordre d’envoyer les
élèves-officiers à Fianarantsoa n’émanait pas de l’état-major
général des armées mais de l’état-major des forces mixtes
(militaires, gendarmes, policiers), qui dépend du Premier ministre de M.
Ratsiraka.
PAS PLUS DE 2 000
VÉRITABLES COMBATTANTS
L’armée est écartelée entre pas moins de quatre sources de
commandement distinctes : les états-majors de M. Ravalomanana et de M.
Ratsiraka, l’état-major des forces mixtes et les gouverneurs des cinq
provinces.
«Ils ont été envoyés à la boucherie, on savait qu’il y avait des
barrages pro-Ravalomanana sur la route», assure un officier supérieur
sous couvert de l’anonymat.
L’armée malgache compte quelque 25 000 hommes, dont 14 000 gendarmes
-qui ont quasiment tous rallié M. Ravalomanana- mais pas plus de 2 000
véritables combattants, le reste étant composé en majorité de
«gratte-papier», confirment experts occidentaux et officiers
supérieurs.
Elle est largement sous-équipée, sans aviation et dotée de quelques
tanks ou pièces d’artillerie dignes des musées.
Elle compte en revanche 125 généraux, ce qui en fait l’une des plus
étoilées du monde. L’insularité de Madagascar et le pacifisme de sa
population expliquent que son armée ne soit pas belliciste. De nombreux
diplomates estiment que ses généraux «sont les plus pacifistes du
monde» ou «les vrais démocrates dans ce pays».
La grande majorité des effectifs a rallié la cause de M. Ravalomanana,
selon des sources indépendantes mais M. Ratsiraka a toujours la mainmise
sur quelques unités d’élite comme les Régiments des Forces d’Intervention
(RFI) et la garde présidentielle.
Mais même au sein des troupes légalistes, les événements de
Fianarantsoa ont bouleversé la donne. Selon des sources concordantes au
sein de l’armée, l’état-major de M. Ratsiraka cherche depuis
vendredi à recruter 160 militaires à Antananarivo pour renforcer la
défense du palais de Fianarantsoa. «Presque tout le monde refuse et les
actes de désobéissance se multiplient», assure un général.
Ne pouvant trouver les 160 hommes dans un seul camp militaire, l’état-major
en est réduit à démarcher chacun des 13 camps installés dans la
province d’Antananarivo pour piocher des «volontaires», selon des
sources militaires concordantes.
Retour aux infos du jour
|
L’Express deMadagascar-16/04/2002
Le
Général Randrianafidisoa
" Ma priorité n'est pas d'investir le
palais d'Andohanatady.
J'accorde une importance particulière à l'arrêt de l'escalade de
violence. J'ai fait évacuer mes hommes des positions qu'ils occupaient
vendredi, car je voulais m'entretenir avec eux. Mais tenant compte des éléments
adverses qui ignoraient jusqu'à leurs missions et vu leur jeunesse et
leur inexpérience, instruction a été donnée aux comités de vigilance
de prier ces éléments extérieurs devant rejoindre Andohanatady, de
rentrer chez eux et de faire marche arrière. De leur expliquer également
qu'ils vont au devant de graves dangers s'ils persistent. Il faut les
convaincre avec les mots qu'il faut afin d'éviter un bain de sang inutile
et qui servirait des causes inutiles. A titre de prévention, j'ai ordonné
à mes hommes de renforcer les comités de vigilance. S'agissant particulièrement
d'Andohanatady, nous attendons la reddition des occupants ".
La brièveté des mots qui caractérisent le général
Randrianafidisoa illustre sa disposition à aller jusqu'à la limite du
possible pour éviter toute effusion de sang.
Pendant ce temps, les hommes du gouverneur
Emilson semblent renforcer leurs positions. Selon la radio "Mbs",
les locataires et propriétaires des maisons de la haute-ville auraient été
priés de quitter leurs logements, certainement pour placer des hommes en
des points précis d'où ils pourront sans doute contrôler les mouvements
adverses.
Si des tractations ou négociations sont en
cours, on comprend mal tous ces dispositifs et ces renforts qui ne cessent
d'inquiéter la population déjà sous le choc de trop de rafales,
d'explosions et de morts.
Victor Otonia
Pierre
Tsiaranana : "C'en est trop, cela suffit… "
Réagissant aux
violences qui se sont déroulées hier à Mahajanga, le président de la délégation
spéciale de la province, Pierre Tsiranana, s'en prend fermement à tous
les responsables de ces actes qu'il qualifie de barbares et terroristes.
Parmi ces responsables qu'il accuse d'être les commanditaires de ces
violences contre les populations, il y a MM. Didier Ratsiraka, Tantely
Andrianarivo, Ismaël Mounibou et Etienne Hilaire Razafindehibe.

Pierre Tsiranana explique: "Jusqu'ici,
nous avons toujours prôné la non-violence dans nos actions.
Personnellement, j'ai choisi comme slogan "zéro casse". Mais là,
nous sommes confrontés à une véritable provocation de la part des
forces de l'ordre. Encore une fois, le sang a coulé, et c'en est trop de
la part de ces responsables qui ont envoyé ces militaires pour attaquer
les populations, que ce soit à Toamasina, Brickaville, Sambava et
Fianarantsoa… A partir de maintenant, nous n'acceptons plus ni les chefs
militaires de Ratsiraka ni le gouverneur de Mahajanga. Cela suffit. Qu'ils
se retirent tout simplement, avant que la colère du peuple ne s'abatte
sur eux. Et je m'adresse à tous ces responsables, à travers cette phrase
de Saint Augustin: "Si tu ne viens pas à Dieu, Dieu viendra vers
toi. Et si tu rejettes Dieu, souviens-toi que tu seras maudit jusqu'à ta
septième génération".
Recueillis par
Miadana
Andriamaro
L’Express
deMadagascar-14/04/2002 Embuscade
sanglante entre militaires à fianarantsoa : 5 morts et 18 blessés samedi
Des élèves de l'Ecole
nationale de sous-officiers d'Antsirabe (ESOA), envoyés en renfort à
Fianarantsoa sur ordre de l'état-major mixte national revelant de
Mahazoarivo, ont été sans sommation aucune la cible d'éléments des
forces armées ralliées à Ambohitsirohitra. Sur les 25 hommes qui
composaient ces renforts, en armes et munis d'un lance-roquette, deux
seulement sont sortis indemnes. L'un d'eux, un adjudant-chef, estime qu'on
les a envoyés "à l'abattoir".
Cette tragédie, aux conséquences imprévisibles au sein des forces
armées, dans les milieux politiques, a manifestement calmé les humeurs
guerrières dans les deux camps, entretenues depuis plusieurs jours à
Fianarantsoa pour tenter d'installer le Pds Pety Rakotoniana
pro-Ravalomanana à la place du gouverneur Emilson pro-Ratsiraka.
Par ailleurs, alors qu'on s'attendait ce week end à une
"opération" sur le barrage de Brickaville, où rien ne s'est
finalement passé, c'est environ 150 km plus haut, vers Antananarivo, sur
le pont du Mangoro à la sortie de Moramanga, qu'une action a été
tentée. Samedi vers 20 h, le dynamitage de l'ouvrage a échoué puisque
la circulation n'a pas été coupée, bien qu'elle soit désormais
limitée aux véhicules légers.
C'est dans ce contexte de violence croissante que l'on attend avec
l'espoir dans finir la rencontre envisagée à Dakar par le président
sénégalais Abdoulaye Wade entre MM. Ratsiraka et Ravalomanana. Si le
premier y sera, on attend la réponse du second.
"Ils
ne savent pas effectuer un calcul des charges"
Le double pont rail-route enjambant le fleuve Mangoro à 20 km à
l'entrée de Moramanga, a été visé par un attentat à l'explosif dans
la soirée de samedi à dimanche dernier. L'ouvrage d'art qui date de la
colonisation, est resté ouvert à la circulation. "Les vandales ne
savaient pas effectuer un calcul des charges" s'est félicité un
officier supérieur de la gendarmerie. S'ils avaient réussi, la route
nationale 2 reliant la capitale à Toamasina aurait accumulé tous les
déboires. Le sort du barrage de Brickaville reste pour l'instant en
suspens. Vers 18h30 selon la Radio Anosy, 20 heures selon un notable de
Moramanga contacté par téléphone, 5 explosions auraient été entendues
par le fokonolona. Une voiture 4X4 de couleur blanche et un minibus rouge
de marque Mazda auraient été remarquées mais auraient "fondu"
dans les bois d'eucalyptus. Les plantations de la societé Fanalamanga
couvrent des dizaines de milliers d'hectares.:
67
hectares - D'étranges coups de feu
Selon les témoignages recueillis sur place, ces coups ont été tirés
depuis une caravane de trois voitures dont une 406 rouge, un minibus de
couleur blanche et une 404 bâchée, lesquelles roulaient à vive allure
sur la portion de route venant des 67 hectares à Andavamamba. Les
premiers coups ont été tirés juste en face du Cenam, et le dernier, à
hauteur du bureau de la Jirama. Aussitôt après, lesdites voitures se
sont évaporées avant que les riverains ne puissent relever leur numéro
d'immatriculation respective.
La question se pose de savoir si cette fusillade a quelque relation avec
les événements politiques.
Recueillis par
Miadana Andriamaro
À
Dakar cette semaine
Le président sénégalais Abdoulaye Wade, qui tente une médiation dans
la crise à Madagascar, attend les deux protagonistes, le président
sortant Didier Ratsiraka et son rival Marc Ravalomanana, cette semaine à
Dakar, a-t-on appris samedi de source autorisée dans la capitale
sénégalaise.
A Toamasina ou à Antananarivo, cependant, on n'obtenait aucune
confirmation officielle d'un départ de M. Ratsiraka ou de M. Ravalomanana.
Des sources officieuses font état, en revanche, d'un possible
déplacement de M. Manandafy Rakotoniaina, et d'une présence à Dakar de
M. Norbert Ratsirahonana, qui serait déjà à l'étranger.
M. Wade avait, en effet, annoncé mardi dernier qu'il comptait évoquer la
crise malgache en marge de la conférence internationale sur le
financement privé du Nouveau partenariat pour le développement de
l'Afrique (NEPAD). Le président sortant Didier Ratsiraka a fait savoir
qu'il prévoyait de venir à la conférence sur le NEPAD, a-t-on précisé
de même source, dont les travaux débutent cette semaine.
M. Ravalomanana semble également vouloir venir à Dakar, mais les
modalités de sa venue faisaient encore samedi l'objet de discussions.
:
Amis
étrangers, mêlez-vous de ce qui vous regarde
Les réflexions ou témoignages ci-dessous émanent de l’association
AVANA (association nouvelle pour un Madagascar nouveau), créée fin
février dernier à Antananarivo, avec des antennes en provinces et à l’étranger.
Regroupant plus d’une centaine de membres d’une quinzaine de
nationalités différentes (parmi lesquels les franco-malgaches sont les
plus nombreux), cette association, libre de tout attachement politique, a
pour principal objectif (outre des activités sociales, culturelles et
économiques) “d’aider à la reconnaissance de Madagascar sur le plan
international, dans la voie choisie par le peuple”.
Lassée
- d’avoir été mis au rang des peuples les plus pauvres de la planète
;
- de voir des dirigeants mendier inlassablement en leur nom une manne dont
ils ne voient jamais la couleur ;
- de voir les étrangers s’étonner de la misère d’un peuple vivant
dans un pays riche en ressources ;
- de percevoir toute la nuance de mépris se cachant derrière cet
étonnement ;
- de souffrir dans son corps et d’être humilié dans son âme ;
la majorité du peuple malgache a décidé de voter le changement et, pour
la première fois, de faire respecter son choix.
Grande fut son amertume en constatant que cet Occident, qui se pose en
champion de la démocratie et des droits de l’Homme, n’a fait que s’efforcer
de lui faire avaliser des résultats d’élections truquées. Après
avoir décrié vainement ce complot international qui se tramait contre
elle, cette majorité en a appelé à la fraternité entre les peuples.
Quelle ne fut sa surprise et sa joie en voyant apparaître dans les
manifestations, au-dessus de têtes blondes, des banderoles montrant que
son appel avait été entendu !
Amis étrangers,
- merci - d’avoir si bien assimilé notre culture : “ voin-kava
mahatratra ” : le malheur de ton frère est aussi le tien ;
- merci - de votre générosité : contrairement à vos compatriotes qui s’étaient
réjouis des bénéfices que leur rapportaient les dévaluations
successives de notre monnaie et qui avaient profité de notre misère pour
nous traiter en esclaves, vous avez décidé de faire de notre soif de
justice et de dignité une affaire personnelle ;
- merci - pour le courage et l’énergie dont vous faites preuve en
défendant la cause du peuple malgache, au risque de vous faire conspuer
par tous ceux, Malgaches ou non, qui ont si longtemps profité du malheur
des gens.
Quand ce sont des Puissances qui interviennent, directement ou de
manières indirecte, pour soutenir un dictateur aux abois, personne ne s’en
étonne, ou presque ! Mais quand des individus, au nom de leurs
convictions citoyennes, expriment haut et fort leur soutien à un peuple
ami en difficulté : ils se mêlent de ce qui ne les regarde pas… Les
Albertini, Dussac, Boiteau et autres Stibbes ont été eux aussi incompris
en leur temps et fustigés (*) (parfois au péril de leur vie) pour avoir
eu le mauvais goût de prendre la défense des nationalistes. Décidément
l’histoire se répète et les mentalités colonialistes ont la vie dure
!
Quels sont ceux qui osent encore parler d’un antagonisme entre Malgaches
des Hauts Plateaux et ceux des régions côtières, alors que c’étaient
des politiciens Côtiers qui ont été les premiers à soutenir le
président Marc Ravalomanana ? N’oublions surtout pas que ceux qui
mettent actuellement en avant cet antagonisme sont ceux-là même qui ont
fait taire à coups de mitraillettes et de grenades à main les
manifestants des provinces ?
Et qui sont ces ardents défenseurs de la légalité qui oublient que la
nomination de la Haute Cour Constitutionnelle, par qui le scandale est
arrivé, a été faite au mépris des lois malgaches ?
Amis étrangers, ne nous laissons pas intimider par ces soi-disant “orthodoxes”,
pour qui la légalité n’est que la forme civilisée de la loi du plus
violent. Et continuons à nous mêler de ce qui nous regarde : la
fraternité entre les peuples et l’édification d’une culture commune
basée sur la paix et le dialogue.
Une malgache, militante du 13 mai
* Ndlr.- A l’époque des faits, avant les années 50, Madagascar était
encore une colonie française, ce qui justifie que des Français aient pu,
et dû, y faire de la politique.
Amis étrangers,
mêlez-vous de ce qui vous regarde
Déclaration
de Avana
L'association Avana, composée de membres étrangers et malgaches, lance
un cri d'alarme à la communauté internationale devant les violations des
droits de l'homme et en particulier les actes de terrorisme perpétrés
dans différentes régions de Madagascar, tout particulièrement au Nord
de l'île. Le plus grave et le plus condamnable est la participation de
militaires et de fonctionnaires dans ces actes de barbarie.
Avana dénonce avec la plus grande énergie toutes ces formes de
violations des droits de l'homme, quels qu'en soient les auteurs. Elle
attire tout particulièrement l'attention de l'opinion sur le grave danger
résultant aujourd'hui de la suppression systématique, dans la majeure
partie de l'île, de la liberté et des moyens d'information. Les
conditions nécessaires à la tenue démocratique d'une nouvelle
consultation électorale sont devenues de plus en plus aléatoires, du
fait de la difficulté grandissante de circulation, mais aussi de la peur
qui s'est généralisée partout à partir de la chasse à l'homme contre
certains leaders, accompagnée parfois de violations de domiciles, de
destructions de biens, de tortures et d'éliminations physiques.
Les barrages anti-économiques sont des actes de violence dirigés contre
toute la population. Le blocus généralisé est déjà la cause de rudes
épreuves et amène à redouter une forte augmentation du taux de
mortalité. Désormais, les barrages font plus de victimes que les balles,
en provoquant une redoutable pénurie de médicaments et une flambée des
prix des Ppn. Les pauvres, les femmes et les enfants sont les plus
affectés.
Ces actes terroristes et répressifs constituent autant de violations des
chartes et des conventions sur les libertés et les droits fondamentaux.
Or en continuant son silence, la communauté internationale paraît les
approuver, favorisant ainsi l'escalade de la violence. Par conséquent,
nous faisons appel aux Nations Unies, à l'Oua et aux différents
gouvernements pour condamner ces actes, afin de faciliter au plus vite la
résolution pacifique de la crise malgache.
Nous lançons un appel pour agir de toute urgence et aider Madagascar à
éviter une terrible crise humanitaire.
Avana
Embuscade
d'Ampopoka, à l'entrée de Fianar - Lourd bilan : 5 morts, 18 blessés et
2 rescapés
Le Cemga et le général Rabarisoa se sont appuyés sur le devoir de
conserver le gouvernorat, symbole du pouvoir légal. L'intendant général
soutient l'effectivité de l'arrêt prononcé par la Chambre
administrative, tout en justifiant sa position en condamnant le
déplacement de ces éléments avec des armes lourdes, dont un
lance-roquettes.
En attendant, la population vit dans la peur et dans une ambiance telle
que la moindre alerte suscite inquiétudes et détresse. D'autant plus que
chaque camp semble renforcer sa stratégie.
On apprend en effet, mais sans qu'il y ait possibilité de le vérifier,
que des renforts sont arrivés à Fianarantsoa pour le camp Ravalomanana.
Par ailleurs, des éléments héliportés venant de Tuléar seraient en
partance pour Fianarantsoa pour celui de Didier Ratsiraka. D'autres
viendraient également de Manakara et d'Antananarivo, toujours du côté
Didier Ratsiraka.
S'agissant de l'embuscade, le ministre de l'Intérieur Jean Seth
Rambeloalijaona (gouvernement Sylla) rapporte que le camion chargé des
éléments de l'Ensoa, a forcé le barrage d'Ampopoka pour tomber dans
l'embuscade dressé entre Ampopoka et le barrage de Beravina.
Le témoignage d'un adjudant-chef, un des deux rescapés, recueilli à
l'hôpital de Tambohobe fait état d'un arrêt normal au barrage d'Ampopoka
à 6h15. "Nous avons marqué cet arrêt, puis on nous a laissé
passer, et une demi-heure après, c'était la fusillade. J'étais à
l'arrière et je n'ai pas vu ce qui se passait devant. Je me suis couché
à plat ventre ce qui m'a sauvé. Ils ( qui ?) nous ont conduits tout
droit à l'abattoir".
"A 11h hier (vendredi), nous avons été avertis qu'il fallait que
nous nous préparions à partir en mission sans que nous sachions ni
l'objet ni la destination. A 14h, nous quittions Antsirabe avec armes,
munitions une caisse de grenades et en tenue de campagne. Nous étions 25
au départ d'Antsirabe et avons dormi à Ivoamba. Notre chef de bord, un
lieutenant-colonel, est grièvement blessé et notre chauffeur mort".
Bilan de l'embuscade obtenu auprès du centre hospitalier régional : 5
morts, 18 blessés et deux rescapés.
Victor
Otonia
Etats-unis
- Madagascar
Les Etats-Unis ont demandé vendredi à leurs ressortissants qui
souhaiteraient se rendre à Madagascar de "reporter leur voyage"
en raison des troubles politiques et des affrontements dans l'île. Le
département d'Etat (ministère des affaires étrangères) a également
indiqué dans un communiqué que le personnel diplomatique non essentiel
et les familles des diplomates américains se sont vu ordonner de quitter
le pays.
Tout le personnel diplomatique américain présent dans la région de
Fianarantsoa s'est également vu demander de quitter cette région par
l'ambassade américaine.
Le communiqué souligne également les difficultés de se déplacer dans
le pays en raison de barrages routiers, des destructions de ponts et d'un
approvisionnement en essence aléatoire, souligne le département d'Etat
qui ajoute que les transports aériens sont fortements perturbés.
Pour l'instant, aucun vol spécial n'a participé à partir d'Ivato à une
quelconque évacuation de ressortissants américains.
L'exemple
de la Solima
Pourquoi s'en prendre au DG ? Ne faut-il pas en vouloir aux
établissements bancaires qui s'octroient délibérément le droit de
bloquer les comptes des sociétés d'Etat sous couvert d'une fausse
neutralité, constituant ainsi une entrave au fonctionnement normal de
l'autorité légale ?
Suivant ordonnance n°76-021 portant création de la société Solitany
Malagasy (Solima) et fixant les statuts de ladite société, il est
stipulé à l'article premier que c'est une société d'Etat régie par le
droit commun des sociétés anonymes sous réserve des dispositions
particulières de l'ordonnance.
Le directeur général est l'organe d'exécution des décisions du conseil
d'administration. Les pouvoirs du directeur général sont fixés par le
conseil d'administration dans la limite de ses attributions.
Le directeur général peut déléguer ses pouvoirs, mais ne peut en
déléguer la totalité à une seule personne. Le directeur général est
responsable de ses décisions vis-à-vis du seul conseil d'administration.
Dans le contexte actuel, le directeur général, dans un suci de
préserver les acquis de la société et pour libérer les directeurs de
certaines pressions dans les prises de décisions, a retiré les pouvoirs
qu'il a délégués. A charge pour M. Raharinirina Jacques Aimé de
déléguer des pouvoirs à ces directeurs ou cadres qu'il a reconduits à
leur poste.
La marge de manœuvre de M. Raharinirina Jacques Aimé est faible, à tel
point qu'il n'a pas le choix et doit composer avec ces anciens directeurs.
Il y a une chose que le personnel de la Solima doit savoir. Ces
directeurs, dont deux ou trois doivent déjà être repris par les
sociétés pétrolières, sont restés à la Solima jusqu'à présent pour
pouvoir bénéficier des indemnisations, la fameuse 3SA. Pourquoi eux et
pas les autres employés repris aussi. Mais c'est le deal entre M.
Raharinirina J.A. et ceux qui ont accepté de collaborer. C'est ça
l'intégrité en question ! Par ailleurs, d'autres directeurs sont
débiteurs de la société et veulent profiter de la situation pour tout
effacer (effacer leur ardoise) !
Un cadre de la Solima
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Midi
Mada 16/4/2002
Ravalomanana
et Ratsiraka à Dakar
Suspense sur l'issue de la médiation sénégalaise
Génération
Si, pour beaucoup, la présence de Didier Ratsiraka à Dakar ne faisait presque pas de doute, bon nombre de questions ont été posées concernant le Président Ravalomanana. Didier Ratsiraka ne laissera pas échapper une telle occasion, qui lui permettra de se donner l'air de quelqu'un encore en état d'action, malgré son âge et ses handicaps physiques, devant ses collègues et amis africains. Dans une lettre adressée par l'association des Malgaches à l'étranger dénommée Madagascar Patriotes au président du Sénégal, on lit : "Ne pouvant empêcher Ratsiraka en allant à cette invitation, de charger ses valises de mensonges pernicieux dans une ultime tentative de berner l'opinion internationale, 65% au moins des Malgaches outre ses 10% de partisans inconditionnels, comme les 65% d'électeurs qui n'ont pas voté pour lui et permis la victoire de Ravalomanana au 1er tour, plus les 25% constituant son électorat désabusé et les désinformés peu au courant de la réalité, en seraient à souhaiter qu'il ne rentrât plus au pays". Bien que le terrain de la rencontre soit "neutre", Didier Ratsiraka ne sera pas loin de ses homologues africains de sa génération d'idéologie et de forme de gouvernance. Il aura à ses côtés, les Bongo, Kérékou, Chissano, et les autres.
Compromis
Quant
à Marc Ravalomanana, c'est sa première sortie à l'étranger après son
investiture du 22 février. Il a répondu à l'invitation en tant qu'homme
responsable. Un homme d'Etat qui a décidé de sauver son pays depuis le
mois d'août dernier, alors qu'il annonçait sa candidature à l'élection
présidentielle, à Imerinkasinina. Un homme dont les ambitions
personnelles n'ont pas la même dimension négative que celles de son
adversaire. Marc Ravalomanana est allé à Dakar parce qu'il est quelqu'un
de conscient, apte à se mesurer
contre qui que ce soit, pour défendre son peuple et son pays. Face
aux actes de destruction qu'entreprend son
adversaire, Marc Ravalomanana aura ainsi l'occasion d'exposer aux
yeux de la communauté internationale la cause qu'il a toujours défendue.
La rencontre de Dakar présage beaucoup de suspenses. La présence de la
France et de l'OUA, dit-on, sera très forte. Le compromis sera difficile
à trouver dans la mesure où Didier Ratsiraka, en faisant sauter les
ponts, a rejeté la proposition de l'OUA sur la mise en place d'un
gouvernement d'union nationale pour l'organisation d'une consultation
populaire libre et transparente, le prenant comme source de troubles, et où
l'hypothèse d'un second tour est largement considérée, même à
l'étranger, comme dépassée. Très dépassée.
Val Andriamahaitsimiavona
Journal de
l'ile de la réunion 16/04/2002
Mahajanga entre à son tour dans la spirale de la violence
Madagascar : Trente-sept manifestants pro-Ravalomanana blessés
Au moins trente-sept jeunes partisans deMarc Ravalomanana, ont été blessés hier à Mahajanga par les forces de l'ordre qui ont dispersé leur manifestation. Cet affrontement marque l'entrée de la province du nord-ouest dans la spirale de la violence qui gagne petit à petit l'ensemble du territoire malgache. Seul le Sud, de Tuléar à
Fort-Dauphin, semble rester calme. Mais pour combien de temps ?
"Nous avons traité 37 blessés, dont deux graves", a déclaré un responsable de l'hôpital de Mahajanga, à quelque 600 km au nord-ouest d'Antananarivo."L'un a reçu une grenade lacrymogène sur la tête et souffre d'un traumatisme crânien, l'autre a été touché au pied par une autre grenade et a dû être amputé", a-t-il précisé. "Les autres blessés sont superficiellement touchés et nous n'avons pas noté de blessures par balles ", a ajouté le médecin. Plus aucune ambulance n'amenait de blessés en début de soirée, a conclu le responsable, et la situation était redevenue calme, selon des habitants contactés par téléphone.
"Les représentants des forces de l'ordre ont voulu disperser un rassemblement que les partisans de M. Ravalomanana tiennent chaque jour. Ils ont reçu des pierres et ont riposté avec des grenades lacrymogènes", a témoigné un habitant contacté au téléphone, qui assure avoir entendu aussi des tirs. Ces informations ont été confirmées par un expatrié occidental qui était sur les lieux. Le premier témoin assure également avoir entendu des tirs. Les premières grenades ont éclaté vers 14 h 30 (heure locale) et l'on entendait encore des déflagrations vers 18 h, selon des habitants. Le gouverneur de la province de Mahajanga, Etienne Razafindehibe, fidèle à Didier Ratsiraka, a confirmé que les forces de l'ordre avaient tenté dans l'après-midi de disperser une "manifestation des membres du KMMR" (Comité de soutien à Marc
Ravalomanana).
1936/1975 (Première partie)
Madagascar - Ratsiraka et la France : petits secrets de famille
"Si je ne suis pas élu, ce sera le chaos", avait déclaré Didier Ratsiraka avant l'élection présidentielle
en paraphrasant le général De Gaulle. D'autant plus sûrement qu'il en serait l'instigateur... L'esprit rongé par la démence et la haine ethnique, l' "Amiral" pense souvent au passé. Il revit - et aime réécrire parfois - les étapes de sa vie. De Moramanga en 1947 à Iavoloha en 2002, une image reste incrustée en arrière-plan : celle du drapeau français.
La France... A la fois objet de fascination et de détestation pour Ratsiraka. Jamais, même au plus fort de la révolution marxiste à la nord-coréenne, il n'a pu se défaire totalement de son emprise. Et Paris a toujours su en profiter...
La scène, à laquelle un haut gradé de la Royale a assisté, rappelle celle qui fit basculer le destin de la France et de l'Algérie*. Fraîchement nommé ministre des Affaires étrangères du gouvernement militaire dirigé par le général Ramanantsoa, Didier Ratsiraka rencontre, en 1972 à Paris, le ministre gaulliste Billecoq.
L'entrevue est orageuse : "Nous ne voulons plus de vos accords colonialistes !", assène le fougueux capitaine de frégate, ancien de Navale. "Quoi, vous me traitez de colonialiste ?", explose le ministre de la Coopération. Les deux hommes en viendront aux mains avant d'être séparés par l'amiral Lafaye, ancien professeur du Malgache et très lié avec le 2e Bureau.
C'est le même Ratsiraka qui, toujours provocateur mais plus diplomate, viendra proclamer son amour de la langue française, en février 1986, lors du 1er sommet de la Francophonie à Versailles. L'anecdote est racontée par Alain Decaux, maître de cérémonie. "Madagascar ne tombera dans aucun piège, que celui-ci fût néo-colonialiste ou néo-capitaliste !", a attaqué le président malgache. L'assistance demeura muette, figée, glacée (...) Il se tut un instant puis reprit : "Dans ce cas, messieurs, vous vous demandez peut-être pourquoi je suis ici." (...) Un silence, encore. Et cette explication qui éclata en fanfare dans le palais de Louis XIV : "Je suis ici pour l'amour de la langue française." La relation entre la France et Didier Ratsiraka tient presque tout entière entre ces deux anecdotes. Une relation d'amour/haine intense que les soubresauts de l'Histoire des deux pays ont souvent attisé. Chaque tournant de sa vie en atteste.
"LES ARMES SONT LES PLUS FORTES"
Né en 1936 à Vatomandry, dans la région de Tamatave, le futur "Amiral rouge" garde encore aujourd'hui pieusement à l'esprit une image de son enfance : celle d'un père petit fonctionnaire de l'administration coloniale, pauvre mais courageux. Source de fierté pour ses deux fils et leur mère Marceline, Albert - qui a séjourné en métropole - lit et écrit le français. Didier, très jeune, étudie avec son frère aîné, Étienne.
La famille Ratsiraka habite à Moramanga. On est en 1947. L'insurrection s'est déclarée le 29 mars, la répression des tirailleurs "sénégalais" - en fait des Africains de plusieurs pays réunis dans ce corps d'armée - est aveugle au point d'incendier la maison du fidèle serviteur de la colonie. Didier assiste à l'incendie, se contenant pour ne pas pleurer et ajouter au chagrin de sa mère. Sur le chemin de l'exode, les Ratsiraka rencontrent une autre troupe de tirailleurs. Albert croit pouvoir s'expliquer, mais les soldats le séparent brutalement de sa famille et le mettent en joue. Un détachement - des "gardes indigènes malgaches" - arrivent opportunément : "Si vous voulez les fusiller, fusillez-nous d'abord", lance leur chef. Les tirailleurs hésitent puis abandonnent. Selon Ratsiraka, c'est de cet épisode que date sa vocation d'officier, "parce que les armes sont les plus fortes".
Les Ratsiraka habiteront quelque temps dans le bureau du père, à Moramanga, avant de partir rapidement pour Ambatondrazaka. Selon plusieurs sources - difficilement vérifiables sans enquête sur le terrain -, c'est dans cette localité des hauts plateaux qu'Albert Ratsiraka aurait collaboré à la répression de l'insurrection aux côtés des Français. Il y aurait gagné un surnom : le Boucher de Moramanga. Un témoignage datant des années 70, précise que Didier Ratsiraka aurait un jour déclaré : "Ma vie n'aura de sens que si j'arrive à éliminer les Merina. En 1947, mon père a eu le tort d'en découdre d'une manière trop directe."
Le calme revenu, en 1949, la famille rejoint Tamatave. Didier a 13 ans et rentre chez les jésuites de Saint-Joseph. Il aime le football, s'y débrouille plutôt bien, mais obtient aussi, dès l'année suivante, son premier prix d'excellence. Ce qui n'ira pas sans commentaires de quelques Français : "Quoi, ce Gache prix d'excellence ?" Ainsi vivait la colonie...
En 1951, le petit Ratsiraka "monte" Tananarive pour y subir une autre humiliation. Ses résultats brillants méritaient de lui ouvrir les portes du prestigieux lycée Gallieni, mais ce dernier est réservé aux Français; il ira donc à Saint-Michel, "mixte". Il n'y achèvera pas sa scolarité : en accord avec son père, il décide de tenter la grande aventure au-delà des mers. Dans son cœur règne toujours un double sentiment : la fascination pour la France et le ressentiment envers ces Français qui l'ont humilié et qu'il a envie de défier sur le terrain du savoir.
Midi
de Madagascar – 15/04/2002
« La
présence politique de Ratsiraka se traduit par des actes de guerre »,
selon Manandafy
Face
à l’évolution de la situation politique en général à Madagascar et
des affrontements sanglants à Fianarantsoa en particulier, le président
national du MFM, Manandafy Rakotonirina, apporte son point de vue.
Ratsiraka termine son mandat politique dans des conditions lesplus
déplorables qu’on puisse imaginer, estime-t-il. Notre interview a
étéréalisée samedi.
Dominique
Ramiandrisoa
Midi-Madagasikara
: Que pensez-vous de la situation qui prévaut à Fianarantsoa avec
notamment l’assaut du palais d’Andohanatady ?
Manandafy
Rakotonirina : Pour
protéger, défendre le gouvernorat d’Emilson, dans son discours de
Diégo, Ratsiraka voulait en faire une cause Antesaka. Ce qui est un
non-sens parce que le gouverneur a été élu par les grands électeurs du
Faritany de Fianarantsoa, qui d’ailleurs, est une province
multiethnique. Les arguments de Ratsiraka relèvent du fantasme. Il y aura
un PDS à Fianarantsoa, le gouvernorat va disparaître, cela est en train
de se faire. Le bilan risque de s’aggraver parce qu’on raconte que des
miliciens recrutés à Vangaindrano sont en train de remonter à
Fianarantsoa, et que deux camions de l’ENSOA sont en train de partir sur
Fianarantsoa. Vendredi, on avait entendu qu’une équipe de miliciens
étaient partis de Toamasina à destination d’Ihosy. Le camp Ratsiraka
va perdre Fianarantsoa.
M.M
: Votre point de vue concernant l’invitation du président sénégalais
Wade à l’endroit des deux principaux protagonistes, Marc Ravalomanana
et Didier Ratsiraka.
M.R
: Ravalomanana
fait une conquête importante de la légalisation de son régime par la
présentation du programme du gouvernement à l’Assemblée nationale et
par l’annulation du décret de nomination des membres de la H.C.C.
Ratsiraka est entrain de perdre les gouvernorats de province au profit des
PDS de Faritany nommés par le gouvernement Sylla. La présence de
Ratsiraka se traduit par des actes de guerre, par exemple, le dynamitage
du pont de Fatihita ou les actes de sabotage économique. La manipulation
des procédures de commandement militaire avec la complicité de certains
généraux et le recrutement des mercenaires. Ratsiraka est en train de
perdre sur le plan constitutionnel, sur le plan militaire et politique. Le
processus électoral au Sénégal, qui a amené le président Wade au
pouvoir, a des côtés qui ressemblent au processus malgache. Le
président sénégalais, qui est une personnalité très respectée au
sein de l’OUA, a de la sympathie pour le peuple malgache, dans l’expérience
que nous vivons actuellement, parce qu’il a vécu les mêmes épreuves.
M.M
: Votre opinion sur le barrage de Brickaville.
M.R
: Brickaville, c’est
une image, c’est un crime contre l’humanité. On m’a même rapporté
que certaines personnalités à Toamasina seront expulsées vers Tana.
Maintenant que le ministre de la Défense a normalisé le fonctionnement
de l’armée et rétabli la logique du commandement des militaires,
Ratsiraka ne pourra plus manipuler les soldats de l’armée régulière
pour défendre le barrage de Brickaville.
M.M
:Terrorisme, montée de la violence, présence de mercenaires étrangers,
comment voyez-vous la situation ?
M.R
: Je n’ai jamais imaginé qu’on ferait venir des
mercenaires à Madagascar, surtout de la part de Ratsiraka, je me suis
trompé. Qu’il utilise des miliciens, il l’a souvent fait. La ville de
Tana en a fait la triste expérience dans les années 80, avec la horde de
casseurs qui dévalisaient les magasins. C’est à croire que Ratsiraka
termine son mandat politique dans des conditions les plus déplorables qu’on
puisse imaginer. Ce n’est pas en son honneur, c’est la détresse, la
désolation qui règnent par ces actes de destruction qu’il mène. Le
peuple malgache étant en droit d’attendre au moins la paix sociale dans
le jeu d’alternance à la présidence de la République.
Fianarantsoa
20 morts et
50 blessés
Un convoi de militaires d’Antananarivo en renfort !
20
personnes, civils et militaires confondus, ont succombé à leurs
blessuresjusqu’à présent après les affrontements survenus à
Fianarantsoa depuis levendredi 12 avril dernier. Et dans l’après-midi
d’hier, l’on a appris qu’unconvoi de 2 camions de militaires est
parti d’Antananarivo pour renforcer la sécurité du Gouverneur
deFianarantsoa. A cause des barrages qui sont érigés dès l’entrée
d’Ambositra, cesmilitaires auraient prévu de faire une partie du trajet
àpied.
Ampopoka
L’autre
affrontement a eu lieu le samedi matin à 6h30 entre les «andrimasompokonolona
» d’Ampopoka et 25 militaires de l’Ecole des sous-officiers envoyés
d’Antsirabe. Ces derniers ont été envoyés, selon un ordre de mission
qu’ils avaient en main pour prêter, semble-t-il, main-forte au
Gouverneur de Fianarantsoa, mais ils ont été interceptés et encerclés
par la population. En effet, celle-ci avait déjà été avertie que ces
militaires avaient été envoyés à Fianarantsoa sur instruction du
Général Mounibou. Elle ne pouvait donc, à juste titre, les considérer
comme des alliés mais comme des ennemis. D’où « l’embuscade » qui
leur a été tendue par les « andrimasompokonolona » d’Ampopoka. Bilan
: 5 morts et 20 blessés graves. Les responsabilités sur la mort de ces 5
militaires et les blessures des 20 autres prêtent à réflexion.
Responsabilités
En
effet, ces militaires, sur une chaîne de télévision de la capitale, ont
affirmé qu’ils n’avaient été mis au courant de leur mission que
quelques minutes avant d’entrer à Fianarantsoa. Cet ordre de mission,
qui n’était connu que du chef de convoi, était, semble-t-il,
clairement établi : appui à l’Etat-Major mixte opérationnel de la
province de Fianarantsoa, selon les uns, renforcement de la défense du
palais du gouverneur fidèle au président sortant Didier Ratsiraka, selon
la plupart des observateurs. Le Gal Rajohnson, premier adjoint au chef de
l’Etat-Major Général de l’Armée, a pourtant affirmé, dans une
déclaration à l’AFP, que « l'ordre d'envoyer les élèves-officiers
à Fianarantsoa n'émanait pas de l'Etat-Major Général des armées mais
de l'Etat-major des forces mixtes (militaires, gendarmes, policiers), qui
dépend du Premier ministre de M. Ratsiraka ».Cependant, le Lt-Colonel
Andriamaharo Clarys, Commandant de l’ENSOA, joint par téléphone, nous
a confirmé que ledit ordre a bien été signé par le Général Mounibou,
chef de l’Etat-Major Général. Le Gal Rajohnson a-t-il péché par
mensonge ou par absence de communication entre lui-même et son supérieur
? Le Lt-Colonel Andriamaharo a par ailleurs précisé qu’il a clairement
avisé chacun des militaires faisant partie de la mission de la nature de
celle-ci , à savoir appuyer l’Etat-Major mixte opérationnel de la
province de Fianarantsoa. Tout cela pour indiquer qu’il ne s’agissait
point d’une initiative personnelle de sa part, contrairement à la
désinformation véhiculée par certains. Et le Lt-Colonel Andriamaharo de
conclure qu’on ne l’y reprendra plus ! « C'est un incident très
malheureux qu'il faut à tout prix éviter à l'avenir », convient par
ailleurs le ministre de l'Intérieur, Jean-Seth Rambeloalijaona,
interviewé par l’AFP. Il est très regrettable par contre que le Gal
Mounibou a failli à ses responsabilités lors de la déroute de la
mission des militaires de l’ENSOA. En effet, il les a purement et
simplement « lâchés » sur place. Ce sont les autorités
pro-Ravalomanana de Fianarantsoa qui se sont occupé des soins à apporter
aux blessés. Et comme l’hôpital de cette ville ne possède pas de
matériel adéquat pour l’extraction des balles, ces derniers ont dû
être évacués par un avion du Ministère de la défense nationale et par
un hélicoptère du KMMR à l’hôpital Joseph Ravoahangy Andrianavalona
d’Antananarivo. Ils sont arrivés dans la capitale le samedi après-midi
et ont été dirigés vers les différents services de cet hôpital. Par
la suite, ces blessés, qui sont tous des militaires, ont été
transférés à l’Hôpital Militaire de Soavinandriana.
Pour
en revenir à Fianarantsoa, selon Pety Rakotoniaina, « ma mise en place
officielle n’est plus qu’une formalité, car nous contrôlons déjà
à 90% la machine administrative. C’est parce que le camp adverse se
livre à des actes terroristes que nous sommes obligés de livrer bataille
». En tout cas, Fianarantsoa est devenu en quelques semaines la
concrétisation d’une lutte sans merci entre une pseudo-légalité
violente et une légitimité excédée. A l’image du peuple malgache, la
capitale du sud espère à chaque levée du soleil une vie nouvelle…
Bodo
Andrianarisoa
5 bâtons de dynamite
contre le pont de Mangoro : l'attentat a échoué Samedi, vers
18h30,
cinq fortes explosions ont retenti dans les environs de Marovitsika. En effet, cinq bâtons de dynamite ont été placés sur le pont de Mangoro ce jour-là, selon notre source. Visiblement dans le but de le détruire, toutefois, cet attentat a échoué. Ce viaduc se trouve à 30 km de cette localité, lorsqu'on vient de Tana.
Après avoir reçu des appels téléphoniques, les gendarmes de Moramanga se sont déplacés sur le lieu pour constater de visu la réalité, selon un officier de cette ville. " Il y avait eu des traces d'explosion sur le pont, mais cela n'a pas causé trop de dégâts", a-t-il fait remarquer. Pour le moment, seules les voitures légères peuvent circuler, en attendant l'expertise des techniciens. Selon toujours l'officier, ce pont a toujours été gardé tout au long du mois de mars et, actuellement, il y a un contrôle systématique de ce tronçon de route sur la RN2, par des éléments de la gendarmerie. De leur côté, les riverains du pont ont lancé un appel pour renforcer les barrages et le contrôle au niveau de ce pont.
Couper totalement
Selon d'autres sources, un minibus Mazda et une 4x4 ont été vus par les riverains, rôdant autour du pont. Toutefois, le responsable du Kmsb à Moramanga a déclaré qu'il n'a pas vu ces voitures au barrage érigé par le comité de vigilance dans cette ville, peut-être ont-ils pris la route du Fanalamanga, a-t-il précisé. Visiblement, les auteurs de cet acte ont voulu à tout prix couper totalement la circulation des biens et des personnes sur la RN2. Signalons que ce week-end, des bruits ont circulé sur un soulèvement de la population de Brickaville, pour détruire le barrage érigé dans cette localité. De plus, l'ultimatum posé par les officiers subalternes a expiré vendredi. C'est peut-être dans le but de parer à toute éventualité que ces individus malintentionnés ont dynamité le pont de Mangoro.
Dominique Ramiandrisoa
ANTSIRABE
16/04/2002
Suite
au dynamitage cette nuit du pont d'Ambohimandroso (qu'apparemment personne
n'avait songé à garder !), la tension est montée de plusieurs crans ce
matin à Antsirabe. Dès 4 heures du matin, les cloches ont sonné, les
radios locales ont lancé des appels au renforcement des barrages en ville
et auraient appelé à la "justice populaire" en citant les noms
de personnalités AREMA de la ville. Des attroupements de personnes très
excitées se sont formés, cris, sifflets,... Les barrages sont
multipliés et paralysent presque toute circulation.
Bien sûr, celles-ci se sont soigneusement cachées. La foule très
agitée qui s'est constituée s'est alors dirigée vers des maisons de
parents de ces
personnalités. La maison de la soeur du député Merci a été
"envahie"; des véhicules ont été amenés sur le terrain
karmaly (lieu des rassemblements politiques) et incendiés (au moins deux
4x4, une mercedes et une moto), des explosions ont été entendues en
ville mais il ne s'agissait probablement que des réservoirs des
véhicules incendiés; le Préfet a été recherché et se serait
réfugié au commissariat...
Les magasins sont fermés. Les karana craignent de servir de boucs
émissaires si la foule ne trouve pas les victimes qu'elle recherche.
Contrairement aux "rotaka" et OPK de 1987 ou 1994, il semble
qu'aucune autorité civile ou militaire ne soit en mesure de gérer la
situation et d'assurer la protectiion des personnes ou des biens. La
section locale du "Conseil National de Sécurité", s'est
réunie dans la salle d'oeuvre de l'église catholique... le KMFR de son
côté. Les leaders du 'mouvement
populaire' ne sont donc pas présents sur les lieux où la foule est
active.
Quelques gendarmes armés circulaient en bicyclette et en treillis ce
matin... on ne les voit plus en fin de matinée.
Un expert européen en travaux publics et des responsables de la
sub-division des travaux publics d'Antsirabe qui travaillaient au
renforcement du pont de "Fatihita" sont partis examinés les
dégâts
d'Ambohimandandroso et étudié les possibilités de réparation ou de
déviation.
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