Nosintsika
15/6/2002
Du correspondant Nosintsika Toliara ( message reçu hier 14 juin à 19h33)
Heureux ! Les militaires de MR sont entrés à Tuléar ville cette après-midi
, avec une foule nombreuse qui est venue les accueillir , acclamer et applaudir : il n'y a pas eu de violence du tout , et la ville est en liesse
. Radio Soa Talily est en train d'entonner tout de suite l'hymne de MR au Bazaribe . Le Gouverneur avait placé là ces amplis pour ses actions et
cette chanson était interdite .
La radio déclame par ailleurs que les militaires sont des havana ( amis ) et ne sont pas venus pour combattre les habitants mais pour les protéger .
Beaucoup de gens sont venus regarder les militaires , tous ont l'air heureux
. D'autres attendent à l'extérieur du camp , peut-être pour voir Thierry
Raveloson (le PDS ) arriver . La plupart des boutiques sont ouvertes , les gens n'ont pas peur , même si le gouverneur les avait mis en garde que ces
militaires viendraient pour tuer les habitants de Tuléar .
Le gouverneur a disparu , et les gendarmes qui gardaient la résidence sont retournés au camp la nuit dernière . Tout - télés , mobilier , ventilateurs
, même les portes et les fenêtres - a été pillé . Ils disent que c'est le
fait des propres milices du gouverneur car elle n'avaient pas été payées .
Traduction libre de Faraniaina PIERRE BERNARD , modérateur de madpsrc et
nosintsike ,
ce 15 juin 02
LE JIR : ARTICLE DU 15/06/2002
Madagascar : Ravalomana avance sur le terrain
Le président élu de Madagascar, Marc Ravalomanana, a fait hier un grand pas vers la victoire, son armée ayant pris le contrôle de deux capitales de province jusqu'alors tenues par les partisans du président sortant Didier Ratsiraka.
La prise de contrôle, sans combat, des villes portuaires de Mahajanga (nord-est) et Toliara (sud), avancées spectaculaires et décisives sur le terrain, sont intervenues quelques heures seulement après le départ jeudi soir de M. Ratsiraka pour Paris.
Dans le même temps, M. Ravalomanana a affirmé que sa victoire à la présidentielle du 16 décembre dernier, contestée par M. Ratsiraka, n'était "plus négociable". Et il a solennellement appelé le peuple malgache, lassé par plus de cinq mois de crise, à la "réconciliation". Le camp Ratsiraka ne contrôle plus que deux des six provinces de la Grande-Ile.
Le départ-surprise de M. Ratsiraka, a débloqué une crise née de la contestation des résultats du premier tour de la présidentielle, et qui a dégénéré en affrontements militaires.
"Je pars pour travailler à la recherche du bien du peuple malgache et je vais revenir", avait déclaré M. Ratsiraka avant son départ, tentant de rassurer ses fidèles.
Quelques heures plus tard, les troupes de M. Ravalomanana entraient sans résistance dans le port stratégique de Mahajanga. Elles brisaient ainsi définitivement le blocus de la capitale mis en place depuis trois mois par M. Ratsiraka. Selon des témoins sur place, l'entrée des troupes de M. Ravalomanana a été accompagnée de démonstrations de joie dans les rues.
Le gouverneur de la province de Mahajanga, un modéré du camp Ratsiraka, avait préféré quitter sa résidence dans la nuit de mercredi à jeudi, et donner sa démission.
Le même scénario s'est répété vendredi après-midi à Toliara (ex-Tuléar).
Dans la capitale, depuis le départ de M. Ratsiraka, les radios pro-Ravalomanana ne cessent de répéter que "Ratsiraka c'est fini, Ratsiraka a fui".
Dans le camp Ratsiraka, c'est le désarroi. "S'il est parti chercher un arrangement, c'est une bonne chose. Si c'est une fuite, ça laisse tout le monde en mauvaise position", explique un proche du président sortant.
La France, ancienne puissance coloniale et principal bailleur de fonds, a estimé qu'une "décision africaine est maintenant urgente" dans la crise malgache, tout en assurant que M. Ratsiraka était en "visite privée" à Paris.
AFP | 14.06.02 | 15h53
Les troupes de Ravalomanana sont entrées sans combat à Mahajanga
Les troupes du président élu de Madagascar Marc Ravalomanana sont entrées
vendredi matin, sans rencontrer de résistance, dans le port stratégique de
Mahajanga (nord-ouest), a-t-on appris auprès de l'Etat-major de l'armée de
Ravalamonana et de témoins à Mahajanga. Ce port était jusqu'alors tenu par
le camp du président sortant Didier Ratsiraka, qui a quitté jeudi soir Madagascar pour Paris. Un avion venant d'Antananarivo, avec 80 soldats de
l'armée de M. Ravalomanana, s'est par ailleurs posé vendredi matin sur
l'aéroport de Mahajanga pour sécuriser la place et rétablir le trafic, a-t-on ajouté de même sources. Selon des témoins sur place, l'entrée des
troupes de M. Ravalomanana a été accompagnée de démonstrations de joie dans
les rues. Mahajanga était l'objectif prioritaire du camp du président élu
pour briser le blocus de la capitale mis en place il y a plus de trois mois par le camp de M. Ratsiraka. M. Etienne Hilaire Razafindehibe, gouverneur de
la province de Mahajanga, un modéré du camp du président sortant, avait préféré dans la nuit de mercredi à jeudi quitter sa résidence et donner sadémission. Il avait agit ainsi "afin de ne pas avoir de morts sur la
conscience", a-t-il déclaré par téléphone à l'AFP. Quelques groupuscules du
quartier de l'Abattoir, majoritairement habité par des métis malgacho-comoriens traditionnellement opposés au régime d'Antananarivo et où
le camp Ratsiraka recrutaient ses miliciens, ont tenté, dans la nuit de jeudi à vendredi, de perturber l'enthousiasme de la population. Ils s'en
sont pris, avec des cocktails Molotov, aux taxi-brousses et à leurs
passagers qui entraient en ville en manifestant leur joie après le démantèlement du barrage de la Betsiboka, à 200 km de là. A Toliara,
chef-lieu de la province du même nom à 1.000 km au sud d'Antananarivo, les
autorités militaires pro-Ratsiraka de la ville ont demandé dans la matinée à
la population de cesser leurs activités et de rejoindre leur domicile, selon
des sources concordantes. Une colonne militaire dépêchée sur cet axe sud par
le gouvernement d'Antananarivo doit arriver très prochainement à Toliara.
Avant le départ du président sortant, le camp Ratsiraka avait promis jeudi
de "combattre" les troupes de M. Ravalomanana à Toliara. "Nous avons tout mis en oeuvre pour les bloquer, notamment en installant une dizaine de
barrages avant Toliara", avait déclaré à l'AFP le gouverneur, Jean de Dieu
Maharante. "Il va sûrement y avoir des combats et beaucoup de morts",
avait-il affirmé. A Antananarivo, tout en reconnaissant des difficultés de
communication avec le général Lala Andrianantaina qui commande ce convoi, l'état-major général des forces armées confirmait cette progression "sans
aucun accrochage" vers Toliara. En effet, comme sur l'axe ouest, les
barrages sont "tombés" sans coup férir, après avoir privilégié la
négociation avec les éléments des forces armées stationnées dans la province, tandis que les miliciens pro-Ratsiraka disparaissaient dans la
nature, selon lui. L'état-major à Antananarivo dément formellement que cette
"reconquête de l'ouest et du sud" par les forces armées ralliées au président élu Ravalomanana "ait entraîné des morts, puisqu'il n'y a pas eu
de combats", affirme un officier supérieur. "Des moyens suffisamment dissuasifs, même s'il s'agit de blindés légers dans un état vétuste, avaient
été engagés, afin de montrer aux +terroristes+ que le rapport de force avait
désormais définitivement basculé", au profit du président élu Marc
Ravalomanana, a ajouté la même source.
AFP | 14.06.02 | 16h22
URGENTLes troupes de Ravalomanana sont entrées sans combat à Toliara (sud)
Les troupes du président élu de Madagascar Marc Ravalomanana sont entrées
vendredi sans rencontrer de résistance dans la ville de Toliara (sud), a-t-on appris de sources militaires pro-Ravalamonana et de sources
indépendantes.
AFP
samedi 15 juin 2002, 13h57
Madagascar: le camp Ravalomanana gagne du terrainANTANANARIVO (AFP)
- L'armée du président élu de Madagascar Marc Ravalomanana préparait, samedi, l'installation de son administration dans les trois villes qu'elle a prises vendredi, sans résistance, au camp du président sortant Didier Ratsiraka. Dans les deux dernières capitales de province encore aux mains de l'administration Ratsiraka, c'était le statu quo samedi à la mi-journée. A Mahajanga, grand port de la côte nord-est, les troupes entrées la veille, sans coup férir grâce au ralliement des militaires et gendarmes déjà sur place et à la fuite des responsables des autorités locales ratsirakistes, l'armée a paradé en ville dans la matinée.Elles ont ensuite pénétré dans les bâtiments administratifs. "Nous devons maintenant sécuriser les bâtiments publics - gouvernorat, résidence du gouverneur, dépôts de carburants et centrale électrique en premier lieu -, avant d'installer dans les prochains jours le président de la Délégation Spéciale" (PDS), nommé par Ravalomanana pour remplacer le gouverneur, a déclaré l'un des officiers supérieurs commandant les troupes venues d'Antananarivo.A Toliara, sur la côte sud-ouest, deuxième port stratégique pris vendredi, sans un coup de feu également, c'est le même scénario: après avoir parcouru la ville sous les vivats, l'armée de Ravalomanana a commencé à inspecter les bâtiments publics, selon des habitants.Enfin, les militaires qui ont pris le port de Vohemar dans les mêmes conditions vendredi, dans le nord-est du pays, ont commencé à préparer le terrain pour remettre en marche l'administration, selon un officier contacté au téléphone. L'objectif des militaires est de progresser en direction du grand port-arsenal d'Antsiranana, capitale de la région du même nom à l'extrême nord du pays. Il reste théoriquement solidement défendu par des militaires d'élite et des miliciens à la solde de Ratsiraka."Nous sécurisons d'abord Vohemar et y installons l'administration", a assuré un officier supérieur pro-Ravalomanana. Avec Antsiranana, l'autre dernier bastion des ratsirakistes est Toamasina, premier port du pays, sur la côte est.Des troupes ont régulièrement quitté Antananarivo ces deux dernières semaines en direction de Toamasina, pour se positionner non loin du barrage de
Brickaville, à moins de 100 km du grand port. C'est un barrage théoriquement solidement tenu par des militaires et miliciens ratsirakistes, tout comme la ville même de Toamasina, fief traditionnel de Ratsiraka.A Antsiranana comme à
Toamasina, de nombreux témoignages d'habitants, recoupés de sources militaires fiables, font état de recrutement de jeunes désoeuvrés dans les quartiers pauvres. Les autorités locales ratsirakistes les arment et les payent pour aider à "défendre" ces deux villes.M. Ratsiraka a quitté prestement Madagascar jeudi soir pour Paris, provoquant le désarroi chez ses "ministres" et ses gouverneurs de province et provoquant le basculement ou la reddition de troupes qui lui étaient jusqu'alors fidèles.
Déclaration du quai d'Orsay - 14/06/2002
Madagascar : M. Ratsiraka en visite privée en France
Réponses du porte-parole aux questions du point de presse
(Paris, 14 juin 2002)
La France a une politique ferme qui est illustrée par la démarche que M. de Villepin a mise en oeuvre en allant à Libreville puis à Dakar.
Dans l'intérêt du peuple malgache, dont la France est l'amie depuis toujours, nous voulons une solution pacifique et politique, une solution africaine, une solution rapide qui permette de mobiliser promptement l'aide internationale dont Madagascar a besoin.
La prochaine étape est la réunion de l'organe central de l'OUA. Nous attendons qu'une date soit fixée dans les meilleurs délais pour que cette réunion se tienne et qu'elle aboutisse à un accord. Nous sommes du côté de ceux qui cherchent une solution avec toutes les parties, nous suivons l'évolution de la situation et nous en tirerons toutes les conséquences. Tout cela veut dire qu'une décision africaine est maintenant urgente.
M. Ratsiraka est en France ?
Oui, mais ce n'est pas l'essentiel. M. Ratsiraka est arrivé ce matin à l'aéroport du Bourget, accompagné de membres de sa famille. Il a pris l'avion qui avait été affrété par la France et mis à disposition de l'OUA pour le transporter de Madagascar à Dakar, le ramener à Madagascar et qui rentrait ensuite en France.
Quels sont les motifs de cette arrivée à Paris ? Doit-il rencontrer quelqu'un ?
M. Ratsiraka s'est exprimé avant son départ de Madagascar, je vous renvoie à ses déclarations. Nous ne spéculons pas sur les déclarations qu'il a effectuées. Rencontrera-t-il quelqu'un à Paris ? Pour l'instant, pas à ma connaissance.
Quel est son statut ?
Il est titulaire d'un visa de circulation qui lui a été délivré en avril. C'est un visa de six mois, renouvelable, qui lui permet de venir librement.
A quel titre est-il accueilli en France ?
Il est là à titre privé.
Est-il logé par la France ?
Non.
Et concernant la réunion de l'organe central de l'OUA, elle devrait avoir lieu le 18 juin à Libreville?
Je ne suis pas en mesure de confirmer la date et le lieu de manière définitive, c'est à l'OUA à le faire, dans les meilleurs délais.
Les deux présidents doivent participer à cette réunion ou bien l'organe central doit se réunir sans eux?
C'est une question qui relève de l'OUA, il faut la poser aux artisans de cette rencontre, au président Wade et aux Chefs d'Etat facilitateurs. En bonne logique, je suppose que, s'il s'agit d'une réunion des chefs d'Etats, il serait normal que M. Ratsiraka et M. Ravalomanana y soient présents.
Et sur sa famille, on dit que ses enfants seraient déjà partis. pouvez-vous nous le confirmer ?
Non, je n'ai pas ces détails.
Mais, lorsque vous dites qu'il est là avec sa famille, à qui faites-vous allusion ?
Son épouse, sa fille.
Reste-t-il des membres de sa famille à Madagascar ?
Je ne sais pas.
Démentez-vous que M. Ratsiraka est ici en exil ?
Je ne spécule pas. Les seuls éléments que j'ai, ce sont les déclarations de M. Ratsiraka à Madagascar, avant son départ, elles ne vont pas du tout dans ce sens-là.
Comment interprétez-vous la levée des barrages dressés par les partisans de M. Ratsiraka ?
Je ne l'interprète pas, je ne peux que m'en féliciter puisque c'était prévu dans le processus de Dakar.
Ce matin, M. Ravalomanana a lancé un appel à l'unité, la France soutient-elle cet appel ?
La France soutient les efforts de médiation africains.
Mais pas l'unité de Madagascar ?
La France est toujours favorable à cette unité, cela va de soi, voyons !
Les efforts de médiation africains impliquent qui ? L'OUA ou également d'autres Chefs d'Etat comme le président Bongo ou le président Wade ?
Tout ceci fait partie du même ensemble. Il y a un groupe de Chefs d'Etat facilitateurs dont le coordinateur est le président Wade, qui agit au nom de l'OUA. A l'issue de la réunion de Dakar-2, le président Wade avait bien expliqué que les éléments du plan de sortie de crise, qu'il avait mis au point, devaient être maintenant transmis à l'OUA.
Le président Ratsiraka est-il le bienvenu en France ?
Il est en visite privée.
The Times - 15/06/2002
Madagascar presidential rival 'flies into exile'
FROM MICHAEL DYNES IN JOHANNESBURG
THE ousted President of the Indian Ocean island of Madagascar, Didier Ratsiraka, flew to Paris yesterday, prompting speculation that the long-time ruler had finally given up his struggle to hang on to power and had gone into exile.
Mr Ratsiraka, who has ruled the island of 16 million people with an iron fist for more than 20 years, left the country in the middle of the night with his wife, daughter and bodyguard on an Airbus chartered by the French Government.
Confirmation of Mr Ratsiraka's departure was greeted with jubilation among supporters of Marc Ravalomanana, who last month was declared victor of the disputed presidential elections in December.
Pro-Ravalomanana television broadcasts claimed that the former President's departure heralded the end of the island's political crisis and the end of Mr Ratsiraka's rule.
But supporters of Mr Ratsiraka rejected the claims, insisting that he had gone to Paris for discussions with the French Government, the former colonial power, over the future of the island. One report suggested that he had gone to Paris to buy arms.
The conflicting claims come after forces loyal to Mr Ravalomanana seized the strategically important Ratsiraka Bridge, 130 miles north of the capital, Antananarivo, earlier this week and began marching on the port of Mahajango in the North West.
Its capture would enable Mr Ravalomanana to resupply the capital with fuel and food, breaking the three-month siege mounted by Mr Ratsiraka's forces.
The impoverished island was plunged into chaos six months ago after Mr Ratsiraka's Government claimed that neither of the two presidential rivals had won an outright majority in the bitterly contested December elections.
After recounting the ballots, the country's High Constitution Court ruled last month that Mr Ravalomanana won 51.5 per cent of the vote, compared with Mr Ratsiraka's 35.9 per cent.
Mr Ratsiraka refused to accept the court's verdict, accusing it of bias against him. The rival claimants to power came face to face at talks last weekend in Senegal but failed to agree to a proposed power-sharing deal aimed at bringing an end to the bloodshed in which some 70 people have been killed.
The talks are due to resume next week in Libreville, Gabon
Retour aux infos du jour
|
Mada Express 15/6/2002
Aujourd'hui samedi 15 juin 2002
Mahajanga, Toliara et Vohemar sont "tombées" - Ratsiraka résiste à Paris
Mahajanga dans la matinée, puis Toliara en début d'après-midi, enfin
Vohemar : c'est à Paris que l'ancien président Didier Ratsiraka, dont on
voit mal désormais comment il pourrait faire pour regagner du terrain à
défaut de revenir au pouvoir, aura appris ces bonnes nouvelles pour le
pays, moins bonnes pour ses partisans restés sur place. Du gouverneur Jean de Dieu Maharante au sud à celui de l'ouest Jean Etienne Razafindehibe, ces résistants de la dernière heure auront tour à tour préféré le repli stratégique à l'affrontement. Il est vrai que ni l'un ni l'autre ne pouvait finalement compter sur des populations plus que lasses et excédées par un combat de chefs très éloigné de leurs préoccupations quotidiennes de survie. Et nul doute que son départ aura précipité les événements par l'effet psychologique négatif qu'il aura eu sur ses "troupes". Cette défaite sur le terrain, sans effusion de sang grâce à la sérénité de forces armées plus garantes que jamais de l'unité nationale, des valeurs républicaines et de la démocratie, permet au président Marc Ravalomanana de se rappeler au bon souvenir de son électorat en entâmant, comme hier à Mananjary, une tournée nationale qui va sans doute se poursuivre dans les prochaines semaines, sous la bannière de son nouveau parti "Tiako'i Madagasikara". On votera bien quand même un jour... Mais à Paris, à l'entendre, M. Ratsiraka n'a pas dit son dernier mot. C'est sans doute, il faut désormais le souhaiter, d'Addis Abeba que celui-ici viendra, où se réunit le 21 juin prochain l'organe central de l'Organisation de l'unité africaine sur le "cas" malgache
Deux messages du Président Ravalomanana : mise en garde de la communauté internationale et réconciliation
"La souveraineté nationale n'est pas négociable. Les élections du 16 décembre m'ont donné la victoire, c'est un point qui n'est plus
négociable", a-t-il indiqué dans un discours, à l'adresse de la communauté internationale et après avoir remercié les médiateurs africains.
"Cela n'empêche pas que si vous avez des propositions qui ne remettent pas en cause ce point, nous sommes toujours prêts à les prendre en considération", a-t-il ajouté.
A aucun moment dans son discours, M. Ravalomanana n'a évoqué le départ du président sortant.
"Oublions maintenant les divergences. A ceux qui ont choisi le mauvais chemin, il faut savoir perdre. Si vous persistez dans le mauvais chemin, nous nous laverons les mains de ce qui pourra vous arriver", a-t-il averti. "Il faut oublier le passé. A partir d'aujourd'hui, c'est à l'avenir que
nous devons penser. Il faut cesser de nous chamailler", a-t-il conclu.
Le président Ravalomanana s'est rendu hier pendant quelques heures dans la ville de Mananjary, dans la province de Fianarantsoa. Il y a été accueilli par plusieurs milliers de personnes très enthousiastes.Il Ètait
accompagné de plusieurs ministres et de son chef d'Etat major.
Avant de partir pour Mananjary, le Président avait lancé un "appel solennel à la réconciliation". "Il est grand temps que nous nous
réconcilions", a-t-il déclaré dans un bref discours solennel au palais présidentiel
d'Ambohitsirohitra.
"Je fais le voeu que le Malgaches se serrent les coudes et travaillent avec nous pour le développement économique et social. Nous avons commencé à démanteler les barrages, nous allons continuer mais nous voulons éviter autant que possible les violences", a-t-il conclu.
Selon un conseiller de M. Ravalomanana, "le président s'adresse à tout le peuple malgache, mais derrière cela il faut voir la main tendue vers ceux qui se sentent abandonnés après le départ de M. Ratsiraka".
D'Ambodiatafana à Neuilly, arrivée très attendue des médias de Ratsiraka à paris
"Didier Ratsiraka a bien pris l'avion (...) que la France avait mis à disposition de l'Organisation de l'unité africaine pour le transporter à Dakar. Cet avion, après l'avoir ramené à Toamasina, devait rentrer à Paris et il a souhaité l'emprunter", indiquait-on dès jeudi soir au ministère français des Affaires Étrangères.
"Nous ne pouvons spéculer" sur les intentions ou projets de Didier Ratsiraka une fois en France, a-t-on précisé de même source tandis que le porte-parole du Quai d'Orsay, François
Rivasseau, précisait ensuite que M. Ratsiraka est en "visite privée", et qu'au cours d'une première visite à
Paris en avril, il avait bénéficié d'un visa de six mois dit de circulation.
M. Ratsiraka a voyagé avec son épouse, Céline, et leur fille Sophie. La famille Ratsiraka dispose d'un appartement à Neuilly (Hauts-de-Seine), en banlieue huppée de Paris.
Devant la porte de l'immeuble où il réside, aucune mesure de sécurité particulière n'a été prise et il n'a semblé recevoir aucune visite hier.
Les services de police se sont refusés à toute information sur sa présence, ce sujet étant "sensible".
La Villa Madrid où réside M. Ratsiraka est un ensemble de villas et de petits immeubles luxueux autour d'un parc privé. Plusieurs diplomates résident également dans cette résidence dont l'accès est théoriquement interdit.
Si le président Ratsiraka a refusé de recevoir l'Afp, il a fait meilleur accueil à la chaine de télévision privée TF1 (lire par ailleurs). Dans l'ensemble, des radios aux télévisions, les médias français se sont mobilisés sur cette arrivée, dans le but évident d'être les premiers à savoir s'il s'agissait vraiment d'un voyage de travail ou d'un départ définitif du pouvoir.
Sur l'éventualité d'un exil, une rumeur circulait hier à Antananarivo. Au dernier Dakar, M. Ratsiraka aurait, parait-il, négocié son départ contre l'acceptation par la France d'accorder le statut politique à 200 de ses plus proches collaborateurs. Paris aurait refusé, tout en marchandant cet afflux de réfugiés politiques à 80 seulement.
Si cette information est vraie, au moins le président Ravalomanana, qui en a été vraisemblablement informé, aura-t-il appris que l'on peut rester au pouvoir dans notre pays avec seulement 200 fidèles...
Didier Ratsiraka, sur TF1, récuse toute idée de "désertion"
Arrivé vendredi matin dans la capitale française, le président sortant Didier Ratsiraka a tenu à confirmer, dans la soirée, lors d'une interview diffusée sur la chaîne de télévision TF1, qu'il n'était nullement "en fuite" comme l'avaient laissé supposer les rumeurs qui ont entouré son départ de Toamasina, jeudi en fin d'après-midi, à bord de l'Airbus A319 affrété par le gouvernement français. Celui-là même qui avait servi, voilà une semaine, au déplacement de la délégation qu'il avait conduite à Dakar, dans le cadre du processus de conciliation initié par
l'Oua. M. Ratsiraka a soutenu que, si tel était le cas, il aurait "peut-être pris un avion en catimini" et non cet avion officiel.
Au-delà des déclarations du chef de l'Etat sortant - décidé a priori à ne pas abandonner la partie -, les téléspectateurs malgaches n'auront pas manqué de relever les nombreuses approximations qui ont émaillé la présentation par le journaliste (en voix off) de la situation politique à Madagascar. Ainsi, Marc Ravalomanana - l'"opposant" de Didier Ratsiraka - est toujours désigné comme "le maire de la capitale" et ses "partisans" sont "soutenus par une partie de l'armée", ce qui leur a permis de "lever plusieurs barrages et progresser sans rencontrer de résistance". Après avoir indiqué que "la crise a éclaté en décembre dernier avec les résultats de l'élection présidentielle", le journaliste de TF1 résume, à sa façon, la situation : "Marc Ravalomanana affirme avoir gagné au premier tour. Didier Ratsiraka le conteste. Les partisans du premier, très nombreux à Tananarive, la capitale, manifestent en masse et Marc Ravalomanana finit par s'autoproclamer président élu. Le pays est au bord de la partition, même si un bain de sang a pu être évité. Et malgré les efforts de conciliation de l'Organisation de l'Unité africaine, les deux hommes campent sur leurs positions". Dans la mesure où cette présentation a servi d'introduction à la déclaration de Didier Ratsiraka rapportée en début d'article, il n'est pas certain que le téléspectateur ait pu véritablement percevoir les nuances qui s'imposaient. Il est vrai que, de Paris, il n'est pas évident d'avoir une idée exacte de ce qu'il est désormais convenu d'appeler ici "l'évolution de la situation sur le terrain".
Les troupes sont entrées à Toliara - Chute pacifique des capitales provinciales
Jean Claude Rajoharison, président de l'association des natifs des Hautes terres ou Zat -"Zanak'Antananarivo Tafaray eto Toliara"- a résumé la "chute" de Toliara. Pendant les longs mois de la crise postélectorale, cette station locale de la Radio nationale, faisaient du Kmmr sa principale cible. Les troupes sont entrées hier après-midi dans la capitale du Sud, après 1000 km parcourus depuis l'arrivée du président Ravalomanana revenu de Dakar, mardi dernier. Les seuls coups de feu entendus ont été des tirs de dispersion effectués contre un début de pillage de la résidence de
Tsianaloka, abandonnée par le gouverneur Jean de Dieu Maharante. Ce dernier aurait gagné Saint-Augustin, un gros village du littoral, avant-hier dans la soirée à bord d'une vedette rapide. Thierry
Raveloson, nommé président de la délégation spéciale de la province de Toliara au lieu et place du gouverneur, est attendu ce jour dans son chef-lieu. Tous les prisonniers politiques, la délégation du colonel Ralaizamaro et cinq civils, ont recouvré leur liberté.
"Mission de sécurisation"
Deux blindés légers, type automitrailleuse Brdm russe, ont fait leur entrée hier vers 15h30 dans le camp Raveloson Mahasampy du 1er régiment de la région militaire, suivis par un cortège de camions jaunes de marque Berliet. Une partie a pris position à l'aéroport dont la piste est de nouveau praticable, dégagé des fûts d'obstruction. La colonne a été accueillie sur le boulevard par des applaudissements et des cris d'allégresse d'un important concours de population tandis qu'à l'intérieur du camp Raveloson Mahasampo, des notables, représentants des différentes ethnies, prenaient contact avec le général Lala Randrianantenaina, commandant la colonne militaire, qui s'est déclaré fils de la région et clairement affirmé que sa mission était essentiellement une "mission de sécurisation" doublée d'une mission de "rapprochement entre frères" (d'armes). Dont les vues auront cessé de diverger après le "retablissement de l'unicité des Forces armées", marqué par la cérémonie de passation tenue à Ivato en présence du président Marc Ravalomanana, chef suprême des Forces armées. Pour prouver le pacifisme de sa mission, le général Randrianantenaina a rapporté que sa colonne n'a pas engagé d'actions agressives pour pousser le repli des irréguliers postés au niveau du barrage de Bevilany. Le démantèlement s'est effectué sans effusion de sang. Assistait à l'entrevue, le général
Ratongason, commandant la région militaire. Il était le premier responsable du dispositif stratégique du gouverneur Maharante. Deux heures auparavant, vers midi, les notables des 18 ethnies, les "ray aman-drenin'18 foko" dont le Zat, association des natifs des Hautes terres, avaient eu une entrevue avec le général Ratongason dans son bureau. Ils avaient demandé qu'il n'y ait pas d'effusion de sang et que tout doive se dérouler sous le signe de la fraternité du
"filongoa". Le sénateur Robert Razaka, proche de Maharante Jean de Dieu, et Hamada Olivier, commissaire général du gouvernorat, chargé de l'agriculture ainsi que le directeur régional de la police nationale avaient participé à la réunion. Un bal populaire aurait été programmé à Toliara. La même allégresse, un bal populaire aurait été programmé- a été enregistrée à Mahajanga qui a accueilli les troupes accompagnées de deux véhicules blindés, dans la soirée. Elles ont été escortées par un cortège des poids lourds libérés par le démantèlement du pont-barrage de la Betsiboka dans la journée du mercredi.
RESTE TOAMASINA
La situation dans le Nord est toujours aussi confuse mais la progression semble irrésistible. Des renforts dont une mitrailleuse anti-aérienne débarquée à Sambava, ont été expédiés vers la zone de combat de la région Sava. Vohemar a été investi, les irréguliers et les auxiliaires refluent en direction de Diego-Suarez. Des cas de désobéissance dégarnissent les rangs des troupes fidèles aux autorités provinciales du gouverneur Gara Jean Robert. Des militaires du 1er régiment de la région militaire et du 2ème régiment des Forces d'intervention essaient de gagner des casernes pour rentrer dans les rangs. Des éléments ont gagné des garnisons comme celui d'Ambahivahibe, sur la route d'Ambilobe. Des affrontements sont signalés à Nosy be et les rumeurs sur la démoralisation des autorités provinciales sont persistantes. Reste
Toamasina, considéré comme le bastion du président sortant. La publication de la nomination de Mahazaka Clermont comme préfet de région
d'Antsiranana en conseil de ministres, a jeté le trouble. La nomination du préfet serait révélateur de connivences alors qu'il a été au centre du dispositif stratégique du camp Ratsiraka basé à Toamasina. Une action est considérée comme imminente sur la Rn2 pour faire sauter le verrou du pont Bailey d'Ivolo-Brickaville.
Mobilisation générale à Diégo-ville : une "Grande marche de l'amitié" prévue ce jour
C'est une décision prise par le gouverneur de la Province autonome d'Antsiranana, Gara Laurence Jean Robert, qui a décrété vendredi 14 juin jour férié, chômé et payé. La raison ? Permettre aux différentes associations, politiques, éthniques, religieuses de la capitale septentrionale, réunies mercredi 12 juin dernier à l'Hôtel de ville par le gouverneur, de mieux mobiliser l'ensemble de la population antsiranaise en vue de la "Grande marche de l'amitié" prévue ce jour. Selon les indiscrétions recueillies sur place, cette mobilisation générale, orchestrée par les partisans de Didier Ratsiraka, se veut être l'expression d'une contestation d' éventuelles (et imminentes ?) attaques des troupes légalistes pro-Ravalomanana au cœur du pays du
"rôdy mafana". Voilà une situation qui reflète une certaine fébrilité chez les supporters invétérés antsiranais de l'Amiral, habitués au recours à la manière forte pour imposer leurs idées et s'imposer. Pressentent-ils que le glas a déjà sonné pour eux ?:
Le 21 juin à Addis Abeba
ADDIS ABEBA (Afp) - Un sommet des chefs d'Etat de l'organe central de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits se réunira le 21 juin à Addis Abeba pour traiter de la crise à Madagascar, a-t-on appris vendredi soir auprès de l'OUA dans la capitale Éthiopienne.
L'organe central de l'OUA s'était prononcé le 3 juin en faveur d'un sommet des chefs d'Etat sur la crise à Madagascar, en souhaitant que ce sommet ait lieu avant le sommet de l'OUA prévu à Durban (Afrique du sud) du 8 au 10juillet.
"Une décision africaine est maintenant urgente", avait déclaré vendredi le porte-parole du ministère français des Affaires Étrangères, François
Rivasseau.
"Nous voulons une solution pacifique et politique, une solution africaine, une solution rapide qui permette de mobiliser rapidement l'aide internationale dont Madagascar a besoin", avait ajouté M.
Rivasseau.
"Ce qu'il faut, c'est trouver une sortie honorable" à M. Ratsiraka,
indiquait également une source proche du dossier.
La sortie honorable, s'il devait se confirmer dans les prochains jours que le président sortant n'a plus l'intention de revendiquer le pouvoir, pourrait se négocier lors de la réunion
d'Addis Abeba.
Vohémar - Les forces régulières occupent la ville, depuis hier
Quelque dizaines de minutes auparavant, celles-ci essuyèrent tout de même quelques coups de feu et des tirs de mortier sporadiques sur leur passage, peu avant leur entrée dans la ville. Mais c'était, de la part des miliciens et des militaires du Rfi restés sur place, plus une manœuvre destinée à leur faire gagner davantage de temps pour un repli définitif que la manifestation d'une réelle volonté de résistance. Si la prise de Vohémar s'était faite sans coup férir comme on dit - aucune victime de part et d'autre -, ce ne fut néanmoins pas sans casse puisque l'ennemi, en se retirant, aura réussi un dernier " baroud d'honneur ", en emportant, sous a menace bien évidemment, le contenu des coffres de deux banques sur place !
Par ailleurs, l'on tient à nous signaler que les deux sous-officiers tués lors des accrochages d'Ampanefena survenus mercredi dernier, viennent du camps des " rebelles " et non du côté des forces armées de la République comme il a été mentionné. En tout, la campagne de Vohémar n'aura fait que quelques blessés légers dans ce dernier camp.
Ce succès permet aux troupes régulières présentes dans cette partie nord-est de l'Ile depuis près de trois semaines, d'aborder avec un excellent moral la suite de leur programme dont la finalité reste l'installation du Président de la délégation spéciale, Jaosoa Jean Pascal, à Antsiranana.
Par ailleurs, à Sambava, les habitants ont poussé mercredi dernier un " ouf " de soulagement : le bateau qui les narguaient de sa présence depuis le large et depuis le lundi 10 juin dernier, a disparu. Définitivement.
|
Jeune Afrique l'intelligent - 13/06/2002
Madagascar : le blocus de la capitale brisé
13/06/2002 08:13:00
MADAGASCAR (JAF) L'armée du président élu de Madagascar, Marc
Ravalomanana, a brisé le blocus de la capitale mercredi en prenant un barrage stratégique aux troupes du président sortant Didier Ratsiraka, et a progressé sur tous les fronts à l'exception de la petite île de Nosy
Be, où un de ses généraux a été encerclé ou capturé.
Le barrage était l'une des deux pièces maîtresses du blocus mis en place depuis plus de trois mois par le camp Ratsiraka pour asphyxier la capitale et les hauts plateaux environnants, fiefs du gouvernement
Ravalomanana.
Erigé sur le pont de la rivière Betsiboka, il barrait la route entre Antananarivo et le grand port de Mahajanga, à 577 km au nord-ouest, aux mains de l'administration Ratsiraka.
"Le pont est à nous, nous sommes en train de dessouder le conteneur qui l'entravait", a assuré à l'AFP un officier supérieur de l'état-major de M. Ravalomanana en fin d'après-midi. "Les miliciens qui tenaient le barrage ont déguerpi dès que nous avons tiré les premiers coups de mortiers et nous avons pris le pont sans combats", a affirmé un autre.
Le pont a été pris d'assaut par une centaine de militaires et il n'y a pas eu de résistance", a confirmé à l'AFP un expert étranger.
Mahajanga est l'un des objectifs prioritaires de la conquête militaire des quatre provinces encore contrôlées par l'administration de M. Ratsiraka, fait-on savoir depuis plusieurs semaines à l'état-major de M.
Ravalomanana.
Une fois le grand port de Mahajanga tombé, M. Ravalomanana pourra briser le blocus de la capitale et s'approvisionner sans passer par le premier port du pays,
Toamasina, sur la côte nord-est, le bastion de M. Ratsiraka.
L'accès d'Antananarivo à Toamasina par la route est barré par un autre barrage important tenu par des militaires d'élite fidèles à M. Ratsiraka.
"Nos troupes continuent de progresser vers Mahajanga", a assuré un officier supérieur de l'état-major. La province de Mahajanga, comme la ville du même nom, est "prête à basculer", ajoute-t-on à l'état-major.
La ville et la province de Mahajanga avaient majoritairement voté pour M. Ravalomanana au premier tour de la présidentielle du 16 décembre 2001.
"Avec la levée du barrage de la Betsiboka, le camp Ravalomanana marque un point très important sur le terrain, si l'on excepte Nosy
Be", analyse l'expert étranger.
Sur cette petite île très touristique, un général et une dizaine ou une vingtaine d'éléments précurseurs ont été capturés ou encerclés mercredi par les militaires et miliciens fidèles à Didier Ratsiraka, ont reconnu des officiers supérieurs de l'état-major de M.
Ravalomanana.
Depuis mardi, des combats sporadiques opposaient les deux camps à Nosy Be.
L'objectif des militaires pro-Ravalomanana est de chasser militaires et miliciens
pro-Ratsiraka, qui ont mis l'île en coupe réglée depuis cinq mois, et de prendre le contrôle de cette position-clé dans la stratégie de conquête militaire de la grande province
d'Antsiranana (nord), entamée il y a plus d'une semaine.
A Sambava, dans le nord-est, les troupes pro-Ravalomanana ont continué mardi et mercredi de progresser vers le nord, après avoir pris le contrôle d'une grande partie de la région depuis plus d'une semaine, a-t-on appris de sources militaires qui se disent "neutres".
Aucun bilan des pertes éventuelles n'était avancé de part et d'autre.
En prenant le contrôle de la région de Sambava et en lançant des troupes vers le nord depuis la ville
d'Antsohihy (nord-ouest), l'armée de M. Ravalomanana tente de prendre en tenaille le grand port-arsenal
d'Antsiranana (extrême-nord), solidement tenu par les ratsirakistes.
Enfin, dans le sud-ouest, une importante colonne de l'armée de M. Ravalomanana a continué de progresser en direction du port de Toliara, selon des sources militaires concordantes.(avec AFP)
LE JIR : ARTICLE DU 14/06/2002
Madagascar : Ratsiraka en fuite ?
Le président sortant de Madagascar Didier Ratsiraka a quitté Madagascar hier soir pour Paris en promettant de "revenir", a annoncé à l'AFP un de ses conseillers. Un responsable du camp Ravalomanana a de son côté estimé que M. Ratsiraka "a définitivement quitté le pays".
"Je pars pour travailler à la recherche du bien du peuple malgache et je vais revenir", a déclaré l'amiral Ratsiraka au cours d'un bref point de presse à l'aéroport de Toamasina (est), selon une traduction donnée par son conseiller, José Andrianoelison. M. Ratsiraka s'est envolé à 18 h 35 locales (15 h 35 GMT) de son fief de Toamasina (est) à bord de l'Airbus affrété par le gouvernement français qui l'avait conduit à Dakar le 8 juin pour y rencontrer son rival, le président élu Marc Ravalomanana, au cours d'une ultime tentative de négociation qui avait échoué, a précisé M.
Andrianoelison.
M. Ratsiraka a déclaré qu'il avait de toute façon prévu de partir samedi 15 juin pour le Gabon en prévision d'un sommet des chefs d'États de l'organe central de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) consacré à la crise malgache.
Cependant, aucune date ni aucun lieu n'a encore été fixé pour ce sommet. M. Ratsiraka a fait savoir qu'il se rendrait de Paris à Libreville pour le sommet de l'organe central, a-t-on appris dans son entourage.
"Je souhaite partir avant pour faciliter les contacts", a ajouté M. Ratsiraka cité par son conseiller. A la question d'un journaliste "N'êtes-vous pas en train de fuir ? ", il a répondu par la négative, assurant, sans plus de détail, que "le peuple malgache est un peuple adulte". Son épouse et l'une de ses filles l'accompagnaient, ainsi que des conseillers et proches, dans l'appareil conçu pour 26 passagers, a précisé M.
Andrianoelison. Le président sortant voyage toujours avec sa famille.
Un responsable du camp Ravalomanana a de son côté estimé, sous couvert de l'anonymat, que M. Ratsiraka "a définitivement quitté le pays".
"Faux", a-t-on rétorqué dans l'entourage de M. Ratsiraka en précisant toutefois qu'un départ de Madagascar lui avait été déconseillé par des proches parce qu'il aurait "un effet désastreux sur les partisans qui sont au front".
Avancée sur Mahajanga
Dans la journée, l'armée de M. Ravalomanana s'est rapprochée du grand port de Mahajanga, sur la côte nord-ouest, qu'elle devrait prendre rapidement, sans résistance, selon des sources militaires des deux camps.
Mahajanga est l'objectif prioritaire du camp du président élu pour briser le blocus de la capitale mis en place il y a plus de trois mois par le camp de M. Ratsiraka.
En revanche, à Toliara, un autre port dans le sud-ouest à quelque 1 000 km d'Antananarivo, le camp Ratsiraka a promis hier de "combattre".
"Nous avons tout mis en œuvre pour les bloquer, notamment en installant une dizaine de barrages avant Toliara", a déclaré à l'AFP le gouverneur, Jean de Dieu Maharante. "Il va sûrement y avoir des combats et beaucoup de morts", a-t-il affirmé. Des éléments précurseurs des troupes de M. Ravalomanana, équipées de blindés légers assez vétustes, se trouvaient jeudi à quelque 150 km à l'est de Toliara, selon des sources militaires concordantes.
A Mahajanga, "les militaires sont rentrés dans leurs casernes et nous attendent pour se rallier", a assuré à l'AFP un officier supérieur de l'état-major de M. Ravalomanana. Cette information a été confirmée à l'AFP par un responsable du camp de M. Ratsiraka contacté au téléphone à Mahajanga.
Mercredi après-midi, les militaires de M. Ravalomanana avaient pris, sans devoir combattre, un barrage érigé sur le pont de la rivière
Betsiboka, à environ 200 km à l'est de Mahajanga. Les militaires qui le gardaient se sont retirés avant leur arrivée, et les miliciens qui restaient ont fait retraite aux premiers coups de semonce des mortiers du camp Ravalomanana, selon des sources militaires des deux camps. Si les troupes pro-Ravalomanana progressent vers Mahajanga et Toliara, le statu quo a prévalu hier sur le front nord.
Sur la petite île touristique de Nosy Be, au nord-ouest, un général de M. Ravalomanana et une dizaine d'éléments précurseurs débarqués au cours du week-end étaient toujours en fâcheuse posture. Ils avaient échappé la veille à un encerclement par les militaires et miliciens pro-Ratsiraka qui ont mis l'île en coupe réglée depuis cinq mois, et se terraient encore en fin de journée.
L'offensive croisée des forces de M. Ravalomanana vers le grand port-arsenal d'Antsiranana, à l'extrême nord, fief des militaires ratsirakistes, n'a pas avancé hier Les troupes parties de Sambava, une ville arrachée il y a 12 jours aux forces ratsirakistes sur la côte nord-est, font halte depuis deux jours à une vingtaine de kilomètres au sud du port stratégique de Vohemar
|
Midi de Madagascar - 14/06/2002
Mahajanga :
Le gouvernorat hisse le drapeau blanc
Après la prise du barrage stratégique de Betsiboka mercredi dernier, les forces légalistes ont continué leur avancée pour atteindre Amborovy, vers minuit. Selon des personnes jointes par téléphone, les troupes régulières se sont déplacées par la suite, pour rejoindre le Fokontany d'Ambondrona. Ces dernières y ont installé provisoirement leur Quartier Général, plus précisément près du campus universitaire.
r.d.a
Du côté des forces rebelles, c'est l'éclipse totale. Selon les mêmes sources, un drapeau blanc a été hissé hier à la résidence, siège du gouvernorat. Face à cette entrée victorieuse des forces gouvernementales dans la capitale du Boina, les généraux Polycarpe et Boba se sont évaporés dans la nature. Tout comme le gouverneur sortant Hilaire Etienne Razafindehibe, qui a quitté la ville de Mahajanga dans la soirée de mercredi.
Détournement des émetteurs
Concernant l'aéroport d'Amborovy, les fûts et les barricades qui ont été placés sur la piste d'atterrissage furent dégagés, hier. Le contrôle de l'aérodrome est un atout majeur pour les forces régulières. Sur le plan de l'audiovisuel, le journaliste de RTK Hary a été libéré hier vers 15 h. Rappelons qu'il a été appréhendé le 30 mai dernier. Il a été donc victime de deux semaines de détention dans les locaux de la gendarmerie. Après deux mois de silence, la TVM a commencé à émettre hier dans la matinée, pour être évincée par Canal 6 vers midi. Après avoir perdu la bataille sur le plan militaire, les fidèles de l'amiral essaient toujours de contrôler la communication pour propager les nouvelles d'Ambodiatafana. Cette opération de détournement des émetteurs de la TVM ne va pas durer longtemps avec la prise de la cité du soleil par les troupes régulières.
Hué par la foule
Ne voulant pas baisser les bras, les partisans de l'amiral ou ceux qui en restent ont voulu organiser, hier après-midi, un meeting devant l'hôtel de ville. Un appel de détresse à l'endroit de ceux qui ont soutenu le camp de l'amiral en général, et à la population locale en particulier. Selon des témoins oculaires, le sénateur Mengy a pris la parole, "nous ne combattons pas les Merina, nous sommes de la même famille ", a-t-il dit. Au cours de son intervention, il a été hué par la foule. Rappelons que cet élu a été une des têtes pensantes du Kmdr, connu surtout pour ses écarts de langage à l'endroit des originaires des Hautes terres, mais aussi pour sa participation active lors des échauffourées dans la capitale du Boina. Selon nos contacts sur place, une délégation conduite par le général Polycarpe a voulu négocier avec des représentants des forces légalistes. Cependant, aucune confirmation n'a été donnée si cet entretien entre frères d'armes avait vraiment eu lieu.
Antsiranana
Gara Jean Robert menacé de mort par le Colonel Coutiti
En ce moment, l'ancien gouverneur d'Antsiranana, Gara Jean Robert, voyant la gravité de la situation dans la région septentrionale de l'île, veut prendre ses jambes à son cou. Une vedette rapide serait amarrée spécialement au port d'Antsiranana, pour l'emmener aux Comores et ce, depuis déjà un certain temps.
Lvs
Mais le Colonel Coutiti, qui a trempé dans ses louches combines, ne l'entend pas de cette oreille et veut l'en empêcher, quitte à attenter à sa vie en cas de fuite. Cette information nous est parvenue de personnes originaires de la région, qui ont affirmé que des éléments de Coutiti gardent de près l'ancien gouverneur, au cas où ce dernier tenterait de prendre la poudre d'escampette, à l'instar de la dame Soaline.
Coutiti
Le Colonel Coutiti, quant à lui, fait le va-et-vient entre Antsiranana et Nosy Be où avec ses troupes, il fait la chasse à une dizaine d'éléments légalistes qui s'y sont infiltrés. Selon des sources concordantes, ces derniers seront bientôt renforcés d'autres éléments. Du côté de la Sava, les affrontements se poursuivent et, selon des sources locales, les troupes loyalistes ont déjà pris la ville de Vohémar. Pourtant, des renforts ont été envoyés d'Antsiranana pour venir en aide aux rebelles, ce qui pourrait intensifier les affrontements. A Ambariomiambana, au camp du Génie Militaire situé à 8 km de
Sambava, des biens appartenant à la dame Soaline ont été découverts, comme des camions et d'autres outils qui ont servi pour faire régner la terreur dans la région. Sept éléments fidèles à l'Amiral ont également été interceptés et vont être acheminés dans la capitale. Un sort plus enviable par rapport à celui des responsables directs des exactions commises dans la région, qui subissent psychologiquement ou physiquement la colère de la population. D'ici une semaine, selon les observateurs, la région du nord pourrait être totalement investie par les forces régulières.
Conseil des ministres
Deux autres Ambassadeurs révoqués
Un conseil des ministres s'est tenu le mercredi 12 juin 2002, au palais d'Ambohitsorohitra, sous la direction du président de la République, Marc Ravalomanana. A part l'examen général des affaires nationales, ce Conseil a procédé principalement à l'approbation de décrets de nomination et d'abrogation aux hauts emplois de l'Etat. Au titre du Ministère de la Justice, les nominations sont les suivantes :
R.v.f
Directeur Général des Affaires judiciaires, de l'Administration Pénitentiaire et du Contrôle du Fonctionnement des Juridictions : M. RANDRIANAIVOJAONA Fenomanana.
-Premier Président de la Cour Suprême : M. RABETOKOTANY Charles
-Procureur Général près la Cour Suprême : M. RAVELONTSALAMA Bertholier Edson
-Premier Président de la Cour d'Appel d'Antananarivo : Mme SOLONIRINA-HARSON Honorine Isabelle épouse RANDRIANAIVO
-Procureur Général près la Cour d'Appel d'Antananarivo : Mme RAHANTAMANANA Sahondra épouse RAJERY
-Premier Président de la Cour d'Appel de Fianarantsoa : M. RAJAONA Andriamanankiandrianana
-Procureur Général près la Cour d'Appel de Fianarantsoa : M. ETSIFOSAINE
-Procureur Général près la Cour d'Appel de Mahajanga : RAJAOBELINA Christian Joël.
-Président de la Chambre Administrative à la Cour Suprême : M. RAHOERASON Emile
Au titre du ministère de l'Intérieur ont été effectuées des nominations de nouveaux Préfets de Région. RAKOTOMALALA Emile François pour Antsirabe, RANADY Alson Georges pour Morondava, MAHAZAKA Clermont Gervais pour Antsiranana, TATAHAFA Lahimandakotsifolaky pour Antsohihy, RABEARISON Andrianomenjanahary pour Ambositra, et HERISON Olivier Ernest Andriantsoa pour Fianarantsoa. Au titre du même ministère, ont été effectuées des nominations de nouveaux Sous-Préfets : ANDRIAMANANTSOA Philibert pour Betafo, ANDRIANTSALAMA Albert pour Ambatolampy, RADANIELINA Andriamihaja pour Andramasina, et RAZAFIARISON Jean Jugus pour Manakara.
Au titre du ministère des Affaires étrangères, un décret abrogeant la nomination d'autres Ambassadeurs Extraordinaires et Plénipotentiaires de Madagascar a été pris. Il s'agit M. RUPHIN Georges, Ambassadeur auprès de la République d'Italie, de M. TSILANIZARA Paul André, Ambassadeur auprès de la République de Maurice. Au titre du ministère de l'Enseignement Supérieur, un décret portant nomination du Doyen par intérim de la Faculté des Lettres et Sciences humaines de l'Université d'Antananarivo a été pris. Mme RAMBELOSON RAPIERA Jeanine est nommée Doyen par intérim de la Faculté des Lettres et des Sciences humaines de l'Université d'Antananarivo. Au titre du Secrétariat
d'Etat à la Pêche et des Ressources halieutiques, ont été pris les décrets de nomination suivants :
Directeur Général : Docteur EDALY. Directeur de Contrôle, Surveillance et Statistiques : Mme ANDRIAMISEZA Berthe Olga. Directeur de la Programmation et du Financement : Mme RAZAFIARIVONY Reine Baovola. Directeur de l'Aquaculture : M. RAZAFINTSEHENO Gabriel
Directeur de la Pêche : M. RABESALAMA Aimé Robert. Faute de place, nous publierons, dans nos prochaines livraisons, les autres décisions prises en conseil des ministres et en conseil de gouvernement.
|