EXPRESS
MADA vendredi 13 décembre 2002
"HAPPY BIRTHDAY RAMOSE" ! - ANNIVERSAIRE DU PRÉSIDENT SUR FOND DE PRÉPARATIFS ÉLECTORAUX
Il s'agit d'un surnom très affectueux qui signifie tout simplement "Monsieur" (qui fut aussi celui de Jean Laborde, fondateur de l'industrie nationale), surnom qui a la faveur de son entourage, de ses fidèles collaborateurs et amis, et que le chef de l'Etat, dit-on, préfèrerait au très galvaudé "Monsieur le Président". Voilà pour le "Joyeux Anniversaire". C'est au Solimotel, hier matin, sur fond de préparatifs électoraux pour le scrutin d'après-demain dimanche, que le ministre de l'intérieur et de réforme administrative - le Mira - a tenu à resituer ce sympathique événement dans le cadre des efforts consentis actuellement par la Nation pour que des élections propres et transparentes soient organisées, conformément à la promesse présidentielle.
On se dit, en effet, qu'avec le déploiement des contributions étrangères, qu'elles soient financières ou humaines, si les élections législatives anticipées "foirent" et n'aboutissent pas à des résultats honnêtes, conformes au choix des électeurs, c'est que vraisemblablement l'on n'y arrivera jamais. A part la météo, jamais d'aussi bonnes conditions n'ont été réunies pour un scrutin réellement démocratique, même s'il n'est pas du goût de tout le monde, ce qui fait aussi partie du jeu démocratique.
A J - 2, le ministre Jean Seth Rambeloalijaona a tenu à faire le bilan des opérations de mise en place du processus pré-électoral, chiffres à l'appui, affectation budgétaire et détails des crédits engagés. Une première, aussi.
Pour la première fois, dans l'histoire de toutes les conférences de presse qui ont été données dans ce pays, celle d'hier a été, de loin, la plus remarquable. C'est que, jamais, on n'a parlé d'une conférence spécialement destinée au Président de la République… en guise de cadeau d'anniversaire, mais surtout de reconnaissance aux efforts que celui-ci a déployés dans la conduite des affaires nationales.
Il se trouve en effet, dans le cas actuel, que le nouveau Président de la République nouvellement élu depuis le 16 décembre 2001, en l'occurrence Marc Ravalomanana, a célébré hier son 53-ème anniversaire (il est né le 12 décembre 1949), et que le ministère de l'intérieur et de la réforme administrative (Mira), organisateur de la conférence, a expressément souligné que celui-ci a fait montre d'une réelle volonté de respecter ses engagements aussi bien vis-à-vis de la population que de la communauté internationale en ce qui concerne l'organisation d'élections législatives anticipées. Elections anticipées qui ont déjà fait l'objet d'un accord plus ou moins tacite entre les parties, lors des différentes négociations de Dakar, mais qui ont été par la suite confortées par cette même communauté internationale des bailleurs de fonds et partenaires du développement socio-économique de Madagascar, après que Marc Ravalomanana fut investi officiellement à la magistrature suprême du pays. On note toutefois que le chef de l'Etat a surtout parlé, lors de son discours d'investiture du 6 mai dernier, de l'organisation d'une conférence pour la réconciliation nationale. Il n'en a pas, certes, précisé la date, mais plus d'uns ont pensé que cette conférence allait intervenir avant l'organisation d'une quelconque élection anticipée. Mais les choses étant ce qu'elles sont, surtout après les divers souhaits sinon les exigences des bailleurs de fonds, le pouvoir en place a décidé d'organiser des législatives anticipées avant ladite conférence nationale. Pour toutes ces actions entreprises par le Président de la République, mais aussi pour son appui aux préparatifs des prochaines élections, le Mira a pensé qu'il ne pouvait trouver un meilleur cadeau d'anniversaire au chef de l'Etat, que de présenter à ce dernier, le bilan de ses actions dans le cadre des préparatifs de ces élections.
Des moyens financiers
Le bilan en question est assez détaillé, notamment en ce qui concerne les listes et cartes électorales qui sont, à l'heure actuelle… vérifiables par tous les concernés aux bureaux de leurs fokontany respectifs, et l'acheminement des bulletins des candidats et de tous les matériels nécessaires aux élections (urnes transparentes, enveloppes, imprimés divers, encre indélébile…) vers les différentes circonscriptions électorales prévues. On précise que pour la collecte des résultats au niveau du ministère de l'intérieur, toutes les circonscriptions ont été dotées de Blu (dotations émanant des gouvernements japonais et chinois). Au-delà de ces préparatifs matériels, le bilan fait mention de tous les crédits obtenus de l'extérieur ou débloqués par l'État pour le financement de toutes ces opérations. Cela concerne les assistances ou aides de l'Organisation des Nations-Unies (Onu) à travers le Pnud, de l'Union européenne et de tous les partenaires qui se sont manifestés pour y contribuer. Pour tous les apports confondus, aussi bien nationaux qu'internationaux, le financement atteint plusieurs dizaines de milliards Fmg. Mais on a surtout souligné qu'indépendamment des soutiens étrangers, le pouvoir a fourni tous les moyens qui étaient disponibles pour que ces législatives puissent se dérouler dans les meilleures conditions possibles. Un pouvoir sinon une administration qui entend par ailleurs, respecter son entière neutralité par rapport à ces consultations électorales.
EXPRESSIONS
... Selon le camp dans lequel il se trouve ?
Il faut d'abord se souvenir, ne pas oublier, que c'est avec les mêmes "ressources humaines", c'est-à-dire le même personnel administratif, les mêmes moyens judiciaires, que nos juges et nos tribunaux sont appelés aujourd'hui, et plus vite que ça, s'il vous plaît, à rendre une meilleure justice, plus rapide et plus conforme au droit que celle qu'ils rendaient hier... !
Il faut une volonté politique très ferme, il faudrait des hommes haut dessus de tout soupçon pour parvenir, en si peu de temps, à des résultats aussi miraculeux.
Pour que la justice puisse changer de pratiques, il faut d'abord que la société change elle-même. Chacun, en effet, en son for intérieur, et tout particulièrement ceux qui ont à faire fréquemment aux tribunaux, ne souhaite-t-il pas que l'appareil judiciaire continue à fonctionner dans le flou juridique, dans ce climat à la rigueur modulable, puisque c'est ainsi que la justice, semble-t-il, est conçue et voulue par notre société.
La volonté politique est là. A plusieurs reprises, le chef de l'Etat a dit sa détermination à faire de Madagascar un véritable Etat de droit. Il bouscule les différents corps judiciaires pour arriver à cette qualité recherchée d'une justice simplement normale.
Ce n'est malheureusement pas la première fois que ce discours est tenu par nos dirigeants, sans que l'on ait vraiment vu et pu apprécier les changements tangibles que cette volonté politique entraînait chez dans les institutions judiciaires, les premières concernées.
Mais ce n'est pas parce que l'on n'a jamais pu que l'on ne doit pas s'y mettre.
Quand un homme tranquille devient brusquement un tueur, un tortionnaire, c'est qu'il croît bien faire pour servir une cause. Cela dit, "réservistes" ou "miliciens", en plus des cas d'exactions à des fins personnelles car il fallait bien se payer sur "la bête", n'ont pas tous agi en conscience, mais aussi, parfois, par intérêt.
Faire le tri entre les bons et les mauvais, va demander du temps et beaucoup de lucidité et de délicatesse. S'il n'est pas pensable de laisser courir des assassins, il faut aller au fond des choses pour chaque dossiers, afin de déterminer chaque fois qu'elle est la part de "service commandé" dans les violences commises par les uns et les autres, et celles de pulsions personnelles, refoulées pour mille et une raisons possibles.
Comment faire la différence sans dire, admettre implicitement qu'il y a un bon et un mauvais tueur, un bon et un mauvais tortionnaire selon le camp dans lequel il se trouve... ?
Zafy albert sur Rfi
Avec le Pr Zafy Albert qui s'exprimait hier sur les ondes de Radio France internationale (Rfi), le Front du Refus s'est trouvé une tribune aussi inattendue qu'inespérée, cette association ayant toujours, rappelons-le, éprouvé de sérieuses difficultés à se faire entendre sur l'arène locale.
Bien entendu, l'occasion était trop belle et l'ancien président de la République pu alors s'étendre à loisir sur ses théories. En gros, celles-ci consistent en une série d'arguments qui justifieraient, selon lui, le boycott des prochaines élections législatives. Sans oublier les attaques en règle contre le régime, en fait les véritables motivations de l'intéressé.
Une intervention qui fut, comme on s'y attendait, riche de surprenantes révélations, comme "le terrorisme" instauré dans les villes de provinces par "les milices mises en place par le gouvernement en place" ! Parlant des "conditions des élections (qui) ne sont pas normales", Zafy Albert déplore le cas des "gens en fuite dans les forêts ou en France". Si l'ex-chef d'Etat regrette que ceux-là ne pourront pas participer aux élections de ce dimanche, il serait bien le seul !
Mais sur son sujet préféré, voire son cheval de bataille, que le Pr Zafy Albert avait tenu à terminer son intervention, à savoir la mise à l'écart de l'élite côtière auquel œuvrerait l'actuel régime, suite à une question très précise du journaliste - décidément, de ce genre de question, Rfi en a fait une de ses spécialités : cf. l'interview de Jacques Sylla sur cette même antenne, mercredi dernier ! "Sur 577 personnes arrêtées, il n'y en a que sept qui sont originaires des Hauts plateaux", lance-t-il alors. Puis, poursuivant : "Pour 198 nominations aux hauts emplois, 16 seulement concernent des côtiers". Si les chiffres énoncés en premier ne se prêtent pas trop à la polémique, concernant les seconds, il est certain que les auditeurs de Rfi auraient quand même bien aimé connaître les différents critères sur lesquels se base le Pr Zafy Albert pour qualifier un Malgache de côtier ou d'originaire des Hauts plateaux !
La campagne s'anime
Il a fallu attendre les derniers jours pour que la campagne sorte de sa torpeur quotidienne. La cellule de communication du Mfm, sur la base des comptes rendus qu'elle a reçus de ses 100 candidats engagés aux législatives, arrive à la conclusion : la censure est de nouveau pratiquée à la Rnm et à la Tvm. Le Mfm va jusqu'à comparer la situation actuelle avec l'ère de l'ancien ministre Armand Ramambazafy (décédé depuis) au début de la révolution socialiste, qu'il désigne comme le père de la pensée unique et de la censure des informations. Il était ministre de l'information et des animations idéologiques. Le Mfm en appelle à la vigilance citoyenne et à la conscience collective.
Sur le positionnement du parti face aux clivages nés des législatives, le Mfm se place, en termes de programme économique du président Marc Ravalomanana, comme l'émergence d'opérateurs efficaces dans chaque région, au service du développement rapide. C'est sur cet "accord tacite" que le débat s'ouvre pour le Mfm.
Au salon "Sial 2002"
Les produits de Madagascar se situent dans la tendance découverte et exotisme, et les visiteurs sont impressionnés par les produits, qui leur sont encore nouveaux tels que le cactus, le pok-pok et les concentrés exotiques. Ces impressions résultent de la réussite de la participation des 11 entreprises de l'Union des professionnels des fruits et légumes (Upfl) dont 6 d'Antananarivo, 4 de Toliara et une de Fianarantsoa, au Salon international de l'alimentation "Sial 2002" qui s'est tenu du 20 au 24 octobre 2002 au Parc des expositions de Villepinte à Paris.
Il a été évoqué à l'issue de l'atelier de restitution des participants, appuyé par le Pnud à travers le Programme Mag 97/007 composante "Appui au secteur privé", hier à l'Espace Dera, que des commandes fermes ont été acquises et les premières livraisons sont à réaliser dès ce mois de décembre. Les légumes secs ont été très demandés au stand de Madagascar avec une étude du marché, permettant de comparer avec la concurrence et de faire des offres aux nombreux demandeurs. La concrétisation du projet de regroupement africain d'exportateurs de produits agroalimentaires permettra également à Madagascar de s'aligner avec les grandes entreprises africaines pour aborder les marchés du monde. Entre autres, un réseau d'informations facilitera les démarches, fournira les possibilités d'échanges de produits et de technologies, améliorera les performances du secteur agricole et agroalimentaire ou celles de leurs fournisseurs.
PERSPECTIVES
En matière de perspectives de développement de la filière fruits et légumes après cette manifestation, chaque entreprise aura à présenter sa capacité de production pour un ou plusieurs produits exotiques, et le regroupement des expéditions sera à réaliser, après négociation sur les modalités de transport et de règlement des supermarchés. Elle devra aussi réaliser des études de marché pour ses produits et avoir des marchés spécifiques à l'exportation pour se positionner devant la concurrence, surtout les produits de qualité, selon les besoins actuels du marché et les demandes immédiates concernant les produits de fête de fin d'année.
Par ailleurs, les participants sont informés des besoins actuels du marché et des résolutions sont prises ensemble pour exploiter tous les potentiels disponibles. Il s'agit de créer une coordination effective de concert avec le système local, à savoir l'Etat, les organismes d'appui technique et financier, ambassades et consulats partenaires; de mettre en place une organisation efficiente de la production de qualité et en quantité pour les grandes exportations. La mise en réseau est la démarche inévitable sur certains marchés où Madagascar a une part à prendre.
Ca y est. C'est fait. L'aide budgétaire d'urgence promise par l'Union européenne à Madagascar est disponible. Les documents nécessaires ont été fianlisés et signés hier à Bruxelles. Ce programme d'appui budgétaire d'urgence (Pabu) porte sur une subvention de 70 millions euros, soit environ 460 milliards Fmg.
Cette ligne de crédit non remboursable permettra à l'Etat de faire face à des arriérés intérieurs, et donc de régler une partie de ses dettes aux entreprises privées notamment, de faire face à des dépenses de santé, ainsi qu'à celles entraînées par l'organisation des élections législatives anticipées.
Pour les urnes transparentes et les consommables nécessaires au scrutin de dimanche prochain, le gouvernement avait dû puiser dans ses maigres réserves en attendant les aides financières promises.
Cette aide intervient moins de 10 jours après la signature d'une aide à la lutte anti-acridienne et plus globalement au redressement économique de 2 millions d'euros (environ 13 milliards Fmg).
Des parlementaires europeens chez Marcel Ranjeva
Une délégation du Parlement européen forte de 8 membres a rendu une visite de courtoisie le 12 décembre 2002 au ministre des Affaires étrangères, le général Marcel Ranjeva. La délégation a été conduite par John Alexander Corrie, président honoraire de l'assemblée parlementaire paritaire Acp-UE et coordinateur de la commission du développement et de la coopération du Parlement européen. Cette visite rentre dans le cadre de la participation de l'Union européenne à l'observation des élections légilslatives.
Le ministre des Affaires étrangères a remercié la délégation de l'Union européenne des efforts qu'elle a prodigués en accompagnant Madagascar dans le redressement de son économie après la crise et en soutenant le renforcement de la démocratie et de l'Etat de droit à Madagascar.
Répondant aux questions des parlementaires européens, le ministre a fait un tour d'horizon de la situation politique à Madagascar depuis l'avènement du régime du président Marc Ravalomanana, signalant la participation de Madagascar à diverses assises internationales, la prise de responsabilité du gouvernement pour organiser des élections transparentes et libres.
Mme Catherine Boivineau, ambassadeur de France, et M. Pierre Protar, ambassadeur, chef de la délégation de la Commission européenne, ont pris part à l'entretien.
Le rapport d'amnesty international
Nous poursuivons la publication de larges extraits du dernier rapport d'Amnesty International sur les violences politiques commises par les deux camps lors de la longue crise post-électorale qu'a connu le pays au cours du premier semestre de cette année.
Des précisions sur quelques cas d'assassinats, de tortures et d'exactions diverses déjà plus ou moins évoqués dans les journaux sont apportées par ce rapport dont les auteurs ont recueillis, sur place ou à l'étranger, divers témoignages. Ce n'est que du rapprochement de ces divers témoignages ou sources, de leur confrontation, que la vérité sera établie.
ASSASSINATS POLITIQUES
Lors de leur visite à Madagascar, du 14 au 28 août, les délégués d'Amnesty International ont pu rencontrer des victimes de violations des droits humains et recevoir des informations sur les nombreux abus des droits humains qui ont été commis pendant la crise par les partisans et les forces de sécurité de Didier Ratsiraka mais aussi par ceux de Marc Ravalomanana. Il y a eu en particulier des assassinats illégaux et des cas de torture. Le document ne présente pas de manière exhaustive tous les abus rapportés pendant la période de crise. Les cas exposés ci-dessous sont cependant représentatifs des abus et des violations des droits humains les plus graves commis pendant la crise.
Pendant la nuit du 2 mars 2002, des hommes vêtus d'uniformes militaires, partisans de Didier Ratsiraka, sont entrés dans la maison de Lalason Rajaobelina, un commerçant et membre de l'association TIM résidant à Nosy-Be. Ils lui ont infligé, ainsi qu'à sa femme, des coups de crosse, qui ont provoqué son évanouissement. A son réveil, il s'est retrouvé à l'arrière de sa voiture, conduite par les mêmes hommes qui l'ont agressé, avec à ses côtés un autre membre du TIM et directeur d'une agence bancaire, Olivier Ratsimba, apparemment inconscient. La voiture s'est arrêtée et les hommes en uniforme militaire ont jeté Olivier Ratsimba, Lalason Rajaobelina et finalement la voiture du haut d'une falaise. Ils ont donné des coups de pied pour faire descendre les corps des deux victimes afin qu'on ne les voit pas de la route. Lalason Rajaobelina a survécu mais Olivier Ratsimba a été tué. Selon les informations reçues par Amnesty International, une enquête a été ouverte.
Des rapports font état de l'assassinat de général Raymond Andrianaivo, tué par des coups de feu tirés par trois hommes non identifiés, masqués et armés, le 16 avril 2002, alors qu'il était soigné à l'hôpital de Fianarantsoa. Le Général avait auparavant été blessé lors d'affrontements avec d'autres soldats alors qu'il allait défendre le gouverneur de Fianarantsoa contre les forces de sécurité et les partisans de Marc Ravalomanana, qui voulaient installer leur propre "gouverneur " dans le bâtiment officiel. Il semble qu'il ait été victime d'une exécution extra-judiciaire. Selon les informations d'Amnesty International, sa mort n'a fait l'objet d'aucune enquête.
LE CALVAIRE DE
"VÉVÉ"*
Amnesty International a reçu des dizaines de rapports de torture de personnes suspectées de soutenir Marc Ravalomanana dans les provinces, par les forces de sécurité ou des partisans de Didier Ratsiraka. Des personnes soupçonnées de soutenir Didier Ratsiraka ont également été victimes de torture ou de mauvais traitements, notamment lors de leur arrestation, par des partisans de Marc Ravalomanana.
Le 19 avril 2002, Jonathan Odilon Vénor, surnommé " Veve ", le vice-Président du parti politique Leader Fanilo dans la ville de Sambava, et membre du KMSB , a été arrêté dans la même ville, par cinq partisans armés de Ratsiraka, dont deux soldats. Il a reçu des coups de crosse sur la tête, puis a été forcé à monter dans une voiture et a été brûlé avec des cigarettes. Il a été amené dans la salle "VIP " de l'aéroport local où les mêmes hommes l'ont poignardé. Veve a reçu le coup de couteau dans la jambe droite au dessus du genou : le couteau a été retourné plusieurs fois dans la plaie avant d'être retiré. Veve a alors été amené à la résidence d'un élu local, où il a été frappé par d'autres hommes vêtus d'uniformes militaires jusqu'à ce qu'il s'évanouisse. Ensuite il a été amené au "camp militaire
d'Ambolomadinika" à Sambava où des soldats lui ont encore infligé des coups de crosse sur le crâne. Ils lui ont demandé "où il cachait ses armes" pendant qu'ils versaient de l'alcool sur ses plaies, et l'ont ensuite enfermé dans une cellule minuscule, à moitié nu. Le jour suivant, Veve et un autre homme âgé, emprisonné avec lui, ont de nouveau été amenés à l'aéroport, où les soldats les ont forcés à danser sous la menace d'armes à feu. Veve a été transféré par avion au " camp de gendarmerie Pardes " à
Antsiranana. C'est là qu'il a pu être examiné par un docteur de l'hôpital militaire local qui a ordonné son évacuation vers Antananarivo. Veve souffrait depuis de maux de tête, de pertes de mémoire et de sa blessure à la jambe. Amnesty International a appris qu'il est mort le 15 octobre 2002. Veve avait déposé une plainte contre ses agresseurs. Selon les rapports, une enquête est en cours.
MORT DANS L'APRÈS MIDI*
Le 9 avril 2002, Gaby Roland Rajaonarivelo, Yves Ralison et Philippe Rakotomavo ont été arrêtés par les gardes du corps du Premier ministre à la terrasse de l'hôtel Colbert, au centre d'Antananarivo. Il y aurait eu un mandat d'arrêt contre eux reposant sur des allégations qu'ils fomentaient l'assassinat de Jacques Sylla. Les trois hommes ont été emmenés dans les bureaux de Marc Ravalomanana à Ambohitsorohitra par les gardes du corps. Le jour suivant, Gaby Roland Rajaonarivelo a été retrouvé mort à la DGIDIE , avec des blessures à la tête, au ventre et aux pieds. Les deux autres ont été amenés à l'hôpital.
Philippe Rakotomavo est actuellement en détention à Tsiafahy. Gaby Roland Rajaonarivelo a été enterré sans autopsie, malgré les blessures visibles sur sa tête et son ventre. Une enquête a été ouverte sur les ordres du Procureur du Tribunal d'Antananarivo, qui a jusqu'à présent rendu compte de la version des forces de l'ordre, selon laquelle Gaby Roland Rajaonarivelo a dû être maitrisé par les forces de sécurité après avoir essayé de s'échapper.
Amnesty International est préoccupée par le fait que l'enquête ait été menée par la police, sans aucune garantie d'indépendance et d'impartialité, par le fait qu'aucun membre des forces de sécurité n'a été suspendu durant le temps de l'enquête et parce qu'aucun témoin à part les forces de sécurité ne semble avoir été interrogé. Selon les rapports, l'enquête est toujours ouverte.
NDLR.- Sur ce cas précis, sur lequel la presse a pu relativement enquêter puisque les faits se sont déroulés dans la capitale, la version donnée par "Amnesty International" diffère quelque peu de celle publiée par les journaux et les agences de presse à l'époque.
Le sort d'Yves Ralison, par exemple, n'est plus évoqué, pas suivi ce qui peut laisser supposer au lecteur qu'il a disparu... Après avoir été torturé, admis à l'hôpital JRA d'Anosy dans le coma, cet ancien responsable de RTA et intime de la famille Ratsiraka a été finalement libéré et autorisé à se rendre en France, où il se trouve actuellement pour poursuivre ses soins. Ce manque de rigueur et de précision venant d'une organisation qui n'a pas droit à l'erreur met mal à l'aise pour l'appréciation des autres cas.
LES ENCHAÎNÉS DE JEAN ROBERT*
Le 23 juin, des véhicules revenant de la capitale ont été arrêtés sur la route menant à Ambilobe (province d'Antsiranana) par des soldats et des partisans de Ratsiraka. Au moins 73 personnes, en majorité des marchands ambulants originaires de la province d'Antananarivo, ont été forcées de descendre de leurs véhicules sous la menace, passées à tabac et attachées les unes aux autres par des cordes. Les soldats et partisans de Ratsiraka les ont ensuite emmenées par camion au "camp du 2ème RFI " de la ville d'Antsiranana. Pendant la nuit du 23 au 24 juin, les 73 personnes ont reçu des coups de pied, des coups de crosse, des brûlures sur le corps avec des cigarettes. On leur a refusé à manger et à boire et on leur a volé leurs bijoux, l'argent qu'ils portaient sur eux et une partie de leurs vêtements.
Plusieurs dizaines de soldats qui se trouvaient au camp ont torturé ou maltraité les marchands ambulants. Le lendemain, les 73 personnes ont été amenées au Palais du Gouverneur d'Antsiranana et attachées à la grille
d'entrée du bâtiment public. Les soldats et partisans de Ratsiraka ont continué à leur donner des coups, à l'aide parfois d'un bloc de ciment. Le soir, ils ont été ramenés au camp militaire. Le lendemain ils ont été libérés, certains moyennant une somme d'argent. Les 73 personnes se sont vues dire qu'elles avaient été prises en otage pour contrecarrer l'avancée des troupes de Marc Ravalomanana vers la ville d'Antsiranana.
L'AFFAIRE VENANCE*
Des rapports font état de dizaines de personnes torturées ou maltraitées lors de leur arrestation par les soldats "réservistes" ou "pacificateurs" de Marc Ravalomanana dans les provinces de Mahajanga, Antsiranana, Toliara et Tomasina, entre les mois de juin et d'août 2002. D'autres personnes ont apparemment été torturées lors de leur transfert vers des centres de détention à Antananarivo. Les actes de torture et de mauvais traitements comprennent des coups de poignard, des coups de crosse sur le visage et le corps, des coups de pied et des humiliations verbales et physiques. Un rapport fait état d'une personne qui aurait été forcée de boire son urine. Il y a aussi plusieurs rapports qui font état de vols d'affaires personnelles et de maisons pillées et brûlées par les soldats "pacificateurs ".
Venance Raharimanana, un chercheur et éducateur âgé de 63 ans, a été arrêté à Mahajanga le 14 juin par des "réservistes" alors qu'il rentrait chez lui. Il a été forcé de sortir de sa voiture et il a été attaché avec une
corde de la tête aux pieds. Il a ensuite été emmené à l'aéroport local et transféré à Antananarivo par avion. A son arrivée à
Ivato, l'aéroport d'Antananarivo, il a été forcé de monter dans un véhicule rempli de soldats, qui l'ont alors frappé de coups de crosse et de coups de pied tout en l'insultant. Ils ont introduit une arme à feu dans sa bouche en la tournant jusqu'à ce que les dents de M. Raharimanana tombent. Ce dernier a ensuite été détenu au secret. Ce n'est que le lendemain que sa famille a réussi à le localiser, malgré ses tentatives répétées pour le retrouver. Il était dans un cachot de la "gendarmerie de Fiadanana", couvert de sang et ne pouvait plus ouvrir la bouche. Le 17 juin, sa maison à Mahajanga a été pillée et brûlée, apparemment par des 'réservistes'; les maisons de ses deux filles ont aussi été pillées. Malgré diverses tentatives, les autorités n'ont pas accepté d'enregistrer sa plainte pour torture.
(à suivre)
NDLR.- Nous poursuivrons dans notre prochaine édition la publication de larges extraits du rapport d'Amnesty International sur Madagascar.
* Ces intertitres sont de la rédaction
ABOLITION DU TRAVAIL DES ENFANTS
Les problématiques de Droits des enfants à Madagascar, en particuliers la situation des enfants des rues ont été évoqués hier durant la table-ronde portant sur le travail des enfants des rues, organisée par l'Alliance française de Tananarive et l'association Manaode dans le cadre du programme d'action Ipec/Bit pour l'abolition du travail des enfants.
La discussion a été axée sur les problèmes de non-enregistrement des enfants dès leur naissance âgés de 0 à 5 ans, dont 25% n'ont pas encore été enregistrés, entraînant de graves conséquences sur la scolarisation. Selon les explications du responsable de l'antenne de l'association Manaode Christine Alves, ses enfants ne peuvent pas fréquenter les écoles publiques car ils sont dépourvus d'acte d'Etat-civil, donc leurs Droits d'être enregistrés comme un citoyen malgache ainsi que leurs droits à l'éducation sont bafoués. Même si des opérations de jugement supplétif ont été menées pour résoudre ce problème d'Etat-civil appuyées par l'Unicef, cette stratégie devrait être renforcée avec la participation effective des autorités et responsables des localités concernées. Concernant le travail des enfants, on enregistre actuellement 1.300.000 enfants travailleurs à Madagascar en milieu rural qu'en milieu urbain, et plus dans le secteur informel qui est difficilement contrôlable que dans le secteur formel. Il a été évoqué que les enfants ayant l'accès à un travail doit avoit l'âge minimum de 15 ans, selon la convention signée par Madagascar sur l'abolition de travail des enfants. D'après les intervenants, dont entre autres Anne Marie Coquelin du Service de coopération et d'action culturelle (Fsd), le représentant de l'Ipec/Bit et le représentant du ministère du Travail, il fallait pérenniser les actions déjà entreprises pour l'amélioration des conditions des vies des enfants. Il s'agit d'opter comme priorités la formation professionnelle des parents pour leur donner du travail, afin que leurs enfants puissent être scolarisés. D'autre part, des suggestions ont été énoncées comme l'identification des cas dans les localités, de renforcer les actions pour éliminer les pires formes de travail, d'améliorer les conditions de travail des enfants, d'exiger la volonté politique. Par contre, un programme institutionnel pour l'abolition de travail des enfants a été élaboré afin de mener une campagne nationale de sensibilisation d'interdire les enfants de moins de 15 ans de travailler, avec des supports de communication d'une part; et surtout de vulgariser le texte portant sur la lutte contre les pires formes de travail avec les principaux acteurs concernés.
Notons que le court métrage intitulé "Donnez-moi ma chance" a été présenté durant cette table-ronde. Un film de 17mn réalisé par Cathérine Ponchelet, présidente de Manaode sur les enfants à Madagascar, notamment sur les enfants des rues accueillis par cette association.
AIDE AUX MÉNAGES EN DIFFICULTÉ
Le ministère de la Population lancera dans la capitale le projet d'accompagnement social des ménages en difficulté, lundi, au stade couvert de Mahamasina. Au total 3.000 menages sont concernés. Le projet est financé par le crédit dégagé de l'Ippte.
Il consiste à viabiliser les logements des ménages en grande difficulté. Il va également permettre au ministère de la Population de continuer le travail déjà commencé portant sur l'insertion des ménages cibles dans les petits métiers en leur fournissant de petits outillages.
Pour Toamasina, le lancement est prévu au 20 décembre et celui d'Antsirabe et de Fianarantsoa se fera vers la mi-janvier.
TOAMASINA
Anyl Cassam Chenaï, enlevé mardi dernier en soirée devant son domicile à Toamasina a été libéré avant-hier mercedi à 22 h 30, contre une rançon de 750 millions à un milliard Fmg, rapporte-t-on de source privée dans le grand port de l'est.
Le rapt de cet opérateur économique indien, membre d'une famille installée depuis très longtemps à Madagascar, n'aura donc duré que 24 h.
Après l'arrestation, il y a quelques semaines à Toamasina, précisément après un kidnapping, de plusieurs individus, il semble donc que toute la bande n'a pas été mise sous les verrous et hors d'état de nuire.
A Toamasina, on pense, en effet, que le cerveau de cette bande de malfaiteurs n'est toujours pas inquiété.
Après les promesses présidentielles faite à la communauté indo-pakistanaise de mettre un terme à ces pratiques criminelles, celle-ci attend évidemment, ainsi que la population, que la police et les services de sécurité redoublent d'efforts, de perspicacité et de vigilance pour frapper à la tête ces réseaux mafieux.
L'impunité ne peut qu'entrenir le soupçon sur des complicités et des protections dont pourraient bénéficier ces malfaiteurs.
EXPRESS
MADA jeudi 12 décembre 2002
LE PREMIER RAPPORT "AMNESTY INTERNATIONAL" SUR LA CRISE : UNE JUSTICE SELECTIVE ET LES DEUX CAMPS JUGES COUPABLES
C'est ainsi que commence le nouveau rapport publié aujourd'hui mercredi 11 décembre par l'organisation de défense des droits humains. Il souligne la nécessité de traduire en justice tous les auteurs présumés des violations et exactions perpétrées au cours de la crise politique.
"Il est crucial de rendre justice aux victimes de violations des libertés fondamentales et à leurs familles, afin de prévenir de nouvelles atteintes", déclare Amnesty International.
Ce rapport, dopnt nous publions une première série de larges extraits, décrit certaines violations parmi les plus graves, telles que les homicides et les actes de torture, perpétrées durant la crise qui a secoué Madagascar en 2002, tant par les partisans de l'ancien président Didier
Ratsiraka que par ceux du président Marc Ravalomanana.
Ce document détaille également certaines irrégularités dans les procédures judiciaires engagées contre les personnes arrêtées au cours des six derniers mois en relation avec les troubles qui ont secoué le pays. "Amnesty International" juge dans l'ensemble la justice "sélective" puisqu'elle relève des exactions, et donc des présumés coupables, dans les deux camps.
Selon le dernier rapport d'Amnesty Intenational, dont nous publions de larges extraits, des centaines de personnes ont été arrêtées pour les infractions qui auraient été commises pendant la crise politique, et "Amnesty International" est préoccupée par le fait que la plupart des personnes interpellées sont des partisans avérés ou présumés du gouvernement précédent.
Certaines auraient été torturées ou soumises à d'autres formes de mauvais traitements au cours de leur arrestation puis auraient fait l'objet de procédures pénales arbitraires ou iniques.
Aussi, " Amnesty International accueille favorablement l'engagement qu'a pris le gouvernement de mettre un terme à l'impunité pour les atteintes aux droits humains perpétrées par le passé, ajoute l'organisation de défense des droits humains.
Toutefois, les autorités doivent démontrer que la justice n'est pas sélective en ce qui concerne l'arrestation et le jugement des auteurs présumés de ces violations des droits humains. Seules l'ouverture d'enquêtes indépendantes et impartiales sur toutes les informations faisant état de violations et la tenue de procès équitables pour les responsables présumés pourront garantir que justice est rendue au vu et au su de tous."
Amnesty International demande au gouvernement de :
- traduire en justice tous les responsables présumés (y compris au sein de ses forces de sécurité) d'actes de torture et d'autres violations des droits fondamentaux ;
- prendre des mesures pour mettre fin aux arrestations et détentions arbitraires ;
- veiller à ce que toute personne soupçonnée d'atteintes aux droits humains ou d'autres infractions soit déférée à la justice, dans le respect des normes d'équité internationalement reconnues et sans recourir à la peine de mort.
"La communauté internationale doit aider les autorités malgaches à mettre un terme à l'impunité qui règne dans le pays et à s'assurer que la justice demeure indépendante et impartiale ", conclut Amnesty International.
DES MOTIFS DE PRÉOCCUPATION
Ce document présente les principaux motifs de préoccupation et les recommandations d'Amnesty International relatifs à la question de l'impunité pour les atteintes aux droits humains commises dans le contexte de la crise politique.
Ce document ne passe pas en revue la totalité des motifs de préoccupation d'Amnesty International à Madagascar. Amnesty International est indépendante de tout gouvernement, de toute tendance politique ou croyance religieuse. Elle ne soutient ni ne rejette aucun gouvernement ou système politique, pas plus qu'elle ne défend ni ne rejette les convictions des victimes dont elle tente de défendre les droits. L'Organisation s'attache exclusivement à défendre les droits fondamentaux de l'être humain.
Une fois ses troupes arrivées dans les provinces, Marc Ravalomanana a déclaré qu'une commission d'enquête serait établie pour enquêter sur les crimes et délits commis par l'ex-gouvernement pendant la crise, et que son gouvernement lutterait contre l'impunité prévalente avant son arrivée au pouvoir. Cependant, aucune commission d'enquête n'a été établie et le gouvernement a décidé que les personnes soupçonnées d'avoir commis des crimes et délits pendant la période de crise seraient jugées par des
tribunaux ordinaires.
Amnesty International se félicite de la volonté d'engagement exprimée par le gouvernement de lutter contre l'impunité. L'Organisation appelle les autorités malgaches à concrétiser cet engagement en enquêtant sur tous les abus et les violations des droits humains commis a Madagascar, passés et présents, y compris les assassinats et les actes de torture, et à traduire en justice les auteurs présumés. Amnesty International rappelle que les auteurs de violations et d'abus des droits humains ne doivent pas rester impunis, afin que justice soit rendue aux victimes de ces abus, mais aussi pour éviter que les auteurs de tels actes aient le sentiment d'être au-dessus des lois. L'Organisation estime qu'il existe un lien direct entre l'impunité et le fait que de nouvelles atteintes aux droits humains sont commises.
DE 400 À 500 ARRESTATIONS
Cependant, Amnesty International est inquiète parce que la quasi-totalité des poursuites judiciaires en cours portent sur les allégations de crimes et délits par l'ex-gouvernement. L'Organisation rappelle que toutes les
allégations de crimes et délits doivent faire l'objet d'enquêtes, y compris celles qui impliquent des partisans du nouveau gouvernement. Il est essentiel que tous les auteurs de graves atteintes aux droits humains soient
traduits en justice, quelle que soit leur affiliation politique. Il est indispensable que la justice ne soit pas sélective, afin que la réconciliation nationale soit possible. La plupart, sinon la totalité, des personnes arrêtées jusqu'à maintenant sont des hommes politiques, des membres des forces de sécurité et des civils qui ont ou seraient perçus comme ayant soutenu l'ex-Président Didier Ratsiraka pendant la crise politique. Des centaines de personnes ont été et sont encore arrêtées en rapport avec la crise. Des rapports récents suggèrent qu'environ 90
personnes ont été arrêtées à Brickaville au mois d'octobre 2002 et a peu près 120 personnes à Mahajanga.
Environ 200 personnes ont été arrêtées entre les mois de juin et d'août, lors des actions militaires du nouveau gouvernement dans les provinces côtières et ont été transférées dans des centres de détention à Antananarivo. Le nombre total de personnes arrêtées se situe entre 400 et 500 personnes. Ces personnes sont accusées le plus souvent d'avoir participé à des barrages "anti-économiques" contre la capitale ou à la formation de "milices" soutenant l'ancien Président.
Les chefs d'inculpation qui pèsent contre eux varient entre l'" atteinte à la sûreté intérieure de l'Etat ", l'"abus de pouvoir" ou la "rébellion" et la "destruction de biens publics", "coups et blessures" ou "association de malfaiteurs ".
PRISONNIERS D'OPINIONS
Amnesty International est également préoccupée par la manière arbitraire dont les arrestations ont souvent été effectuées. Parmi les personnes arrêtées, il y a eu des prisonniers d'opinion , arrêtés seulement pour avoir
exprimé leurs opinions de manière non-violente ou pour avoir tenu des propos interprétés comme étant des critiques des autorités actuelles. Ces derniers mois, des opposants politiques du parti AREMA de Didier Ratsiraka ont aussi été arrêtés et questionnés, sous prétexte d'enquêtes sur la corruption.
L'Organisation craint que les arrestations et détentions de nombre d'opposants politiques, au moment où le nouveau gouvernement cherche à asseoir son autorité sur le pays, aient pour effet de réduire au silence non seulement les opposants politiques du nouveau gouvernement, mais aussi ceux qui ont simplement des opinions différentes du pouvoir en place (...)
Amnesty International ne dit pas que tous ceux qui attendent de passer en jugement, ou tous ceux qui ont déjà été jugés, sont innocents. Cependant il est essentiel qu'une différence soit faite entre les auteurs présumés de crimes et délits et les personnes arrêtées arbitrairement. L'Organisation
appelle également les autorités malgaches à respecter les droits humains fondamentaux de tous, y compris des personnes accusées d'atteintes aux droits humains, pendant les arrestations, les détentions, les procès et les
recours en appel. Il est essentiel que tous ceux qui sont soupçonnés d'avoir commis des abus des droits humains soient jugés par des tribunaux équitables, impartiaux et indépendants, qui sont prêts à sanctionner ces abus, quels qu'en soient les auteurs. C'est uniquement en respectant ces principes des droits humains que le gouvernement s'assurera que les auteurs d'atteintes aux droits humains sont traduits en justice et que les victimes de ces atteintes obtiennent réparation.
ASSASSINATS POLITIQUES
Lors de leur visite à Madagascar, du 14 au 28 août, les délégués d'Amnesty International ont pu rencontrer des victimes de violations des droits humains et recevoir des informations sur les nombreux abus des droits humains qui ont été commis pendant la crise par les partisans et les forces de sécurité de Didier Ratsiraka mais aussi par ceux de Marc Ravalomanana. Il y a eu en particulier des assassinats illégaux et des cas de torture. Le document ne présente pas de manière exhaustive tous les abus rapportés pendant la période de crise. Les cas exposés ci-dessous sont cependant représentatifs des abus et des violations des droits humains les plus graves commis pendant la crise.
Pendant la nuit du 2 mars 2002, des hommes vêtus d'uniformes militaires, partisans de Didier Ratsiraka, sont entrés dans la maison de Lalason Rajaobelina, un commerçant et membre de l'association TIM résidant à Nosy-Be. Ils lui ont infligé, ainsi qu'à sa femme, des coups de crosse, qui ont provoqué son évanouissement. A son réveil, il s'est retrouvé à l'arrière de sa voiture, conduite par les mêmes hommes qui l'ont agressé, avec à ses côtés un autre membre du TIM et directeur d'une agence bancaire, Olivier Ratsimba, apparemment inconscient. La voiture s'est arrêtée et les hommes en uniforme militaire ont jeté Olivier Ratsimba, Lalason Rajaobelina et finalement la voiture du haut d'une falaise. Ils ont donné des coups de pied pour faire descendre les corps des deux victimes afin qu'on ne les voit pas de la route. Lalason Rajaobelina a survécu mais Olivier Ratsimba a été tué. Selon les informations reçues par Amnesty International, une enquête a été ouverte.
Des rapports font état de l'assassinat de général Raymond Andrianaivo, tué par des coups de feu tirés par trois hommes non identifiés, masqués et armés, le 16 avril 2002, alors qu'il était soigné à l'hôpital de Fianarantsoa. Le Général avait auparavant été blessé lors d'affrontements avec d'autres soldats alors qu'il allait défendre le gouverneur de Fianarantsoa contre les forces de sécurité et les partisans de Marc Ravalomanana, qui voulaient installer leur propre "gouverneur " dans le bâtiment officiel. Il semble qu'il ait été victime d'une exécution extra-judiciaire. Selon les informations d'Amnesty International, sa mort n'a fait l'objet d'aucune enquête.
TORTURES ET MAUVAIS TRAITEMENTS
Amnesty International a reçu des dizaines de rapports de torture de personnes suspectées de soutenir Marc Ravalomanana dans les provinces, par les forces de sécurité ou des partisans de Didier Ratsiraka. Des personnes soupçonnées de soutenir Didier Ratsiraka ont également été victimes de torture ou de mauvais traitements, notamment lors de leur arrestation, par des partisans de Marc Ravalomanana.
Le 19 avril 2002, Jonathan Odilon Vénor, surnommé " Veve ", le vice-Président du parti politique Leader Fanilo dans la ville de Sambava, et membre du KMSB , a été arrêté dans la même ville, par cinq partisans armés de Ratsiraka, dont deux soldats. Il a reçu des coups de crosse sur la tête, puis a été forcé à monter dans une voiture et a été brûlé avec des cigarettes. Il a été amené dans la salle "VIP " de l'aéroport local où les mêmes hommes l'ont poignardé. Veve a reçu le coup de couteau dans la jambe droite au dessus du genou : le couteau a été retourné plusieurs fois dans la plaie avant d'être retiré. Veve a alors été amené à la résidence d'un élu local, où il a été frappé par d'autres hommes vêtus d'uniformes militaires jusqu'à ce qu'il s'évanouisse. Ensuite il a été amené au "camp militaire d'Ambolomadinika" à Sambava où des soldats lui ont encore infligé des coups de crosse sur le crâne. Ils lui ont demandé "où il cachait ses armes" pendant qu'ils versaient de l'alcool sur ses plaies, et l'ont ensuite enfermé dans une cellule minuscule, à moitié nu. Le jour suivant, Veve et un autre homme âgé, emprisonné avec lui, ont de nouveau été amenés à l'aéroport, où les soldats les ont forcés à danser sous la menace d'armes à feu. Veve a été transféré par avion au " camp de gendarmerie Pardes " à Antsiranana. C'est là qu'il a pu être examiné par un docteur de l'hôpital militaire local qui a ordonné son évacuation vers Antananarivo. Veve souffrait depuis de maux de tête, de pertes de mémoire et de sa blessure à la jambe. Amnesty International a appris qu'il est mort le 15 octobre 2002. Veve avait déposé une plainte contre ses agresseurs. Selon les rapports, une enquête est en cours.
(à suivre)
NDLR.- Nous poursuivrons dans notre prochaine édition la publication de larges extraits du rapport d'Amnesty International sur Madagascar.
LEGISLATIVE:
Mme de Zulueta, chef de la mission européenne
Elle a été au Pakistan, au Bengladesh, au Guatemala ou au Zimbabwe, pour observer des élections. Mme Tana de Zulueta, sénatrice d'Italie et chef de la mission d'observation électorale dépêchée par l'Union européenne, estime que les législatives pourraient réserver des "surprises". L'engagement de l'Union européenne a été inscrit dans le cadre des accords de Dakar, comme "une élection de vérification". Même si elle estime que dans une démocratie, l'opposition est un interlocuteur très important et l'abstention, "une option légitime", Mme de Zulueta espère que beaucoup de Malgaches voteront. Expressions d'un regard extérieur.
o L'Express de Madagascar. Au-delà d'une simple élection de députés, quelle est la véritable portée de la consultation du 15 décembre pour l'Union européenne ?
- Mme Tana de Zulueta, chef de la mission d'observation électorale de l'Union européenne.
L'Union européenne s'est engagée à suivre ces élections à la suite d'une mission préparatoire en Août. Et cela fait partie des Accords de Dakar. Elle est d'une grande importance par la possibilité d'avoir une vérification électorale parce que nous sortons d'une crise très grave, née d'une élection violemment contestée dans certaines phases. On a favorablement répondu à une invitation à participer comme observateurs.
o Quelle est la part de présence de l'opposition perçue par les observateurs européens ?
- Comme vous pouvez l'imaginer, ce sont des interlocuteurs importants pour nous. Puisque s'il doit y avoir confiance dans le processus, il faut qu'il y ait confiance de toutes les parties et nous avons eu des contacts. Ils nous ont cherché, ils nous informent régulièrement de leurs démarches et nous essayons de vérifier les choses qu'ils dénoncent ou les décisions qu'ils prennent de façon à avoir une vision la plus objective possible de la situation.
o Cette faible implication de l'opposition ne diminue-t-elle pas à l'importance de ces élections aux yeux de l'Union européenne ?
- (Rire léger). En effet, ils ont une capacité de communication bien réduite, et évidemment de moyens matériels réduits. Il y a aussi des différences d'approche. Nous avons aussi un très grand numéro de candidats indépendants. Cela aussi c'est de l'opposition. Et dans plusieurs cas prévoyables (sic), il pourrait y avoir des surprises, surtout avec le mode de scrutin. Il y a le front du refus, il y a les annonces de l'Arema. Sur tout cela, nous ne pouvons que prendre note et vérifier. Vous savez, en démocratie, l'abstention est une option légitime mais nous continuons d'espérer que beaucoup de Malgache voteront. Et c'est normal vu notre engagement dans le processus. Essayer de contribuer à la confiance, à la transparence.
o Vous auriez aimé un peu plus d'opposition.
- Oui (lent mouvement de tête) mais vous savez, c'est une campagne d'un ton...Euh...Le volume n'a pas été très fort. C'est peut-être une réaction aux passions qui ont été suscitées par la précédente. Mais vous avez raison. Tout le monde doit admettre que dans une démocratie, qu'il y ait des gagnants ou des perdants, l'opposition, une opposition active, à un rôle fondamental.
o Y a-t-il une exception malgache ?
- Vous avez une expression très particulière qui, ailleurs, pourrait se traduire par la recherche de l'harmonie ou de l'amitié. Le Fihavanana. Il est des concepts proches en Afrique mais ils signifient plus une recherche de paix après une bataille. J'ai l'impression que le concept de Fihavanana fait partie de la notion de communauté. Ce serait une importante référence avec les problèmes de violence.
o Est-ce que vos observateurs perçoivent les relations entre les simples citoyens, électeurs, et la chose politique ?
-C'est ce que nous pourrons découvrir. Cela fait partie du domaine de l'observation. Nous pouvons découvrir qu'ils n'en savent pas grand-chose. Beaucoup de citoyens malgaches, surtout en dehors des villes, ne perçoivent pas clairement comment sera les lendemains d'un choix électoral.
o Quelles sont les restrictions principales de votre mission ?
- Ne pas interférer, ne pas préjuger.
Bruits de botte à Farafangana
Des candidats en lice aux législatives à Farafangana nous ont téléphonés pour signaler le débarquement de 22 militaires pacificateurs, dont deux officiers, dans la ville, ce samedi 8 dernier. Ces candidats s'étonnent de cette présence des forces de l'ordre dans la mesure où, même au temps fort de la crise, Farafangana n'a pas connu les soubresauts des milices. Ils s'interrogent alors sur les vraies missions de ce contingent qui arrive à une semaine du verdict des urnes. Un cas qui devrait susciter l'intérêt des observateurs internationaux et nationaux.:
A la tribune des Nations Unies
Un hommage a été rendu à une autorité malgache, Blaise Rabetafika, à l'occasion du XXème anniversaire de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, les 9 et 10 décembre derniers à New York.
L'ambassadeur malgache auprès des Nations unies, Zina Andrianarivelo-Razafy, et le délégué permanent auprès de l'Unesco, Yvette Rabetafika-Ranjeva, sont intervenus à la tribune pour montrer l'intérêt que l'Unesco attache aux questions relatives aux océans et aux sciences océanographiques.
L'ambassadeur malgache a saisi l'occasion pour exposer l'importance que revêt la Convention pour Madagascar et les actions entreprises par le gouvernement pour sa mise en œuvre. Raymond Ranjeva a quant à lui parlé au nom de la Cour internationale de justice, organe principal des Nations unies. Il est à noter que l'ancien ambassadeur Blaise Rabetafika dirigeait la délégation malgache au cours des négociations sur cette convention.
Législatives à Mandrindrano
Une anecdote un peu insolite s'est déroulée cette semaine sur les ondes d'une radio privée à Soavinandriana. En effet, "Damanga" - c'est par ce pseudonyme qu'on le connaît -, deuxième de la liste "Tiako i Mandrindrano", a révélé les quatre vérités de "Tolotra" - décidément, il y a des candidats qu'on ne connaît que par leur pseudonyme- tête de liste de "Firaisankinam-pirenena". Avant de vous donner cette anecdote, il faut savoir que ces deux personnalités - très connues dans la région, du reste - ont toutes les deux été membres de l'Avi jusqu'au jour où "Damanga" a décidé de se rallier à "Tiako i Mandridrano."
"Damanga" a donc saisi son passage sur les ondes d'une radio privée pour préciser : "Tolotra - un opérateur économique connu pour avoir été en affaires avec la fille de l'ancien président de la République - fait partie de ces personnalités qui ont toujours refusé de reconnaître l'élection de Marc Ravalomanana à la magistrature suprême, si bien que nous nous demandons pourquoi le Firaisankinam-pirenena l'a choisi comme tête de liste". Il a même ajouté d'autres propos malheureusement impubliables mais que toute la population de cette région a entendus.
Comme Norbert Lala Ratsirahonana, président national de l'Avi et membre influent du Firaisankinam-pirenena, se déplacera demain à Soavinandriana pour participer à la propagande de son poulain, on verra ce qu'il dira à propos de
"Tolotra".
Préparation des fêtes
Une ambiance de fête règne déjà dans la capitale depuis le début de ce mois. Les Tananariviens se préparent aux fêtes de la Nativité, de la fin d'année et de Nouvel An et se bousculent dans les différents magasins et marchés en vue de se procurer des produits nécessaires. Mais les consommateurs furent surpris par la hausse des produits de premières nécessités, malgré son abondance dans le marché. Concernant les produits alimentaires, la viande de porc reste instable de 16.000 Fmg à 20.000 Fmg le kilo, par contre la viande de boeuf a connu une hausse des prix à 12.000 Fmg le kilo si auparavant le prix était à 10.000 Fmg, sans omettre la viande hâchée et la tranche fine à 14.000 Fmg/kg et le filet à 22.000 Fmg/kg. Quant aux vollailles, les prix varient selon leurs catégories à savoir le poulet et le canard vivants de 15.000 Fmg à 30.000Fmg, la dinde variant de 45.000 Fmg à 75.000 Fmg, de même pour l'oie. Le riz reste aussi instable allant de 2.500 Fmg le kilo pour le Vary gasy, le Makalioka et le Tsipala à 2.700 Fmg/kg, et le riz de luxe à 3.500 Fmg/kg. L'huile alimentaire en vrac à 9.500 Fmg le litre, le sucre varie entre 5.500 Fmg à 6.500 Fmg le kilo, la farine à 6.000 Fmg le kilo, la boîte de lait concentré à 6.000 Fmg la boîte, les oeufs de 600 Fmg à 750Fmg la pièce. Par ailleurs, les fruits et légumes sont affichés selon la qualité à des prix à la portée de tous. Les pêches, les mangues, les letchis, les bananes, les fraises dont les prix du kilo ne dépassent pas les 5.000 Fmg. Quant aux jouets, ils abondent aux marchés, venant de Chine même au bord de la rue avec des multiples choix dont leurs prix varient entre 3.000 Fmg pour les petites voitures à 75.000Fmg pour les voitures télécommandés. L'habillement attire beaucoup de monde malgré des prix adaptés à toutes les bourses, sauf dans les grands magasins où les prix paraîssent exhorbitants, vue la qualité des produits.
A ce rythme, les marchés seront bondés de personnes pour cette fin d'année.
Affaire Wu Chao Ying Ha Meng - Les avocats de la défense apportent des précisions
Dans ce qu'on appelle désormais "l'affaire Wu Chao Ying Ha Meng", en référence à l'opérateur économique de Toamasina arrêté suite à la découverte dans l'un de ses entrepôts, des véhicules appartenant à l'un des plus célèbres miliciens ayant sévi sur la Côte-Est pendant la crise, à savoir Doudoul, ainsi que des matériels de Canal 6, les avocats de la défense ont, lors d'un point de presse, apporté des précisions sur les faits, tout en respectant le secret de l'instruction, ont-ils précisé.
Pour eux, ces précisions s'imposent, à la demande de la famille et de la communauté chinoise, suite aux différents articles parus dans la presse qui, selon leurs dires, "tendent déjà à condamner le prévenu, sans respecter le principe de la présomption d'innocence, et par-là faisant pression sur la justice dans ce sens" sans le moindre recoupement. C'est dans cet esprit qu'ils dénoncent, d'une part, tous ceux qui interviennent sans se prononcer, se cachant derrière des "dénonciations anonymes", et d'autre part, l'imprécision du lieu où ces matériels et véhicules ont été entreposés. En fait, ils ont expliqué que l'entrepôt est situé à Ampasimazava, soit à 5 km du domicile du prévenu. Cet entrepôt appartenant à la société Comptoir dauphinois de Madagascar (Cdm), dans laquelle Wu Chao détient les 50% de l'affaire, est placé sous la responsabilité d'un magasinier (aujourd'hui détenu).
ABUS DE CONFIANCE
C'est à la demande (téléphonique) d'un cousin en partance pour l'Europe que Wu Chao avait accepté de garder les 2 véhicules qui lui appartiendraient dans son entrepôt, et téléphoné au magasinier pour donner les instructions dans ce sens. Il n'a pas été question des matériels de Canal 6. Les avocats de la défense se sont étonnés que lors de la première perquisition effectuée par la Dgidie, le magasinier ait répondu qu'il n'y avait que les 2 véhicules dans l'entrepôt alors que la seconde perquisition, le lendemain, avait permis de découvrir ces matériels, cachés dans l'entrepôt. Par ailleurs, l'entrée de ces matériels dans l'entrepôt n'a pas fait l'objet d'un quelconque enregistrement d'usage comme cela devrait l'être, ni d'un compte rendu, ont relevé les avocats de la défense. Et c'est sur la base de ces faits que leur client a été arrêté sous l'inculpation de "non-révélation de crime et recel de matériels obtenus par un crime".
Pour ces avocats, il n'y a pas un seul élément dans le dossier qui prouve que Wu Chao était en relation avec les miliciens, d'autant plus que son cousin, un certain R. Noël, ne lui a jamais dit que les véhicules appartenaient à Doudoul.
Selon les défenseurs du prévenu, ce dernier a été victime d'un abus de confiance, d'une part, de son magasinier qui a introduit à son insu, les matériels dans l'entrepôt, et d'autre part, de son cousin qui lui avait caché à qui appartenait vraiment les véhicules. Les avocats de la défense ont affirmé qu'ils détiennent beaucoup d'éléments qui prouvent que le prévenu n'a pas donné des instructions pour cacher les matériels de Canal 6 dans l'entrepôt, mais que le secret de l'instruction les empêche de les dévoiler déjà.
Toujours est-il qu'en dernier lieu, une plainte a déjà été déposée à l'encontre des deux personnes qui ont abusé chacun à leur manière, de la confiance de Wu Chao. Affaire à suivre.
EXPRESSIONS: Le respect dû à la personne humaine
Que l'on soit éduqué ou pas, instruit ou non, que sa culture socio-politique soit proche du zéro, on a toujours des yeux pour entendre et des yeux pour voir. Si la classe politique est aujourd'hui frappée d'un tel discrédit de ceux qu'elle manipule et embonine avec tant d'aplomb et de culot, c'est évidemment parce qu'à force d'être observée, et commentée sous les toits de chaume, son image s'est singulièrement abimée au fil des ans.
Il appartient à la politique, qui doit être un engagement magnifique et vrai au service de son pays et de ses concitoyens, de redorer son blason autrement qu'en faisant étalage de ce que la fonction de ministres ou de députés, de hauts fonctionnaires ou de petits chefs de service, peut apporter de prébendes et de privilèges.
On a tort, par exemple, de pendre les électeurs pour plus c... qu'ils ne sont pas. Ainsi, quand une masse citoyenne en âge de déposer son bulletin dans une urne, qu'elle soit opaque ou transparente, a été bernée pendant des décennies, elle attend du changement promis autre chose qu'une réédition des pratiques qu'elle connaît bien pour les avoir longtemps vécues et observées.
Ainsi, il eut été sage et novateur que le nouveau pouvoir tranche avec ces us et coutumes électoraux, que le bon peuple connaît par coeur, par quelques aménagements qui auraient montré, à défaut de sincérité certaine, ces bonnes dispositions pour faire d'une élection autre chose qu'un attrape-couillon.
On se plaint, par exemple, d'avoir à voter pour un candidat ministré et donc peut-être reministrable, à l'élire le cas échéant s'il semble compétent et déterminé, et de propulser à l'Assemblée nationale un illustre inconnu qui n'est peut-être son clône. "C'est nous tromper", entend-on dire.
On trouve également curieux qu'un ministre puisse être candidat avec à sa disposition toute la panoplie dont il dispose dans son département, avec des techniciens à ses ordres et des moyens pour s'en servir. On aura jamais autant vue de bornes-fontaines installées en si peu de temps dans certaines circonscriptions, ainsi que de fils électriques tirés sur de belles longueurs pour apporter la lumlière à quelques dizaine d'électeurs encore dans les ténèbres... C'est sans doute ce qu'on appele des "candidats branchés"...
Que cela puisse finalement arranger un pouvoir de constater que le peuple se désintéresse de la chose publique et de la politique, tout a été fait pour ça, d'ailleurs, sous la IIe République et la IIe bis, il ne faut surtout pas oublier que tout programme de développement lent ou rapide, durable ou éphémère se fonde d'abord, et avant tout, sur le respect dû à la personne humaine.
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