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" Emeute à Madagascar janvier 2009 - Mars 2010 "

Les Echos de nos correspondants à Mada et d'ailleurs

... le monde entier a les yeux braqués sur Madagascar ...

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Les Sanctions de l'UA  (22) 


Jeuneafrique.com 18/03/2010
Rajoelina et son régime sanctionné par l'UA - Par AFP 
 L'Union africaine a décidé mercredi d'imposer des sanctions à l'actuel homme fort de Madagascar Andry Rajoelina, un an après sa prise de pouvoir, ainsi qu'à une centaine d'autres personnalités de son régime pour leur entrave au processus de sortie de crise.
"Nous avons décidé d'imposer des sanctions. Il y a une liste de 109 noms", a déclaré l'ambassadeur de la Zambie auprès de l'Union africaine et président en exercice du Conseil de paix et sécurité de l'UA, Albert M. Muchanga.

Refus des visas et gels des avoirs
"La liste comprend 109 noms, y compris celui de Rajoelina et de ses partenaires clé", a confirmé le Commissaire à la paix et la sécurité de l'UA, Ramtane Lamamra.
"Les sanctions comprennent des refus de visas (interdiction de voyager), le gel d'avoirs financiers dans des établissements bancaires étrangers et des refus d'accréditation", a-t-il ajouté.
"Cela ne cible que le camp de Rajoelina. Principalement le gouvernement, les hautes autorités, des membres des forces armées, des tribunaux (. . . )", a précisé le commissaire de l'UA
"Il n'y a pas encore de société sur la liste mais des experts travaillent sur l'aspect économique et nous imposerons d'autres sanctions bientôt", a-t-il expliqué.
Expiration de l'ultimatum 
Cette décision intervient au lendemain de l'expiration d'un ultimatum de l'UA: l'organisation continentale et plus largement la communauté internationale exigeaient, sous peine de sanctions ciblées, l'application d'accords consensuels signés à Maputo et à Addis Abeba courant 2009 et prévoyant un partage du pouvoir entre les quatre mouvances impliquées dans la sortie de crise.
M. Rajoelina est sorti de ce cadre depuis décembre en limogeant le Premier ministre de consensus et en annonçant unilatéralement la tenue prochaine d'élections législatives.
Madagascar est plongée dans une crise politique grave depuis fin 2008, qui a conduit à l'éviction en mars 2009 du président Marc Ravalomanana et à son remplacement par son principal opposant et ancien maire d'Antananarivo M. Rajoelina, soutenu par l'armée.
La crise et l'impasse politique actuelles ont également entraîné la suspension de l'aide, vitale, des bailleurs de fonds et enfoncé un pays figurant parmi les plus pauvres de la planète dans une crise économique persistante.

"Nous pensons que les sanctions constituent un moyen d'aider les autorités à renouer avec les vertus du dialogue et de la négociation", a expliqué mercredi M. Lamamra.
"J'espère qu'elles auront pour effet d'encourager la sagesse. Aucune partie unilatérale n'est capable de résoudre la crise à elle seule", a-t-il estimé.

Les forces de l'ordre dispersent une manifestation 
Mercredi matin, les forces de l'ordre ont dispersé à Antananarivo des petits groupes de manifestants opposés au régime de M. Rajoelina, un an jour pour jour après l'éviction de M. Ravalomanana.

Ces petits groupes de quelques dizaines de manifestants ont plusieurs fois tenté de bloquer la circulation en

«Les sanctions consistent en des refus de visas (interdiction de voyager), le gel d'avoirs financiers dans des établissements bancaires étrangers et des refus d'accréditation», a expliqué Ramtane Lamamra. 
Ce dernier type de sanction – une mesure d'isolement diplomatique – remet en cause la possibilité de participation des personnes concernées aux activités d'organisations internationales non africaines, y compris à celles des Nations unies et de l'ensemble de leurs agences.
Le CPS a également déjà demandé aux Nations unies, à l'Union européenne, et aux autres organisations internationales compétentes d'«Appuyer fermement et sans réserve la mise en oeuvre des sanctions». (Les Nouvelles)

 installant dans le centre-ville des barrages de pierres ou de briques, provoquant l'intervention des forces de l'ordre qui ont fait usage de grenades lacrymogènes.
Les trois principales mouvances politiques opposées à Andry Rajoelina, celles de M. Ravalomanana mais aussi des ex-présidents Didier Ratsiraka et Albert Zafy, avaient annoncé mardi que leurs partisans sortiraient dans la rue, après plusieurs mois de rassemblements quasi-quotidiens sur un parking cloisonné.
Le 17 mars 2009, sous la pression de la rue, Marc Ravalomanana avait remis ses pouvoirs à un directoire militaire qui les avait confiés dans la foulée à Andry Rajoelina, au terme d'un mouvement de contestation populaire entamé fin 2008 par l'ex-maire de la capitale.
Encadré: 
Des hommes politiques proches de l'actuel homme fort de Madagascar Andry Rajoelina ont assuré que les sanctions annoncées aujourd'hui par l'Union Africaine contre le régime en place n'influeraient pas sur son action. Evariste Marson, membre de la Haute autorité de transition (HAT) a également rejeté l'insistance de l'UA et de la communauté internationale pour la mise en oeuvre d'accords censés permettre une sortie de crise consensuelle. 
L'annonce de sanctions "ne me fait ni chaud ni froid", a-t-il déclaré à l'AFP par téléphone depuis à Manakara (sud-est) où le leader malgache s'est rendu après le passage meurtrier du cyclone Hubert, la semaine dernière. Il a rappelé qu'Andry Rajoelina s'était déclaré "avec le peuple", et assuré que "si pour sauver le peuple, il devait subir des sanctions, alors il était prêt à les assumer".


Sobika .com 18/03/2010

LA LISTE DES 109 PERSONNES TOUCHEES PAR LES SANCTIONS ( projet)

Projet de liste des membres des institutions et des individus membres de la mouvance rajoelina ainsi que des entités dont l'action fait obstacle aux efforts de l'UA et de la SADC visant à restaurer l'ordre constitutionnel à Madagascar - 109 personnes 

Note: Ny Hasina Andriamanjato , Tomasy Tsimiondra, Henri Ranaivosoa et Haja Ramaherijaona, membres de la HAT et Monja Roindefo ne font pas partie de la liste des personnes sanctionnées.

- Présidence de la République 
1-M. Andry Nirina Rajoelina, Président de la Haute Autorité de la Transition 
2-M. Norbert Lala Ratsirahonana 
3-M. Zaza Ramandimbiarison, Directeur de cabinet de la présidence de la HAT 
4- M. André Haja Resampa, Secrétaire Général de la présidence 
5- Mme Annick Andriamampianina, Directeur des Relations publiques et porte-parole de la présidence de la transition 
6- Mme Lantosoa Razafimahaleo, Conseiller spécial 
7- Mme Hantanirina Ramakavelo, Conseiller spécial 
8- M. Harry Rolly Mercia Rahajason, Conseiller spécial 
9- Lt. Col. Fidimalala Rafaliarison Rafaliarison, Aide de camp 
10- Colonel Claude Razafimahatratra, Directeur de la Sécurité Présidentielle 

II- Membres du gouvernement de la HAT 
1- Colonel VITAL Albert Camille, Premier Ministre 
2- Manorohanta Cécile, Vice Premier Ministre chargé de l'intérieur 
3- Vice-amiral Hyppolite Ramaroson, Vice-premier ministre chargé des affaires étrangères 
4- Alain Bernard Teandrazanarivelo, Vice-premier ministre chargé de la santé 
5- Colonel Noel Rakotonandrasana, Ministre des Forces Armées 
6- Jean Claude Rakotonirina, Ministre du commerce 
7- Nadine Ramaroson, Ministre de la population et des affaires sociales 
8- Augustin Razafinarivo Andriamananoro, Ministre des Télécommunications, des potes et des nouvelles technologies 
9- Gilbert Harisoa Raharizatovo, Ministre de la Culture et des Patrimoines 
10- Rolland Ranjatoelina, Ministre des transports 
11- Jean Rodolphe Ramanantsoa, Ministre de l'énergie 
12- Noelson William, Ministre de la Fonction Publique, du travail et des Lois sociales 
13- Athanase Tongavelo, Ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique 
14- Irène Victoire Andréas, Ministre du tourisme et de l'artisanat 
15- Colonel Claude Ravelomanana, Secrétaire d'Etat chargé de la Gendarmerie 
16- Hery Rajaonarimampianina, Ministre des finances et du budget 
17- Christine Razanamahasoa, , Ministre de la justice 
18- Remy Sylvain Organès Rakotomihantarizaka, Ministre de la sécurité intérieure 
19- Julien RAzafimanazato, Ministre de l'Education Nationale 
20- Colonel Randriamiandrisoa Calixte, Ministre de l'environnement et des forêts 
21- Nirhy Lanto Andriamahazo, Ministre de l'eau 
22- Fienena Richard, Ministre de l'économie et de l'industrie 
23- Maharante Jean de Dieu, Ministre de l'élevage 
24- Jaonina Mamitiana, Ministre de l'agriculture 
25- Mamy Ratovomalala, Ministre des mines et des hydrocarbures 
26- Virapin Ramamonjisoa, Ministre des sports 
27- Serge Ranaivo, Ministre de la jeunesse et des loisirs 
28- Eric Razafimandimby, Ministre des travaux publics et de la météorologie 
29- Toto Raharimalala Lydia, Secrétaire d'Etat à l'enseignement technique et de la formation professionnelle 
30- Alain Andriamiseza, Ministre de la pêche et des ressources halieutiques 
31- Nathalie Rabe, Ministre de la Communication
32- Hajo Andrianainarivelo, Ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation 
III- Membres de la HAT 
1- Jean Lahiniriko, Vice-président de la HAT 
2- Patrick Monibou, Vice-président de la HAT 
3- Bruno Rajaonson, Vice-président de la HAT 
4- Lala Harinaivo Rasamoelina, Vice-président de la HAT 
5- Dolin Rasolosoa, Vice-président de la HAT 
6- Roland Ratsiraka, président de la HAT 
7- Robertine Rabetafika 
8- Ialy Rakotoniaina 
9- Pélops Ariane Voninahitsy 
10- Pierre Andrianantenaina 
11- Phillipe Jaozandry 
12- Bruno Betiana 
13- Evariste Marson 
14- Prezaraly Jonah Parfait 
15- Jean Jacques Rabenirina 
16- Alexandre Rambolazafy 
17- Jan Max Rakotomamonjy 
18- Pierre Houlder Ramaholimasy 
19- Désiré Phillipe Ramakavelo 
20- Benjamina Ramarcel Ramanantsoa 
21- Daniel Ramaromisa 
22- Alain Ramaroson 
23- Yvon William Randriazanakolona
24- Jean Théodore Ranjivason 
25- Bernard Ravelonjato 
26- Herimanana Razafimahefa 
27- Constance Razafimily 
28- Julien Reboza 
39- Remi dit Jao Jean 
30- Jacky Tsiandopy 
31- Pierre Tsiranana 
32- Benjamin Vaovao 
33- Andry Rasolofo 
34- Joseph Yoland 
35- Ratovonomenjanahary 
36- René Rasolofo 
IV- Membres du conseil Militaire pour la défense nationale 
1- Gal de Division Rabarisoa Ranto Anjoanin, vice-président 
2- Intendant Général Andriamisa amédée Ramihone 
3- Gal fr Brigade aérienne Ranaivomanana Réol 
4- Général de Brigade gilbain Pily 
5- Gal de vrigade Koto Marcel 
6- Colonel Raoilijon Rakotoniaina François d'Assise Marie 
7- Colonel Razafimanantsoa Alexandre 
8- Colonel Randriantsalama Jules 
9- Médecin Col. Ralamboson Jaona Harivelo 
10- Col. dominique Jean Adolphe 
11- Col. Rameliarison Robert Judex 
12- Col. Ralala Roger Pierre 
13- Col. Ranaivoson David 
V- Autres personnalités militaires soutenant l'action de la HAT 
1- Gal Ndrianarijaona, CEMGAM 
2- GAl BRuno Razafindrakoto, Commandant de la Gendarmerie 
3- Gal Viennot Zafera, Commandant de la FIGN 
4- Colonel Richard Ravalomanana, Commandant de la Circonscription interrégionale de la Gendarmerie 
5- Lieutenant-colonel Charles Randrianasoavina, Co-Directeur des Forces d'Intervention Spéciales et Commandant de la Brigade Minière 
6- Lylison René, Co-Directeur des Forces d'Intervention Spéciales
VI- Membres de la HCC 
1- Rajaonarivony Jean Michel, président 
2- Imboty Raymond 
3- Rakotondrabao Andriantsihafa Dieu Donné 
4- Rabehaja Fils Raymond 
5- Rasoazanamanga Raheltine 
6- Rabendrainy Ramanoelson 
7- Ranampy Marie Gisèle 
8- Razoarivelo Rachel Bakoly 
9- Andriamanandraibe RakotoharilalaAuguste 
VII- Autres personnalités civiles soutenant l'action de la HAT 
1-Mme Mialy Rajoelina 
2- Daniel Rajakoba 
3- Manassé Esoavelomandroso 

TOTAL : 109 


lesafriques.com 14/04/2010
Marc Ravalomanana accuse! 

Entretien du 04/11/2009 avec Chérif Elvalide Seye, rédacteur en chef des Afriques 

Pour l’ex-président de Madagascar sa chute est due aux Karanas, d’origine indo-pakistanaises, mais à 80% de nationalité française : « Ils font 1,2% de la population mais détiennent l’essentiel du négoce. Ils se sont sentis menacés par la création du comité de lutte contre la corruption et ont réagi par la désinformation et en exploitant la détresse des plus pauvres pour les jeter dans la rue. » 
Les terres agricoles cédées à la compagnie Daewoo : « Ce sont de fausses informations. Un accord avec la compagnie Daewoo nécessite la ratification du parlement. Nous étions encore en phase de négociations. C’est pourquoi, dès qu’il y a eu ces problèmes, Daewoo s’est déployé en République démocratique du Congo où elle a obtenu 4 millions d’ha. » 
Andry Rajoelina : « Je peux vous assurer que pendant la négociation à Maputo, le président Ratsiraka a dit "je veux bien avaler une grenouille vivante si cette personne arrive à résoudre les problèmes de Madagascar" ». 

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Marc Ravalomanana accuse!


rfi.fr 17/03/2010
Les sanctions de l’UA pour célébrer l’anniversaire au pouvoir d’Andry Rajoelina - Par Grégoire Pourtier
Andry Rajoelina, le président malgache fête de manière bien particulière l’anniversaire de son accession au pouvoir. La date butoir pour la mise en place des Accords de Maputo et d’Addis-Abeba en faveur d’un retour progressif à une situation consensuelle et de partage du pouvoir sur la grande île était fixée au 16 mars 2010. Selon les services de l’UA chargés de la Paix et de la Sécurité, l’ultimatum n’ayant pas été respecté, les sanctions contre le pouvoir malgache seront effectives à compter du 17 mars 2010.

Pour son premier anniversaire à la tête du pays, ce 17 mars, Andry Rajoelina ne va pas recevoir de cadeau de la part de l’Union africaine : au lendemain de l’ultimatum qu’elle avait fixé pour l’application des Accords de Maputo, l’UA devrait finalement sanctionner personnellement les autorités de transition. Interdictions de voyages, gels d’avoirs financiers et l'isolement diplomatique des autorités de fait ont été évoqués pour toucher au cœur le régime, alors que la majorité des bailleurs de fonds ont déjà suspendu leur aide au pays, l’un des plus pauvres du monde.
Il y a un an, après plusieurs semaines de contestation dans la rue et un une forte pression de l’armée, Marc Ravalomanana avait remis ses pouvoirs à un directoire militaire, qui les avait immédiatement transmis à Andry Rajoelina. Coup d’Etat ? Le terme fait encore débat, mais deux choses sont acquises : la situation devenait intenable pour le président réélu en 2006, puisque, la veille, des blindés avaient investi l’un de ses palais ; et le 17 mars, le pays est entré dans « l’extraconstitutionnalité » puisque le pouvoir aurait dû être remis au président du Sénat.
On cherche une sortie de crise 
La Communauté internationale s’est imposée pour jouer les médiateurs, mais son action, marquée par des choix discutables, n’a pas abouti. Plusieurs fois on a cru qu’une solution allait être trouvée : en août, les Accords de Maputo définissent le cadre d’une transition « consensuelle, neutre et inclusive ». Rajoelina est confirmé comme « Président de la transition », mais le pouvoir est partagé entre quatre mouvances – les anciens présidents Zafy et Ratsiraka, évincés en leur temp, ayant été remis en jeu. Cette première mouture est amendée par l’Acte additionnel d’Addis-Abeba, signé en novembre.

REUTERS
L'ancien maire de la capitale, Antananarivo, arrivé au pouvoir voilà un an au prix d'un coup de force, refuse de se soumettre aux exigences du Conseil de la paix et de la sécurité de l'organisation africaine. (lexpress.fr)

A ce moment, deux « co-présidents du Conseil présidentiel » et un Premier ministre de consensus ont été désignés, la transition est en route pour mener le pays vers la 4ème République. Preuve que les institutions sont reconnues : l’ambassadeur de France, arrivé au lendemain du renversement de Marc Ravalomanana, peut enfin présenter ses lettres de créances à Andry Rajoelina, unanimement considéré comme chef de l’Etat.
Mais cet équilibre instable, « monstre à quatre têtes » selon les termes d’un des médiateurs, ne va pas tenir longtemps. Les mouvances se révèlent incapables de s’entendre sur la répartition des postes au sein du gouvernement – ultime négociation pour laquelle la communauté internationale laisse les Malgaches se débrouiller seuls – et les coups bas pleuvent.
L’entêtement de Rajoelina
Une nouvelle réunion est donc organisée à Maputo début décembre, mais Rajoelina refuse de s’y rendre. Il bloquera ensuite plusieurs jours les délégations adverses en Afrique, prétextant que leur sécurité n’est plus assurée à Madagascar. La population leur en voudrait d’avoir « trahi la souveraineté nationale » en allant composer un gouvernement à l’extérieur. Les membres des trois mouvances rentrent finalement au pays le 18 décembre – sans heurts -, mais ce même jour, Rajoelina rompt officiellement le processus consensuel, en désignant un nouveau Premier ministre et en abrogeant l’ordonnance d’application des Accords de Maputo et de leur prolongement d’Addis-Abeba.
Depuis, le schéma est assez simple. D’un côté, Rajoelina veut organiser des élections législatives au plus vite, afin de mettre en place une assemblée constituante. Un « atelier de consensus élargi » boycotté par l’opposition a validé cette option, mais la date du scrutin potentiel n’est pas encore connue. A l’autre bout de l’échiquier, les trois mouvances adverses (étonnamment solidaires alors que leurs chefs de file se détestent depuis des années) dénoncent cet « unilatéralisme », et réclament l’application des Accords.
La communauté internationale soutient ardemment cette position puisque l’UA, comme les Nations unies, la SADC et l’OIF, étaient cosignataires à Maputo et Addis-Abeba. Mais malgré la division de son camp, Rajoelina a choisi de ne pas céder. L’annonce des sanctions va-t-elle permettre de faire évoluer la situation ? Un an après la chute de Ravalomanana, les lignes politiques ont bougé, mais l’horizon ne s’est toujours pas dégagé.

Encadré:

Le camp de Rajoelina estiment que les sanctions ne seront pas tombées.
"Ces sanctions ne vont pas tomber", a dit mardi le président de la commission sécurité et défense de la HAT, Alain Ramaroson, en tâtonnant que si ces sanctions vont tomber, les dirigeants de la HAT prendront des mesures pour les apaiser.
D'autres, toujours du camp de la HAT, ont déclaré qu'ils n'ont pas peur de sanctions de l'UA, parce que Madagascar a été déjà sanctionné depuis la suspension, en décembre 2009, du projet américain African Growth Opportunity Act (AGOA), qui permettait à la Grande île d'exporter ses produits textiles sans taxe vers les Etats-Unis (Xinhua)


Letemps.ch  23/03/2010

Une année après le coup d’Etat, l’anarchie règne à Madagascar
Le 17 mars 2009, le président élu de Madagascar, Marc Ravalomanana, était contraint par l’armée à démissionner et à s’exiler. Le même soir, Andry Rajoelina, maire de Tananarive, s’autoproclamait président d’un gouvernement de transition dont il désigna lui-même les membres. Douze mois plus tard, le TGV malgache – surnom de Rajoelina et abréviation de sa formation politique – a démontré son incapacité à rétablir l’ordre constitutionnel et son incompétence à gérer la grande île de l’océan Indien.
L’un se prenait pour le messie, l’autre pour le sauveur. Le premier a conduit son pays au bord du gouffre. Le second l’y a précipité. Ivres de pouvoir et aveuglés d’orgueil, les deux mégalomanes ont lamentablement échoué dans leur ambition de sortir Madagascar du cycle infernal de la corruption, de l’injustice et de la misère.

Après 60 ans de colonisation française, 50 ans d’indépendance, 3 républiques successives et quelques coups d’Etat, l’Ile rouge est aujourd’hui plongée dans l’anarchie et mise au ban de la communauté internationale.
Madagascar n’a toujours pas de président démocratiquement élu. La vie parlementaire est en veilleuse. L’ordre constitutionnel n’est pas respecté. La rue dans la capitale est livrée à l’insécurité, à la violence, au pillage. La population aspire à la paix et à la bonne gouvernance. Au lieu de cela, les droits élémentaires des citoyens sont bafoués, la presse est muselée, les arrestations arbitraires sont quotidiennes. La pauvreté s’étend. Chaque jour, le pays, qui compte officiellement 178 partis politiques, s’enfonce davantage dans la misère, l’insalubrité, la paralysie, l’isolement et les règlements de comptes. L’armée est divisée. Des groupes paramilitaires rançonnent. Des policiers n’obéissent plus à leur hiérarchie. Des personnalités dérangeantes sont condamnées lors de procès expéditifs.
Le jeune loup qui monopolise le pouvoir a démontré son incapacité à rétablir l’ordre public et à regagner la confiance des investisseurs potentiels et des bailleurs de fonds étrangers. L’économie est dans un état calamiteux. Les prix flambent. Le marché noir fleurit. La monnaie nationale s’effondre. Le secteur touristique, qui était promis à un bel avenir, est sinistré. Des bandes incontrôlées pillent les richesses 

Le putsch d’Andry Rajoelina, le 17 mars 2009, n’a fait qu’accentuer la gabegie politique et économique de l’Ile Rouge. Les perspectives d’avenir sont sombres dans ce pays pourtant riche en ressources naturelles, culturelles et intellectuelles. Par José Ribeaud, journaliste et formateur de journalistes à Madagascar

naturelles dont l’île regorge.
Cette gabegie est le résultat d’un coup d’Etat improvisé par un autodidacte flagorneur et ­narcissique. En janvier 2009, Andry Rajoelina mit le feu à une poudrière qu’il ne parvient plus à éteindre. L’ancien disc-jockey croyait avoir gagné la partie. Surtout que l’ancienne puissance coloniale, la France, appuyait ouvertement son coup d’Etat. En misant sur une tête brûlée, le Quai d’Orsay a commis une bévue aux conséquences incalculables. Car le protégé de la diplomatie française se montre chaque jour plus gouailleur, plus dilettante et plus manipulé par des clans qui misent sur sa faiblesse.
Marc Ravalomanana ne parvenait plus à dissocier les intérêts de ses entreprises des revenus de l’Etat. Dans son délire religieux, il ignorait la misère de son peuple et vilipendait l’argent public. L’ex-manager président de Madagascar méprisait l’armée, 
son successeur ne la contrôle pas. Quant aux 
hiérarchies catholique et protestante, elles se révèlent incapables de jouer le rôle de médiatrice respectée et efficace qu’elles ont tenu ensemble dans le passé. La première ménage le catholique Rajoelina, la seconde reste fidèle à son démiurge Ravalomanana.
La crise malgache a été provoquée par des démagogues malgaches. Elle ne peut être résolue que par les Malgaches eux-mêmes. Toute ingérence étrangère serait contre-productive. Néanmoins, la non-reconnaissance du régime de transition par la communauté internationale, y compris par l’Union africaine, est très pénalisante pour la population malgache. L’Union européenne a interrompu son aide budgétaire. Le Parlement européen condamne un régime illégal. Les Etats-Unis ont suspendu l’AGOA, c’est-à-dire les facilités accordées aux produits des pays pauvres pour accéder au marché américain. La Banque mondiale et le FMI sont aussi dans l’expectative.
Le ballet diplomatique conduit par l’ancien président du Mozambique Joachim Chissano et par le président de la Commission de l’Union africaine Jean Ping avec l’appui du Groupe international de contact sur Madagascar était parvenu, en novembre 2009, à faire signer l’Accord d’Addis-Abeba par les chefs de file des quatre mouvances impliquées dans la crise malgache. Ce document définissait des institutions complexes et pléthoriques ainsi qu’un calendrier approximatif en vue d’assurer une transition consensuelle vers un régime démocratique. Mais à peine de retour dans son fief de Tananarive, Rajoelina reniait sa signature, violait son engagement et bloquait le processus de sortie de crise. Il démontre ainsi qu’il préfère laisser son peuple dans la misère plutôt que de faire des concessions pour rétablir la démocratie. Pourtant, Madagascar est un pays plein d’avenir car riche de sa diversité ethnique, de sa jeunesse qui aspire à une vie meilleure, de son patrimoine culturel et artisanal, de sa flore et de sa faune endémiques, de ses 5000 km de côtes et de ses eaux territoriales poissonneuses. Riche surtout de ses forêts de bois précieux et de ses terres arables convoitées par des multinationales de l’agroalimentaire. Riche de ses ressources en minerais et pierres précieuses partiellement inventoriées et encore peu exploitées. Ces richesses expliquent la guerre d’influence que se livrent les Etats-Unis, le Canada, la France et la Chine en marge de cette crise.
Madagascar a besoin d’hommes et de femmes nouveaux. Ils – et elles – existent. A Madagascar même et à l’étranger. A Tananarive et en province. En Europe, au Japon, aux Etats-Unis et ailleurs encore. Ce sont des diplomates, des professeurs, des juristes, des scientifiques, des managers, d’anciens ministres et hauts fonctionnaires intègres et compétents, etc. Ils sont désireux de servir leur pays en toutes indépendance et loyauté. Certains se terrent à Madagascar dans la crainte d’être emportés par la vague d’arrestations et de répression. D’autres ont peur de rentrer au pays pour les mêmes raisons.
Le meilleur service que Rajoelina pourrait rendre à sa patrie serait de dissoudre la Haute Autorité de transition (HAT) et de s’effacer après avoir confié momentanément le pouvoir à un gouvernement d’unité nationale formé de personnalités au-dessus de tout soupçon. La présidence pourrait être assumée par Raymond Ranjeva, juge à la Cour internationale de justice à La Haye, personnalité indépendante, sans ambition déplacée et qui bénéficie de la confiance de la communauté internationale.

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