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LE
JIR : ARTICLE DU 30/04/02
“Marc
Ravalomanana est élu au premier tour de l’élection présidentielle à
Madagascar, organisé le 16 décembre dernier, avec 51,46% des suffrages
exprimés contre 35,90% au président sortant Didier Ratsiraka”, a
annoncé hier la Haute cour constitutionnelle (HCC) après un nouveau
décompte des voix. Mais Ratsiraka veut continuer à régner sur les
provinces.
VERDICT
DE LA HAUTE COUR CONSTITUTIONNELLE SUR L’ÉLECTION DU 16 DÉCEMBRE
Ravalomanana,
président avec 51,42% des voix
Lors
d’une cérémonie officielle au ministère des Affaires étrangères à
Anosy, en présence du corps diplomatique au grand complet, des chefs d’Eglise
et des représentants des candidats, les juges constitutionnels ont rendu le
verdict de la HCC sur le décompte contradictoire des résultats de l’élection
présidentielle malgache du 16 décembre 2001. Marc Ravalomanana est élu
président de la République de Madagascar avec 51,46% des voix contre
35,90% à Didier Ratsiraka. Pas de deuxième tour. Culte œcuménique et bal
populaire sur la place du 13 Mai en fin d’après-midi et toute la nuit.
Le président et doyen de la HCC, Jules Mananjara, a expliqué que les
décomptes contradictoires étaient basés sur les documents officiels
recueillis auprès des comités de recensement des matériels de vote (CRMV),
les procès-verbaux des observateurs (CCO et consortium regroupant l’observatoire
du conseil des Églises, l’association Justice et paix et le comité
national d’observation des élections ou Cnoe) et ceux du comité de
soutien de Marc Ravalomanana (KMMR). Le comité de soutien de Didier
Ratsiraka (KMDR), qui avait aussi des PV à sa disposition, n’a pas
répondu à l’appel de la HCC qui, il y a deux semaines, a demandé à
toutes les entités de lui remettre les éléments de preuves disponibles,
susceptibles d’apporter la lumière sur le scrutin. Par ailleurs, les
trois juges constitutionnels désignés en 1996 par Ratsiraka et devant
faire partie de la HCC - ils n’ont jamais été exclus - n’ont pas voulu
participer au décompte des voix : Victor Boto, ancien président de la HCC,
a démissionné tandis que les deux autres juges, Georges Thomas Indrianjafy
et Berthe Rabemahefa, “sont restés introuvables” durant l’opération
de décompte des voix” pour utiliser les expressions de Jules Mananjara
hier. Autrement dit, personne n’a empêché les juges considérés comme
pro-Ratsiraka de participer à l’opération. S’ils ne sont pas venus, c’est
donc de leur propre chef.
AVEUX D’UN
AVOCAT GÉNÉRAL
Toujours selon Jules Mananjara, les résultats concernant près de 10 000
bureaux étaient conformes pour toutes les sources. La comparaison
proprement dite concernait les résultats dans 6 000 bureaux de vote. Ce qui
explique la célérité de l’opération de recomptage des voix.
Le témoignage de l’avocat général de Fianarantsoa a également été
cité hier. Selon Me Randranto, ancien bâtonnier, quelques jours après le
scrutin, le gouverneur de Fianarantsoa Emilson, fidèle à l’Amiral, avait
réuni les préfets et les sous-préfets à qui il a donné la consigne de
“retarder autant que possible l’acheminement des PV au ministère de l’intérieur”
et de “faire le nécessaire” pour que les résultats tournent en faveur
du candidat Ratsiraka. La fraude a été constatée au niveau de plusieurs
localités de la province de Fianarantsoa.
“Je suis très ému, je ne peux vous en dire plus”, a déclaré Marc
Ravalomana, joint chez lui au téléphone par l’AFP alors qu’il
regardait la retransmission télévisée de la cérémonie officielle.
ABSENCE REMARQUÉE
En début d’après-midi, le nouveau président a lancé un appel fraternel
par l’intermédiaire des médias à l’endroit de l’ancien :
Ravalomanana a invité Ratsiraka à s’en tenir aux termes de l’accord de
Dakar et aux “soatoavina” ou “valeurs régissant depuis la nuit des
temps la société malgache”. “Nous sommes tous enfants de Madagascar”
a-t-il rappelé en ajoutant un proverbe : “Velona iray aina…”, qui
signifie : “Vivants, nous habitons la même maison. Morts, nous serons
allongés dans le tombeau familial”.
Un appel a également été lancé à l’endroit des militaires, notamment
ceux restés fidèles à l’Amiral. Marc Ravalomanana, de par son statut de
chef de l’État et chef suprême de l’armée, a demandé à celle-ci de
“prendre sa responsabilité”. “Vous ne devez plus éprouver ni doute,
ni hésitation. Vous savez maintenant qui est dans la légalité”, a-t-il
déclaré sans oublier d’insister sur l’importance de l’unité
nationale.
Les représentants du corps diplomatique à Madagascar étaient au grand
complet hier à la cérémonie. Les ambassadeurs des États-Unis, du Japon,
de la Grande-Bretagne et même de l’Algérie ont assisté à la
proclamation. Stanislas de LaBoulaye, ambassadeur de France, a quant à lui
envoyé un représentant. Toutefois, son absence a étéremarquée et a
animé de vifs commentaires, concernant par exemple le séjour de l’Amiral
à Paris. Après avoir quitté la capitale sénégalaise, Ratsiraka a
visité quelques pays arabes dont la Libye. On ne sait pas s’il a rendu
visite ou non à son vieil ami de la Jamahirya arabe, Mohamar El Khaddaffi.
Ensuite, Didier Ratsiraka s’est envolé en France où un autre ami à lui
se prépare à un … deuxième tour.
À Tamatave, Roland Ratsiraka, maire de la ville, a préparé un accueil
triomphal. À bord d’un véhicule, le neveu de l’Amiral a
personnellement demandé aux Tamataviens de venir nombreux à l’aéroport.
T-shirts, casquettes, banderoles étaient prêts. Mais la mission a échoué
: très peu de gens ont fait le déplacement. Cette attitude semble traduire
sur le terrain le verdict de la HCC.
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CRÉATION D’UNE
CONFÉDÉRATION DES CINQ PROVINCES
La division de
Madagascar est enclenchée par le camp de Ratsiraka
Le maire d’Antsiranana (dans le nord), Noëlson Rakotoarison, a répondu
hier aux questions du Journal de l’île. Réaction à chaud après le
verdict de la HCC : “Nous récusons la décision de la HCC. Nous avons
décidé de créer une confédération des provinces autonomes”. Question
: “Nous qui ?”. Réponse de l’élu Arema : “Eh ben… Nous. Le
gouverneur Jean-Robert Gara a fait une déclaration publique tout à l’heure
(hier en fin d’après-midi). C’était prévu à 15 h mais finalement
nous l’avons faite vers 18 h 30. Les cinq provinces sont devenues des
États fédérés réunis au sein d’une confédération”.
Quel est le nom de ce nouvel État et son président ? : “Au fait, ce n’est
pas encore très précis mais c’est ce que le gouverneur nous a expliqué.
Il disait aussi que tous les élus de provinces : sénateurs, députés,
maires, tiendront prochainement une assemblée constitutive de la
confédération. Il faudrait élaborer une Constitution et des nouvelles
institutions. En attendant, si j’ai bien compris, ce sont les gouverneurs
qui dirigent les affaires dans les provinces”.
Quelle est la réaction de la population ? “Les gens ont peur de parler. D’ailleurs,
ils ne peuvent pas”. Combien de personnes ont assisté à la déclaration
du gouverneur ? “Ça, je ne saurais pas trop vous dire. Mais à la
tribune, il y avait les élus, les députés Arema et le sénateur Ampy
Portos”. Qu’avez-vous décidé pour Fianarantsoa ? “Comme je suis à
Diégo, je ne sais pas trop ce que Fianarantsoa va décider”. Et quelle
est l’ambiance qui règne à Diégo ? “Comme depuis le début de la
crise, c’est toujours très calme ici”.
Apparemment, l’élu Arema, semble ne pas trop comprendre ce qui se trame
en haut lieu.
À travers les réponses du maire d’Antsiranana, on remarquera la
confusion qui s’installe dans le camp de l’Amiral. Ce qu’a déclaré
publiquement Jean-Robert Gara ne correspond pas aux positions des trois
hommes forts du régime de Ratsiraka, qui ne parlent pas de la création de
cette confédération. Tantely Andrianarivo, Ange Andrianarisoa et Honoré
Rakotomanana, respectivement premier ministre, président de l’Assemblée
nationale et président du Sénat de Ratsiraka, se limitent à récuser la
proclamation de Marc Ravalomanana comme président de la République.
Reste à savoir comment la population proprement dite va réagir face aux
actes de sécession, considérés par la Constitution malgache comme un
crime contre la Nation.
|
INVESTITURE
OFFICIELLE DE RA8 VENDREDI
Radio Africa
N°1 du 1er mai 2002 à 11h:
-Ra8
prépare son investiture pour vendredi prochain
-
Le camp de DR durcit le ton en annonçant l'indépendance des provinces.
-
L'armée reconnait Ra8 coe chef suprême
Radio RFI du 1er
mai 2002 à 10h30:
-Contestation
des partisans de DR, contre la proclamation de Ra8 vainqueur du 1er tour par
la HCC
-La
province de Diego se declare état indépendant par son gouverneur.
-
Les barrages asphyxiant la Capitale Tana continue
-Basculement
de l'armée qui reconnait Ra8 coe chef suprême dés son investiture.


Actualités
diplomatiques du ministère des Affaires étrangères
Une porte-parole du ministère des Affaires étrangères s'est exprimée sur
les sujets suivants lors du point de presse du 30 avril 2002 :
5
- MADAGASCAR
La France a pris connaissance de la décision de la Haute Cour
constitutionnelle qui déclare Marc Ravalomanana vainqueur au premier tour
des élections présidentielles qui se sont tenues le 16 décembre
dernier à Madagascar. La France a pris contact avec ses partenaires, au
premier chef l'OUA et aussi les Etats-Unis, afin d'apprécier la nouvelle
situation ainsi créée. L'OUA vient de rappeler l'importance que revêt
l'accord de Dakar du 18 avril 2002 pour une sortie pacifique et politique de
la crise et je relève qu'une mission de ministres africains pour le suivi
de l'accord de Dakar va se rendre sur place dans les prochaines heures.
(Vous ne reconnaissez pas les résultats ?)
Nous avons pris connaissance de la décision de la Haute Cour. Nous
avons pris contact. Nous rappelons, comme l'OUA, l'importance de l'Accord de
Dakar et nous notons qu'il va y avoir une mission sur place. Nous soutenons
tous les efforts africains qui vont dans le sens d'une sortie pacifique de la crise.
(Est-ce que vous craignez une mauvaise réaction de
l'armée ?)
Des appels ont été lancés depuis le mois de décembre, en faveur de
la paix civile, de la responsabilité, du respect de la démocratie, que ce
soit de la part des cadres de l'armée, de l'administration. Nous réitérons
cet appel.
(Vous confirmez avoir reçu des proches du nouveau président
à Madagascar ?)
Les contacts se sont poursuivis avec les deux parties dans le cadre de
l'OUA. Il est clair que depuis quatre mois nous sommes très soucieux que la
crise puisse déboucher sur un accord, quelque chose qui soit
acceptable.
(Précision sur l'Accord de Dakar. Il était question
d'un référendum après le recomptage des voix. Est-ce que le fait que la
Haute Cour ait affirmé que le vainqueur était M. Marc Ravalomanana
signifie que M. Ratsiraka doit partir ?)
Pour l'instant, le point le plus important pour nous, est de ne pas
jeter de l'huile sur le feu. Nous avons pris connaissance de la décision de
la Haute Cour Constitutionnelle. M. Ravalomanana a été déclaré vainqueur
au premier tour et maintenant nous comptons sur les contacts que nous avons
pour apprécier cette nouvelle situation.

Att.:
Amis de Madagascar
Chers amis,
Ce bref message pour vous informer qu'un volumineux dossier concernant les
exactions commises par M. Ratsiraka et ses partisans contre la population
malgache vient d'etre remis à l'ONU à Genève dans le cadre de la
procédure 15 03. Ce dossier de 361 pages, qui comprend de nombreux
témoignages manuscrits, est complété par des documents vidéo accablants.
Le dossier est également remis à M. le Président Abdoulaye Wade, ainsi
qu'à la Commision Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples.
Il sera également déposé la semaine prochaine aux principales
chancelleries à Antananarivo. Ce travail courageux a été réalisé par
Mme Mathilde Rabary, député de Madagascar et Présidente de SOS Victimes
du Non Droit.
Un second dossier est maintenant en cours de constitution qui portera sur
les détournemants de fonds, les actes de corruption, le blanchiment
d'argent sale, la contrebande et le trafic de drogue.
Face à des preuves aussi accablantes, des faits aussi graves, il faut
aujourd'hui se demander ce qui motive M. Amara Essy, Secrétaire Général
de l'OUA à ménager à ce point M. Ratsiraka, à déployer de tels efforts
pour lui permettre de partir «avec les honneurs» et à retarder
indéfiniment la reconnaissance internationale de M. Ravalomanana, déclaré
lundi dernier élu au premier tour avec 51,4% des voix par la Haute Cour
Constitutionnelle, sur la base de résultats prouvés et publiés bureau de
vote par bureau de vote.
Dominique Flaux

Retour aux infos du jour
|
MIDI
MADA 30/4/2002
La légitimité croise la légalité
Elu Président, Ravalomanana tend la main à Ratsiraka
Les termes de « Président autoproclamé », utilisés par beaucoup, se réduiront désormais au simple « Président ». Marc Ravalomanana, qui a toujours réclamé victoire dès le premier tour, en engageant une manifestation populaire monstre à travers le pays pour que la procédure de confrontation des procès-verbaux soit acceptée, a été déclaré hier, dans la grande salle de conférence du ministère des Affaires étrangères, nouveau président de la République de Madagascar. Avec 51,46% des suffrages exprimés contre 35,90% pour Didier Ratsiraka, Marc Ravalomanana est, certes, en dessous des 52,15% qu’il s’est toujours attribués, mais pour lui, ses efforts se sont traduits par la victoire du « Fahamarinana ».
Val Andriamahaitsimiavona
La HCC, le quorum de six membres prévu par la loi étant acquis, a expliqué dans les motifs de son arrêt n°005 HCC/AR du 29 avril 2002 qu’ « en application combinée des dispositions légales, de la nécessité de transparence et de respect de l’Accord de Dakar, la Cour de céans a jugé nécessaire d’inviter les principaux acteurs de l’élection présidentielle, à savoir les candidats et les observateurs agréés, aussi bien par la voie officielle que par les biais des médias, à lui communiquer les documents électoraux en leur possession établis dans les bureaux de vote le jour du scrutin, ainsi que les supports informatiques y afférents ». Mais la HCC a également étendu la comparaison à ceux dont le CNE est destinataire. Tout en soulignant que « jusqu’à ce jour, le candidat Didier Ratsiraka n’a pas manifesté son intention de participer au décompte contradictoire et n’a envoyé ni document ni support informatique ».
Changements
Après les travaux de décompte, la Haute Cour a annulé, « au titre de légalité, toutes les opérations électorales des 105 bureaux de vote dont la liste est annexée et totalisant 13.469 voix ». Et au même titre, elle a annulé les votes émis par 2838 électeurs, en violation des prescriptions de la loi et au titre d’annulations partielles. A noter que la Haute Juridiction a cru bon de préciser dans son arrêt qu’ « il n’est pas conforme à la mission du juge électoral de sanctionner les électeurs de bonne foi et les candidats pour des carences commises volontairement ou non par les responsables officiellement chargés de réaliser la formalisation des résultats du scrutin, de la collecte et de la centralisation des documents électoraux ; que le fait de ces responsables officiellement désignés ne peut être, en aucune manière, imputable aux électeurs ; que pour ces motifs, d’une part, la Cour de céans a revalidé des annulations antérieurement effectuées sur 242 bureaux de vote ; que d’autre part, elle a confirmé les annulations qu’elle a jugé fondées ». Ce qui avait sans doute apporté beaucoup de changements, si l’on compare les résultats de la HCC précédente aux résultats actuels, notamment avec les témoignages de l’Avocat général de la Cour d’appel de Fianarantsoa contre les agissements du gouverneur de cette province. Comme l’arrêt du 25 janvier de la HCC « Mantasoa », l’actuelle Haute Juridiction a constaté la carence de 36 bureaux de vote.
Entêtement
L’Accord de Dakar étant très explicite dans son article premier, qui assigne de facto les deux candidats à se soumettre aux résultats du décompte contradictoire des voix, tous les signataires devraient maintenant s’y conformer. Son préambule a visé expressément l’arrêt de la Chambre administrative, reconnaissant ainsi de fait et de droit la légalité des membres de la HCC. Du coup, les articles 2, 3 et 4 dudit accord ne s’appliquent plus, puisque après ce décompte contradictoire, un candidat s’en est sorti vainqueur. Aussi bien les deux concernés que les médiateurs africains doivent être maintenant liés par leurs engagements respectifs dont les termes exacts sont rendus publics. Marc Ravalomanana, légitimé par une avance incontestable s’est vu légalisé dans ses fonctions de président de la République. Sa volonté de lutter jusqu’au bout, comprise par ses adversaires comme un entêtement, a porté ses fruits. Désormais, du point de vue légal, il est le nouveau Président. C’est ce qu’attendait la communauté internationale pour pouvoir le reconnaître. Et Marc Ravalomanana n’a pas volé sa victoire du moment que c’est un accord conclu dans des conditions internationales qui lui a permis d’aller vers une voie. Celle menant vers la légalité.
Ses engagements
Dans sa déclaration à la nation, faite hier à son domicile de Faravohitra, le Président Marc Ravalomanana a appelé son prédécesseur, Didier Ratsiraka, à restaurer les valeurs morales malgaches et a tendu la main à ce dernier pour le développement de Madagascar. Marc Ravalomanana a déclaré que les « Malgaches forment un seul peuple». Il a ainsi appelé au rassemblement de toutes les forces de la nation dans l’objectif de faire développer rapidement Madagascar. Interrogé par les journalistes sur le comportement du camp d’en face, le Président de la République, devait souligner que « chacun doit respecter ses engagements ». « Pour ma part, vous devez vous rendre compte que j’ai suivi avec bonne foi les termes de cet accord », a indiqué Marc Ravalomanana. La recherche de la vérité, la justice et la réhabilitation du véritable choix du peuple malgache, c’est la lutte qu’a menée Marc Ravalomanana, désormais Président de la République de Madagascar. Légal.
|
Courrier
International – 1er mai
2002
MADAGASCAR
Qui veut d’un président
élu ?
Après un nouveau décompte, Marc
Ravalomanana a été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle.
Cette victoire est contestée par le camp de son rival, mais aussi par
l’OUA, qui rejette le nouveau décompte qu’elle avait favorisé.
A
la suite du nouveau décompte des voix du premier tour de l’élection présidentielle,
Marc Ravalomanana a été proclamé vainqueur avec 51,46 % des
suffrages contre 35,90 % pour son rival Didier Ratsiraka. La presse
malgache favorable à Ravalomanana se réjouit de cette annonce, faite au
cours d’une cérémonie officielle au ministère des Affaires étrangères,
en présence d’”ambassadeurs, accompagnés de leurs interprètes
respectifs”, rapporte “Madagascar Tribune”.
Cette
victoire, jusque-là autoproclamée par Marc Ravalomanana avec un véritable
“entêtement”, selon le mot de “Midi Madagascar”, a finalement
“porté ses fruits”. “Désormais, du point de vue légal, il est le
nouveau président. C’est ce qu’attendait la communauté
internationale pour pouvoir le reconnaître.” L’accord de Dakar du 18 avril,
signé par les deux rivaux sous la médiation de la communauté
internationale, notamment les Nations unies et l’OUA, grâce à
l’initiative salutaire du président sénégalais Abdoulaye Wade, est
donc rempli.
L’OUA
prise en défaut
Mais
voilà que l’OUA, en la personne de son secrétaire général Amara Essy,
exprime sa “préoccupation” devant la décision de la Haute Cour
constitutionnelle (HCC), “qui pourrait porter préjudice à la mise en
oeuvre de l’accord de Dakar”, rapporte “Midi Madagascar”. Une
position jugée “ambiguë” par le quotidien. En fait, la presse
malgache découvre en même temps que l’opinion publique qu’”un
accord peut en cacher un autre”. En effet, selon l’éditorialiste de
“Madagascar Tribune”, “en marge de l’accord de Dakar, un
‘deal’ aurait eu lieu entre MM. Ratsiraka et Ravalomanana, en présence,
semble-t-il, du secrétaire général de l’OUA et de certains présidents
africains”. Ce “deal” consisterait à départager les deux rivaux
non par un nouveau décompte, mais par un référendum.
Pour
sa part, “Midi” dénonce avec virulence l’accord de Dakar, qui
“dans sa forme publique n’était qu’un leurre pour le peuple
malgache”. On comprend mieux, à l’instar du quotidien malgache, les
injonctions du secrétaire général de l’OUA faites aux deux rivaux de
“revenir instamment à l’esprit et à la lettre de l’accord de
Dakar”. Selon ses propres sources, l’éditorialiste de la
“Tribune” note que si “Marc Ravalomanana n’a pas suivi cet éventuel
accord tacite, c’est parce que l’amiral Ratsiraka a ignoré dès le début
l’accord de Dakar, en refusant de lever les barrages et en continuant à
persécuter les membres du KMMR (comité Ravalomanana) en province,
contrairement à ce qui était pourtant stipulé dans la convention”.
Les critiques fusent dans les colonnes de “Midi”, mettant en cause la
communauté internationale. “L’OUA s’attendait-elle à ce que la
Haute Cour constitutionnelle puisse altérer la vérité pour permettre à
Didier Ratsiraka d’assouvir ses caprices ? Pourquoi ne pas avoir déclaré
tout de suite : ‘Un référendum est organisé’…?” Une délégation
de l’OUA et celle de ministres de pays facilitateurs attendues le 30
avril à Antananarivo pourraient y répondre, mais l’Organisation de
l’unité africaine a déjà annoncé qu’elle rejetait la décision de
la Haute Cour constitutionnelle.
Sécession
préméditée
Mais,
après ce cuisant échec diplomatique, Madagascar se retrouve désemparée.
Non seulement les barrages sont toujours en place, mais les gouverneurs
des provinces côtières menacent de faire sécession. “L’Express de
Madagascar” note que “l’idée d’une confédération d’Etats
malgaches indépendants reste d’actualité”.
Avant
même la proclamation des résultats par la HCC, le président sortant
Didier Ratsiraka refusait de reconnaître ses conclusions à venir.
Pareillement, dans un récent éditorial, “Midi” rappelle que “la
partition du pays est bel et bien au programme des tenants d’Etats fédérés,
jusqu’ici dissimulés derrière des provinces autonomes, qui se révèlent
petit à petit depuis que Toamasina (fief de Ratsiraka) a été déclarée
capitale des cinq provinces autonomes, quelque temps après l’élection
du 16 décembre 2001 !”
“Il
n’y a plus de dialogue”, affirme la “Tribune”, et “une fois de
plus, c’est vers l’armée que les regards se tournent.” Dans son
adresse à la nation, Marc Ravalomanana a lancé un appel aux forces armées,
à qui il a ordonné de prendre leurs responsabilités devant les
agissements et actes illégaux qui prévalent encore dans différentes régions
du pays”, souligne “L’Express de Madagascar”. Reste que la seule
porte de sortie politique de la crise malgache demeure la mise en place
d’un référendum pour départager les deux candidats, comme l’a réclamé
le président sortant Didier Ratsiraka, référendum que l’OUA et la
communauté internationale n’ont pas été capables de proposer en toute
transparence.
PhR
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