LaCommNews
27/6/2002
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La France absente, les Etats-Unis reconnaissent le régime
Un véritable cadeau. C’est ce que les Etats-Unis ont offert hier, journée de la Fête nationale, au peuple malgache, en reconnaissant le régime de Marc Ravalomanana. C’est comme si Madagascar venait d’obtenir une seconde liberté, après 42 ans pourtant de souveraineté. Ce fut une bouffée d’oxygène pour un pays qui se trouve au bord d’une agonie puisque l’acte important pris par le gouvernement américain contribuera beaucoup aux mesures de redressement économique de Madagascar. Au-delà de cette considération humaine et économique, on notera également une signification politique plus précise.
Val A. et Bodo A. |
« Dear President Ravalomanana ». Cette expression de politesse d’usage dans la lettre du président George W. Bush est déjà très révélatrice. Désormais, pour le président de la première puissance mondiale et le gouvernement américain, Marc Ravalomanana est le seul et unique interlocuteur pour Madagascar. « J’apprécie votre détermination dans la résolution de la crise post-électorale malgache. Je suis heureux que vous ayez formé un gouvernement de réconciliation nationale et que vous envisagiez d’organiser des élections législatives dans six mois. Comme vous êtes en train de redresser les effets des dommages tant économiques que politiques des six derniers mois, les Etats-Unis apporteront leur assistance à Madagascar», déclare George W. Bush.
Dakar II
Il ne s’agit évidemment pas d’une reconnaissance relative aux notions de l’Etat (ce qui relève d’un autre problème), mais d’une reconnaissance d’un régime mis en place. La position claire des Etats-Unis pourrait être interprétée selon l’historique de la crise à Madagascar. A première vue, les Etats-Unis ne se soumettent pas aveuglément à la décision prise au sein de l’OUA, notamment par son organe central qui s’est réuni le 21 juin dernier à Addis Abeba. Une décision qui n’a pas désigné un candidat vainqueur au scrutin du 16 décembre, mais qui a imposé l’organisation d’une nouvelle consultation pour départager les deux parties. Ensuite, les Etats-Unis, contrairement à la France, accordent, beaucoup d’importance aux efforts entamés par les pays facilitateurs dans le cadre des négociations de Dakar, surtout Dakar
II. « Je suis heureux que vous ayez formé un gouvernement de réconciliation nationale et que vous envisagiez d’organiser des élections législatives dans six mois », précise dans sa lettre le président Bush. Ce qui signifie qu’en se conformant aux « points essentiels » de Dakar II, Marc Ravalomanana s’attribue la confiance des Etats-Unis et du président sénégalais Abdoulaye Wade, lequel a déjà manifesté sa reconnaissance à l’endroit du régime actuel.
Déblocage des avoirs
Puis, en engageant le déblocage des avoirs extérieurs de Madagascar, les Etats-Unis n’épousent plus l’idée d’un indigne chantage contre un peuple affamé et meurtri par les effets des barrages antiéconomiques. Le redressement économique démarrera certainement dans de meilleures conditions. « Les Etats-Unis ont l’intention dès maintenant de mener normalement les affaires d’Etat avec le gouvernement du président Ravalomanana », a indiqué à
l’AFP un responsable de l’Ambassade US à Antananarivo. De son côté, la France, par le biais de son corps diplomatique, n’était pas au rendez-vous de la fête de l’indépendance hier à
Mahamasina, ni à la réception d’Ambohitsorohitra. "Je vous rappelle que la France soutient les initiatives de l'OUA et que nous maintenons une concertation étroite avec toutes les parties et avec tous nos partenaires, notamment américains, sur cette question", a déclaré hier toujours à
Reuters, Bernard Valero, porte-parole adjoint du Quai d'Orsay, interrogé sur la décision des Etats-Unis. Le président Jacques Chirac, quant à lui, dans un communiqué transmis par l’ambassade de France, a indiqué que "seule une solution politique basée sur un dialogue constructif entre toutes les parties, pouvait permettre de retrouver le chemin de l'unité, de la paix et du développement". Hier, beaucoup de ressortissants français se sont déclarés « choqués par l’attitude du président français et du Quai
d’Orsay ». Le Président français s'est permis d'écrire " au peuple malgache" sans adresser sa lettre à celui qui représente en premier ce "peuple malgache".
A qui de droit
Pour sa part, le président Marc Ravalomanana a déclaré que « le démantèlement des barrages aura été plus facile que le déblocage des avoirs extérieurs », pour bien montrer que cette reconnaissance a été ardemment attendue du régime et du peuple malgache. « J’espère que les autres nations, qui sont encore en train de réfléchir à la reconnaissance de Madagascar, vont se décider bientôt », a-t-il ajouté, « car si une grande puissance comme les Etats Unis a reconnu notre pays, ce n’est pas pour rien ». Selon le président de la République, « nous avons maintenant les outils, nous devons désormais travailler ensemble pour le développement dans l’objectif de la souveraineté nationale et après nous être débarrassés de tous les blocages». Et de mentionner diverses possibilités, dont le retour à la normale du fonctionnement du marché interbancaire de devises, ou le Mid, l’entrée de matières premières pour les zones franches à partir de Mahajanga, et l’implantation d’entreprises franches américaines.
Dans la lettre de George W. Bush, « les Etats-Unis expriment leur reconnaissance à Madagascar, pour son soutien et son engagement dans la lutte globale pour éradiquer le fléau du terrorisme international ». Un message qui s’adresse à qui de droit…
Antsiranana :L’armée régulière aux portes de la ville, hier
La situation reste très tendue à Antsiranana, après la prise d’otages perpétrée par la clique du gouverneur sortant, Gara Jean Robert. Selon des informations recueillies sur place, les 70 otages qui ont été attachés à la clôture du gouvernorat ont été transférés au camp militaire du 2ème RFI.
rda
Certains d’entre eux ont été libérés par les terroristes, hier, moyennant finance. Visiblement, dans le but de se faire de l’argent facile. Toujours d’après nos sources, les otages auraient subi de mauvais traitements, de la part de ces derniers. Rappelons que bon nombre de militaires du 2ème RFI ont rejoint la capitale pour réintégrer les casernes des forces gouvernementales. Précisément, ces dernières se trouvaient aux portes de la ville, hier. Tenant compte des otages retenus par les mutins, elles sont en train d’étudier la stratégie à adopter. La prise de ce chef-lieu de province n’est plus qu’une question de jours, voire d’heures.
Madainfo
27/6/2002 Article/Presse Egyptienne Al-Ahram 26 Juin, 2002 - Numéro 407
Madagascar . Les chefs d'Etat des pays de l'OUA échouent à trouver une
solution négociée à la crise malgache. Les deux présidents renvoyés dos à dos
Au terme d'un sommet marathon de près de sept heures consacré à la crise
constitutionnelle qui sévit à Madagascar, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'organe central de l'OUA chargé des conflits ont renvoyé
les deux rivaux malgaches dos à dos en refusant de reconnaître l'un ou
l'autre comme président légitime. Réunis à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, dans la nuit de vendredi à samedi, ils ont suggéré que le
siège de la Grande-Ile d emeure « vacant » lors du sommet panafricain de juillet
prochain à Durban (Afrique du Sud). Les élections du 16 décembre 2001 à
Madagascar « n'ont pas abouti à un gouvernement légalement et constitutionnellement établi », selon un communiqué publié à l'issue du
sommet. L'OUA persiste donc à exiger de nouvelles élections et la formation
d'un gouvernement de transition à parité entre les deux camps, en attendant.
Or, si le camp du président sortant Didier Ratsiraka a bien accepté la décision panafricaine, celui du président élu Marc Ravalomanana, qui s'est
fait représenter au sommet, l'a désapprouvée. « L'OUA est un club d'anciens
chefs d'Etat, dont certains sont les amis de Didier Ratsiraka ; ils se maintiennent au pouvoir de la même manière, alors ils ont peur qu'en
reconnaissant notre légitimité, ils contribuent à importer en Afrique un
processus électoral pacifique ainsi qu'une logique d'alternance au pouvoir », a commenté le porte-parole de Ravalomanana. « Nous connaissions
d'avance la décision de l'OUA, cela ne change rien pour nous (.). Nous continuerons sur la voie que nous nous sommes tracée et continuerons
d'étendre notre pouvoir sur l'ensemble du pays », a-t-il ajouté. Après avoir quitté précipitamment Madagascar le 14 juin pour Paris, le
chef de l'Etat sortant est rentré dans son fief de Toamasina (est) dimanche, en
provenance d'Addis-Abeba où il a pris part au sommet. Dès son atterrissage,
Didier Ratsiraka a affirmé être ouvert à la négociation avec le chef de
l'Etat élu, Marc Ravalomanana. « Je crois que la sagesse malgache finit
toujours par l'emporter et que tout cela se terminera par une négociation »,
a-t-il indiqué. Toutefois, le président sortant s'est à nouveau présenté
comme l'unique dépositaire du pouvoir, laissant entendre que le conflit
qui l'oppose depuis six mois au président élu Marc Ravalomanana pourrait
s'éterniser. « Sans volonté politique de part et d'autre, il sera difficile
d'établir un climat de paix et de réconciliation », a-t-il déclaré à la
presse.
Effectivement, les ponts ont semblé définitivement coupé entre les deux rivaux cette semaine à la suite de l'expédition avortée de mercenaires
français refoulés en Tanzanie alors qu'ils tentaient de gagner Madagascar.
Le gouvernement de Ravalomanana avait immédiatement accusé Ratsiraka d'avoir recruté ces mercenaires », tandis que l'entourage proche de
Ratsiraka, à Toamasina, son fief électoral sur la côte est de l'île, comme
à Paris, a qualifié les passagers de l'avion de « personnel spécialisé en
formation dans le domaine de la sécurité des lieux publics ». Jeudi, Ravalomanana avait annoncé qu'il n'y avait « plus lieu de négocier avec
Ratsiraka », désormais considéré comme un « criminel », et promis de le
remettre à la justice s'il revenait à Madagascar Depuis l'élection présidentielle contestée de décembre, Madagascar est
plongée dans une crise dont le bilan s'élève à plus de 70 morts. Cette île
de 16 millions d'habitants est le terrain d'affrontements entre partisans du président sortant et partisans du chef de l'Etat élu en décembre. Le
premier, Didier Ratsiraka, a créé un gouvernement dans la ville portuaire
de Toamasina, tandis que le second, Marc Ravalomanana, a pris le contrôle de
la
capitale Antananarivo.
Ravalomanana en quête de reconnaissance internationale Mis au ban de l'Afrique, le président élu Marc Ravalomanana, dont le
pouvoir s'étend désormais sur la quasi-totalité du pays, à l'exception de deux
capitales de province au nord et à l'est, tente désormais de s'assurer l'appui des pays bailleurs de fonds du pays. S'adressant au gouvernement
français, qui a d'ailleurs approuvé le plan de règlement de l'OUA, le
président élu a estimé, dans un entretien au quotidien La Croix de lundi,
que « c'est le moment pour la France de prendre une position claire. (...)
Je veux travailler avec la France qui a avec Madagascar une histoire commune ». Au sein de son gouvernement, on évoque avec insistance les
Etats-Unis, assurant que Washington a donné des assurances pour une prochaine reconnaissance du nouveau président, et que certains pays de
l'Union européenne y sont tout disposés, n'attendant que la décision de Bruxelles. Et pour l'entourage de Ravalomanana, les Européens restent
prudents, « car ils doivent ménager la susceptibilité de vieux présidents
dans des pays africains aux ressources minérales considérables, ou occupant
une position stratégique », estime un proche du nouveau président.
La perspective d'une solution négociée au conflit malgache semble de moins en moins plausible et pour certains, seule une intervention extérieure
pourra mettre fin à la crise. « La question est, est-ce que ces pays (les
bailleurs de fonds) sont prêts à assumer une aide massive ou l'envoi de
forces d'interposition si la situation continuait à se détériorer à Madagascar », a résumé une source diplomatique
ouest- africaine
Clicanoo
27/6/2002
La communaute internationale reconnait le president Ravalomanana
Paris et l OUA exceptes, tous les pays importants representes a Madagascar -
sans oublier la Banque mondiale et le Fonds monetaire international - ont
officiellement reconnu hier la legalite et la legitimite du president
Ravalomanana. Une etape decisive dans la resolution de la crise. A Tamatave,
Didier Ratsiraka, de plus en plus esseule, ne semble plus esperer qu une
chose : partir la tete haute. Dans l effervescence de cette fete nationale
pas comme les autres, le terrain militaire est passe au second plan.
Les Etats-Unis ont reconnu officiellement hier le pouvoir du president
Ravalomanana. L ambassadrice americaine Wanda Nesbitt a en effet non seulement assiste a la ceremonie marquant le 42e anniversaire de l
independance de Madagascar, mais aussi transmis une lettre de George W. Bush
a M.Ravalomanana lors du cocktail qui a suivi au palais d
Ambohitsorihitra.Dans cette lettre, le president des Etats-Unis se dit "attriste par la
souffrance du peuple malgache depuis six mois" et apprecie la determination
du regime en place "a resoudre la crise post-electorale". "Je suis content
que vous ayez forme un gouvernement de reconciliation nationale et envisagiez de proceder a des elections legislatives dans six mois. Les
Etats-Unis vont assister Madagascar des que le pays commencera a renverser
les effets economiques et politiques negatifs de ces six derniers mois",
assure le locataire de la Maison Blanche, qui mentionne egalement dans sa
lettre l aide de Madagascar dans l eradication du terrorisme international.
"Nous sommes effectivement le premier bailleur de fonds important a
reconnaitre le president Ravalomanana", a declare Mme Nesbitt a l issue de
la ceremonie de Mahamasina. "Nous allons des maintenant commencer le processus de deblocage des avoirs exterieurs (ndlr, dont la plus grande part
se trouve a la Reserve federale americaine) et je crois que d autres pays
vont prendre la meme decision, mais j'estime qu il est un peu premature de
dire quel pays prendra quelle decision", a-t-elle ajoute. Washington a de
fait annonce hier soir avoir debloque ces avoirs.
LES PETITS LAMPIONS
Les Etats-Unis sont le premier pays occidental a reconnaitre M. Ravalomanana
en tant que president. Les principaux bailleurs de fonds - Union europeenne,
Etats-Unis, Japon, Grande-Bretagne, Allemagne, Banque mondiale et Fonds monetaire international - etaient representes par le numero 1 de leur
representation diplomatique a la ceremonie commemorant hier l independance
de Madagascar, a l exception de la France, qui n'avait aucun representant.
"En l absence de reconnaissance internationale d un candidat comme de l autre a l issue de la reunion de l OUA a Addis Abeba, la France n'aura aucun
representant a la ceremonie", avait indique le matin un diplomate français.
Les deux seul pays membres de l OUA ayant une ambassade a Tana, l Algerie et
Maurice, n'etaient pas representes par leur ambassadeur. Le numero 2 mauricien etait present.
Dans la capitale, les festivites avaient commence mardi soir. Des dizaines
de milliers de personnes s'etaient rassemblees sur la place du 13-Mai, pour
une retraite aux flambeaux, en faisant eclater des petards et en jouant dans
des casinos improvises en plein air.
"Le president Ravalomanana nous a demande de montrer durant cette fete de l
independance que nous etions unis", a declare un habitant. "Les gens sont
massivement sortis, parce qu ils vivent en situation de crise depuis trop
longtemps."
Vieille tradition malgache remontant a l epoque de la ceremonie du Bain royal, des centaines d enfants ont defile dans les rues sinueuses des
faubourgs, en portant des petits lampions en papier eclaires de l interieur.
Un fumet entetant de barbecues planait dans les rues. "La fete bat encore plus son plein que d habitude", faisait remarquer un
homme d affaires, Olivier Rasamison, en se frayant un chemin vers une table
ou l on jouait a la roulette avec des moyens de fortune, c'est-a-dire dans
une roue de velo. "Nous n'avons pas souvent la chance de faire ça, les gens
vivent dans la peur. Aujourd hui, c'est comme si nous en etions liberes",
a-t-il ajoute.
Hier, la ceremonie du 42e anniversaire de l independance s'est deroulee dans
le stade de Mahamasina devant 30 a 40 000 personnes, beaucoup moins que lors
des deux investitures pour des raisons de securite.
Des fouilles ont ete effectuees a l entree du stade car la rumeur circulait
qu un attentat etait programme, ce que toute la ville craignait. Des missiles antiaeriens etaient d ailleurs installes aux alentours du stade.
A 11 h 20, dans sa Mercedes bleu nuit aux vitres teintees, portant la plaque
de president de la Republique et entouree d une dizaine de cavaliers en tenue or, Marc Ravalomanana a fait son entree dans le stade, apres les 21
coups de canon traditionnels tires a partir de la colline d Ambohijanahary,
pour passer les troupes enrevue.
UN MESSAGE POUR PARIS
Des soldats de toutes les provinces, y compris celles qui restent aux mains
des ratsirakistes, etaient presents. 518 membres de l armee, 248 membres de
la gendarmerie nationale, 172 policiers et pompiers de la capitale, 29 vehicules militaires, des engins, des blindes et des canons - dont les
fameuses orgues de Staline - ont participe au defile, sans parler des elements montes sur VTT et des cavaliers. Mahamasina a egalement ete survole
par quatre avions de la base aeronavale d Ivato.
Ce defile, qui a reuni les militaires de tous les corps d armee, a dure environ une heure sous les vivats de la foule, dans laquelle figuraient des
centaines de membres de la chorale Tafaray, provenant des chorales des nombreuses eglises de Tana. Elles ont distrait les spectateurs venus des 8 h
au stade.
Dans la tribune officielle, des invites de marque : corps diplomatique, membres du gouvernement, deputes, senateurs, chefs d eglise et politiciens
connus parmi lesquels le pasteur Andriamanjato, Francisque Ravony, Henri
Lecacheur, Daniel Ramaromisa, Alain Ramarosaona et Manandafy Rakotonirina.
Vers 13 h, les invites du president ont rejoint le palais d Ambohitsorohitra
pour la reception. M. Ravalomanana y a d abord reçu l ambassadeur des Etats-Unis, Wanda Nesbitt, en audience privee dans le salon d honneur.
Nettement detendu apres cette entrevue, qui marquait une "ere nouvelle" selon ses propres termes, le president accompagne de son epouse a rejoint la
pelouse en contrebas du palais ou des tentes etaient dressees. Les eleves
sourds et muets de l association Akama ont assure l animation, ainsi qu une
troupe de danseurs et de musiciens traditionnels malgaches. M. Ravalomanana s'est rejoui de la reconnaissance officielle de sa
legitimite par les Etats-Unis et de leur annonce du deblocage des avoirs
exterieurs. "C'est tres positif car nous allons pouvoir continuer a travailler, et je suis sur que les autres bailleurs de fonds vont suivre l
exemple des Etats-Unis", a-t-il declare. Il a meme risque une plaisanterie
en affirmant "que le deblocage des barrages aura ete plus facile que le deblocage des avoirs exterieurs".
"J'espere que les autres nations, qui sont encore en train de reflechir a la
reconnaissance du regime actuel a Madagascar, vont se decider bientot, car
si une grande puissance comme les Etats Unis a reconnu l effectivite de notre pouvoir, ce n'est pas pour rien." "J'espere que la reconnaissance de
la France viendra bientot", a ajoute M. Ravalomanana, en reponse a une question sur l absence de representant officiel français aux ceremonies. "Le
plus important, c'est qu il y ait eu aujourd hui davantage de representants
diplomatiques presents que d absents", a-t-il souligne dans un message a
peine voile en direction de Paris.
Le president a egalement annonce que les banques malgaches pouvaient desormais proceder a des operations de change puisque le marche
interbancaire des devises sera dans peu de temps fonctionnel. Il a egalement
annonce l utilisation du port de Mahajanga pour faire entrer des matieres
premieres pour les entreprises de la zone franche. Des entreprises americaines ont egalement prevu de s'implanter a Madagascar, toujours selon
lui.
M. Ravalomanana a ensuite rejoint les membres du gouvernement ainsi que certains membres du corps diplomatique a l interieur du palais pour le
dejeuner. En l absence de l ambassadeur de France.
Commentaire : Un camouflet pour la France
Hier, a Tananarive, la Republique française a ete humiliee comme rarement
elle l a ete dans son Pre carre africain. A ne pas oublier : ceux qui s'y
sont risques l ont paye tres cher - Ratsimandrava et Sankara, pour n'en citer que deux que l on n'a pas oublies. Le soufflet est d autant plus
douloureux qu il est public et inflige par une Amerique qui ignore desormais
les chasses gardees en Afrique ou M. Bush veut faire cavalier seul.
Le final diplomatique de cette tragedie meurtriere pour le peuple malgache
est affligeant : l OUA ne voulait pas lâcher Ratsiraka qui ne voulait pas
lâcher Madagascar, Paris ne pouvait lâcher ni l OUA, ni Ratsiraka et ne
voulait pas lâcher Madagascar. La communaute internationale - Etats-Unis et
Union europeenne en tete, excusez du peu - a donc largue Paris et l OUA. En
plein jour, a Mahamasina, ou De Gaulle avait fait un triomphe. Tant pis pour
la France, tant mieux pour Madagascar. Hier soir, le peuple malgache s'est
senti plus libre que jamais, avec a sa tete le president qu il desire tant,
ce Marc Ravalomanana dont l Elysee et le Quai ne veulent toujours pas, dont
l ascension politique fulgurante ne leur a pas laisse le temps de preparer
la succession de Ratsiraka. Une guerre de retard, comme d habitude.
Au poker diplomatique - ou la rouerie et l immobilisme feint font merveille
-, Ravalomanana vient de prendre tout le tapis avec une petite mise.
Naissance de l homme d Etat que la Grande Ile attendait, naissance d une
Nation. avec un nouveau "protecteur" qu il faudra apprendre a connaitre.
Depuis le temps que l Amerique cherchait le bon filon dans la Grande Ile.
Chirac hue au Barachois
Beaucoup de Reunionnais et de Malgaches se sont rassembles hier au Barachois
pour celebrer la fete nationale malgache. Tous se rejouissaient de la reconnaissance de Marc Ravalomanana par la communaute internationale.
Jacques Chirac a ete la cible de toutes les critiques.
Environ un millier de personnes se sont reunies hier soir au Barachois pour
celebrer le 26-Juin. Ceux du Sud avaient meme fait le deplacement en bus.
Les enfants, comme la tradition l exige, se promenaient avec des lampions en
ce soir de l Asaramanitra (appellation des jours de fete).
De nombreux artistes reunionnais et malgaches ont anime la fete qui a dure
jusqu a minuit : Joël Manglou, Nyno, Aina Rafeno, Pierre Louvet, Sarah Tantely, Maki Rasta, Vetso, Lamako, Tiana, Sorajavona. Les marmailles de l
association Pepinieres de la Riviere-des-Pluies, qui ont chante un hymne
pour le pere Pedro, etaient aussi de la partie.
L heure etait aux rejouissances. Seule ombre au tableau : la position de l
Elysee et du Quai-d Orsay, qui etait au centre de toutes les interventions.
La declaration de Jacques Chirac, dont un extrait a ete lu, etait qualifiee
"d hypocrite" ou encore de "dephasee". Un intervenant a lu a haute voix une
banderole accrochee sur la scene : "Pas de sanctuaire pour les dictatures.
Signe J. Chirac. Qu en est-il de votre ami personnel Ratsiraka ?" La reponse
est venue du public par des sifflements et des manifestations de colere.
Le locataire de l Elysee a ete hue a plusieurs reprises. Un Reunionnais lui
a declare : "Les Français de Madagascar avaient honte de la position de la
France officielle, qui n'a pas repondu present a l investiture de Ravalomanana. Nous, citoyens français a la Reunion, etions scandalises. Mais
aujourd hui, avoir honte ne suffit plus. Nous eprouvons un sentiment de revolte contre votre attitude meprisante."
L OUA non plus n'a pas ete pas menagee, a l exception des presidents senegalais Wade et sud-africain M'Beki qui auraient claque la porte de l
organe central de l organisation africaine. Le premier a expressement declare son desaccord avec la decision de ce groupement de chefs d Etat qui
refuse de reconnaitre le pouvoir de Ravalomanana.
A 21 h, le Premier ministre Jacques Sylla est intervenu en direct par telephone. Il a insiste sur "l unite de l armee retrouvee" et "la
reconnaissance officielle par les Etats-Unis du pouvoir de Marc
Ravalomanana". "Je dis bien : officiel", a souligne M. Sylla.
"La communaute internationale etait presente aussi bien au defile qu a la
ceremonie, sauf l une d entre elles", a-t-il fait remarquer sans citer la
France. Mais le public, qui a hue, n'avait pas besoin de sous-titre. A propos de la suite des operations, M. Sylla a fait part a son auditoire de
la "liberation dans les prochains jours, sinon les prochaines heures, de
Diego et de Tamatave".
TAMATAVE: Ratsiraka et ses derniers fideles
La fete de l independance a ete triste hier a Tamatave. "J'ai bien compte,
insiste un journaliste sur place : 105 militaires ont defile avec leurs vieux Kalachnikov." Lors de ce mini-defile organise par le camp Ratsiraka,
seule l epouse du consul de la Chine populaire occupait un des sieges reserves au corps diplomatique.
A la tribune, M. Ratsiraka et son epouse etaient entoures de huit ministres
(il y en avait trente dans le gouvernement d Andrianarivo) et des gouverneurs de Tamatave et de Tulear. Les chaises des grosses pointures de l
ancien regime etaient vides : meme les ministres originaires de Tamatave,
comme l ancien garde des Sceaux Anaclet Imbiki, et le secretaire national de
l Arema, etaient absents. De plus, il a plu des cordes toute la journee.
Selon un de ses collaborateurs joint hier, Didier Ratsiraka est revenu a
Madagascar "chercher une porte de sortie honorable, il veut se placer dans
la meme posture que De Gaulle en 1968". Mais le president Ravalomanana accuse desormais M. Ratsiraka d avoir perpetre des "crimes contre le peuple
malgache" et reclame qu il soit traduit devant la future Cour penale internationale. Auparavant, il avait propose une amnistie a M. Ratsiraka et
sa famille. "Cela a provoque la fureur de l Amiral", assure un observateur
etranger.
M. Ratsiraka est obsede par la trace qu il laissera dans l Histoire de son
pays, et n'a de cesse de citer la mini-biographie a son nom dans le dictionnaire français. "Il est allergique a la simple idee d etre mis dehors
et remplace par celui qu il qualifie de paysan illettre et roi du yaourt",
assure un habitue de l ancien palais presidentiel. M. Ratsiraka est revenu
dimanche a Tamatave, surprenant a peu pres autant son entourage que lorsqu
il avait precipitamment quitte la ville dix jors plus tot, en catimini, a
destination de Paris. Ce depart avait sonne l hallali dans son camp, precipitant les defections.
"T'es encore la ?", se lancent chaque matin les anciens ministres, conseillers et
prches de M. Ratsiraka dans leur quartier general, deux grands hotels de Tamatave, s'amuse un habitue des lieux. "C'est une
atmosphere de fin de regne", deplore un responsable du camp Ratsiraka. "Les
rats quittent le navire", ajoute-t-il, en enumerant les ministres qui ont
deja fui.
A 67 ans, M. Ratsiraka est fatigue physiquement par la maladie, presque aveugle. "Il vient recemment de se rendre compte qu il n'est plus du tout
populaire a Madagascar et que son rival, lui, l est", analyse un de ses proches.
"Les rats qui n'ont pas encore quitte le navire sont accules a Antsiranana
et se defendent de maniere abjecte", commente un observateur etranger, qui
souligne que leurs actes n'ont jamais ete condamnes par leur chef.
. Le message de Chirac ignore la position
americaine
Jacques Chirac, dans un message au peuple malgache, s'est declare "convaincu
que seule une solution politique basee sur un dialogue constructif entre
toutes les parties peut permettre de retrouver le chemin de l unite, de la
paix et du developpement". "La France, fidele a sa relation d amitie envers
Madagascar, n'a pas menage, et ne menagera pas ses efforts dans l avenir,
pour soutenir les initiatives de l OUA afin que se dessine, a breve echeance, une solution de sortie de crise acceptable par tous. C'est a ce
prix que la concorde reviendra dans la Grande Ile".
. Le Quai toujours derriere l OUA
Le Quai-d Orsay, interroge sur la reconnaissance par les Etats-Unis de Marc
Ravalomanana, s'est refere a l OUA. Le porte-parole adjoint Bernard Valero a
affirme que "la France soutient les initiatives de l OUA" et declare que
"nous maintenons une concertation etroite avec toutes les parties et avec
tous nos partenaires, notamment americains". M. Valero a precise que le ministre des Affaires etrangeres Dominique de Villepin "s'est entretenu
mardi au telephone avec Colin Powell, avec lequel il a en particulier evoque
le dossier de Madagascar".
L entourage de M. Ravalomanana a immediatement critique l attitude de Paris.
"La France se retranche toujours derriere l OUA", a commente M. Ratsirahonana, ancien Premier ministre et l un des plus
proches conseillers du president. "J'espere que la France suivra finalement le pas de la
majorite de la communaute internationale, et que l OUA revisera sa position
au sommet de Durban", a-t-il ajoute.
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